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Arafat, Septembre 2000 – Bin Laden, Septembre 2001 : Les leçons ont-elles été apprises ? 

 

Par Emmanuel Navon,  Professeur de science politique aux Universités de Bar-Ilan et de Tel-Aviv et directeur d’un cabinet de conseil politique.  Printemps 2002

 

 

La fin d’un mythe

 

Il n’est plus de jour qui passe sans qu’un Israélien ne soit assassiné par les forces armées de Yasser Arafat.  Les membres du Fatah, du Hamas et du Jihad islamique tuent sciemment et intentionnellement des citoyens innocents et sans défense en se faisant exploser ou en vidant leurs chargeurs dans les autobus, les restaurants, les salles de fêtes et les rues piétonnes.

 

Le but d’Arafat est de créer un sentiment de panique et de désespoir au sein de la société israélienne afin que celle-ci demande à ses dirigeants élus de céder aux exigences de l’OLP –exigences auxquelles les Israéliens avaient refusé d’accéder dans le cadre de négociations.  Telle est la tactique terroriste: faire subir au plus fort des coups tellement insupportables qu’il finira par céder.

 

Une idée répandue relativise l’ignominie de cette tactique, en posant que le terrorisme est l’arme du faible.  Un peuple occupé ou une classe sociale opprimée n’ayant pas d’armée régulière ou de moyens financiers, aurait le droit d’utiliser le meurtre d’innocents pour imposer sa cause.  Et si, de surcroît, sa cause est juste, alors cette tactique n’est pas seulement admissible, mais elle est même louable.

 

Depuis le 11 septembre 2001, cette idée a perdu les deux arguments sur lesquelles elle croyait pouvoir reposer.  Bin-Laden a prouvé que les organisations terroristes islamistes étaient puissantes et qu’elles ont dupé l’Occident en ce qui concerne leurs véritables intentions.  Premièrement, elles sont puissantes, car elles sont soutenues par des États qui leur fournissent les territoires, les armes, les ressources financières et les moyens de communication dont elles ont besoin.  Et cette puissance sera comparable à celle d’un pays comme la France le jour où les organisations terroristes détiendront l’arme nucléaire ou que les pays qui les soutiennent (comme l’Iran, l’Iraq, la Libye et la Corée du Nord) deviendront des puissances nucléaires.  Deuxièmement, depuis le 11 septembre, une majorité d’Américains a compris que le terrorisme islamique ne se bat pas contre la présence de troupes américaines en Arabie saoudite, mais contre l’existence même de la civilisation occidentale. 

 

Cette leçon, les Israéliens l’ont apprise non pas en septembre 2001 mais en septembre 2000.  Après Camp David, les Israéliens comprirent qu’Arafat les avait dupés.  Arafat avait finit par convaincre les opinions publiques occidentale et israélienne que son but était l’établissement d’un État palestinien en Cis-Jordanie et à Gaza avec Jérusalem-Est pour capitale.  Or, c’est précisément ce qu’accepta Ehud Barak à Camp David.  La réponse d’Arafat fut la guerre.  Après le déclenchement de cette guerre, Arafat ne cacha plus ses intentions véritables : la “libération” de la Palestine de la Méditerranée au Jourdain.  Cette guerre révéla également l’ampleur de l’infrastructure militaire palestinienne, bâtie en violation grossière des Accords d’Oslo dès l’arrivée d’Arafat à Gaza en 1994.  Plus récemment, l’affaire du “Karine A” a dévoilé le soutien militaire apporté par l’Iran à l’Autorité palestinienne. 

 

Comme Bin-Laden, donc, Arafat a dupé l’Occident quant à ses intentions véritables, et comme lui, il dispose du soutien militaire, stratégique et financier d’États qui s’identifient à sa cause.  Mais, contrairement à Bin-Laden, Arafat ne s’est pas disqualifié aux yeux d’une majorité de l’opinion publique occidentale, qui continue de penser qu’il est faible et que sa cause est juste.  Ce sentiment fut publiquement exprimé par l’Ambassadeur de France en Israël, Jacques Huntzinger, après le 11 septembre.  Huntzinger tenta de déjouer l’équation Arafat=Bin-Laden en déclarant haut et fort que, contrairement au combat d’Al-Qaeda, celui du Fatah, du Hamas et du Jihad islamique est légitime.  Selon l’ambassadeur français, Bin-Laden est un homme dérangé et puissant qui se bat pour une cause illégitime, tandis qu’Arafat est le dirigeant faible d’un peuple qui se bat pour son indépendance.  C’est là que l’ambassadeur, et avec lui une grande partie de l’opinion publique française et occidentale, se trompe lourdement.

 

L’OLP, essence du terrorisme

 

L’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) fut crée en 1964 par le dirigeant égyptien de l’époque, Abd-el Nasser.  Le but de Nasser était de remplacer l’ “entité sioniste” par un protectorat égyptien permettant au Caire d’assoire son hégémonie au Proche Orient.  Assad s’opposa toujours à la création d’un tel État, et c’est lui qui déclara à Arafat : “Il n’y a pas de peuple palestinien et il n’y a pas d’entité palestinienne.  Vous faites partie du peuple syrien et la Palestine est partie intégrante de la Syrie.” 

Arafat est né au Caire et c’est au Caire qu’il adopta en 1974 le “Plan des Étapes” de l’OLP, qui appelle à l’établissement d’un État palestinien armé en Cis-Jordanie et à Gaza comme une étape nécessaire pour la destruction d’Israël.  L’article 8 du “Plan des Étapes” stipule que “Une fois établie, l’Autorité nationale palestinienne œuvrera à l’union des pays de la lutte afin d’achever la libération de tout le territoire palestinien.”  Le “Plan des Étapes” fut adopté par l’OLP à la suite de la Guerre de Kipour, qui prouva que même une guerre totale déclenchée par surprise dans les meilleures conditions n’était pas capable de détruire Israël.  L’OLP décida donc d’adopter la méthode du “Cheval de Troie” afin de détruire Israël de l’intérieur.  

 

La Charte de l’OLP proclame que “la libération de la Palestine” est une obligation nationale” (article 15), que “la division de la Palestine en 1947 et la création de l’État d’Israël sont nulles et non avenues” (article 19) et que “le peuple arabe palestinien, qui s’exprime par le moyen de la révolution palestinienne armée, repousse toute solution visant à remplacer la libération de toute la Palestine” (article 21). 

 

Cette charte n’a jamais été annulée ou abrogée, bien qu’Arafat s’y soit engagé en signant les Accords d’Oslo.  Selon ces accords, l’OLP avait jusqu’au 7 mai 1996 pour abroger sa charte.  Le 7 octobre 1995, Arafat déclara lors d’une conférence à l’Université de Harvard: “Je vous mentirais si je vous disais que nous abrogerons la Charte.”  Selon l’article 33 de la Charte, celle-ci ne peut être modifiée ou abrogée que par une majorité de deux tiers du Conseil national palestinien.  Des trente-trois articles de la Charte, trente nient directement ou indirectement le droit d’Israël à exister et appellent directement ou indirectement à avoir recours à la violence contre Israël.  Le 24 avril 1996, le Conseil national palestinien adopta le texte suivant : “Il a été décidé comme suit :

1)    De changer la Charte nationale palestinienne en annulant les articles qui sont contraires aux lettres échangées entre l’OLP et le gouvernement israélien le 9 septembre 1993 

2)    Le Conseil national palestinien nommera un comité juridique chargé de reformuler la Charte.  La Charte sera présentée à la première session du Comité central.”

Cette résolution n’a pas abrogé la Charte mais elle a proclamé la volonté du Conseil national palestinien de la changer et de nommer un comité juridique à cet effet.  C’est pourquoi le gouvernement israélien fit ajouter à l’accord de Hébron de janvier 1997 une clause dans laquelle l’OLP s’engageait à “achever le processus de révision de la Charte nationale palestinienne” et ce “immédiatement.”  Encore une fois, l’OLP ne tint pas son engagement.  Arafat se contenta d’envoyer une lettre au Président Clinton le 22 janvier 1998, dans laquelle il affirma que la Charte avait déjà été abrogée par la décision du Conseil national palestinien du 24 avril 1996.  Cette décision n’ayant aucunement abrogé la Charte, le gouvernement israélien exigea dans les Accords de Wye Plantation (octobre 1998) que l’Autorité palestinienne “invite” l’OLP à “réaffirmer son soutien” à la lettre adressée par Arafat à Clinton en janvier 1998.  Le 14 décembre 1998, Arafat convoqua une réunion avec certains membres de l’OLP, mais pas du Conseil national palestinien.  Il ne leur demanda pas d’abroger la Charte (ce qu’il n’aurait pas pu faire, puisque seuls les deux-tiers du Conseil national palestinien peuvent abroger la Charte, et non pas une réunion d’une partie des membres de l’OLP) mais de confirmer leur soutien à la lettre adressée par Arafat à Clinton.  Les membres présents ne votèrent pas, mais se levèrent en signe d’approbation.  De fait, la Charte nationale palestinienne, qui nie le droit d’Israël à exister et qui appelle à sa destruction, n’a jamais été abrogée.

 

L’OLP se réfère au moufti Hadj-Amin Al-Husseini comme son père spirituel.  Le “Moufti” fut, dans les années 1920 et 1930, l’opposant le plus farouche de tout compromis avec les Juifs.  Il fut l’hôte de Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale, encouragea la mise en œuvre de la “solution finale” et fit pression sur le régime nazi pour que Rommel éliminât toute présence juive en Palestine.  Dans un discours prononcé le 24 avril 1985 à Bandung (Indonésie), Arafat se déclara “infiniment fier” de poursuivre la voie du Moufti et ajouta que “L’OLP continue de parcourir le chemin ouvert par le Moufti.”  Le Moufti était un intégriste violent qui élimina tous ses opposants.  Des milliers de Palestiniens furent assassinés par ses forces et environ quarante-mille familles arabes durent s’enfuire de Palestine.  Après l’élimination des Palestiniens modérés, le Moufti proclama lors de la “Table ronde” organisée par le gouvernement britannique en 1939 que les membres de la famille Husseini constituaient “les seuls représentants légitimes des Arabes palestiniens.”  Le roi Abdallah de Jordanie, qui s’apprêtait en 1951 à signer la paix avec Israël, fut assassiné par des agents du Moufti. 

 

Après avoir conquis la direction de l’OLP, Arafat adopta une stratégie qui continue d’être la sienne jusqu’à aujourd’hui: mener des actions terroristes contre Israël afin de l’entraîner dans une réaction militaire contre les pays arabes offrant un refuge à l’OLP, et ce afin de provoquer un conflit généralisé entre Israël et les pays arabes.  Le 26 décembre 1983, Arafat déclara : “La guerre d’usure contre l’ennemi sioniste ne cessera jamais.  Mon intérêt est de créer une guerre régionale, car je suis convaincu que le seul remède à tous les maux de la nation arabe est une vraie guerre contre l’ennemi sioniste.”  Dans les années qui précédèrent la Guerre des Six Jours (1967), l’OLP adopta la tactique qui continue d’être la sienne : meurtre de civils israéliens et repli immédiat à Gaza (alors sous contrôle égyptien) et en Cis-Jordanie (alors sous contrôle jordanien). 

 

Après avoir été expulsée de Jordanie par le roi Hussein en 1970, l’OLP s’installa au Liban et entama une série d’attaques terroristes contres les civils israéliens à la frontière nord d’Israël.  En 1974, l’OLP assassina dix-huit civils israéliens à Kiriat Shmona et vingt-six enfants dans l’école de Ma’alot.  En 1978, l’OLP saisit un autobus israélien et assassina ses trente-cinq passagers.  En 1979, un “combattant” de l’OLP assassina une fillette sur la plage de Naharia sous les yeux de son père.  Parallèlement, l’OLP bombarda régulièrement, jusqu’en 1982, les villages nord d’Israël avec des tirs de Katiusha.  L’OLP assassina également des civils israéliens en dehors d’Israël, ainsi que des juifs non-israéliens.  En 1972, aux jeux olympiques de Munich, l’OLP tua de sang froid onze athlètes israéliens.  En 1985, l’OLP assassina Leon Klinghoffer, un juif américain handicapé en croisière sur le bateau “Achile Lauro”, et jetèrent son cadavre par-dessus bord.      

 

L’OLP se spécialisa également dans les détournements d’avions.  En 1968, l’OLP détourna un vol d’El-Al en provenance de Londres, et prit en otage au sol un avion d’El-Al à Zürich.  Après qu’El-Al ait amélioré son système de sécurité, l’OLP s’en prit aux lignes aériennes internationales en provenance et en direction d’Israël.  En 1972, l’OLP détourna un vol de la compagnie belge Sabena.  En 1976, elle détourna un vol d’Air France vers l’Ouganda. 

 

L’ “État-OLP” au Liban devint une plaque tournante du terrorisme international, fournissant des camps d’entraînement, des armes, des réseaux de communication et des ressources financières aux organisations terroristes du monde entier.  L’ “État-OLP” devint un camp d’entraînement et un refuge pour les “brigades rouges” (Italie), la bande “Bader-Meinhoff” (Allemagne), l’IRA (Irlande), l’ “Armée rouge” (Japon), “Action directe” (France), l’ “Armée de libération” (Turquie), le groupe “Assala” (Arménie), la “Garde révolutionnaire” (Iran), ainsi que des groupes terroristes d’Amérique du Sud et les néo-Nazis allemands.     

 

Le tournant: terrorisme et diplomatie

 

En 1988, l’OLP décida de changer de stratégie.  L’argument d’Israël (“Comment pouvons-nous négocier avec une organisation dont la raison d’être est notre disparition?”) avait trop de poids pour être ignoré par l’Occident.  Consciente de ce problème, la direction de l’OLP changea son discours sans changer son programme.  Elle décida de déclarer officiellement qu’elle reconnaissait Israël et qu’elle acceptait la Résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, afin de se faire accepter par les Etats-Unis comme représentant des Arabes palestiniens pour les négociations avec Israël.

 

Sous la pression américaine, Arafat déclara à Genève le 13 décembre 1988 qu’il “condamne le terrorisme, en particulier celui pratiqué par les États” et qu’il “salut [ceux] qui se sont battus pour la libération de leurs terres du joug colonial et qui ont été accuses de terrorisme.”  Arafat ajouta dans la même déclaration : “Je salut les saints qui ont été victime du terrorisme et des terroristes, et parmi eux mon ami et adjoint […] Halil Al-Vazir (Abu-Jihad) et nos saints qui ont été massacrés dans nos villages et nos camps de réfugiés en Cis-Jordanie, à Gaza et au Sud-Liban.”  Abu-Jihad est responsable, entre autres, de l’assassinat des trente-cinq passagers de l’autobus à la frontière Nord d’Israël en 1978, du meurtre de la fillette de Naharia sous les yeux de son père en 1979, et du meurtre des trois athlètes israéliens aux jeux olympiques de Barcelone en 1985.  Arafat est un manipulateur habile : il déclare haut et fort qu’il condamne le terrorisme, puis précise que ce qu’il entend par terrorisme est l’activité de Tsahal dans les territoires et au Liban.  Ce mélange de cynisme, d’hypocrisie et de mauvaise foi est typique d’Arafat.

 

Dans le même discours, Arafat déclara qu’il acceptait la Résolution 242 du Conseil de Sécurité et qu’il reconnaissait le droit de toutes les parties à vivre en paix et en sécurité.  Immédiatement après cette déclaration, les États-Unis décidèrent d’entamer un dialogue avec l’OLP, et Arafat fut reçu à l’Élysée par le Président Mitterrand. 

 

Malheureusement, les hommes politiques et les journalistes américains et européens ne prirent pas la peine de lire et d’écouter ce que déclarèrent les dirigeants de l’OLP (en particulier dans les médias arabes) après le discours d’Arafat à Genève.  Le 19 décembre 1988 (moins d’une semaine après le discours de Genève), Arafat déclara dans un entretien avec la télévision autrichienne qu’il n’avait aucunement abandonné la “lutte armée” (c’est-à-dire le terrorisme).  Le 23 décembre 1988, Salim Zanoun, le porte-parole du Conseil national palestinien déclara dans le journal koweïtien Bal Anba : “La lutte armée contre l’ennemi sioniste et ses alliés doit continuer […] afin de faire céder l’ennemi.”  Le 13 janvier 1990, Abu-Ayad, le bras droit d’Arafat, déclara dans le journal qatari Ba-Rayia : “L’OLP ne s’est jamais engagée à abandonner la lutte armée.”  Concernant la “reconnaissance” d’Israël, Abu-Ayad déclara le 11 septembre 1989 dans le journal koweïtien Bal-Watan : “Il n’y a pas eu de reconnaissance d’Israël par l’OLP, ni dans les décisions du Conseil national palestinien à Alger ni par le discours d’Arafat à Genève.”  Arafat, quant à lui, précisa lors d’une visite en Libye (communiqué transcrit par l’Agence France Presse le 7 janvier 1990) : “L’État d’Israël étant une séquelle de la Seconde Guerre mondiale, il doit disparaître avec les autres séquelles de cette guerre, comme le Mur de Berlin.”  De fait, l’OLP ne fit qu’intensifier ses attaques terroristes contres les citoyens israéliens après 1988.  En mai 1990, par exemple, l’OLP tenta d’amarrer des explosifs sur la plage de Tel-Aviv, ce qui convainquit le gouvernement américain qu’il avait été “dupé.”    

 

Cette farce continua avec l’emploi du mot “caduc” par Arafat lors de sa visite à Paris le 2 mai 1989.  Le fait qu’Arafat ait déclaré que la convention nationale palestinienne était “caduque” n’a aucune conséquence légale, puisque seuls les deux-tiers du Conseil national palestinien peuvent amender ou abroger cette charte.  Et en effet, Abu-Ayad déclara dans le journal koweïtien Ba-Siassa le 1er janvier 1989 : “Ni Arafat ni moi-même, ni aucun dirigeant n’est en mesure d’abroger la Charte, car la Charte appartient au Conseil national palestinien.” 

 

Les dirigeants de l’OLP déclarèrent également que la “reconnaissance” d’Israël dans les médias occidentaux était une pure manœuvre tactique destinée à mettre en œuvre le “Plan des Étapes” adopté par l’OLP en 1974.  Rafik Natshe, membre du Comité central du Fatah, déclara dans le journal koweïtien Al-Watan le 8 janvier 1989: “Notre programme politique est la mise en œuvre du plan des étapes.”  Le 28 novembre 1988, Abu-Ayad précisa quel était le but de la réunion du Conseil national palestinien quelques jours plus tôt à Alger : “Le but de la session du Conseil national palestinien à Alger était de redonner vie au plan des étapes et d’accélérer sa mise en œuvre.”  Abu-Ayad ajouta que : “Selon le plan des étapes, nous établirons un État palestinien dans les territoires de la Palestine que l’ennemi évacuera.  Cet État sera une étape dans notre combat pour la libération de toute la Palestine.”  Et de préciser : “Nous avons fait serment de libérer la Palestine d’avant 1967.  Nous libérerons la Palestine étape par étape.”  Le 1er mai 1990, Arafat lui-même déclara aux membres du Conseil national palestinien que “le combat du peuple palestinien continuera jusqu’à la libération complète de la terre palestinienne […] Il faut soutenir le combat du peuple palestinien jusqu'à la libération totale de la Palestine du Fleuve à la Mer.” 

 

En quoi, donc, l’OLP est-elle plus “modérée” que le Hamas et le Jihad islamique?  Comme l’explique Rafik Natche: “[Le Hamas dit:] toute la Palestine est à nous et nous voulons la libérer de la Mer au Fleuve en un seul coup.  Mais le Fatah, qui est la main armée de l’OLP, pense qu’il est plus efficace de procéder selon le plan des étapes.  Les deux organisations sont d’accord sur le but final.  Notre désaccord ne porte que sur la méthode à adopter pour atteindre ce but.”  (Al-Kabs, 26 décembre 1989).

 

En dépit de ces déclarations, une partie de l’opinion publique israélienne et occidentale se convainquit que l’OLP avait changé après l’effondrement de l’Union soviétique et la Guerre du Golfe.  Ayant perdu le soutien diplomatique et militaire de l’Union soviétique et de l’Irak, ainsi que le soutien financier de l’Arabie saoudite et des pays du Golfe, et s’étant disqualifiée aux yeux des Etats-Unis pour avoir soutenu l’Irak pendant le Guerre du Golfe, l’OLP se trouva isolée et affaiblie.  Certains dirigeants israéliens estimèrent que, dans de telles conditions, Arafat finirait par se rendre à la raison, par abandonner son rêve de détruire Israël, et par accepter la solution des deux États pour deux peuples.

 

C’est pourquoi le gouvernement Rabin, espérant qu’Arafat était devenu un partenaire fiable, signa avec lui les Accords d’Oslo.  Beaucoup d’Israéliens pensèrent également que le développement économique de l’État palestinien en gestation donnerait naissance à une classe moyenne plus intéressée par son bien-être que par la mythologie du droit au retour et de la libération de la Palestine. 

 

La promesse tenue

 

Le gouvernement israélien de l’époque eut raison en pensant qu’un Arafat isolé et affaibli serait prêt à signer un accord avec Israël.  Mais ce même gouvernement se trompa en pensant qu’Arafat avait changé de stratégie.  Le 23 mai 1994, huit mois après la signature de la Déclaration de Principes entre Israël et l’OLP, Arafat déclara dans une mosquée de Johannesburg que l’accord signé entre l’OLP et Israël était identique à l’accord signé en l’an 629 entre le prophète Mahomet et la tribu qurayshite de La Mecque (la “Paix d’Hudabiya”), c’est-à-dire un accord temporaire signé en position de faiblesse avec le plus fort afin de mieux le vaincre dans le futur.  Arafat répéta cette comparaison en mai et en novembre 1998.  Le 16 novembre 1998, Arafat déclara à la jeunesse du Fatah : “La paix d’Oslo est la paix d’Hudabiya.”  Le 1er septembre 1993, quelques jours avant la signature de la Déclaration de Principes, Arafat déclara : “C’est le programme sur lequel nous nous sommes mis d’accord en 1974.  [La Déclaration de Principes] constitue la base de l’État palestinien conformément à la décision du Conseil national palestinien votée en 1974.”  Le 16 novembre 1994, Arafat déclara : “Nous établirons une autorité palestinienne sur tout le territoire libéré par l’ennemi sioniste” et ajouta: “En 1974 nous avons décidé d’établir notre régime sur une partie de notre terre, et nous appliquons cette décision.”  Le 19 septembre 1995, Arafat déclara dans un entretien avec le journal jordanien A-Datsur : “L’Accord d’Oslo II constitue une étape importante dans la réalisation du plan des étapes adopté en 1974.”  Arafat répéta que les Accords d’Oslo sont la mise en œuvre du Plan des Étapes dans un entretien avec la télévision égyptienne le 18 avril 1998 et avec le journal égyptien Al-Ayam le 1er janvier 1998.  Le membre du Cabinet palestinien Abdul Aziz Shaheen déclara au journal palestinien Al-Hayat Al-Jadida le 4 janvier 1998 : “Les Accords d’Oslo furent la préface de l’Autorité palestinienne, qui sera la préface de l’État palestinien, qui constituera à son tour la préface de la libération de toute la Palestine.”     

 

Faisal Husseini, le dirigeant palestinien considéré comme un modéré en Occident, fournit l’explication la plus limpide et la plus honnête de la signification des Accords d’Oslo pour les Palestiniens.  Dans un entretien avec le journal égyptien Al-Arabi le 24 juin 2001, il expliqua que les Accords d’Oslo constituaient un “Cheval de Troie” destiné à tromper Israël afin de “libérer la Palestine depuis le fleuve du Jourdain jusqu’à la Mer Méditerranée.”  Ce qui n’empêche pas les Palestinien de continuer à décrire le processus d’Oslo comme un “processus de paix” dans les médias occidentaux.  

 

Quant à l’engagement d’Arafat de renoncer à la violence et de combattre le Hamas et le Jihad islamique, les résultats se firent sentir dès la signature des Accords d’Oslo.  Durant la première année qui suivit la signature de l’Accord Gaza-Jéricho (4 mai 1994), soixante sept israéliens furent assassinés par la Hamas et le Fatah, soit le triple du nombre de victimes israéliennes du terrorisme durant l’année qui précéda la signature de ces accords.  Arafat affirma qu’il avait besoin de plus de “policiers” pour arrêter les terroristes, alors qu’il n’eut aucun problème pour éliminer ses opposants en Judée-Samarie et à Gaza depuis son bunker à Tunis.  Depuis la signature des Accords d’Oslo (soit une période de neuf ans), 637 Israéliens ont été assassinés par le Fatah, la Hamas et le Jihad islamique, contre 255 entre 1978 et 1993 (soit une période de quinze ans).  Les attentats commis depuis les Accords d’Oslo furent soit commandités soit autorisés par Arafat lui-même.  Amin Hindi, le chef des services secrets palestiniens, déclara le 25 septembre 1998 au Jerusalem Times : “Nous n’avons aucune intention de contrôler le Hamas.”  Non seulement Arafat ne combat pas le Hamas, mais il collabore avec lui et le glorifie.  En juin 1996, il dédia un parc public de Jéricho à la mémoire de Yiyhe Ayyash, un dirigeant du Hamas responsable du meutre de plusieurs dixaines d’Israéliens.  En janvier 1996, Arafat prononça l’éloge funèbre de Ayyash et le qualifia de “martyre. »  Le 12 septembre 1996, Arafat déclara à la United Press International : “Il n’y a aucune confrontation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne.”  Jibril Rajoub, le chef des services de sécurité préventive en Cis-Jordanie, déclara à la chaîne de télévision Al-Jazira le 27 mai 1998 : “Le Hamas fait partie intégrante de notre mouvement de libération nationale et islamique.”  Son homologue dans la bande de Gaza, Mohamed Dahlan, déclara dans le journal palestinien Al-Ayam le 26 octobre 1998 que le Hamas et le Jihad islamique “ne seront pas mis hors-la-loi.”  Arafat lui-même déclara le le 10 décembre 1994: “L’intifada continuera jusqu’à ce que la Palestine soit libérée par le sang et le feu” et confirma le 4 août 1999 que “Nous continuerons notre Jihad.”   

 

Sous prétexte d’établir une force de police pour le maintien de l’ordre, Arafat établit une véritable armée dépassant de très loin le nombre de “policiers” autorisé par les Accords d’Oslo, et équipée d’armes strictement proscrites par ces accords, tels que missiles sol-sol, grenades et mines.  Les Accords d’Oslo avaient permis le déploiement de 24,000 policiers en Cis-Jordanie et à Gaza.  Or le budget de l’Autorité palestinienne pour l’année 1998 attribua des salaires à 40,000 policiers, soit 66% de plus que le nombre autorisé par les Accords d’Oslo.  La “police” palestinienne est devenue une véritable armée qui produit son propre arsenal dans les zones autonomes palestiniennes et qui importe illégalement des armes en provenance d’Égypte, d’Iran et d’Irak. 

 

Pour maintenir le “moral des troupes” et les préparer au combat, les médias et le système éducatif palestinien sont tournés tout entiers vers la haine d’Israël et le devoir national de libérer la Palestine de la Mer au Fleuve.  Alors que, dans les Accords d’Oslo, l’OLP s’était engagée à construire un cursus scolaire enseignant la paix et la tolérance, les livres scolaires palestiniens contiennent des phrases telles que : “Nous devons combattre les Juifs et les chasser de notre pays.  Il y aura un Jihad et notre pays sera libéré” et “dans ta main gauche le Coran et dans ta main droite l’épée arabe.  Sans le sang, pas un centimètre ne sera libéré.  C’est pourquoi il te faut crier : Allah est Grand.”  Quant aux programmes de télévision pour enfants, leur message n’est pas moins clair : “Lorsque je serai à Jérusalem, je serai un guerrier suicidaire ! […] J’ai sillé chaque parcelle de ta terre avec mon sang.  Et nous marcherons comme guerriers du Jihad.  Oh, mon martyr exalté, tu es mon exemple.  Oh, ma sœur, chante ma vie de guerrier suicidaire !”

 

Quatre-vingt-treize 

 

Dire qu’Arafat a trompé Israël (et tenu toutes ses promesses vis-à-vis de son peuple) est donc un euphémisme.  Mais il est impossible de comprendre cette trahison sans connaître le lien entre Arafat et Bin-Laden et sans être conscient de la simultanéité entre la signature des Accords d’Oslo et l’émergence d’Al-Qaeda comme réseau terroriste organisé et puissant. 

 

Arafat et Bin-Laden ont en commun leur conviction que le terrorisme (c’est-à-dire le meurtre d’innocents afin de semer la panique et le désespoir et, partant, de faire pression sur les gouvernements occidentaux) est une tactique légitime.  Le général de brigade pakistanais S.K. Malik formula une justification théorique du terrorisme dans son livre Le Concept coranique de la guerre (1979) : “Le terrorisme, qui frappe le cœur de l’ennemi, n’est pas seulement un moyen mais une fin en soi.  Une fois que la terreur est insérée dans le cœur de l’ennemi, le tour est joué […] Le terrorisme n’est pas un moyen pour imposer une décision à l’ennemi ; c’est la décision que nous voulons lui imposer.”

 

Parce que tous les dirigeants de l’OLP furent lies avec les Frères musulmans dans leur jeunesse, l’OLP fut l’une des premières organisations palestiniennes à réaliser le pouvoir potentiel du terrorisme islamique dans les années 1980.  C’est à cette époque qu’Arafat commença à utiliser le vocabulaire islamiste dans ses discours.  Dans un discours prononcé à Khartoum le 15 octobre 1985, il déclara : “La révolution arabe est vivante dans la conscience arabe malgré les conspirations impérialiste et sioniste […] La guerre sainte et la lutte armée iront en s’intensifiant […] Je dis à Reagan et à ses agents dans notre monde arabe que la volonté de la nation arabe provient de la volonté d’Allah.  C’est pourquoi les nations arabes seront victorieuses.”  Khalil Al-Wazir (mieux connu sous le nom d’Abu Jihad), le chef militaire d’Arafat, fut l’un des premiers à comprendre que le terrorisme islamique était le “terrorisme de l’avenir.”  C’est lui qui créa l’alliance entre le Fatah et les différentes branches du jihad islamique en Israël, en Jordanie et au Liban.  L’investigation, en mai 1986, des troubles à l’université  al-Yarmuq (Jordanie) révéla que Khalil Al-Wazir avait joué un rôle central dans l’organisation d’une alliance secrète entre la branche jordanienne des Frères musulmans et le parti communiste local connu sous le nom des Cellules marxistes.  Il débloqua également des fonds pour les islamistes jordaniens et organisa pour eux des entraînements terroristes en-dehors de la Jordanie.  

 

En 1988, l’OLP commença à envoyer ses jeunes les plus prometteurs dans les camps de Mujahideen au Pakistan, où tous les groupes islamistes fournissaient des bases d’entraînement.  Les Palestiniens joignirent des membres d’organisations telles la Takfir wa-al-Hijra égyptienne (responsable du meurtre de Sadat) ainsi que les Frères musulmans syriens et libanais.  Sur l’initiative de Abu-Jihad, les Frères musulmans de Jordanie encouragea également ses membres à se battre en Afghanistan.

 

L’année 1993 marqua une victoire pour les forces islamistes soutenues par Bin-Laden en Afrique: l’éviction du “Grand Satan” (les États-Unis) de Somalie.  Cette victoire renforça la confiance des islamistes des islamistes en général et de Al-Quaida en particulier dans la victoire contre l’Occident.  C’est la même année qu’Arafat signa les Accords d’Oslo et qu’il les compara aux Accords de Hudabyia.  Un an plus tard, en novembre 1994, les organisations terroristes islamistes et palestiniennes se réunirent à Larnaca (Chypre) pour discuter de leur stratégie.  À cette réunion participèrent le Front d’Action islamique (Jordanie), le Front populaire pour la libération de la Palestine, le Hamas, le Hisbullah, et le Parti de la libération islamique (Jordanie).  À l’issue de cette réunion, les participants se mirent d’accord sur la stratégie suivante : intensifier les attaques contres les civils américains et israéliens, afin que ceux-ci fassent pression sur leurs gouvernements pour changer leurs politiques. 

 

En 1995, les organisations terroristes islamistes et palestiniennes marquèrent de nouveaux points.  En avril 1995, l’Administration Clinton décida de fermer les yeux sur l’envoi d’armes iraniennes en destination des forces musulmanes de Bosnie, et ce en violation des décisions de l’ONU.  Le manque de résolution de Washington face à l’activisme militaire de l’Iran en Bosnie convainquit Téhéran que l’Administration Clinton ne réagirait pas fermement à une attaque terroriste dirigée contre les Etats-Unis.  Au même moment (printemps 1995), les services secrets syriens et iraniens établirent un Conseil jihadiste consultatif pour le mouvement islamiste palestinien ainsi que pour les autres organisations terroristes palestiniennes soutenues par Téhéran et Damas.

 

Dès 1998, la rhétorique palestinienne devint de plus en plus islamiste.  Le dirigeant du Hamas Sheikh Yassin, qu’Arafat qualifia le 2 juillet 1994 de “mon frère”et qu’il reçut avec tous les honneurs après sa libération en octobre 1997, déclara en mai 1998 : “Qui a libéré la Palestine des Croisés? La nation arabe, bien sûr, en particulier l’Égypte et la Syrie lorsqu’elles étaient unies et formaient un front que Saladin utilisa dans sa bataille contre les Croisés.  La nation islamique arabe peut jouer ce rôle à nouveau.” 

 

La vision islamiste du monde est résumée en termes suivants par le maître à penser irakien de l’islamisme Ayatollah Muhammad Baqir al-Sadr : “Le monde tel qu’il est aujourd’hui a été façonné par les non-Musulmans […] Nous avons deux choix : ou bien l’accepter avec soumission, ce qui signifie laisser l’Islam mourir, ou bien le détruire, pour reconstruire un monde tel que l’Islam le veut.”  Cette vision du monde est celle qu’enseigne le livre d’histoire de l’Autorité palestinienne pour les étudiants de lycée (“onzième classe” dans le cursus palestinien) : “La civilisation occidentale, dans ses deux variantes (la capitaliste et la communiste) a dépourvu l’homme de sa tranquillité d’esprit en transformant le bien-être matériel en but suprême […] C’est pourquoi une nouvelle civilisation doit la remplacer […] Seule une nation est capable de relever ce défi, la nôtre […] Non pas que l’effondrement de la civilisation occidentale et que le transfert du centre de la civilisation vers l’Islam aura lieu en une ou deux décennies […] mais la civilisation occidentale a commencé à s’effondrer et à devenir un amas de débris.  Nous nous sommes éveillés dans la pénible réalité de l’impérialisme oppressif, mais nous l’avons chassé de certaines de nos terres et nous le chasserons du reste de nos terres.”

 

Conclusion

 

Depuis 1988, Arafat a réussi à manipuler l’opinion publique occidentale avec brio en lui faisant croire qu’il luttait pour l’indépendance d’un peuple occupé par une puissance coloniale.  Or il n’a jamais abandonné son objectif : la destruction d’Israël.  En septembre 2000, son mensonge fut révélé au grand jour : il rejeta ce pour quoi il disait se battre, c’est-à-dire l’établissement d’un État palestinien en Cis-Jordanie et à Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale.  En lançant sa guerre d’usure contre Israël, il reconquit en quelques jours l’opinion publique internationale “grâce” aux images d’une armée puissante acculée à tirer en direction d’enfants que lui, Arafat, envoie cyniquement en première ligne.

 

Il est temps que l’Occident cesse de tomber dans le piège de ces manipulations cyniques.  Les Israéliens ont accepté le partage de leur pays avec les Palestiniens en 1947 et en 2000.  Ils n’ont ni envie ni intérêt à contrôler la vie de trois millions d’Arabes, mais tant que la seule alternative offerte par l’OLP à ce statu quo intenable sera l’établissement d’un État voué à la destruction d’Israël, le vrai responsable de la continuation de l’ “occupation” tant décriée par Arafat continuera d’être Arafat lui-même. 

 

Parce que les Bin-Laden et les Arafat sont convaincus que seul le terrorisme peut venir à bout de ceux dont ils ont juré la perte, seule une victoire militaire totale contre leurs infrastructures mettra fin au terrorisme.  La capitulation sans condition de Bin-Laden et d’Arafat, ainsi que des États-voyous tels que l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord, exige un emploi massif et soutenu de la force militaire.  Cette victoire est possible, de même qu’elle le fut contre l’Allemagne nazie et le Japon.

 

Après la victoire militaire, la paix ne pourra émerger au Moyen-Orient que lorsque les tyrans et les fanatiques seront renversés et remplacés par des régimes démocratiques.  Les dictateurs ont besoin de la guerre pour maintenir leur régime, parce que tout peuple est prêt à sacrifier sa liberté et son bien-être en temps de guerre.  La symbiose entre guerre et dictature crée un cercle vicieux: le dictateur détourne la richesse de son pays pour acheter des armes, et a besoin de la continuation de la guerre pour détourner la frustration croissante de son peuple vers l’ “ennemi extérieur.”  Tant que les Palestiniens seront les otages d’Arafat, que les Irakiens seront les otages de Saddam Hussein et que les Iraniens seront les otages des Ayatollas, la guerre continuera de déchirer le Proche Orient.  Arafat a rejeté la paix de Camp David, car il savait que la fin de la guerre contre Israël signifiait la fin de son régime.

 

Les sociétés libres veulent vivre en paix et sont prêtes à abandonner certains de leurs symboles nationaux et historiques au nom de la paix –comme le prouva la société israélienne à Camp David en été 2000.  Mais cette volonté de paix continuera d’être stérile tant que les Palestiniens seront asservis par un dictateur qui exploite et manipule cyniquement la volonté de paix des Israéliens pour améliorer sa position stratégique et faire avancer ses projets macabres.  La démocratisation de la société palestinienne est possible.  Mais pour qu’elle advienne, il faut que les pays occidentaux exportent leurs principes au lieu de tomber dans le piège des “dirigeants révolutionnaires” qui tiennent leur population en otage et empêchent tout compromis raisonnable entre les revendications contradictoires de peuples qui, eux, préfèrent vivre ensemble que de mourir ensemble.                               

                  

 

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