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NOUVEAUX ÉLÉMENTS ACCABLANTS DANS LA MISE EN SCÈNE DE
FRANCE TÉLÉVISIONS
"Media Rating",
la Première Agence de Notation des Médias
Vendredi 4 février 2005
Dans la polémique qui oppose France 2 à l'agence de presse israélienne Mena
et qui a été relancée par la conférence de presse de Mme Chabot du 18 novembre
2004, nous avons étudié les éléments présentés par France 2, ceux présentés par
la Mena, nous avons enquêté et nous avons conclu que les accusations portées
par la Mena étaient fondées.
Nous les avons donc reprises à notre compte dans deux articles :
- France 2 : Arlette Chabot et Charles Enderlin doivent être démis de leurs
fonctions immédiatement paru le 22 novembre 2004
- Arlette Chabot devrait lâcher son falsificateur paru le 29 décembre 2004.
Depuis, d'autres médias et personnalités médiatiques se sont intéressés à
l'affaire. Le magazine Jeune Afrique a publié un article exhaustif sur cette
affaire le 23 janvier 2005: L'horreur manipulée ? Cet article est non seulement
complet mais il est aussi honnête et argumenté. Toute personne qui s'intéresse
à ce dossier doit lire cet article.
De leur côté, Denis Jeambar et Daniel Leconte ont publié un article courageux
dans Le Figaro du 25 janvier 2005 auquel Charles Enderlin a répondu le 27
janvier 2005. Si vous ne parveniez pas à trouver ces articles, cliquez ici articlesjanvier2005@M-R.fr, nous
ne manquerons pas de vous les envoyer.
Ajoutons que Denis Jeambar et Daniel Leconte ont complété leur article par
une interview sur RCJ qui a été diffusée le 1er février 2005 (extraits
retranscrits plus bas) dans laquelle ils sont beaucoup plus explicites et
accusateurs envers Charles Enderlin que dans leur article du Figaro. Tous ces
éléments nous amènent à conclure qu'il n'existe toujours aucun doute sur le
fait que France 2 a bien diffusé une mise en scène le 30 septembre 2000.
Pourtant, France 2 continue de masquer la vérité et tente d'intimider ceux qui
la mettent en cause tout en pratiquant une opacité totale sur les images qu'ils
détiennent.
Voici un récapitulatif des informations et des incohérences sur la version
fournie par France 2 que nous avons apprises lors de ces derniers
développements :
- CNN avait refusé les images que France 2 a diffusées le 30 septembre 2000
- Denis Jeambar et Daniel Leconte ont enquêté sur cette affaire et se sont
retrouvés « accusés d'être complice d'une manoeuvre malhonnête, voire
conspirationniste »
- Denis Jeambar et Daniel Leconte rejettent l'idée que ce puisse être une mise
en scène mais tout leur raisonnement ainsi que leurs déclarations à la radio
(voir plus bas) contredisent leur prudence. Dans leur article du Figaro, ils
déclarent : « Nous sommes prêts à écarter les accusations de mise en scène de
la mort de l'enfant si le visionnage de l'ensemble des rushes confirme ce que
Charles Enderlin a déclaré à deux reprises au moins, dont à Télérama : «J'ai
coupé l'agonie de l'enfant. C'était insupportable.
... Cela n'aurait rien apporté de plus.».Or quelques lignes plus loin, voici ce
qu'ils écrivent « Cette fameuse « agonie » qu'Enderlin affirme avoir coupée au
montage, n'existe pas »
- France 2 ne détient pas les images de l'agonie de l'enfant puisqu'elles
n'existent pas
- France 2 a couvert ce mensonge de Charles Enderlin pendant plus de quatre
années
- Charles Enderlin ne répond pas aux mises en cause de MM. Jeambar et Leconte
- Le caméraman palestinien qui a tourné la mise scène a fait une fausse
déclaration sous serment au Centre Palestinien des Droits de l'Homme sur ce pseudo
assassinat
- France 2 a choisi ce même caméraman pour effectuer une contre enquête qui
s'est révélée inconsistante
- La prétendue fusillade fatale a eu lieu a 15 heures alors que l'hôpital de
Gaza a enregistré l'entrée de Mohamed Al Doura avant 13 heures.
Pour ceux qui n'auraient pas la possibilité d'écouter l'intégralité de
l'interview de Jeambar et Leconte, en voici quelques extraits :
Concernant les images qui sont dans les fameux rushes que détient France 2 et
qui ont été tournées le même jour au même endroit et par le même caméraman.
Denis Jeambar: «il n'y a que de la mise en scène dans les rushes.. Ils simulent
des blessures. On les voit tomber. Quand ils ont l'impression qu'il se passe
rien, ils se redressent. On évacue des gens qui n'ont aucune blessure. »
Daniel Leconte : « Autour de la table, quand nous étions avec des représentants
de France 2, ils ont bien été obligés de reconnaître comme nous que c'était de
la mise en scène. Et quand on leur a dit « vous voyez bien que c'est de la mise
en scène », l'un d'entre eux nous a dit en souriant « mais oui, mais tu sais
bien que c'est toujours comme ça ». Toi tu sais peut-être mais le
téléspectateur, il ne sait pas. »
Concernant la réponse d'Enderlin parue dans le Figaro du 25 janvier 2005 Daniel
Leconte: « Il ne répond sur aucun des points que nous avons soulevés, ce qui
veut dire en gros qu'il nous donne raison et qu'il ne remet pas en cause ce que
nous avons dit. »
Concernant cette phrase de Charles Enderlin extraite de son article paru dans
Le Figaro du 27 janvier 2005 : « pour moi, l'image correspondait à la réalité
de la situation non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie »
Daniel Leconte : « ça correspond à ce que l'opinion française veut entendre à
ce moment là. On a une grille de lecture de ce qui se passe au Proche-Orient et
des faits sont convoqués pour entretenir cette grille de lecture.
Personne n'est à l'abri d'une erreur. Le minimum, c'est quand on fait des
erreurs comme celle là, qui sont aussi graves avec autant de conséquences, c'est
d'essayer de le reconnaître. »
Denis Jeambar : « La phrase qu'il écrit dans Le Figaro est quand même contraire
à ce qu'est ce métier [journaliste]. On n'est pas là pour essayer d'imaginer
des images qui vont donner le reflet d'une situation. On est là pour donner des
faits, la réalité des faits et non pas pour les réinterpréter. La vérité n'est
pas celle que l'on veut. La vérité est dans la réalité. Cette phrase est
préoccupante du point de vue journalistique. On n'a pas le droit de ne pas
reconnaître quand on s'est trompé. »
Par Doreen Carvajal, dans International Herald Tribune
du Lundi 7 février 2005
http://www.iht.com/articles/2005/02...ss/video07.html
Traduction française de Simon
Pilczer
Paris – Depuis le début du second soulèvement palestinien il
y a plus de quatre ans, beaucoup d’enfants sont morts sous le feu. Mais c’est
l’image déchirante d’un seul garçon terrifié de 12 ans, protégé sous la vaine
étreinte de son père, qui possède la puissance symbolique d’un drapeau de
bataille.
La Tunisie et l’Egypte ont émis des timbres postaux de
l’enfant palestinien, Mohammed al Dura, recroquevillé en position fœtale contre
son père dans l’attaque lors d’une fusillade par balles en septembre 2000.
L’Egypte a aussi donné son nom à une rue en son honneur, et des bombes-suicide
ont invoqué Mohammed comme martyr dans des enregistrements vidéo d’adieux.
En France, loin des batailles de rue de Gaza, la scène
indélébile est un tableau valant mille arguments. Ici, un débat bouillonne pour
savoir si l’horrible reportage télévisé de Mohammed al Dura était authentique,
mal interprété ou – comme un universitaire américain l’a dit – une pièce
théâtre « Pallywod » astucieusement mise en scène.
Les photographies de guerre ont depuis longtemps été de
puissantes armes des médias, et certains des tableaux de guerre les plus
mémorables ont provoqué des questions sur leur authenticité, comme l’image de
l’agence « Associated Press » en 1945, montrant des Marines
américains à Iwo Jima qui levèrent le drapeau deux fois, et remplacèrent le
‘stars ans stripes’ (drapeau américain, ndt) par une plus grande bannière.
Au centre de la discussion se trouvent la station d’état
France 2 et son correspondant à Jérusalem, Charles Enderlin, un journaliste
vétéran qui dit que la violente critique sur le reportage exclusif de la
chaîne du garçon ont conduit à des menaces
de mort contre lui.
Des images de la violente confrontation de rue dans un
carrefour éloigné à Gaza ont été disséquées sans fin dans des livres et dans
l’univers d’expression de commentaires acerbes sur des sites internet. La vidéo
a aussi été explorée par une petite agence
d’informations israélienne francophone, Metula News Agency (MENA, ndt)
qui a loué un théâtre pour examiner le reportage.
Et en 2002 un documentaire allemand appelé « trois
balles et un enfant : qui a tué le jeune Mohammed al Dura ? » a
essayé de répondre aux questions pendantes
pour savoir si l’enfant avait été tué par les israéliens ou les
Palestiniens.
La semaine dernière, la question a repris un nouvel élan
après qu’un important rédacteur en chef français et un producteur de télévision
indépendant aient rompu les rangs dans les cercles des médias du pays et publié
un article prudent dans le journal de centre-droit, le Figaro, exprimant
certains doutes au sujet du reportage original.
« Cette image a eu une grande influence » a
déclaré Daniel Leconte, ancien correspondant de France 2. « Si cette image
ne signifie pas ce que l’on nous a dit, il est nécessaire de trouver la
vérité ».
Leconte a rédigé l’article du Figaro avec Denis Jeambar, le
rédacteur en chef de L’Express, plusieurs semaines après que les dirigeants de
la chaîne France 2 aient autorisé les deux hommes en octobre à visionner les 27
minutes de rushes bruts, soit tout le reportage filmé.
Mais leur commentaire n’a pas été publié jusqu’à ce qu’ils
l’aient proposé à un autre quotidien important, Le Monde, qui l’a rejeté, selon
son nouveau rédacteur en chef de la page « opinions » Sylvain Cypel.
Il qualifia la totalité de la discussion de « bizarre » et propulsée
par la toute petite agence de presse. Pour France 2, dont les bureaux de verre
dominent la Seine, les questions obsédantes sur la totalité de l’épisode sont
en débat sans cesse renouvelé, motivé par différents ordres du jour – depuis
l’idéologie de groupes d’extrême droite s’efforçant de pousser Enderlin hors de
son poste à Jérusalem, où il est une institution.
Quand le reportage a été diffusé pour la première fois,
France 2 a offert son reportage exclusif gratuitement aux réseaux de télévision
du monde entier, déclarant qu’elle ne voulait pas tirer profit de ces images.
Les scènes ont été filmées par son caméraman, Tala Abu
Rahma, qui fut le seul a prendre des images de ce que Enderlin a caractérisé
alors comme l’assassinat d’un enfant par la fusillade depuis une position
israélienne. Enderlin n’était pas présent pendant la fusillade.
Esther Shapira, une productrice allemande d’ARD à Francfort,
déclara qu’elle essaya sans succès en préparant son documentaire en 2002 de
voir la copie originale de l’enregistrement et fut surprise que France 2 ne la
partage pas.
Des chaînes européennes échangent couramment du matériel.
« S’il n’y a rien à cacher, de quoi sont-ils effrayés ? »
déclara-t-elle au sujet de la réticence initiale de France 2.
Quand des articles critiques apparurent dans des
publications comme « Atlantic Monthly » aux Etats-Unis, Enderlin
publia une lettre ouverte insistant : « Nous ne transformons pas
la réalité. Mais en considération du fait que certaines parties des scènes sont
insupportables, France 2 a été obligée d’en couper quelques secondes ».
De plusieurs façons, Enderlin argumente, la vidéo d’al Dura
est devenue un prisme culturel, avec des spectateurs voyant ce qu’ils
voulaient.
Richard Landes, un professeur de Boston spécialisé dans les
cultures médiévales, a étudié les rushes d’autres sources d’informations
occidentales ce jour-là, y compris l’enregistrement al Dura.
« Nous pouvions discuter de chaque décor »
concéda-t-il. Mais après avoir regardé les scènes trois fois, il conclut que ça
avait probablement été falsifié, avec un reportage sur la même bande, de combats
de rue séparés et d’ambulances de secours.
« J’en vins à réaliser
que les cameramen palestiniens, en particulier quand il n’y a pas d’occidentaux
dans le coin, mettent en route la mise en scène systématique d’actions »,
déclara-t-il, qualifiant le reportage de cinéma « Pallywood ».
Certains dirigeants de France 2 ont, en privé, mis la faute
sur la communication de la chaîne alors que des questions étaient soulevées. La
semaine dernière, ils ont montré à l’International Herald Tribune l’original de
27 minutes de l’enregistrement de l’incident, qui inclut aussi des scènes
séparées de jeunes lançant des pierres.
Le reportage du père et de l’enfant subissant l’attaque dure plusieurs minutes
mais ne montre pas clairement la mort de l’enfant. Il y a une coupure de la scène que les dirigeants de France 2
attribuent aux tentatives du cameraman pour ménager une batterie faible.
Quand Leconte et Jeambar ont vu les rushes, ils ont été
frappés par le fait qu’il n’y avait pas de scène montrant avec certitude que
l’enfant était vraiment mort. Ils écrivirent, cependant, qu’ils n’étaient pas
convaincus que cette scène particulière était jouée, mais seulement que
« cette fameuse ‘agonie’ sur laquelle Enderlin avait insisté comme coupée
au montage n’existait pas ».
Pour contrer ses critiques, France 2 convoqua une nouvelle
conférence de presse en novembre et prépara une dossier de photographies plan
par plan, incluant des agrandissements pour répondre aux sceptiques comme
Landes qui argumentait du fait que du sang n’était pas visible.
La chaîne envoya aussi de nouveau un journaliste en octobre,
pour filmer le père du garçon, Jamal al Dura, relevant une partie de son
pantalon et de ses manches de chemise pour montrer les cicatrices sur son bras
droit et la partie supérieure de sa jambe droite. Ils associèrent le reportage
du père recouvert de bandages dans un hôpital d’Amman, où il fut visité par le
roi de jordanie. Mais des critiques comme l’ancien journaliste du Monde et
animateur de radio Luc Rosenzweig réclamèrent l’opinion d’un expert médical
indépendant.
“C’est une histoire de fous”, a déclaré Arlette Chabot, la
directrice générale adjointe de la chaîne. « Chaque fois que nous
répondons à une question, une autre question surgit. Il est très difficile de
combattre une rumeur. La question est que, quatre ans plus tard, personne ne
peut dire avec certitude qui l’a tué, des Palestiniens ou des
Israéliens ».
En automne dernier, France 2 a déposé une série de plaintes
en diffamation contre certains de ses critiques, mais elle l’a fait sans nommer
ses cibles, les désignant simplement comme « X ». La juriste de la
chaîne, Bénédicte Amblard, a déclaré que France 2 a choisi cette approche du
fait des difficultés à identifier légalement
les propriétaires de sites Internet, qui lançaient des attaques
corrosives contre la chaîne et Enderlin.
Mais cette tactique a enhardi des critiques comme Philippe
Karsenty, qui est l’une des cibles légales visées par la chaîne ainsi que la
Metula news Agency. Karsenty dirige un petit groupe de surveillance des médias
basé à Paris appelé Media-Ratings qui a appelé aussi bien Chabot qu’Enderlin à
démissionner.
« Nous offrons 10.000 Euros à une oeuvre de
bienfaisance choisie par France 2 si la chaîne peut nous démontrer ainsi qu’à un
panel d’experts indépendants que le 30 septembre 2000, le reportage montre la
mort de l’enfant » a déclaré Karsenty.
Le ministère de la culture et de la communication est une
agence qui a été approchée. En privé, un officiel du gouvernement a déclaré,
« Nous ne pouvons prendre aucune initiative parce que ce n’est pas notre
mission ou notre métier. La presse est indépendante, particulièrement dans la
tradition française ».
Si bien que réaliser le débat incombe à d’autres. En fin de
semaine, des partisans d’Enderlin s’organisaient pour placer une publicité dans
Le Monde pour soutenir le correspondant à Jérusalem ».
POURQUOI
IL FAUT REVENIR SUR L’AFFAIRE AL DOURA
Jean-Pierre Bensimon Lettre du Collectif Paix et Vérité n°8 10 février 2005
http://www.objectif-info.com/AP/aldurra.htm
L’affaire Al Dura renvoie aux premiers jours de l’Intifada dite Al Aqsa, exactement au 30 septembre 2000. C’était le lendemain de la première échauffourée très violente qui marquait le vrai début de l’Intifada. Surpris, les policiers israéliens en nombre insuffisant avaient été débordés par la foule qui bombardait les Juifs en prière au pied du Mur Occidental. La guerre d’Arafat avait commencé.
Les soixante secondes du film élaboré à partir des rushes adressés par Charles Enderlin à sa rédaction parisienne et instantanément répercuté dans le monde entier, ouvraient en fait un second front dans l’offensive d’Arafat, le front essentiel, celui de la propagande et de l’isolement mondial d’Israël, réduit au statut d’État criminel, se repaissant du meurtre gratuit de jeunes enfants. Le sondage Eurobaromètre d’octobre 2003 (59% des Européens pensent qu’Israël est la première menace pour la paix mondiale) ou le sondage BVA du 8 novembre 2004 (88% des Français pensent qu’Arafat n’est pas responsable de la violence) montrent, qu’en profondeur, l’opinion demeure en partie fixée à cet évènement.
En tout état de cause, l’incident de Netzarim diffusé par France 2 a eu plusieurs effets majeurs, d’envergure planétaire :
- la diffamation massive d’Israël sur un sujet de charge affective maximale. L’importance de cette charge affective a eu pour effet second de dissuader l’opinion de comprendre les données de la guerre à venir, d’abolir l’approche rationnelle pour l’indignation et la haine, ces affects qui inhibent le plus sûrement la pensée critique ;
- la conversion rapide et compacte de vastes secteurs l’opinion mondiale à la « cause palestinienne, » en fait à la guerre désastreuse entamée par Arafat, en coordination avec ses indispensables relais terroristes (Hamas, Djihad islamique, Tanzim, futures Brigades Al Aqsa) ;
- la création d’un immense espace de soutien à cette guerre dans les bataillons « droit de l’hommistes » et compassionnels des gauches européennes, ainsi que dans le monde arabe antisémite chauffé à blanc ;
- le bond en avant de la judéophobie planétaire dont un moment fort fut Durban, tendance désormais durable et structurante, remarquablement décrite par Pierre-André Taguieff
Le film élaboré par Charles Enderlin a aussi servi comme une immense opération d’incitation des Palestiniens à la violence. Ceux-ci avaient montré la veille, le 29 septembre 2000, par leur faible présence dans l’affrontement de l’Esplanade, qu’ils étaient fort peu désireux de s’immerger à nouveau dans la violence. Les deux thèmes inventés pour les pousser à la guerre contre les Juifs furent la mort (hypothétique) de Mohamed Al Dura et aussi la rumeur que les Juifs avaient décidé de détruire la mosquée d’Al Aqsa pour reconstruire leur Temple à sa place. C’est pour cela que la seconde Intifada est nommée « Al Aqsa ». L’argument de la visite de Sharon était conçu pour l’opinion occidentale et non pour l’opinion palestinienne.
Le brûlot de France 2 n’est pas resté un simple moment de télévision. Outre la diffamation d’Israël, et l’appui au lancement d’une nouvelle guerre au Proche Orient dont nul ne peut mesurer les effets à ce jour, il a provoqué d’innombrables actes de fanatisme tueur. Les deux soldats israéliens égarés à Ramallah quelques jours plus tard, sauvagement tués puis étripés par la foule hystérique, doivent sans doute leur destin au sketch de France 2 inlassablement diffusé, jour et nuit. On sait que les coupeurs de tête qui ont décapité Daniel Pearl en 2003 avaient mis un poster l’Al Dura en fond d’image, comme pour dire « Mohamed, tu es vengé »
Au cœur de cette opération planétaire se détache le profil pitoyable de Charles Enderlin, le correspondant de France 2 à Jérusalem. L’homme est Israélien et juif. Au plan professionnel, il a lamentablement failli en imputant catégoriquement aux Israéliens l’origine des tirs, alors qu’il n’était même pas présent. C’est à ce moment là que le faux s’est constitué. Les soldats israéliens étaient accusés sans preuve par Enderlin d’avoir tué un enfant qui cherchait désespérément la protection de son père. Aujourd’hui, il n’y a strictement personne pour soutenir cette affirmation. Le caméraman palestinien a lui-même démenti sa déposition sous serment, avouant deux ans après que lui, le témoin de la scène, ne peut pas dire d’où venaient les hypothétiques balles tueuses. On pourrait tout à fait s’en tenir là, ne pas chercher plus loin, ni se demander s’il y a eu une mort et des blessures réelles ou si l’évènement ne se résume pas simplement à une saynète tournée par des professionnels (ce qui est d’ailleurs archi probable).
Charles Enderlin s’est-il trompé, a-t-il été trompé par son caméraman ? Il a droit comme chacun à l’erreur, et à la naïveté mais quand une erreur prend cette dimension, son premier devoir aurait été de présenter des excuses. Que nenni, il s’est enferré, prétendant publiquement, dans les colonnes de ses admirateurs de Télérama, qu’il possédait des rushes de l’agonie de l’enfant, d’une cruauté trop insupportable pour les montrer. Mensonge strident, démenti par le visionnage des dits rushes dans le bureau d’Arlette Chabot, par deux journalistes incontestables Denis Jeambar et Daniel Leconte.
Hélas la distance entre le sens de l’honneur et Charles Enderlin était encore plus grande qu’on ne l’imaginait, bien que sa couverture venimeuse du conflit ait donné des années durant quelques sérieuses indications. Démasqué par les constats prudents de Jeambar et Leconte, il a avancé un argument incroyable : « … pour moi, l'image correspondait à la réalité de la situation non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie. L'armée israélienne ripostait au soulèvement palestinien par l'utilisation massive de tirs à balles réelles … durant le premier mois de l'Intifada, Tsahal avait tiré un million de cartouches de calibre divers, 700 000 en Cisjordanie et 300 000 à Gaza. Des enfants palestiniens se sont retrouvés en première ligne » (1)
Qu’un journaliste puisse invoquer un contexte pour justifier la diffusion d’une information fausse sur un fait précis, cela a provoqué l’indignation de son confrère Jeambar : « … la phrase qu'il écrit dans Le Figaro est quand même contraire à ce qu'est ce métier. On n'est pas là pour essayer d'imaginer des images qui vont donner le reflet d'une situation … » (2) Mais ce n’est pas tout ! Charles Enderlin continue dans cet article, quatre ans après, d’accuser Tsahal de meurtre d’enfants, exactement comme il l’avait fait le 30 septembre 2000. Or d’innombrables documents ont démontré que la procédure opérationnelle utilisée par les Palestiniens dans la première phase de l’Intifada, avant les attentats suicide, c’était de mettre en avant des enfants jeteurs de pierre et de tirer de derrière sur les soldats israéliens pour provoquer une riposte, et espérer des morts d’enfants exploitables dans les média. Cela, Charles Enderlin le sait parfaitement. Par contre il n’a dit mot des quatre filles de la famille Hatwell, tuées à bout portant ainsi que leur mère enceinte par d’héroïques combattants palestiniens, le 30 avril 2004, sur la route de Kissoufim à Gaza, tuées de sang froid pour de bon, elles. C’est dire de quel bois est fait cet l’homme.
Mais il faut aller bien plus loin que le spectacle de l’homme Charles Enderlin. Ce dernier n’est qu’un petit maillon, substituable, dans la chaîne de la production et de la diffusion du faux « stratégique » (3) Le faux a été produit par un collaborateur fonctionnel des média palestiniens, le caméraman Talal Abou Rahma, et par Charles Enderlin. Mais ces derniers ne sont en rien impliqués dans sa diffusion mondiale, qui est au centre de notre sujet puisque c’est elle qui a fait d’un petit film génialement conçu, une bombe atomique politique contre Israël. (4) Dans son interview à Proche Orient Info, Charles Enderlin déclare de façon parfaitement justifiée : « … je suis journaliste, pas directeur. Ce n'est pas moi qui décide de ce qui passe à l'antenne, des films, des documentaires qui sont diffusés. Je ne valide pas mes propres sujets dans le journal. Pour cela, il y a une hiérarchie professionnelle… Tout est visionné par les responsables de l'édition, comme il se doit. » (5) C’est France 2, à l’époque Olivier Mazerolles dirigeait la rédaction, qui a diffusé instantanément et gratuitement (6) le brûlot au monde entier, prenant une posture d’auxiliaire des services palestiniens de propagande, et assurant un impact politique mondial et massif au faux de Netzarim. C’est lui qui est en principe le responsable de toute l’affaire, celui qu’il faudrait accuser, puisqu’il ne s’est pas honoré en démissionnant sur le champ, une fois avérée la fausse imputation des tirs.
Olivier Mazerolles a quitté son poste, le 11 février 2004, il y a exactement un an, quelques jours après avoir passé à l’antenne la nouvelle du retrait d’Alain Juppé de la vie politique après sa condamnation. Nouvelle fausse, mais de portée vénielle au regard de l’affaire Al Dura. C’est dire si en France, les journalistes exercent leur métier sous l’étroite surveillance des autorités politiques. Alain Hertoghe a écrit l’an passé un ouvrage qui en dit long sur le pilotage politique de l’information stratégique en France, ce qui lui a coûté son emploi.
Comme Charles Enderlin, Olivier Mazerolles n’est qu’un personnage de second ordre, un lampiste de plus, qui ne mérite rien d’autre que ce dépit qui nous envahit devant l’étalage de la couardise, du moi rampant, et de la soumission inconditionnelle et obséquieuse au pouvoir en place. Ce n’est pas Mazerolles qui a pris la décision fondamentale de diffuser massivement et gratuitement le faux de Netzarim. Nous n’avons aucune preuve matérielle de cette affirmatrion, mais pour qui observe le fonctionnement des institutions françaises, même superficiellement, cela va de soi. Si on veut savoir qui a donné l’ordre de diffuser gratuitement le faux, il faut chercher du coté du pouvoir d’État, des conseils de l’ombre du Quai d’Orsay et de l’Élysée, de ceux qui pilotent depuis des années la politique arabe extrémiste et suicidaire du sommet de l’État.
C’est pour cela que la controverse que continuent d’alimenter Jeambar et Leconte (saynète mise en scène par les Palestiniens, ou mort sous des balles d’origine plutôt palestinienne) n’a qu’une importance très secondaire en définitive. (7) Peu importe, du point de vue des forces telluriques et des intérêts majeurs qui sont en présence, si le petit Al Dura est mort ou s’il n’a jamais existé. Nous sommes pour notre part convaincu qu’il n’a jamais existé, mais qui peut produire le « smoking gun ? ».
Ce qu’il faut retenir de tout à fait essentiel dans cette affaire, c’est :
1) le rôle d’appui actif du pouvoir d’État français dans le lancement de la guerre d’Arafat. D’ailleurs, quelques jours après Netzarim, lors d’une réunion avec Arafat et Madeleine Albright à Paris, Jacques Chirac conseillera à Arafat de ne pas signer le cessez-le-feu proposé par la secrétaire d’État américaine de l’époque ;
2) l’emprise du sommet de l’État sur les messages véhiculés par les grands média en France pour les questions classées comme relevant de l’intérêt national, qui sont en fait les marottes de l’Élysée. Goebbels, Staline et Brejnev doivent se retourner tous les jours dans leur tombe, devant une si élégante maîtrise de l’art d’informer les gens comme il faut.
3) la vulnérabilité de l’opinion mondiale, surtout européenne mais aussi américaine, aux manœuvres de manipulation remarquablement coordonnées et exécutées par les efforts convergents d’un groupe fondamentalement terroriste comme l’Autorité palestinienne d’Arafat et une grande puissance occidentale capable de pénétrer le cœur des réseaux mondiaux de l’information.
Notes
(1) Le Figaro « Non à la censure à la source » 27 janvier
2005
(2) Interview à RCJ le 1° février 2005.
(3) Au sens où il a pu influer sur la situation d’ensemble de la guerre en
défaveur d’une des parties.
(4) C’est le Général De Gaulle qui avait le premier comparé la puissance
politique de la télévision à une bombe atomique.
(5) Proche Orient Info « Un entretien exclusif avec Charles Enderlin… » 1°
octobre 2002
(6) Pourtant France 2 a un statut public et fonctionne avec une redevance
collectée comme un impôt. Les responsables ne sont pas autorisés à faire des
cadeaux avec des ressources publiques. Ils sont comptables de ces ressources
sur leurs deniers personnels.
(7) Il faut saluer le travail remarquable, courageux, méthodique et obstiné de
l’agence israélienne indépendante Mena (Métula News Agency). Elle a procédé à
toutes les investigations possibles du matériel disponible sur l’évènement du
30 septembre, pour sauver l’honneur de son pays et de ses soldats. Elle a osé
s’affronter sur la durée aux forteresses de la désinformation occidentale et
elle a triomphé puisque nul ne soutient plus que des soldats israéliens ont tué
Al Dura.
Jean-Pierre Bensimon
Lettre du Collectif Paix et Vérité n°8 10 février 2005
http://www.objectif-info.com/AP/probite.htm
1 - Talal Abou Rahma, la caméraman qui a filmé la scène de la mort de Mohamed Al Dura, travaille à la fois pour la télévision palestinienne et pour France 2. Quand on connaît les canons de la liberté de presse sous le règne d’Arafat, il va de soi que ce caméraman est sous très haute influence, ce qui aurait du entacher d’une suspicion certaine son reportage pour le compte de son second employeur.
2 - Talal Abou Rahma témoigne sous serment devant un juriste du Centre palestinien pour les droits de l'homme (PCHR), à Gaza qu’il a bien tourné vingt-sept minutes d'images sur les 45 minutes qu’aurait duré la fusillade. Il affirme alors que les deux victimes ont été atteintes par des balles tirées « de l'avant-poste israélien, [...] intentionnellement et de sang-froid ». Mais, deux ans après son témoignage sous serment il se rétracte par un courrier adressé à France 2 Jérusalem: « Je n'ai jamais dit à l'Organisation palestinienne des droits de l'homme que les Israéliens avaient tué intentionnellement ou en connaissance de cause Mohamed al-Dura et blessé son père. »
3 – Bien que les rushes soient abondants, il n’y a pas une image de l’agonie de l’enfant. Enderlin prétend d’abord qu’il possède des images, mais qu’elles sont trop cruelles pour être montrées. (Télérama, 25 octobre 2000). Jeambar et Leconte qui visionnent les rushes dans le bureau d’Arlette Chabot en 2004 ne trouvent pas trace de ces scènes terribles. Enderlin les a inventées.
4 – Personne d’autre que le caméraman palestinien Talal Abou Rahma n’a filmé la scène très longue (45 minutes de tirs selon ce dernier), alors que les équipes de TV étaient très nombreuses ce jour là, à ce carrefour là, sans doute convoquées par les hommes d’Arafat ? En 2002, Enderlin fait fugacement allusion à un film tourné par Reuters, mais nul n’a jamais pu en savoir plus, ni voir les images. Le second film est un produit de son imagination fertile, ou alors, qu’il le produise.
5 – Pour les médecins palestiniens le cadavre du petit Mohamed est arrivé à l'hôpital Shifa avant 13 heures, alors que les échanges de tirs qui auraient coûté la vie à Mohamed ont eu lieu au plus tôt à 15 heures. Ce n’est donc pas le cadavre de l’enfant Mohamed qui a été montré à la presse mais celui d’un autre enfant.
6 –Bien qu’il n’ait pas été pas présent au carrefour de Netzarim, Enderlin affirme dans son commentaire que les tirs viennent de la position israélienne. Cette information, il ne peut la tenir que du caméraman palestinien, dont on sait qu’il est aussi employé de la télévision palestinienne, donc sous la férule des hommes d’Arafat. Enderlin qui n’en à cure, la reprend à son compte. Il confectionne ainsi un véritable brûlot qui pourra être jeté à la tête de l’État d’Israël et déclencher la curée contre l’État juif dans le monde.
7 - Les Palestiniens n'ont jamais accepté que le petit martyr soit autopsié pour des raisons censément religieuses. Une autopsie aurait permis d’identifier le calibre des balles (5,5 israéliennes ou 7,62 palestiniennes) et d’imputer sans discussion possible la responsabilité de la mort de l’enfant, s’il est bien mort.
8 – Par un fait miraculeux, le père de l’enfant, qui a reçu au moins huit balles, porte un T shirt immaculé, sans la moindre trace de sang, alors qu’il aurait reçu des balles à haute vélocité, provocant des blessures particulièrement graves. Pas de sang non plus sur les habits de l’enfant mort.
9 – Dans les rushes, il apparaîtrait que le petit Mohamed mort, change plusieurs fois de position. Il plierait les genoux, soulèverait un coude, passerait sa main devant les yeux..
10 – Selon le général Samia, le commandant de Tsahal pour la région Sud à l’époque, les analyses postérieures des positions respectives, israéliennes et palestiniennes, démontrent qu’il n’était pas possible d’atteindre le père et l’enfant depuis le poste occupé par les soldats israéliens. Par contre ils étaient à portée des armes palestiniennes.
11 – Les rushes visionnés par Jeambar et Leconte ne contiennent qu’une série de saynètes ou de jeunes palestiniens miment des blessures puis se relèvent. Ces saynètes font l’objet d’une certaine mise en scène puisque des ambulances surgissent, emportent les faux blessés, etc. Des pieds de caméra professionnels sont fugacement dans le champ de Talal Abou Rahma, censé filmer des échanges de tirs réels. Une analyse image par image du film projeté dans le monde entier permettrait de distinguer des signes utilisés au cinéma pour indiquer une seconde prise.
12 – Pour tenter de se dédouaner, France 2 fait filmer par Talal Abou Rahma, les cicatrices de Jamal Al Dura, le père de Mohamed. L’homme a bien le corps couvert de cicatrices, mais le film ne dit pas de quand elles datent. Jamal aurait été soigné dans un hôpital israélien des années auparavant après une rixe avec d’autre palestiniens pour d’obscures affaires de trafic de stupéfiants. Quand on demande à France 2 de les faire expertiser par un médecin légiste, la chaîne dirigée par Arlette Chabot refuse.
13 - Le film projeté par la télévision palestinienne ajoute aux images de France 2 un certain nombre de plan dont celui d’un soldat israélien épaulant et tirant en direction de Mohamed Al Dura.
14 – Les services palestiniens sont coutumiers des faux plus ou moins convaincants destinés à l’intoxication des média. On a eu vent de l’accusation d’inoculation du Sida à des adolescents palestiniens, des chewing-gums excitant l’appétit sexuel des musulmanes pour les inciter à transgresser leur religion, des soldates israéliennes qui se déshabilleraient pour perdre les combattants palestiniens. On se souvient des affirmations que les Israéliens creusaient un tunnel sous l’Esplanade des Mosquées en 1996, alors qu’ils ne faisaient que dégager sur quelques mètres une issue pour un vieux souterrain hasmonéen, à l’extérieur de l’Esplanade. On connaît l’affaire du mort, tombé de sa civière et qui y remonte avant de prendre la fuite à toutes jambes. On se souvient aussi des bilans des affrontements de Jénine d’avril 2002 : 3000 morts, puis 500 morts, alors qu’il n’y en eut que 56, quasiment tous des combattants.
15 - Jeambar et Leconte racontent dans leur interview à RCJ le 1 février 2004 que les représentants de France 2 ont été obligés de reconnaître, « comme nous, que c'était de la mise en scène. C'est quand même extravagant. Et quand on leur a dit : "Mais vous voyez bien que c'est de la mise en scène", l'un d'entre eux nous a dit en souriant : "Mais oui. Mais tu sais bien que c'est toujours comme ça". Alors là, j'ai dit : "Toi tu sais, peut-être, mais le téléspectateur, il ne sait pas". »
16 – France 2 a diffusé le brûlot d’Enderlin gratuitement à tous les réseaux de télévision du monde. Cette générosité s’explique mal dans la mesure où les dirigeants de la chaîne publique, n’ont pas la liberté de faire des cadeaux sur les ressources publiques. Tout montre que France 2 a voulu donner un écho maximum à la thèse politique de l’État israélien criminel que venait étayer le reportage d’Enderlin.
17 – France 2 persiste dans l’opacité. Elle refuse de dévoiler les rushes en sa possession. Elle a refusé le débat en interdisant d’antenne le film d’Esther Shapira qui présentait une thèse différente sur l’évènement de Netsarim. Elle refuse que Talal Abou Rahma soit interrogé, que les blessures de Jamal Al Dura soient expertisées. Elle menace aujourd’hui quiconque met en cause sa blanche probité, de poursuites judiciaires…
Par
Amnon Lord de Makor Rishon pour
l'original - le
24-04-2003
upjf.org et Michel Grinberg pour la traduction française
Le général de réserve Yom Tov Samia était, à l'époque, commandant de la région
militaire sud.
La mémoire visuelle du général (de réserve) Yom Tov Samia * et les affirmations
du caméraman palestinien, Talal Abu Rahma, laissent peu de doutes sur la
question de l'assassinat du petit Mohammed al-Dura.
Pour la première fois, le général (de réserve) Yom Tov Samia a fait une
déclaration publique à propos de l'affaire Mohammed Al-Dura, au Jerusalem
Center for Public Affairs, en mars dernier. Parmi les nombreuses choses
intéressantes qu'il avait à dire, les plus saillantes concernaient l'arrivée
effective de l'enfant au carrefour de Netsarim, le 30 septembre 2000, vers
midi, et les rushes des films qui sont en la possession de France2.
"L'enfant n'est pas arrivé là par hasard", a affirmé Samia. "Un
échange de tirs qui dure cinq heures n'attire pas les enfants. Et j'ajouterai
quelque chose que vous devez bien noter: le Shabak (service des Renseignements
généraux) a prouvé que, durant les deux semaines qui ont précédé l'incident,
l'enfant était présent lors des jets de pierres qui s'y déroulaient".
Samia a indiqué que l'enfant Al-Dura et son père, Djamal, avaient, bien sûr,
l'intention d'aller voir une voiture dans un dépôt de voitures d'occasion, et,
pour ce faire, avaient emprunté un raccourci qui ne passait pas par le
carrefour de Netsarim. C'est au retour, et justement alors qu'il y avait des
tirs, ils sont passés par ce carrefour.
"Pendant 45 minutes, le père et son fils trouvent refuge derrière
l'endroit qui les protège", a affirmé le général Samia… Il y a des
passages de films qui montrent que, durant ces 45 minutes, un grand nombre
d'individus ont bougé, passant d'un endroit à un autre. Pourquoi, le père et
l'enfant, eux, n'ont-ils pas bougé et sont-ils restés au même endroit? Ils ont
visiblement un rôle dans ce spectacle".
Samia a mis en cause la chaîne France2 qui, malgré l'importance décisive de
l'événement, refuse de montrer tout le matériau filmé autour de cette
fusillade, au centre de laquelle se trouve l'enfant Mohammed Al-Dura. D'après
le caméraman Talal Abu-Rahma, il reste 6 minutes filmées qui ne s'enchaînent
pas avec les comptes rendus sur la fusillade. Yom Tov Samia - ainsi que Nahum
Shahaf, qui a mené une enquête - assurent que France2 dispose d'encore au moins
27 minutes de matériau brut sur l'incident. Ils sont persuadés qu'il y en a
même beaucoup plus, mais France2 refuse de les communiquer.
"Charles Enderlin (journaliste à France2) ment, à deux reprises",
accuse Samia. "La première fois, lorsqu'il dit qu'il est prêt à
communiquer ses rushes à qui le souhaite; la seconde, quand il déclare les
avoir transmis à qui les demandait”.
Ce débat sur l'affaire Al-Dura a eu lieu lors d'une projection privée du film
d'Esther Shapiro, réalisé pour la télévision allemande. Dans ce film, un soldat
israélien affirme une chose étonnante: "Les premiers qui sont apparus (le
matin) ont été les journalistes. Dès que nous les avons vus, nous avons su que
quelque chose allait se passer".
Samia confirme ce compte rendu et raconte comment il a vu, pour la première
fois, l'incident à la télévision : "J'ai la chance d'avoir une excellente
mémoire visuelle. J'ai tout de suite soupçonné que quelque chose se tramait et
n'était pas logique lorsque j'ai vu la séquence sur l'une des chaînes. Je ne me
rappelle plus laquelle. Ce même soir, après le Shabbat, quand j'ai regardé la
télévision, je me suis rendu compte que les séquences présentées sur ces deux
chaînes n'étaient pas les mêmes. France2 a décidé de donner aux chaînes des
séquences différentes. J'ai immédiatement téléphoné à l'Etat-major général et
leur ai dit: "Ne faites rien à propos de l'enfant palestinien. Laissez-moi
m'en occuper. Oui, nous déplorons tous qu'un enfant ait été tué, mais de là à
se hâter d'en assumer la responsabilité, dès le lendemain! Et ceci alors que le
commandant des opérations leur avait dit de ne pas s'en occuper".
Samia raconte qu'en fait, le chef du gouvernement et ministre de la défense
d'alors, Ehoud Barak, en accord avec le général Giora Eigland et également,
selon certains, avec le chef d'Etat-major adjoint de l'époque, Bougi Yaalon, se
sont lourdement trompés en admettant la responsabilité d'Israël dans
l'assassinat de Al-Dura. Ils ont pensé que c'était le moyen le plus rapide et
efficace d'évacuer cette affaire de l'ordre du jour.
Samia reconnaît aujourd'hui qu'il est clair que l'enfant - "s'il a
réellement été tué lors de cet affrontement" -, ne l'a pas été par des
tirs de soldats de Tsahal. Il attire l'attention, entre autres, sur deux
déclarations claires du caméraman Abu-Rahma et du père. "Celui qui
comprend l'arabe entend le père dire explicitement : l'enfant est mort bien
avant qu'il semble avoir été tué dans le film", comme Samia l'indique en
citant le père dans le film. "L'enfant est mort bien avant qu'on ne le
voie mort". Et que dit Talal Abu-Rahma ? "Dans l'ensemble de ce qui
est diffusé, il est clair (à propos de l'enfant), qu'il n'y a eu de tirs que
d'un côté - 'juste derrière moi'. Je crois qu'il sait distinguer la
direction des tirs. Il n'y a aucun doute que, derrière Talal Abu-Rahma, il n'y
a qu'une position palestinienne. La 'pita', comme nous l'appelions. La position
israélienne est à l'opposé. Derrière le caméraman palestinien, il n'y avait pas
de postes israéliens, mais seulement des Palestiniens".
Le général Samia a causé la surprise lorsqu'il a précisé la date exacte à
laquelle, selon lui, ont commencé la programmation et les préparatifs de la
guerre de terreur de l'Autorité Palestinienne. "Cette guerre a été
organisée et préparée, de manière minutieuse, depuis mai 94, lors de la
signature des accords du Caire, quand Arafat a refusé d'apposer sa signature
sur les cartes et qu'il y a eu la dispute bien connue, au cours de laquelle
Moubarak lui a crié: "Ya caleb ibn caleb!" (espèce de chien,
fils de chien!)". Samia témoigne qu'il faisait partie de l'équipe de
négociations, au Caire, qu'il était attentif au problème et qu'il avait mis en
garde le chef du gouvernement, Rabin. Ce dernier a, bien sûr, exigé d'Arafat
qu'il signe.
La question qui se pose est : pourquoi a-t-on si longtemps dissimulé ces graves
signes avant-coureurs?