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POUR LA SUPPRESSION DES JOURNALISTES-EPONGES
TOUS DEVOUES A LA CAUSE PALESTINIENNE
Par Laurent Murawiec
Metula News Agency - le 12 mars
2008
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archives gratuites ou la désinformation
A
l’époque soviétique, le pouvoir communiste avait mis un marché dans les mains
de la grande agence de presse UPI (United Press
International) : soit M. Untel, grand reporter, qui les gênait fort, cessait
d’exercer en Europe centrale et orientale, soit l’UPI cesserait d’être
accréditée dans tous les pays du bloc communiste. Que croyez-vous qu’il
arriva ? L’UPI céda. On n'allait tout de même pas sacrifier la présence
de l’agence dans cette vaste région pour un seul journaliste, si excellent
fût-il.
Le
cas se produisit et se reproduisit sans cesse, de 1918 à 1990. Cette manière de
procéder renaît aujourd’hui de ses cendres, sous des formes légèrement moins grossières,
en Russie de Poutine. De temps en temps, on y tue un journaliste d’investigation
étranger, pour encourager les autres à l’autocensure. Dans l’enfer pâteux de
Vladimir Poutine, les guébistes ont repris les mauvaises habitudes, suspendues
un temps pour "réparation et réfection". Mais ce qui importe ici,
c’est le mécanisme mis en oeuvre.
Dans
une société non libre, l’information est une denrée rare. Plus elle est
contrôlée par le pouvoir despotique ou dictatorial, plus elle est difficile à
trouver, à extraire, à diffuser. Le contrôle crée la rareté, et la valeur. Qui contrôle les flux d’informations
s’empare d’une "hauteur stratégique", expression de Lénine, qui ne
pouvait se passer de la métaphore militaire, même quand il parlait de camembert
ou de blinis. Qui contrôle le flux d’informations contrôle les perceptions.
C’est ainsi que l’Occident entier croyait tout uniment, jusqu’à 1990, que
l’Allemagne de l’Est était "la huitième économie du monde", alors
qu’il s’agissait en fait d’un tas de rouille obsolète, improductif et mal
agencé. La surprise fut totale lorsqu’on découvrit la vérité des faits -- laquelle
était d’ailleurs parfaitement disponible au niveau micro-économique pour
quiconque, Allemand, avait de la famille à l’Est, à laquelle il rendait
visite : mais Müller ou Schmidt, les pauvres, n’étaient ni journalistes
ni experts et n’avaient donc pas voix au chapitre.
La méthode du contrôle est celle du raton laveur: le contrôleur-censeur rétrécit
au maximum le flux d’informations, en y dressant des obstacles. Il place un
barrage au gué et le tour est joué. Il suffit de contrôler le barrage sans
avoir besoin de contrôler l’ampleur du courant, la largeur du fleuve, etc. Le
Kremlin était en mesure de choisir les correspondants qui seraient accrédités,
ceux qui seraient pourchassés et ceux à qui on offrirait les interviews
exclusives, l’accès aux puissants du jour. Les autres, qui s’occupaient de
dissidents, on les matraquait, on les expulsait, on les contraignait à
l’autocensure – pour rester en poste ! Voilà qui permettait de
sélectionner les porteurs de nouvelles, désormais placées entre des mains
amies, favorablement disposées et sans danger.
Ce
n’est pas que tous les pourvoyeurs d’information en poste à Moscou, Prague,
etc., aient été des vendus, des pourris – mais ils avaient vendu leur âme au
diable, même un bout d’âme. Goethe nous a parlé, dans Faust, des conséquences
funestes de ces marchés de dupes. Les meilleurs analystes occidentaux étaient
interdits de séjour, restaient les autres, ceux qui avaient des complaisances.
Ils ne faisaient que leur métier, comme d’autres, avaient obéi aux ordres, dans
un autre domaine. La même chose valait pour les chercheurs, qu’on ne laissait
entrer et chercher que sur une base hautement sélective et orientée. L’absence
des meilleurs "médiocrisait" les produits,
ce qui faisait, bien sûr, l’affaire du régime.
Le
régime chinois a une vieille pratique de ce genre de méthode. Vous voulez
rencontrer vos collègues à Pékin ? Vous voulez aller faire des études sur
le terrain ? Ah ! mais il vous faut un visa,
un hukou
ou certificat de résidence, ceci, cela et encore autre chose. Et ne vous
occupez donc pas de tel ou tel sujet, c’est mauvais pour la santé. Et si vous
déplaisez, plus question de mettre les pieds en Chine, comme feu l’un de mes
amis, éminent sinologue, qui avait fort déplu : interdit de séjour !
Il faut d’ailleurs reconnaître que les choses ont sensiblement changé à Pékin :
les zones d’indifférence forcée et de "mauvaise santé" ont très
considérablement diminué, sans avoir – l’actualité nous le rappelle –
complètement disparu.
Le
principe, donc, est celui-ci: contrôler le flux de l’information pour contrôler
sa direction, ses courants, sa teneur. Soumis à restriction, le flux devient
tributaire du pouvoir, quel qu’il soit. La logique économique est implacable:
il est indispensable d’être présents sur place, il faut donc s’accommoder des
conditions qui y règnent et se soumettre aux desiderata de ce pouvoir. Une fois
l’âme vendue, plus question de la récupérer, ou, en termes économiques, on a
tant investi dans une entreprise pourrie qu’on ne peut plus la laisser filer,
il faut la renflouer à jet continu. C’est un principe d’investissement,
l’investisseur doit juger si le prix payé pour la valeur excède le profit
escompté ou représente une décote. Les choix faits par les médias sont, au
départ, économiques, mais se chargent, au fur et à mesure du temps qui passe,
de lourds fardeaux politiques.
S’il
est un coin du monde où la restriction-contrôle règne en maîtresse, c’est le
Moyen-Orient arabo-musulman. L’Egypte, au totalitarisme mou, le royaume wahabite, au despotisme borné et aveugle, même l’Iran des
ayatollahs adroits et manipulateurs, le Liban, où les Syriens vous tueront pour
un verre de thé à la menthe, ne sont pas les cas les plus significatifs.
Explorons.
On
sait que la chaîne CNN, en particulier, passa un accord durable avec
Saddam Hussein, le dictateur, ultérieurement pendu, mais alors tout-puissant.
Il leur offrait d’être les seuls journalistes occidentaux en poste à Bagdad. La
contrepartie, autocensure et complaisance envers le régime. C’est dégoûtant,
mais ainsi va CNN. La chaîne passa sous les Fourches Caudines du nouveau
Saladin. La soumission – la dhimmitude du journaliste
occidental – sont passées dans les moeurs. Elles y
côtoient la dhimmitude des ONG, de l’ONU, des
représentants humbles et soumis de l’Union Européenne. N’accablons pas les
médias, ils font comme tout le monde.
Et
le cas le plus intéressant, la MENA en a donné, au fil des années, une
documentation foisonnante, c’est ce qui se passe dans les territoires régis par
le Hamas et l’Autorité Palestinienne depuis Arafat.
Les
grands médias fournisseurs de réseaux d’information internationaux n’ont, pour
la plupart d’entre eux, pas de correspondants occidentaux en poste permanent à
Gaza ni en Judée-Samarie. Les correspondants permanents sont basés à Jérusalem,
quelquefois à Tel-Aviv. Le terrain est couvert par des stringers (pigistes) et
cameramen-photographes palestiniens qui, eux, sont sur place. Ils nourrissent
leurs patrons de feed d’information. Sans eux,
pas de reportages, sauf quand leurs majestés les correspondants vont faire une
virée protégée. Mais la couverture quotidienne vient des stringers. Ce sont eux
qui collectent l’information sur le terrain.
Prenons
un exemple entre dix mille: je lis à la Une du Washington Post du 3 mars
un article de tête sur les cinq jours d’action de Tsahal à Gaza. Je passe
brièvement sur les petites infamies de composition – on démarre avec le
"spasme de violence", on poursuit avec "une offensive
israélienne qui a enragé les Palestiniens", on continue avec la "guerre
criminelle contre le peuple palestinien", dont parle ce vieux mâtin
d’Abbas. Israël ne prévoit pas de s’arrêter, continue l’article (!).
Tout
cela, c’est la propagande anti-israélienne normale, on s’y attend. Puis vient
le matériau descriptif de terrain, le reportage de proximité: il s’agit presque
exclusivement d’exacerber, d’exhiber la souffrance palestinienne, celle des
civils en particulier. L’article mentionne en long et en large des Palestiniens moyens, qui,
évidemment, accusent Bush et les Etats-Unis (?!), dénoncent le fait que ce sont
"les enfants palestiniens qui meurent". Hôpitaux, blessés, morts,
mamans, etc. Pas une fois l’article ne suggérera que le Hamas empile les civils
comme boucliers humains dans et sous les maisons utilisées pour lancer les Qassam. Le mensonge par omission est colossal, délibéré,
orienté.
Au
bas de l’article, on lit "notre correspondant spécial, Reyham Abdulkarim, à Gaza City, a
contribué à cet article". Avec ce "journaliste" palestinien,
nous touchons du doigt le principe de restriction-censure-manipulation.
Depuis
les débuts de l’ère Arafat, l’exercice des professions d’information dans les
Territoires est totalement soumis à l’acceptation par les informateurs d’un
marché impératif: quiconque publiera quoi que ce soit qui pourrait "ternir
l’image de la lutte du peuple palestinien" aura les jambes cassées, sera
kidnappé et battu, verra ses proches inquiétés. A la rigueur, les journalistes
occidentaux pourraient échapper aux menaces, s’ils avaient le moindre iota de
courage, ou tout simplement de dignité professionnelle. Mais ils sont trop
occupés à lécher les parties sensibles de ces bons Palestiniens, et trop
obsessionnellement opposés à Israël, pour s’en soucier.
Quant
aux stringers palestiniens locaux, ils sont tout à la dévotion du pouvoir. Ils
ont compris (même sans les menaces et les bastonnades - qui sont tout de
même bien utiles pour encourager les sentiments nationaux) qu’on peut vivre ou
mourir, selon ce que l’on écrit. Ils écrivent bien. Ils photographient bien.
Ils filment bien. Ils sont non seulement des menteurs, et des truqueurs, ils
font partie intégrante de l’appareil de propagande du Hamas ou de
l’"Autorité". Ce sont des soldats enrôlés par force, idéologie, ou
les deux à la fois. Ils sont – et ils ne sont que - des instruments de la
guerre politique et médiatique menée par le monde arabo-musulman contre Israël.
Ce qu’ils envoient est non seulement dénué de valeur d’information, il ne s’agit QUE de
désinformation. Ce ne sont pas des journalistes, ce sont des spécialistes de
l’agit-prop, des désinformateurs professionnels. Leur job est de monopoliser,
de truquer, de biaiser les images et les mots qui sortent des Territoires.
Leurs
pseudo-reportages passent directement à Reuters, la BBC, l’AFP
et autres, qui les rediffusent dans la presse et la télévision du monde entier,
ou qui passent à l’abjection pure qu’est al Jazzera et ses
alter ego, non moins ignobles, que sont les télévisions arabes. L’idée
d’information est étrangère au monde arabe, où les "nouvelles" sont
l’apanage des autorités, l’"information" est une fonction parmi
d’autres de l’Etat.
Corruption
et trucage des agences occidentales, simulation et faussaires palestiniens. Que
faire ?
Premièrement,
il faut s’attaquer au problème des correspondants internationaux. J’ai été
interviewé des dizaines de fois par la BBC, pour ne parler que d’elle.
Quand les grinçantes pimbêches ultragauchistes de la radiotélévision
britannique parlent d’Israël, la haine suinte, le ressentiment vaniteux
ruisselle, le désir de détruire s’exacerbe. Franchement, je préférerais dîner
avec le Ku Klux Klan, qui, au moins, ne prétend à rien sauf à l’antisémitisme
obsessif, sans le déguiser de motifs humanitaires, pacifistes et sentencieux.
Je
ne vois par pourquoi Israël donnerait une accréditation de journalistes aux
militants de sa propre disparition. S’ils veulent aller faire leur sale
besogne, qu’ils la fassent sans aucune aide ni protection de l’Etat. S’il leur
arrivait malheur, eh bien, ce sont les risques du métier. La même chose vaut
pour les infâmes ONG, dont l’œuvre principale et l’objet sont le discrédit et
la destruction d’Israël, et pour la racaille onusienne, qui a, depuis un
demi-siècle, pris le parti de se ranger entièrement sous la bannière
islamo-nationaliste.
Ah !
Mais le ministère israélien des affaires étrangères tient trop à la
considération et au respect de la bonne société internationale. Que dirait-on,
à l’ONU, au Pen Club, à Oxford et à Harvard, dans les clubs
diplomatiques ? Que diraient "nos collègues" du Quai
d’Orsay ? Ils seraient bien capables de nous critiquer ! L’Union
Européenne froncerait les sourcils. Tsipi Livni et Cie semblent plus tenir à leur bonne
renommée dans la jet-set qu’aux intérêts d’Israël. En fait, ils préfèrent
brader ceux-ci afin de conserver celle-là. Pas d’offense, même légère !
Qu’importe l’image de la nation et de l’Etat, puisqu’il faut jouir de l’estime
des collègues ! Mieux vaut être un membre estimé (croit-on) de la grande
famille du snobisme intellectuel de la "bien-pensance".
Il y a là comme une exhalaison de Juifs allemands assimilés, qui ne pouvaient
rien croire avant de passer les portes de l’Enfer. Livni,
les autres, en cas de catastrophe, pourraient toujours écrire leurs tristes
mémoires, élégiaques évocations d’un monde disparu. On suggère comme
titre : J’ai échappé au four crématoire atomique – mon héroïque évasion.
Non,
Israël devra choisir, en intériorisant le principe de l’interprétation
économique de la guerre politique. Pour ne pas la perdre, pour la gagner, il faut impérativement
appliquer le principe du raton laveur. Il faut empêcher la monopolisation
et l’altération de l’information en provenance des Territoires. Cela veut dire
que les stringers palestiniens ne doivent pas être reconnus comme journalistes.
Ce sont des agents ennemis, non des journalistes, qui doivent être traités pour
ce qu’ils sont, des rouages dans la machine de guerre arabo-djihadiste,
qui opère pour détruire Israël.
En
temps de guerre, on fusille les espions et les agents ennemis, on ne leur remet
pas des cartes de presse.
Ah !
les belles âmes de la communauté internationale
brailleront. Un ministère des Affaires Etrangères digne de ce nom ne laisserait
passer aucune occasion de dire à Javier Solana
"Taisez-vous, assassin, complice !". Ça jetterait un froid. Ça romprait avec le ronron diplomatique.
Mais
aussi, pourquoi ne pas faire payer ces pourvoyeurs de meurtres ? Une
déclaration de l’UE condamne Israël pour "usage disproportionné de la
force" ? Le cabinet israélien annonce, en liant les deux événements,
qu’à titre de mesure d’autodéfense, un nouveau bloc d’implantations sera
construit près de Jérusalem. Il sera nommé "Europe". Si c’est le
ministre anglais qui ouvre son sifflet, le bloc sera baptisé "York",
pour le pogrom du même nom, ou "Héritage de Bevin", du nom du
virulent judéophobe travailliste, ministre des
Affaires Etrangères, qui voulut assassiner le Yishouv
(le Foyer National Juif, Israël avant sa proclamation d’indépendance. Ndlr.).
Faisons
travailler notre imagination. Les ONG, ça s’expulse. Israël, pour agir comme
agissent les bons Juifs, en a bien assez toléré. Les Israéliens sont des
citoyens internationaux modèles, ces braves gens. En entrant dans les chambres
à gaz, Herr Professor
Salomon Wertheimer disait encore Bitte schön,
sans doute pour exprimer sa gratitude de mourir par du gaz allemand.
La guerre politique doit être menée. La guerre de l’information en est
une composante essentielle. Je ne parle même pas de la lamentable politique de
l’information à l’étranger du ministère des Affaires Etrangères d’Israël !
Il est indispensable à l’Etat hébreu de libérer l’information
palestinienne ! Tant que celle-ci reste soumise au totalitarisme des
puissances au pouvoir, la crucifixion d’Israël comme "Juif des
nations" a le champ libre. Le monopole exercé dans les Territoires
favorise la mise en condition, l’embrigadement, la sidération des Palestiniens
eux-mêmes
A
l’époque de Staline - le fait est authentique -, quand on tournait le
bouton de sélection de la TSF, tous les postes étaient identiques, c’était
Radio Moscou. Comment s’étonner du crétinisme servile de la population
soviétique ? De même, tout ce que répercute la presse internationale au
monde de l’information palestinienne, c’est la ligne qu’a créée la direction
palestinienne. Cercle vicieux. C’est lui qu’il faut rompre. La guerre politique
n’est pas plus jolie que la guerre elle-même. On fait la guerre pour survivre. Pour survivre, il faut
faire la guerre politique.