www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
Les journalistes corrompus par les dictateurs
arabes
Par Khaled Abou Toameh, journaliste palestinien
Adapté par Danilette
- le 5 avril 2011
Titre original: Journalists Accepting Bribes from Arab Dictators
http://www.hudson-ny.org/2016/journalists-bribes-arab-dictators
On a besoin d'une nouvelle "intifada"
mais cette fois pour débarrasser le monde arabe des reporters et journalistes
corrompus dont l'unique travail est de défendre les dictateurs arabes, leurs
familles et leurs hommes de main. Ces journalistes qui ont envie de faire
des louanges aux régimes dans lesquels ils vivent devraient trouver du travail
dans les ministères de l'information et arrêter de prétendre être des journalistes.
Les révoltes populaires qui
balayent le monde arabe ont révélé le fait que beaucoup de journalistes ont
reçu des fonds de dictateurs arabes.
Le colonel Mouammar Kadhafi et ses
fils auraient versé de l'argent à des douzaines de journalistes arabes pour
qu'ils ferment les yeux sur leurs exactions. La liste des bénéficiaires inclus
des rédacteurs en chef de journaux, des journalistes et des chroniqueurs en
Égypte, en Syrie, en Jordanie, dans les pays du Golfe et dans les Territoires
palestiniens.
Des grands journalistes arabes qui
vivent à Londres et à Paris ont également déclaré avoir reçu de l'argent du
régime libyen.
Kadhafi et ses fils ne sont pas
les seuls à avoir corrompu des journalistes dans le monde arabe. Cette pratique
était courante dans l'Egypte du président égyptien déchu Hosni Barak ainsi que
dans d'autres pays pétroliers du Golfe dont l'Arabie Saoudite qui a offert des
pots-de-vin à des journalistes arabes pendant des décennies.
Cela explique pourquoi de nombreux
journalistes arabes se sont abstenus de présenter négativement tout ce qui
touche à leurs bailleurs de fonds.
Au lieu d'écrire sur les griefs
des arabes vivant dans des pays dictatoriaux, ces journalistes-là encensaient
les régimes arabes et ne critiquaient qu'un seul pays : Israël.
À quand remonte la dernière fois
qu'un journaliste syrien, vivant en Syrie a publié une enquête sur les
violations massives des droits de l'homme et la corruption financière dans son
pays ? A-t-on jamais entendu parler d'un journaliste saoudien qui ait osé
critiquer le roi ou un membre de la famille royale ?
Les journalistes vivant dans les
dictatures arabes qui ont osé s'attaquer à leurs dirigeants, à leurs
gouvernements ou ont omis de suivre la ligne officielle ont souvent été pris pour
cible par les services de sécurité et par conséquent il est possible de
comprendre qu'ils préfèrent accepter des pots de vin. Mais ce qui est
incompréhensible, c'est le fait que des journalistes arabes vivant en Occident
aient trahi leur profession en acceptant de l'argent de tyrans corrupteurs. Un
journaliste arabe vivant à New York, Paris ou Londres ne peut pas prétendre
n'avoir pas le choix.
Les soulèvements du monde arabe
pourraient enfin mettre un terme à la corruption qui règne parmi les journalistes.
Un grand nombre de journalistes égyptiens ont lancé une intifada contre leurs
rédacteurs en chef et contre les journalistes qui servaient de porte-paroles à
Moubarak en échange d'argent et d'autres faveurs, c'est un signe encourageant.
En Tunisie, le nouveau
gouvernement a renvoyé tous les journalistes qui avaient servi l'ancien
président tunisien déchu, Zine Abidine
Ben Ali.
La majorité des pays arabes a
encore un long chemin à parcourir pour prendre conscience de l'importance d'un
journalisme véridique et objectif. Les journaux d'opposition sont quasiment
inexistants et c'est pour cette raison que de nombreux journalistes arabes ont
été contraints de créer des médias dans les capitales occidentales.