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L'Islam et Jérusalem
Par le Pr Mordekhay Kedar, chargé de cours au département d'arabe et chercheur associé au Centre Begin-Sadate d'Etudes Stratégiques, Université Bar-Ilan.
Traduction Danilette.
28/04/16
Jérusalem (tout au moins la vieille ville et le Mont du Temple) est une exigence politique palestinienne depuis sa libération de l'occupation jordanienne il y a plus de 40 ans, bien qu'elle n'ait jamais été la capitale de quoi que ce soit dans l'Islam, et même pas la capitale de la région Palestine après la conquête musulmane du 7ème siècle.
La capitale était Ramla. Ce qui pose les questions suivantes :
Quelle est l'origine de la sainteté de Jérusalem dans la religion qui a été fondée et a grandi dans le désert d'Arabie, devenu aujourd'hui l'Arabie Saoudite ?
D'où vient ce statut de troisième lieu saint de l'Islam alors que Jérusalem ne figure même pas une seule fois dans le Coran ?
Pour ce faire, nous devons examiner l'évolution du concept de sainteté de Jérusalem dans l'Islam. Le prophète de l'Islam, Mahomet a dû faire face à de sévères critiques à la Mecque par les membres de sa tribu qui lui reprochaient le fait que la religion qu'il leur apportait n'était rien d'autre que "asatir alawalin", les légendes des anciens, c'est-à-dire les écrits religieux des Juifs et des Chrétiens car la plupart des histoires du Coran sont des copies des histoires de la Bible. Ces critiques ont été rapportées à Mahomet par un ami très proche, un Juif du Yémen, Caab. Le fait que l'Islam était perçu comme une copie des autres religions était préjudiciable et c'est en quelque sorte, pour obtenir une légitimité que Mahomet a essayée de convertir trois tribus juives qui vivaient dans une oasis du désert appelé Khaybar, à côté de Médine.
Dans ce but, il décréta que l'on prierait comme les Juifs en se tournant vers le Nord, c'est-à-dire vers Jérusalem, mais cela ne suffit pas à les convaincre et les Juifs n'embrassèrent pas l'Islam. Mahomet leur fit la guerre et à l'issue du combat, il égorgea les hommes et captura les femmes, y compris la fille d'un des chefs, Tsafia, qu'il pris pour femme.
Après avoir éliminé ces tribus juives, il n'avait plus aucun intérêt à maintenir la direction de la prière vers Jérusalem et il institua comme orientation, le Sud, la direction de la Mecque, ville qu'il conquit par la suite, dont il brûla toutes les idoles et dont il fit une ville sainte.
À cette époque, Mahomet possédait un groupe de partisans dans la ville de Taef située à deux jours de marche de la Mecque. Quand il se rendait à Taef ou qu'il en revenait, il avait l'habitude de passer la nuit dans un village du nom de Al Jarana et la tradition musulmane raconte qu'à côté du village se trouvaient deux lieux de prières, la mosquée proche (al masjid al adna) et la mosquée la plus éloignée (al masjid al aqsa). C'est dans l'une d'entre elles qu'il avait l'habitude de prier avant de partir pour la journée à Taef ou quand il revenait de la Mecque. Le Coran (sourate 17,1) rapporte qu'un soir un miracle s'est produit: le Créateur a emmené Mahomet à la Mosquée la plus éloignée pour lui montrer ses miracles. Les contemporains de Mahomet ont compris le verset littéralement, parce qu'ils savaient que "la mosquée Al Aqsa" se trouvait à côté du village de Taef.
Jusqu'à sa mort, en 632, Mahomet
ne s'est jamais rendu à Jérusalem.
Six ans après la mort de Mahomet, Jérusalem fut conquise sans combat lorsque l'évêque Sophrone ouvrit les portes de la ville à la formidable armée du 2ème Calife, Omar ibn Al Khattab. Sophrone servit de guide pour une visite de Jérusalem au calife et à son entourage, au sein duquel se trouvait également Caab, l'ami juif de Mahomet. Quand ils arrivèrent à l'entrée du mont du Temple, Caab se déchaussa, vraisemblablement à cause du verset de l'Exode, Moïse au buisson ardent, "ôte ta chaussure", lié à la sainteté du lieu.
Le Calife Omar le voyant faire, lui demanda d'expliquer
pourquoi il enlevait ses chaussures et Caab lui
répondit que c'était en raison de la sainteté du lieu. Omar se fâcha en lui
disant qu'il essayait d'introduire des idées juives dans l'Islam et lui ordonna
de remettre ses chaussures immédiatement, car l'endroit où il se trouvait
n'était pas un lieu saint. Cette anecdote est racontée par le grand historien
de l'Islam, Al Tabari, et signifie qu'en 628, Jérusalem qui venait d'être
conquise par les Musulmans n'était pas considérée par eux comme un lieu saint.
Vingt cinq ans après la mort de Mahomet, les califes de la dynastie des Omeyyades ont transféré la capitale de l'empire musulman de la Mecque à Damas, soulevant la colère des habitants de la Mecque fidèles à Mahomet et à son héritage. La génération suivante fut témoin de la transformation de Damas qui, grâce au butin accumulé par le pillage de la Perse, de Byzance et de nombreux autres endroits, se transforma en ville de la richesse, du luxe, des fêtes, de la débauche et de l'ivrognerie, ce que ses habitants ne considéraient pas comme une abomination. Cette dépravation morale conduisit les habitants de la Mecque, fidèles à l'héritage de Mahomet à déclarer que les habitants de Damas étaient des hérétiques, ils s'organisèrent en 680 sous le commandement de Abdallah ibn al-Zubayr et se révoltèrent contre le Calife de Damas et empêchèrent les habitants de Damas de se rendre à la Mecque en pèlerinage du Hadj. Certains attribuent la révolte d'Abdallah ibn al-Zubayr aussi aux événements difficiles qui eurent lieu en 680, lorsque les forces armées du Calife Omeyyade Yazid ibn Moawia tuèrent la plupart des rebelles dont Hussein ben Ali, de la ville de Karbala au sud de l'Irak.
Hussein Ben Ali était le petit-fils de Mahomet, sa mère était Fatima, la fille de Mahomet et son père étaient Ali le cousin de Mahomet et IVème Calife dont les partisans jusqu'à nos jours, sont les Chiites. Mais le lien de parenté d'Hussein avec Mahomet ne l'a pas aidé à obtenir une reconnaissance : il fut décapité et sa tête fut apportée à Damas pour prouver au calife que le chef de l'opposition chiite était mort. Le calife plaça la tête sur sa table durant un mois pour que cela serve de leçon à tous ceux qui lui rendaient visite. Certains suggèrent qu'Abdallah ibn Al-Zoubayr, le rebelle de la Mecque, était en réalité un partisan du chiisme et c'est pour cela qu'il a empêché les habitants de Damas, vivant à l'ombre du calife, meurtrier d'Hussein Ben Ali, de se rendre à la Mecque pour le pèlerinage du Hadj. À cause de la dépravation morale sévissant à Damas ou à cause de la cruauté du calife à l'encontre du petit-fils de Mahomet, les habitants de Damas et des environs furent privés du Hadj par les habitants de la Mecque, des Bédouins, experts dans l'art de la guerre et habitués à l'usage de l'épée.
Le Calife Yasid ben Moaawi a été obligé de chercher un lieu de remplacement pour le pèlerinage, de façon à renforcer son statut. Le soulèvement politique et militaire de la Mecque dura huit ans et pendant ce temps, il fallait continuer à faire le pèlerinage annuel qui est un des piliers de l'Islam. Que pouvaient-ils faire ? Ils cherchèrent un lieu de remplacement pour le Hadj, un lieu avec une aura de sainteté permettant au calife d'instaurer un nouveau lieu de pèlerinage à la place de la Mecque.
Durant cette période, de nombreux Juifs et Chrétiens se convertissaient à l'Islam, probablement simplement en apparence, afin d'être libérés du fardeau des lourdes taxes qui leur étaient imposées. En rejoignant l'Islam, ils transportèrent dans leur cœur et dans leurs paroles, la vénération de Jérusalem, la Ville Sainte, et ainsi l'idée de la sainteté de Jérusalem s'est introduite dans l'Islam. Le calife décida que Jérusalem serait un lieu de pèlerinage, mais il avait besoin de la validation des écrits de l'Islam pour justifier religieusement cette décision. Dans ce but, on prit le verset du Coran qui raconte le miracle du voyage de nuit de Mahomet vers la mosquée la plus éloignée et on lui accola une nouvelle interprétation révélant que la mosquée El Aqsa se trouve à Jérusalem et que Mahomet y a été transporté de nuit, est monté dans les cieux, a été rejoint en chemin par les prophètes des religions précédentes (juives et chrétiennes), Adam, Seth, Abraham, Moïse, Aharon, Jésus... Dans les cieux, ceux-ci ont prié derrière Mahomet, ce qui signifie qu'ils ont accepté sa souveraineté et que le Judaïsme et le Christianisme ont transmis le sceptre de l'autorité à l'Islam. Tout cela s'étant produit sous le Trône de Gloire, c'est-à-dire que la domination de l'Islam sur le Judaïsme et le Christianisme est une décision prise par le Créateur lui-même….
Il fallait aménager un lieu pour le Hadj à Jérusalem et c'est ainsi que le Dôme du Rocher a été construit au milieu du Mont du Temple de façon à être visible de tout l'environnement et il a été bâti avec huit murs pour souligner que sa sainteté est le double de celle de la Kaaba à la Mecque qui elle, n'a que quatre murs. C'est ainsi que l'on a falsifié des traditions orales (Hadith) attribuées à Mahomet, pour montrer que la sainteté de Jérusalem est supérieure à la sainteté de la Mecque.
Après huit années de rébellion dirigée par Abdallah ibn al-Zubayr , la dynastie des Omeyyades a réussi à le tuer et à instituer à nouveau le Hadj à la Mecque et les histoires sur Jérusalem furent abandonnées. Elles furent à nouveau utilisées par Saladin au 12ème siècle quand le chef musulman voulait encourager les soldats combattant contre les Croisés. Après la libération de Jérusalem, celle-ci fut à nouveau abandonnée principalement pour éviter de saper l'hégémonie de la Mecque et de Médine.
L'histoire inventée du voyage nocturne de Mahomet à Jérusalem est très importante pour l'Islam car elle justifie le fait que l'Islam est une religion qui n'est pas apparue dans ce monde pour vivre en paix avec les religions antérieures mais pour les remplacer, pour les détruire et pour se construire sur leurs ruines. C'est pour cela que l'Islam a islamisé les personnages importants de la Torah et de la Bible, qu'il a construit des mosquées à la place des synagogues, à la place des églises et des monastères et a établi des lois d'humiliation pour les Juifs et les Chrétiens.
L'étoile jaune est une invention musulmane du 9ème siècle. De nombreux concepts philosophiques et religieux de l'Islam sont des copies de source juive. Selon l'approche de l'Islam, les Juifs, puis après eux, les Chrétiens ont déformé, puis falsifié les écrits saints et donc Celui qui siège dans les cieux, s'est mis en colère contre eux (selon le Coran chapitre 1, verset 7), leur a retiré la prophétie, l'a donnée à Mahomet et c'est ainsi que le Judaïsme et le Christianisme ont perdu leur signification religieuse.
Par conséquent, l'Islam ne reconnaît pas l'existence de lieux saints pour ces religions et donc toute revendication juive ou chrétienne concernant un quelconque lieu saint est une affirmation erronée de la part de religions ayant été abrogées.
Les Musulmans ne sont donc pas impressionnés du tout par la revendication juive sur Jérusalem, ni par le fait que Jérusalem était la capitale du royaume juif à l'époque du 1er et du 2ème Temple, en raison d'un argument simple : David et Salomon étaient musulmans ! Et ce n'est pas étonnant : selon le Coran (chapitre 3, verset 19), "la religion d'Allah est l'Islam" et c'est ainsi que l'Islam a islamisé même le Seigneur de l'Univers.
En conséquence, la revendication israélienne sur la souveraineté de Jérusalem est en contradiction fondamentale avec la foi islamique qui affirme que le Judaïsme a achevé sa tache dans le monde et donc qu'il est, à Dieu ne plaise, strictement interdit aux Juifs de contrôler l'endroit par où Mahomet est monté au ciel (selon l'histoire inventée) et de là l'entêtement palestinien à s'approprier Jérusalem. Les Juifs peuvent vivre sous l'aile de l'Islam et de ses lois mais ils ne peuvent pas conquérir une terre qui a été musulmane, et évidemment pas, contrôler la ville à partir de laquelle Mahomet est monté dans les cieux. Le contrôle de Jérusalem donnerait aux Palestiniens une légitimation islamique, équivalente à la légitimité religieuse du roi d'Arabie saoudite, due au fait qu'il est le gardien de la Mecque et de Médine. Inversement, s'ils renonçaient à Jérusalem, ils seraient accusés par de nombreux Musulmans de trahir l'Islam.
Les Musulmans fidèles à leur religion savent que celle-ci est apparue au monde non pas pour vivre à coté des religions antérieures, juive et chrétienne, mais pour les remplacer et se construire sur leurs ruines. Ainsi la lutte entre l'Islam et le Judaïsme est la lutte entre "Din el Hak" la vraie religion qui est l'Islam, et "Din el Batel" la religion abrogée, le Judaïsme.
En voyant ce qui se passe en Israël depuis les 63 dernières années, ils frémissent : les Juifs sont retournés dans leur pays et l'ont conquis des Musulmans. Puis ils ont conquis Jérusalem et la prochaine étape sera la construction du Temple et le retour du Judaïsme à une religion pertinente et bien vivante. Que sera alors le sort de l'Islam, la religion qui est venue remplacer le Judaïsme ? Le retour des Juifs dans leur terre et dans leur ville est un danger pour l'Islam en tant que religion, et les actions d'Israël à Jérusalem sont considérées par les Musulmans comme un danger théologique, bien plus que comme un problème territorial, national ou politique.
L'alliance permanente entre religion et politique dans l'Islam a transformé le problème théologique en problème politique, et donc la question de la sainteté de Jérusalem dans l'Islam trouve son expression politique : Mahomet essaie d'établir son statut religieux et public auprès des Juifs, grâce à la direction de la prière vers Jérusalem, les califes de Damas l'adoptent comme lieu de pèlerinage en raison d'un problème politique de rébellion à la Mecque, puis Saladin l'utilise pour inspirer ses soldats. Les Palestiniens, aujourd'hui, ont adopté Jérusalem comme sceau de légitimité religieuse de leur état, dont l'établissement pourtant n'est pas assuré. Ils savent que s'ils s'avisent de laisser le Mont du Temple aux Juifs, les fanatiques de l'Islam se lèveront, le Hamas, les Frères Musulmans et Al Qaïda et ils seront accusés de trahison envers l'Islam. C'est la raison pour laquelle leurs porte-parole répètent sans cesse qu'ils n'établiront pas leur État palestinien sans Jérusalem comme capitale.
Le lien entre la question de Jérusalem et la politique s'exprime aussi d'une autre façon : tout le monde sait que la source du désaccord entre les Chiites et les Sunnites est une question politique, à savoir qui était le calife légitime au milieu du septième siècle : Ali Ben Abi Taleb, le quatrième calife ou bien Moawia ben Abi Sofian, gouverneur de Damas qui s'est révolté contre Ali et est devenu le 5ème calife. Moawia est le premier calife de la dynastie Omeyyades et Yasid, son fils, est celui qui a consacré Jérusalem comme lieu de pèlerinage alternatif. Yasid est également celui qui a décapité Hussein Ben Ali et donc les Chiites (qui sont les partisans d'Ali et de ses descendants) considèrent la dynastie des Omeyyades comme leurs ennemis éternels et leurs actions comme illégitimes. Par conséquent, la sanctification de Jérusalem était inacceptable pour les Chiites et leur troisième lieu saint est la ville de Najaf dans le sud de l'Irak, lieu de sépulture d'Ali.
Aujourd'hui, la politique s'en mêle et transforme aussi cette question : les dirigeants chiites de l'Iran et du Hezbollah ne peuvent pas laisser la question d'Israël de côté, alors ils se sont joints au chœur de ceux qui exigent "de libérer Jérusalem de la griffe des sionistes", bien que selon leur tradition, Jérusalem ne soit pas une ville sainte.
La réalité historique de Jérusalem influe aujourd'hui sur les dirigeants de l'État d'Israël : d'une part Jérusalem est la ville vers laquelle converge la foi juive, la religion juive et ses rituels depuis le roi David jusqu'à aujourd'hui, elle est la capitale de la nation juive depuis 3000 ans et c'est vers elle que conflue l'espoir et les prières des Juifs des quatre coins du globe; d'autre part, c'est la ville que l'Islam a adoptée uniquement parce qu'elle était Sainte pour d'autres, la ville dont la sainteté crée le problème de la légitimité de l'Islam et les problèmes politiques de l'empire musulman depuis l'époque de Mahomet jusqu'à nos jours.
Est-ce que le Judaïsme va accepter en se résignant le narratif religieux musulman qui exclut le Judaïsme et s'approprie son Lieu Saint, le Temple, s'approprie ses prophètes et ses pères fondateurs ou bien va-t-il faire valoir son droit à exister en tant que religion bien vivante, attachée à ses Lieux Saints et qui n'abdique pas devant des tribus du désert qui, non contentes d'avoir conquis l'espace d'Israël, essaient aussi de conquérir son histoire et sa théologie fondamentale.
Par conséquent tout ceux pour qui la sainteté d'Israël est précieuse doivent hausser le ton et empêcher le gouvernement de considérer la ville Sainte comme une propriété immobilière, de la vendre contre l'illusion de la paix avec ceux qui ne nous considèrent pas comme ayant des droits sur notre pays, juste pour rester au pouvoir.
Jérusalem n'est pas un autre morceau de terrain ou une maison appartenant au gouvernement israélien mais le cœur de tout le peuple d'Israël. Et s'il faut construire à Jérusalem un pont, il faut le construire sans se soucier des revendications de ceux qui nous dénient le droit de vivre dans notre ville sainte et dans notre pays.
Le Peuple juif n'a aucune objection contre l'identité islamique de la Mecque, de la même façon nous devons réclamer des Musulmans qu'ils abandonnent leurs revendications sur Jérusalem et cessent leur guerre religieuse, le Jihad, qu'ils ont déclaré contre nous, juste parce que nous sommes retournés dans notre pays et dans notre capitale historique. La paix réelle n'adviendra au Moyen-Orient qu'après et seulement après que les Musulmans aient reconnu le droit du Peuple juif à vivre dans son pays et dans sa ville Sainte. © Mordechai Kedar