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Petite Histoire de Jérusalem et son Ambassade
Publié
par Pierre Rehov
le
2 juin 2017
Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.
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Face aux
résistances arabes, Donald Trump n’honorera pas immédiatement sa promesse de
campagne visant à déplacer l’ambassade américaine d’Israël à Jérusalem. Le
décryptage de Pierre Rehov.
Donald Trump l’avait promis durant sa campagne. À peine élu, il
s’empresserait de déplacer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem,
capitale d’Israël non reconnue par la communauté internationale, et pourtant,
dans les faits, son centre administratif. Le président Trump est pourtant,
provisoirement, revenu sur sa parole, promettant tout de même de s’exécuter
avant la fin de son mandat. Cela peut se comprendre, de la part d’un homme qui
a bâti sa carrière sur «l’art de la négociation» et assure être capable
de conclure le deal le plus difficile de tous les temps, rien de moins que la
résolution du conflit israélo-arabe.
Israël
est le seul pays au monde dont la capitale officielle n’est pas reconnue
La problématique, plus délicate qu’elle n’y paraît, remonte à une
loi du 23 octobre 1995 votée par le Congrès qui impose le déplacement de
l’ambassade, mais laisse au président en exercice la possibilité d’en retarder
l’échéance tous les six mois, pour des raisons de sécurité.
Israël est le seul pays au monde dont la capitale officielle n’est
pas reconnue. Les ambassades de la quasi totalité des pays sont donc établies à
Tel Aviv, à quelques soixante kilomètres des ministères.
Depuis cette fameuse loi, chaque président américain, de Clinton à
Obama en passant par George W. Bush a reconduit l’échéance qui tombe le 1er
décembre et le 1er juin. Les raisons en sont toujours les mêmes. Pression du
monde arabe, chantage au terrorisme, volonté de trouver une solution au conflit
par l’établissement de deux pays pour deux peuples se partageant la capitale,
intérêts financiers liés aux hydrocarbures.
Cette année, cependant, montre sous un jour nouveau sur ce qui
apparaît comme une simple formalité. Il aurait suffi en effet, au président
Trump de ne rien faire, autrement dit ne pas signer le document de
reconduction, pour que David Friedman, le nouvel ambassadeur américain, établisse
son quartier général à Jérusalem plutôt qu’à Tel Aviv. Cela semblerait logique
puisque, quel que soit le statut final de la ville trois fois sainte, Jérusalem
ouest restera rattachée à Israël. Quant aux Palestiniens, leur centre
administratif, y compris l’incroyablement luxueux palais présidentiel de Mahmud
Abbas, est établi à Ramallah.
Pourquoi, dans ce cas, une telle frénésie autour d’un événement
qui, tout compte fait, n’aurait d’autre valeur que symbolique? Justement. Au
Moyen Orient les symboles ont une force qui surpasse la logique ou le simple
pragmatisme.
Mais, tout d’abord, quelques faits historiques et religieux qu’il
n’est pas inutile de rappeler.
En 1870, d’après plusieurs études, regroupant, entre autres,
celles de Karl Marx, Gerardy Santine, et Nu‘aman Al Qasatli, mais laissant de
côté le recensement effectué par l’empire Ottoman, car celui-ci ne tenait
compte que ses citoyens officiels, la population de Jérusalem se décomposait de
la façon suivante: 11.000 Juifs, 6500 Musulmans, 4500 Chrétiens.
Le plan
de l’ONU de 1947, qui devait donner naissance à deux pays, prévoyait
l’internationalisation de Jérusalem
Une grande majorité de Juifs, donc, malgré une réécriture
progressive de l’histoire de la région à fins de propagande.
Le plan de l’ONU de 1947, qui devait donner naissance à deux pays,
l’un Juif et l’autre Arabe dans les 20% restant de la Palestine mandataire,
prévoyait l’internationalisation de Jérusalem.
Sans le refus arabe, traduit dans les faits par l’attaque des cinq
pays limitrophes du tout jeune État hébreu, avec une volonté génocidaire
affichée, la fameuse «Naqba» ou «Catastrophe», c’est-à-dire le
départ volontaire ou non de quelques centaines de milliers de Palestiniens
devenus «réfugiés», n’aurait jamais eu lieu. Il est clair que les
leaders arabes ne s’attendaient pas à ce que le jeune pays, refuge des
survivants des camps de la mort, repousse leurs armées d’invasion.
L’une des batailles les plus acharnées fut celle pour la
libération de Jérusalem. La Jordanie s’empara de la partie est de la ville, en
chassa tous les Juifs, détruisit 60 synagogues, et désacralisa la quasi
totalité des cimetières. De ce jour, et jusqu’en 1967, les Juifs n’eurent plus
accès à leur lieu saint le plus sacré, le mur des lamentations, désormais sous
contrôle jordanien.
Il est à noter qu’à peine cette partie de Jérusalem conquise, le
royaume s’en désintéressa totalement jusqu’en 67, où elle devient
officiellement le «troisième lieu saint de l’Islam». Au cours des
dix-neuf années qui suivirent, aucun chef de gouvernement arabe ne s’y rendit
en visite officielle, ne serait-ce que pour prier au dôme du rocher ou à la
mosquée Al Aqsa. Des photographies d’époque montrent des bâtiments mal
entretenus, entourant une esplanade envahie par les herbes hautes. La vieille
ville de Jérusalem, Al Quds pour les musulmans, ne présentait plus d’intérêt,
puisqu’elle leur appartenait.
Un intérêt qui d’ailleurs ne s’est jamais révélé au cours des
siècles, si ce n’est au tout début de l’ère islamique, lorsque, 40 ans après la
mort du prophète Mahomet, le calife Umar ibn Al-Kattâb, décida de permettre aux
fidèles syriens d’y effectuer un pèlerinage, puisqu’ils étaient interdits de
séjour à la Mecque. Ainsi que l’indique le professeur Gabriel Barkay, historien
et archéologue: «Il substituait ainsi le rocher blanc de la fondation du
monde à la Kaaba, la météorite noire d’Arabie». Pour justifier sa décision,
Al-Kattâb se servit d’une légende présente dans le Coran, selon laquelle le
prophète Mahomet se serait, au cours d’une nuit, envolé vers le Paradis sur sa
jument Al Buraq, depuis la «mosquée lointaine» (Al Aqsa).
Le nom de
Jérusalem, qui apparaît 700 fois dans l’ancien Testament et régulièrement dans
les Évangiles, n’est pas cité une seule fois dans le Coran
Les historiens, y compris les spécialistes de l’Islam, parmi
lesquels le docteur Mordehai Kédar, situent cette mosquée non pas à Jérusalem,
mais à Ji’irrana, une petite ville au nord de la Mecque, sur la route de Taaf
où Mahomet se rendait régulièrement pour prier. Le nom de Jérusalem, qui
apparaît 700 fois dans l’ancien Testament et régulièrement dans les Évangiles,
n’est pas cité une seule fois dans le Coran.
Il est également utile de noter que Jérusalem, tout au long de son
Histoire, n’a jamais été la capitale d’aucun pays à part Israël.
En 1967, alors en pleine guerre avec l’Égypte et la Syrie, l’État
hébreu recommanda au roi Hussein de Jordanie de ne pas intervenir dans le
conflit, au risque pour lui de perdre sa mainmise sur la ville sainte. Une
recommandation qu’il ne voulut pas entendre. À l’issue de la guerre éclair,
Israël, vainqueur, réunifia Jérusalem, pour, plus tard, l’annexer, donnant par
la même occasion à la population locale un statut de résident, proche de la
citoyenneté.
Depuis, toutes les religions sont respectées dans cette ville
modernisée et relativement prospère où chacun, Musulman, Juif ou Chrétien, peut
accéder librement à ses lieux saints.
Enfin, pas tout à fait…
Malgré sa victoire écrasante, Israël a continué d’autoriser le
Waqf, organisation islamique jordanienne, à administrer l’esplanade des
mosquées, pourtant construite sur les restes des Temples de Hérode et de
Salomon. Selon la loi coranique, seul un musulman a le droit de prier sur les
lieux saints de l’Islam, ce qui conduit à une situation intenable, puisqu’aucun
Juif ni Chrétien ne peut donc se recueillir à l’emplacement du Temple détruit
par les romains. C’est ce que l’actualité retient sous le nom de «statu quo».
Un statu quo de plus en plus difficile à respecter, des deux
côtés.
Car, comme son prédécesseur Yasser Arafat, le président actuel de
l’Autorité Palestinienne, Mahmud Abbas, élu pour quatre ans en 2005 et toujours
au pouvoir, trouve aisé d’inciter régulièrement son peuple à la révolte contre
Israël par la diffusion de fausses nouvelles, où il apparaîtrait que les Juifs
s’apprêtent à détruire la mosquée Al Aqsa pour y construire leur troisième
temple.
La grande
question est de savoir jusqu’à quel point les médias et les dirigeants
occidentaux se sont laissés berner par ce double langage des dirigeants
palestiniens
Cette tactique, destinée à unifier les foules contre un ennemi
commun, a fonctionné en 1929, entraînant le massacre de la population juive de
Hébron, puis en 2000, après qu’Arafat a refusé l’accord de paix qui lui était
proposé à Camp David, et plus récemment en 2014 et 2015, tandis que Mahmud
Abbas déclarait sur sa chaîne de télévision nationale que «tout Jérusalem
appartient à l’Islam et qu’aucun Juif ne mettrait jamais ses pieds immondes sur
l’esplanade des mosquées» (clip diffusé et traduit par Palestinian Media
Watch).
La grande question est de savoir jusqu’à quel point les médias,
comme les dirigeants occidentaux, se sont laissés berner par ce double langage,
pourtant habituel des dirigeants palestiniens.
Récemment, une procédure intégrée dans la loi palestinienne, qui
consiste à verser des sommes importantes aux terroristes enfermés dans les
prisons israéliennes ainsi qu’aux familles des «martyrs» tués au cours
d’une mission, souvent un acte suicidaire visant les populations civiles, a
fait réagir le gouvernement américain, ainsi que d’autres pays occidentaux. Il
a même été rapporté par les services secrets qu’au cours de sa visite auprès du
président de l’autorité palestinienne, Donald Trump se serait emporté contre
Mahmud Abbas, pour cette même raison: «Vous m’avez menti, lui aurait-il
hurlé. Vous me parlez de paix quand les Israéliens m’ont apporté la preuve
que vous êtes personnellement responsable de l’incitation à la violence».
À son tour, la Norvège, ulcérée que des sommes versées à
l’Autorité Palestinienne aient servi à financer un centre pour la jeunesse
baptisée Dalal Mughrabi, du nom d’une terroriste ayant massacré 38 Israéliens
dont 12 enfants en 1978, a annoncé qu’elle se désolidarisait du projet et
exigeait la restitution des aides engagées. Les Nations unies ne sont pas en
reste, malgré des décennies d’attaques systématiques contre l’État hébreu dues
à la majorité arabe automatique. Le nouveau secrétaire général Gutteres a
également retiré son soutien à de tels projets, regrettant la glorification du
terrorisme qui est de mise sous la responsabilité du Fatah et de l’OLP.
La Russie
reconnaît Jérusalem ouest comme capital de l’État Juif mais n’y déplace pas son
ambassade pour l’instant
Pour en revenir à Jérusalem, c’est ce courant nouveau, issu d’un
peu de réalisme, qui pourrait peut-être pousser, non seulement les États Unis,
mais un grand nombre d’autres pays, à reconnaître enfin la capitale d’Israël.
C’est d’ailleurs ce qu’a fait la Russie de Poutine, courant avril, en annonçant
qu’elle reconnaissait Jérusalem ouest comme capital de l’État Juif mais n’y
déplacerait pas son ambassade pour l’instant. Plus récemment, le parlement de
la République Tchèque, à son tour, a exigé la même reconnaissance de son
exécutif.
Tout a été essayé pour tenter de satisfaire l’Autorité
Palestinienne au détriment de l’État hébreu, y compris fermer les yeux sur sa
forme de terrorisme promue au titre de «combat contre l’occupation». La
paix était à ce prix, selon l’Union Européenne et l’administration d’Obama.
Seulement le vent a tourné, et le terrorisme, qu’il soit islamiste ( Isis ) ou
palestinien ( Hamas, Jihad Islamique et Fatah ), n’est plus toléré par un
occident blessé et révulsé.
Car, si Mahmud Abbas voulait vraiment un pays pour son peuple,
mettant ainsi fin à ce qu’il est convenu d’appeler «l’occupation israélienne»,
il lui aurait suffi d’accepter la main tendue d’Ehud Olmert en 2008. 98% de la
Cisjordanie (ou Judée Samarie) ainsi que tout Gaza, lui étaient offerts sur un
plateau, y compris le contrôle d’une grande partie de la vieille ville. Il lui
aurait également suffi de retourner à la table de négociations, sans pré-condition,
après l’échec des pourparlers de 2014, sous la houlette d’Obama et de Kerry.
Si Mahmud
Abbas voulait vraiment un pays pour son peuple, il lui aurait suffi d’accepter
la main tendue d’Ehud Olmert en 2008
Il lui suffirait peut-être maintenant d’accepter de reconnaître
Israël comme État Juif, de renoncer à l’inonder par des millions de réfugiés
non intégrables… Et d’accepter ce que l’Histoire, les guerres, les défaites, la
logique territoriale, ont bien voulu lui donner.
Ramallah comme capitale d’un état démilitarisé.
À ce prix, la paix pourrait se faire. Mais il ne faut pas rêver.
NDRL : au moment de publier cet article, nous apprenons que la
République de Vanuatu vient de reconnaître Jérusalem comme capitale
officielle de Jérusalem, emboitant le pas à la Russie et à la
Tchécoslovaquie.
Nota
Film de Louis Lumière - Jérusalem 1897
Auguste et Louis Lumière ont inventé le
cinéma au début des années 1890. Ils ont fait leur premier film ou plutôt
leurs premières vues en mars 1895, La
sortie des Usines Lumière. En 1896, ils ont produit
le premier film tourné en Terre Sainte, un film de 51 secondes. La caméra est
placée sur un train qui quitte Jérusalem pour probablement se rendre à la
Tahana de Jaffa. C’est un de leurs opérateurs
qui a réalisé le film, Alexandre Promio que l’on peut considérer comme
l’inventeur du travelling. Il a le premier eu l’idée de mettre une caméra sur
un bateau, en l’occurrence une gondole pour faire le Panorama du Grand Canal.
Population
de Jérusalem