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POUR LE 40EME
ANNIVERSAIRE DE SA LIBERATION
LA VERITE SUR JERUSALEM
Par Charles
Etienne Nephtali, Ingénieur Honoraire de l’IGN
Le 7 juin 2007
Le 16 mai
dernier, correspondant à la date hébraïque du 28 Iyar 5767, Israël
célébrait le Jour de Jérusalem (Yom Yerouchalaïm) marquant
l’anniversaire hébraïque de la Libération de Jérusalem, le 40ème
(1). Une fois encore, une fois de plus, notre pays ne fut pas présent aux
cérémonies officielles, tout comme d’ailleurs les autres membres de l’Union
Européenne ainsi que la quasi totalité de la Communauté internationale. Bien
que sachant que depuis l’Indépendance de l’Etat d’Israël proclamée par M. David
Ben Gourion le 14 mai 1948 la question de Jérusalem pose problème, c’est
toujours avec amertume, peine et déception que je constate ce fait.
Dans le
calendrier civil, c’est le 7 juin 1967, deux jours après le début de la
« Guerre de Six Jours » provoquée par les Arabes, le monde dit
« civilisé » gardant le silence (2), qu’au prix de très lourdes
pertes, les Israéliens entrèrent dans la partie Est de Jérusalem occupée par
les Jordaniens depuis 1948, le Roi Hussein ayant refusé la recommandation
d’Israël de ne pas ouvrir les hostilités sur le front est. La ville fut
réunifiée ce même jour à 15 heures, soit 37 heures après le début de la
bataille terrestre.
Bien que le plan
de partage de la Palestine adopté par l’ONU le 29 novembre 1947 prévoyait pour
cette ville un statut d’« entité séparée pour dix ans »,
Israël décida en 1950 que la partie Ouest de Jérusalem, placée sous son
autorité suite à la guerre de 1948 déclenchée par des états arabes coalisés,
serait sa capitale.
Notre pays
refusa d’accepter cette décision et décréta que son Ambassade serait installée
à Tel-Aviv, Jérusalem disposant d’un Consulat au même titre que d’autres
grandes villes d’Israël. Ainsi donc, la France dénia, et dénie encore, à Israël
le droit de désigner librement sa capitale, en l’occurrence Jérusalem. Et
pourtant, depuis des décennies sinon des siècles et même des millénaires, il y
eut une majorité juive à Jérusalem citée 667 fois dans notre Sainte Bible (pour
information, pas une seule fois dans le Coran).
Et pourtant, depuis des décennies sinon des siècles et même des millénaires,
trois fois par jour, les Juifs prient en direction de Jérusalem. Et pourtant,
depuis des décennies sinon des siècles et même des millénaires, le soir de Pessah,
la Pâque juive, les Juifs disent : « Cette année ici, l’an
prochain à Jérusalem ».
Il faut se
rappeler qu’en -586, Nabuchodonosor II, le maître de l’Empire babylonien, prit
d’assaut Jérusalem, détruisant la ville (3) et son Temple, déportant à Babylone
une grande partie de ses habitants. Tous les exilés Judéens firent serment de
se souvenir de Jérusalem :
« Si je
t’oublie, Jérusalem, que ma main droite se dessèche ! Que ma langue
s’attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je ne mets Jérusalem au
plus haut de la joie ! ».
Ces Judéens
durent vraisemblablement se souvenir que dans l’Antiquité, le général
Thémistocle, fils de Néoclès, rassura ses compatriotes athéniens lorsque,
réfugiés sur les trirèmes, ces navires de guerre de son invention, ils se
lamentaient en voyant leur ville en flammes. Il déclara en effet :
« Une ville est là où se trouvent ses habitants ». Sur
place, Xerxès, le Roi
Assuérus du Livre d’Esther, Livre que les Juifs lisent à Pourim,
massacrait le Roi Léonidas lors de la terrible bataille des Thermopyles alors
que quelques Athéniens restèrent cachés dans Athènes.
Le Temple de
Jérusalem fut reconstruit en -538 sous le règne du Roi des Perses Cyrus qui
restitua aux Juifs les objets sacrés emportés par les Babyloniens mais, le 29
août 70 (le 9 du mois de Av), date qui tout au long de l’Histoire des
Juifs fut marquée par de grands malheurs, il fut à nouveau détruit par Titus et
Jérusalem fut rasée en 135 par l’Empereur Hadrien (3).
Si toute
souveraineté juive sur Jérusalem disparut jusqu'au 7 juin 1967, la présence
juive, elle, fut permanente et majoritaire. Le Peuple juif, plus que tout
autre, a apposé sur cette ville son cachet cultuel et culturel. Aucune entité,
aucune nation, aucun peuple existant de nos jours ne peut se targuer d’une
présence aussi longue à Jérusalem. Les premières statistiques fiables de 1844
émanant du fisc ottoman indiquent que 45,9% des habitants étaient Juifs, pourcentage
allant régulièrement croissant jusqu'à nos jours où plus de 75% des
Hiérosolymitains le sont (Juifs).
Israël a donc
des droits sur Jérusalem, droits méconnus ou plutôt refusés par la France avant
même la Libération et la réunification de la ville le 7 juin 1967. La Charte
des Nations-Unies consacre « le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes ». Il est donc illogique et même anormal de ne pas tenir
compte de l’opinion de la population juive, majoritaire de tout temps à
Jérusalem, Jérusalem qui jamais ne fut la capitale d’un autre Etat que celle
d’un Etat juif. L’idée de vouloir faire de Jérusalem une « entité
séparée » des deux Etats projetés le 29 novembre 1947 est contraire à ce
principe, ce projet faisant fi de l’opinion de la population, qui,
rappelons-le, était depuis des décennies sinon des siècles et même des
millénaires à majorité juive. A aucun moment, le vœu de cette majorité ne fut
sollicité. Pourquoi ?
Des spécialistes
de droit international, dont une de mes connaissances, considèrent que le
projet (contestable) d’internationalisation de Jérusalem devrait être
déconnecté du statut international des Lieux saints et devrait même être
considéré comme caduc 59 ans après l’adoption de la résolution 181 dont la mise
en œuvre ne fut jamais appliquée ni même tentée.
Il est bon de
savoir que la Cité de David, capitale du Peuple juif fondée au début de
l’âge de bronze, possédait ses édifices monumentaux, ses palais et ses magasins
dont on retrouve encore de nos jours des vestiges ? A l’intérieur du
Temple majestueux édifié sur le Mont Moriah par le Roi Salomon qui régna de
-961 à -922, le Grand Prêtre, auquel s’appliquaient des règles particulières
avec un rituel et un habit bien déterminés, offrait des sacrifices. Tout y
était codifié et réglé en fonction de commandements stricts. Des psaumes y
étaient récités. Des pèlerinages étaient régulièrement organisés à des dates
bien précises. A la même époque, Paris ne s’appelait pas encore Paris, pas même
Lutèce. Berlin pas encore Berolinum dont l'origine du nom est inconnue. Des
peuplades sauvages y vivaient. Et c’est pourtant de cette ville (4),
ex-capitale du troisième Reich, que le 25 mars 1999 les Quinze crurent bon de
réaffirmer le droit pour M. Arafat de créer un « Etat palestinien »
d’ici à l’an 2000. Le même M. Arafat qui proclamait haut et fort, partout et y
compris à la tribune de l’ONU, revolver à la ceinture, que Jérusalem en sera la
capitale. Personne ne s’en émut, personne ne s’en offusqua. Deux semaines plus
tôt, à Strasbourg, les Eurodéputés réclamaient « un statut
international » pour Jérusalem avec une gestion multilatérale des
Lieux saints.
Comme ci-dessus
mentionné, notre pays ne reconnut jamais Jérusalem comme capitale d’Israël. Il
emploie régulièrement l’expression « Gouvernement de Tel Aviv »
en lieu et place de « Gouvernement de Jérusalem », se référant
ainsi à la résolution 181 de l’Assemblée Générale de l’ONU du 29 novembre 1947.
Certes, je le réécris, cette résolution envisageait un statut international (corpus
separatum) pour la Ville sainte mais elle envisageait en même temps le
partage de la Palestine sous mandat britannique. Or d’une part, ce statut
n’était prévu que pour dix ans et, d’autre part, les Juifs acceptèrent ladite
résolution à l’inverse des Arabes qui, ne rêvant que de détruire le futur Etat
d’Israël et « jeter les Juifs à la mer », la refusèrent à la
conférence du Caire du 17 décembre 1947, soit moins de trois semaines après son
adoption. La France ignore-t-elle ces faits ? Je ne le pense pas.
Lors de la
Guerre d’Indépendance de 1948, certaines organisations de défense juive
voulurent courageusement maintenir une présence juive dans la vieille ville de
Jérusalem tout comme les Zélotes lorsque Titus assiégeait la ville. Aux termes
d’un blocus et de très meurtriers combats, le quartier juif fut contraint de se
rendre, des habitants furent tués, d’autres s’exilèrent pendant 19 ans (on ne
parla jamais de « réfugiés » pour ces pauvres gens !). Ainsi
donc, Jérusalem-Est tomba aux mains des Transjordaniens du Roi Abdallah.
L’Armistice du 3 avril 1949 consacra la coupure en deux de la Ville sainte. Dès
le début de l’occupation de cette partie de Jérusalem, les Arabes détruisirent
pratiquement systématiquement tous les lieux de culte juifs, les yeshivot (écoles
religieuses) ainsi que tous les autres symboles de trois mille ans de présence
juive. Plusieurs milliers de tombes du cimetière millénaire du Mont des
Oliviers furent profanées et des pierres tombales servirent à la construction
de latrines pour la Légion arabe. La Synagogue de la Hurva datant du XVIème
siècle fut complètement détruite et d’autres Synagogues du XVIIème
saccagées, ruinées. En tout, 58 Synagogues furent victimes du vandalisme et de
la haine arabes. Jérusalem-Est, dont naturellement le Mur Occidental, le Kotel
(5), fut interdite aux Juifs ainsi qu’à toute personne venant d’Israël, aux
pèlerins comme aux orants. Tout ne devint que désolation. La diplomatie de la
France et celle des autres nations restèrent muette face à cette situation.
Le 28 juin 1967
la Knesset proclama officiellement la réunification de Jérusalem,
capitale éternelle de l’Etat d’Israël, « une et indivisible »,
garantissant cependant pour tous le libre accès aux Lieux saints et précisant
que la souveraineté d’Israël ne saurait en aucun cas faire l’objet de
négociations. La communauté internationale refusa de reconnaître cette décision
d’Israël, pays souverain et, par surcroît, unique démocratie de toute cette
région. Israël devenait le « Juif des nations ». Israël était ainsi le
seul pays au monde auquel le droit de choisir librement sa capitale fut
contestée. « Il y a plus de raisons pour que Jérusalem soit la capitale
d’Israël que pour Washington d’être la capitale des Etats-Unis, pour Paris
d’être la capitale de la France et pour Oslo d’être la capitale de la Norvège »
déclarait il y a quelques années Kare Kristiansen (6), ancien ministre
norvégien, ancien membre du Comité Nobel de la Paix, initiateur d’une pétition
internationale pour le transfert de toutes les ambassades à Jérusalem et Président
du mouvement « Jérusalem 3000 Embassy ». Il est intéressant de noter
par ailleurs qu’en 1997 le Pr Sheikh Abdul Hadi Palazzi, Imam de l’Institut
Musulman Italien de Rome, déclara entre autres : « Nous savons que
les Catholiques romains ont Rome pour capitale et le fait qu’il y ait dans
cette ville la plus grande mosquée d’Europe et une ancienne communauté juive
n’enlève rien à son statut de centre du Catholicisme romain. De plus, nous
savons que La Mecque est le plus grand centre pour les Musulmans du monde
entier et que la ville est entièrement sous administration musulmane. Nous
devons respecter un principe d’équité et accepter sans réserve l’idée que les
Israéliens, en tant que nation, et les Juifs, en tant que religion, doivent
avoir leur propre capitale politique et morale sous leur administration seule
et non partagée, même s’il y a à Jérusalem des Lieux saints pour les autres
fois abrahamiques » (7).
Depuis de
nombreuses années, les Arabes en général, jusque et y compris les dirigeants
des pays ayant signé un traité de paix avec Israël, et les
« Palestiniens » en particulier, mènent une politique offensive tous
azimuts, répétant inlassablement partout dans le monde que Jérusalem doit être
arabe et constituer la capitale d’un « Etat de Palestine ». En
février 1999, une conférence se tenait dans le même sens au Maroc, pays arabe
présenté comme modéré. Une fois encore et une fois de plus, les nations se
turent comme elles se turent au temps de la Shoah. Pourtant Jérusalem ne
représente que le troisième Lieu saint de l’Islam après La Mecque et Médine (le
deuxième après Rome pour la Chrétienté malgré la mort et la résurrection de
Jésus dans cette ville) et n’a jamais été, je le souligne à nouveau, la
capitale d’un Etat musulman.
Les Arabes
brandissent la menace du boycott en toutes occasions, dans un silence complice,
voire malheureusement approbateur, de l’Europe comme ce fut le cas pour une
affaire de restauration rapide en banlieue de Jérusalem ou pour une exposition
d’Israël à Disney (Orlando-Floride) présentant Jérusalem comme sa capitale.
Mais ce qui est pire et déplorable, c’est que l’UNESCO lança il y a quelques
années, une campagne incluant la vieille ville dans une liste de 25 sites
mondiaux « menacés de destruction » situés pour la plupart
dans des pays incapables d’assurer eux-mêmes l’entretien et la sauvegarde de
leur patrimoine archéologique. Une campagne de collecte de fonds fut même
lancée, cette organisation pour la Culture et l’Education semblant considérer
Jérusalem-Est comme étant déjà sous souveraineté autre qu’Israélienne. Il est
intéressant de noter qu’il n’y eut aucune réaction de l’UNESCO lorsque des
travaux illégaux, donnant lieu à des saccages archéologiques, furent effectués
par le Waqf, autorité responsable des Lieux saints musulmans, dans les
« Ecuries de Salomon » sous l’Esplanade du Temple (et non des
Mosquées) alors qu’il n’en fut pas de même pour « l’affaire du
Tunnel » débouchant sur la « voie dolorosa » ou, plus près de
nous, pour la réfection par Israël de la rampe permettant l’accès à l’Esplanade
du Temple par la « Porte des Maghrébins ». Toujours un poids, deux
mesures !
La Communauté
internationale, donc la France, considère toujours Jérusalem comme un
« territoire occupé » qui devra, de ce fait, faire partie des « négociations
sur le statut final des territoires », ce qui est en contradiction
flagrante avec la proclamation de la Knesset du 28 juin 1967 ci-dessus
mentionnée et son caractère « un et indivisible ». En tout état de
cause, contrairement à ce que l’on veut bien nous faire croire, la confiance ne
règne jamais les rares fois où se tiennent des réunions autour d’une table de
négociations. N’est-il pas aberrant d’entendre les Arabes, pourtant
responsables de la situation actuelle et pourtant vaincus « mettre
Israël en demeure..., exiger..., dénoncer..., accuser Israël... » ?
Est-elle admissible cette propagande anti-israélienne, voire antisémite,
doublée de cet enseignement de la haine et du mépris inculqué aux enfants de
Gaza, de Ramallah et même, paraît-il, dans certaines écoles arabes de Jérusalem
avec l’argent de la Communauté internationale ?
Il ne faut bien
sûr jamais désespérer dans la vie. Et chez les Juifs encore moins !
L’hymne national israélien n’est-il pas la Hatikva, l’espoir ? Mais
par moments, je me dois de vous avouer que je perds espoir car pour faire la
paix, il faut être au moins deux et pour l’instant, il n’y a qu’Israël qui la
désire sincèrement, cette paix.
« La
paix », disait Baruch Spinoza, « ce n’est pas l’absence de
guerre, c’est un mouvement de l’âme ». La « paix des
cœurs », en quelque sorte ! La paix doit être régie par la bonne foi.
Où est-elle cette bonne foi ? Monsieur de La Fontaine avait mille fois
raison dans sa fable « Les loups et les brebis » dont la moralité
est :
Nous pouvons
conclure de là
Qu’il
faut faire aux méchants guerre continuelle.
La
paix est fort bonne en soi,
J’en
conviens : mais à quoi sert-elle
Avec
des ennemis sans foi ?
Notes
(1) Dans
l’Histoire juive, le chiffre 40 est un chiffre symbolique correspondant
tant à la joie qu’au désastre. Quelques exemples entre autres :
Le Déluge dura 40
jours et 40 nuits avant que la colombe envoyée par Noé ne revienne avec
un rameau d’olivier dans son bec.
Les Hébreux
errèrent 40 années dans le désert
avant d’entrer en Terre que D.ieu leur avait promise.
Avant d’entrer
en Terre promise, Moïse envoya des « explorateurs » pour voir comment
elle se présentait. Ils y restèrent 40 jours.
En France, en
octobre 1940, des lois antijuives furent promulguées.
(2) Le Grand
Rabbin de France Jacob Kaplan déclara à l’époque : « Comme au
temps du génocide hitlérien, Israël était seul ».
(3) Jérusalem
fut détruite et reconstruite 25 fois entre le règne du Roi Salomon (de -961 à
-922) et celui de Soliman le Magnifique (de 1520 à 1566).
(4) Ironie de
l’Histoire, c’est l’Ambassadeur d’Allemagne, pays assurant la présidence
tournante de l’Union Européenne, qui annonça que les ambassadeurs de l’U.E. ne
participeraient pas aux cérémonies officielles organisées par Israël.
(5) Du Temple de
Jérusalem, il ne reste rien que l’esplanade sur laquelle il était construit. Le
Kotel, le Mur de soutènement occidental de ladite
esplanade » est également connu sous le nom de « Mur
occidental » ou encore, mais j’aime moins, « Mur des
Lamentations ».
(6) Kare Kristiansen
démissionna du Comité Nobel de la Paix en signe de protestation contre la
candidature de M. Arafat.
(7) « D’abord
ville sainte d’une seule foi, ensuite de deux et puis de trois, Jérusalem
est devenue, au cours de l’Histoire, la pierre de touche du prestige et de
la gloire, un symbole de puissance et de suprématie et, de ce fait, le prix
de la rivalité perpétuelle de ces fois et des peuples les professant ».
Joël
L. Kraemer, The