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La victoire par
la participation politique,
la nouvelle
stratégie du Hamas et ses limites.
Evaluation et
recommandations politiques
Par
Yigal Carmon, président du MEMRI
MEMRI
- Enquête et analyse n° 270
Dans
un briefing donné le 17 mars 2006 au Congrès américain sur la stratégie du
Hamas après les élections palestiniennes, Yigal Carmon, président du MEMRI, a
présenté la stratégie du Hamas et ses limites et a fait quelques
recommandations politiques.
Le
briefing a été sponsorisé par le sous-comité des relations internationales pour
le terrorisme international et la non prolifération, dépendant de la Chambre
des députés, et co-sponsorisé par les dirigeants du Comité : le président Ed
Royce (Républicain, Californie), l'éminent membre Brad Sherman (Démocrate,
Californie) et le représentant Steven Rothman (Démocrate, New Jersey). Ileana
Ros-Lehtinin, présidente du sous-comité du Moyen-Orient et d'Asie centrale, et
le membre éminent Gary Ackerman, ont aussi co-sponsorisé l'événement.
Voici
un résumé de l'évaluation
Evaluation
Des
trois menaces islamistes qui pèsent aujourd'hui sur les Etats-Unis – Al-Qaeda,
l'Iran et les Frères musulmans -- Al-Qaeda
et l'Iran ont choisi d'atteindre leurs objectifs par la confrontation tandis
que les Frères musulmans ont opté pour la participation politique. Ce choix a
été essentiellement motivé par la guerre mondiale contre le terrorisme, qui a
poussé le Hamas (composante de l'organisation mère que sont les Frères
musulmans) à comprendre que dans le monde de l'après 11 septembre, les
organisations terroristes n'ont pas d'avenir, tandis que par la participation
au jeu politique, elles pourraient toutefois atteindre certains de leurs grands
objectifs.
La
participation au jeu politique implique l'acceptation de certaines contraintes
politiques, contraintes dont le Hamas n'avait pas eu à se préoccuper avant les
élections législatives de janvier 2006, pas plus que les Frères musulmans avant
les élections législatives d'Egypte de novembre-décembre 2005. Ce n'est
qu'après la victoire du Hamas que des conditions ont été formulées à la
participation du Hamas au jeu politique.
Les trois exigences actuelles posées au Hamas concernant Israël sont
la renonciation à la violence, la reconnaissance d'Israël et le respect des
accords antérieurs.
Or ces exigences sont inefficaces ou insuffisantes:
1)
Elles ne peuvent être respectées que pour un temps limité et pour des raisons
tactiques; en effet, le Hamas a entrepris de les respecter, puis a fait marche
arrière.
2)
En se focalisant sur Israël, on ignore un problème plus large, celui de la
participation au jeu politique des Frères musulmans et des mouvements
nationalistes laïques, dans l'ensemble des pays arabes et musulmans.
Bien
que limité aux territoires palestiniens, le succès du Hamas pose une menace aux
intérêts américains dans la région. Si l'Occident se résigne à la victoire du
Hamas, les Frères Musulmans pourraient fort bien répéter ce succès en Egypte et
en Jordanie. Abou Mazen et l'OLP se retrouveraient mis de côté encore plus,
tandis que les régimes actuels en Jordanie et en Egypte pourraient se trouver
sérieusement menacés. Voilà qui mettrait en danger la stabilité de tout le
Moyen-Orient.
Le
moment critique sera celui où le Hamas prendra le commandement des forces de
sécurité palestiniennes. A ce stade, la crise sera beaucoup plus difficile à
gérer et risquera de devenir incontrôlable. En effet, la stratégie déclarée du
Hamas est de combiner la participation politique et la résistance, comme l'ont
affirmé Mashaal, Haniya et Al-Zahar ("le
fusil dans une main, la politique et l'autorité dans l'autre").
(1)
Le
scénario souhaité est que, plutôt que de combiner participation au jeu
politique et résistance, le Hamas poursuive sur la voie de la modération, à
l'instar de l'OLP. Les actuelles avancées tactiques et temporaires du Hamas en
ce sens, dans le but d'obtenir une reconnaissance mondiale de sa victoire,
laissent espérer que cela est possible.
Cet
espoir reste toutefois mince. Contrairement à l'OLP, organisation nationale
distincte limitée à un peuple et à une terre, le
Hamas est lié au mouvement régional et même mondial des Frères musulmans; et
ceux-ci bénéficient d'une structure islamique globale. En tant que tel, il est
vraisemblable qu'il demeure fidèle à ses positions.
Recommandations
Les
exigences américaines doivent donc se focaliser sur la transformation interne
et idéologique du mouvement. Elles ne doivent pas se focaliser sur le Hamas,
mais en priorité sur l'organisation mère: les
Frères musulmans. (Les conditions qui suivent devraient également
s'appliquer aux mouvements nationalistes laïques.)
Présenter
les exigences suivantes comme des critères internationaux universels garantira le soutien de l'Union européenne et des Nations
unies. Afin d'encourager les Frères musulmans et ses ramifications à
entreprendre des mesures pour se conformer aux critères politiques
internationaux, la reconnaissance politique ne devrait être accordée qu'après
que les conditions suivantes auront été remplies par le Hamas et les Frères
musulmans et incluses à leurs programmes politiques officiels en vue des
élections :
1)
L'adhésion au processus politique par l'exclusion
de la violence et du recours à la force. De mouvement de résistance
armé, le Hamas doit devenir un parti politique non armé. Cette exigence
s'applique également au Fatah, censé suivre la même transformation avec le
processus d'Oslo mais qui, jusqu'à ce jour, ne l'a pas fait. Une fois que le
Fatah aura pris des mesures en ce sens, la pression sur le Hamas et les autres
factions pour faire de même sera plus forte. Et si le Hamas n'obtempère pas, il
ne bénéficiera pas de la reconnaissance internationale.
2)
L'adoption des valeurs démocratiques.
Celle-ci se fait longuement attendre. Une telle adoption freinera l'érosion de
la notion de démocratie qui, ces dernières années, en est arrivée à n'englober
que l'idée d'élections libres.
L'ensemble
des valeurs démocratiques devraient inclure : l'égalité de tous devant la loi,
sans considérations de religion, d'appartenance ethnique ou de genre, et
l'adoption officielle dans le programme politique des organisations concernées
de toutes les libertés constitutionnelles, incarnées par les conventions
internationalement acceptées, telles que la Déclaration des Droits de l'Homme,
la charte des Nations Unies, les conventions des Nations Unies et les autres
critères internationaux.
(1) Pour des déclarations
d'Al-Zahar, voir Al-Qods (Jérusalem), le 15 février 2006 ; pour des
déclarations de Haniya, voir http://memritv.org/search.asp?ACT=S9&P1=1017
; pour des déclarations de Mash'al, voir http://memritv.org/search.asp?ACT=S9&P1=1044
; http://memritv.org/search.asp?ACT=S9&P1=1024.
Pour
d'autres extraits-vidéo de leaders du Hamas, voir http://www.memritv.org/Search.asp?ACT=S5&P1=151.