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Un émirat islamique s’installe en Tunisie
Par Ftouh Souhail pour www.Dreuz.info
11 janvier 2012
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Des centaines d'habitants ont fui leurs habitations dans le nord-ouest de la Tunisie, car un village entier a été occupé par des salafistes.
Dans le village de Sejnane, situé à l’extrême nord tunisien (gouvernorat de Bizerte), les islamistes ont imposé l’application stricte de la Sharia, la loi coranique. Ils ont édifié une prison sur des terres étatiques, dans laquelle ils emprisonnent les contrevenants à la Sharia.
Ils ont chassé les vendeurs et consommateurs d’alcool, fermé les magasins de cassettes et CD musicaux. Toutes les libertés individuelles ou presque, ont été révoquées.
Toutes les jeunes filles doivent porter des robes longues et se couvrir la tête à l'école. Tous les élèves qui ne se présentent pas dans une tenue vestimentaire règlementaire sont renvoyés chez eux, a déclaré le chef spirituel Cheikh Abou Ayyad al-Tunisi.
Les salafistes ont également décidé que les enseignants masculins ne pourront pas enseigner dans les écoles de filles, et les femmes ne seront pas autorisées à enseigner dans les écoles de garçons.
Les hommes sont obligés de porter la barbe, et de faire la prière à la mosquée du village. Par ailleurs, des "patrouilles de la pudeur" circulent en ce moment même dans le village et forcent les femmes à se couvrir la tête. Elles inspectent les voitures pour empêcher les couples non mariés de s'isoler.
Dans une requête urgente publiée par le quotidien Le Maghreb le 5 janvier 2012, et adressée au Président de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, les habitants de Sejnane demandent l’intervention de la société civile auprès du gouvernement, et de l’armée nationale pour les protéger des islamistes.
Des journalistes étrangers, notamment ceux de France 24, ont été empêché samedi 7 janvier d'entrer au village par un barrage établi par les insurgés salafistes.
Le silence des dirigeants islamistes, notamment Ennahda, face à ces dépassements insupportables, et surtout leur peu d’empressement à les dénoncer de manière claire et sans ambiguïté, encourage les abus des islamistes qui se réclament de l’idéologie la plus radicale de l’islam.
Les atteintes se multiplient un peu partout, et prennent aujourd’hui des formes diverses, qui vont des agressions verbales en direction des femmes, aux rituels de prière en pleine rue, jusqu’aux agressions physiques à l’encontre des adversaires politiques, et à l’occupation tapageuse des espaces publics.
En Tunisie pro-islamiste, les salafistes sont également à l'origine de la fermeture de la faculté de la Manouba, près de la capitale. La direction de la faculté de lettres de la Manouba, avait décidé la fermeture de l'établissement après des incidents provoqués par des manifestants islamistes salafistes qui contestent l'interdiction du Niqab à l'université.
Les partisans du Niqab (voile islamique intégral), qui occupaient depuis un mois les locaux de la Faculté de Lettres, ont quitté les lieux cette semaine, a annoncé le doyen de la Faculté, Habib Kazdaghli, saluant « une victoire de la loi et de la démocratie ».
Des incidents similaires ont eu lieu dernièrement à la faculté des lettres de Sousse (centre-Est du pays) et à l'université de Gabès (Sud), où les salafistes ont imposé la ségrégation des sexes dans le restaurant universitaire.
Le pessimisme est de mise, car il n’est pas nécessaire d’être expert en politique pour comprendre ce qui se trame dans les coulisses de la révolution tunisienne.
Lors d’un meeting populaire, en novembre 2011, Hamadi Jebali, actuel Premier ministre tunisien, a promis que « Jérusalem sera libérée de l’occupation juive ». Il a précisé que le processus de libération commencera par l’établissement du califat tunisien.
Le nouveau Président tunisien, Moncef Marzouki, a quant à lui appelé, le mois dernier, les Juifs tunisiens à revenir s'installer dans le pays. Aujourd'hui, quelque 1500 Juifs vivent encore en Tunisie, la plupart sont membres de la vieille communauté de Djerba. Israël est par ailleurs inquiet du sort de cette communauté réduite au silence.