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Le Véritable "Apartheid"
au Moyen Orient
Par Ephraïm Karsh, professeur au King College
de Londres, spécialisé dans les études du Moyen Orient et de la Méditerranée,
directeur du Middle East Forum
(Philadelphia) et auteur d'un ouvrage
récent, "la Palestine trahie"
Jerusalem Post du 5 mars 2012
Traduit par Albert Soued, écrivain http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com
Ceux qui aiment l'état
Juif sont offusqués par l'organisation par des groupes occidentaux de la "Semaine
de l'Apartheid" liée à Israël, mais ne sont pas d'accord entre eux sur
la meilleure riposte à cette fête de la haine.
Cette campagne de
dénigrement atteint des villes et des campus à travers le monde. Certains
croient qu'Israël devrait plus insister sur ses efforts continus pour la paix,
d'autres proposent de faire valoir son image en mettant en relief les
réalisations dans de très nombreux domaines et les succès obtenus. D'autres
enfin plaident en faveur d'un rappel de ce qu'est le "sionisme", un
mouvement juif de libération nationale, et de ce qu'il n'est pas, du racisme.
Toutes ces approches sont utiles, mais aucune d'elles ne résoudra le problème.
La recherche de la
paix et de la prospérité n'est pas une preuve de bienveillance et de justice.
Les régimes les plus oppressifs ont coexisté en paix avec leurs voisins, tout
en réprimant leurs populations. Les sociétés les plus prospères ont rejeté
leurs propres minorités. L'Afrique du Sud n'était pas un pays pauvre et arriéré
technologiquement. La nation la plus riche et la plus avancée, les Etats-Unis,
pratiquait récemment encore la ségrégation des noirs. L'accusation d'apartheid
ne vise pas l'oubli de la vraie nature du sionisme, mais bien le rejet de l'existence
même d'Israël. Aussitôt après
que la poussière se fut déposée sur les camps nazis d'extermination, les Arabes
et leurs alliés occidentaux se sont précipités pour reprendre le flambeau par
la confusion entre les victimes avec leurs tortionnaires.
Une brochure de la
Ligue Arabe de 1945 dit: "Pour les Arabes, en effet, le sionisme semble
aussi hideux que tout ce que les nazis ont conçu d'expansion raciale aux dépens
d'autrui". Une brochure publiée par l'Olp en 1964, aussitôt après sa
création, dit: "Le concept sioniste de la solution finale en ce qui
concerne le problème arabe en Palestine et le concept nazi de la solution
finale appliqué au problème juif en Allemagne, ont essentiellement les mêmes
ingrédients de base, l'élimination de l'élément humain non désiré "
Pourtant c'est bien
cette organisation terroriste palestinienne qui a inventé le canard de
l'apartheid vers le milieu des années 60, bien des années avant ladite
"occupation" de la Cisjordanie et de Gaza. Bien entendu, cette
accusation n'est pas seulement totalement fausse, mais elle est l'inverse de la
vérité.
Si l'apartheid est un
crime contre l'humanité, Israël est le seul pays au Moyen Orient où cet apartheid est absent, puisque sa population arabe jouit d'une
égalité totale devant la loi et de plus de prérogatives que n'importe quelle autre
minorité dans le monde libre, depuis la désignation de l'arabe comme langue
officielle, jusqu'à la reconnaissance des fêtes religieuses non juives comme
fêtes légales chômées.
En contraste, l'apartheid
est un état habituel faisant partie intégrante des mœurs du Moyen Orient depuis
un millénaire, et, aujourd'hui encore, les pays arabes et musulmans continuent
à le pratiquer légalement, politiquement et socialement vis-à-vis de leurs
minorités infortunées.
Alors comment se
fait-il qu'Israël, un état sans apartheid, soit sous pression constante pour
"se purifier", alors que les vrais coupables d'apartheid sont non
seulement absous, et s'en sortent indemnes, mais de plus, l'Occident leur donne
une plateforme mondiale pour blâmer les autres de leurs propres crimes ?
Au lieu de passer son
temps à s'excuser et à protester de son innocence – par atavisme séculaire –
Israël devrait adopter une stratégie dynamique, appeler un chat par son nom et
dénoncer les vrais criminels de l'apartheid, les nations arabes et musulmanes
du Moyen Orient. Cet apartheid prend des formes très variées selon les pays et
certaines victimes ont subi plus d'une seule forme.
L'Intolérance religieuse
Sur le plan
historique, les Musulmans se sont considérés comme différents et supérieurs aux
autres croyants qui vivaient sous leur joug, connus comme les "dhimmis". Aujourd'hui encore, ils ont préféré ne pas
abandonner ce privilège. Les Chrétiens, les Juifs, les Baha'is
sont des citoyens de seconde zone à travers le monde arabo-musulman. De même
les groupes qui ne pratiquent pas le même Islam que celui des gouvernants sont
partout opprimés, comme les shiites en Arabie ou les sunnites en Syrie,
considérés comme des apostats dans un cas ou des ennemis dans l'autre.
L'injustice ethnique
L'héritage historique
de l'intolérance s'étend au-delà de la sphère religieuse. Pendant longtemps les
Arabes, les Turcs et les Perses ont été des maîtres impérialistes et ils
continuent à traiter comme inférieures des populations, pourtant converties
depuis longtemps à l'Islam, comme les kurdes et les berbères, qui ont voulu
garder leur langue, leur culture et leurs coutumes sociales.
Le racisme
Le Moyen Orient est
devenu le plus important diffuseur et incitateur de l'antisémitisme au monde,
en utilisant aussi bien les diffamations moyenâgeuses (telles que l'usage du
sang des enfants pour fabriquer la galette de Pâque) que des
"canards" plus modernes (comme les Protocoles des Sages de Sion),
décrivant les Juifs comme la source du Mal.
De même les Africains
d'ascendance sub-saharienne sont traités avec un profond mépris, un vestige de
l'histoire de cette région, épicentre de l'esclavage international mené par les
marchands arabes.
La discrimination des sexes
La discrimination
légale et sociale contre les femmes est envahissante à travers le monde
arabo-islamique, allant de la violence endémique (la violence domestique et le
viol de l'épouse ne sont pas considérés comme des crimes, par exemple) aux
centaines d'exécutions chaque année, légales ou extra-légales
(crimes d'honneur, par exemple).
La discrimination
contre les homosexuels est encore pire.
Le refus de citoyenneté
Ne pas donner la
citoyenneté ou les droits civils à un large segment d'une population pourtant
née dans le pays est une situation habituelle. Les communautés palestiniennes
dans les pays arabes offrent l'exemple le plus frappant de cette discrimination
(ainsi au Liban, les Palestiniens ne peuvent pas posséder des biens, des
professons leur sont interdites, ils ne peuvent pas circuler librement…). Les
Bédouins dans les états du Golfe et des centaines de milliers de kurdes en
Syrie ont subi des discriminations analogues.
L'inégalité devant le travail
La maltraitance des
travailleurs étrangers, notamment les employés domestiques, allant des abus
sexuels à l'emprisonnement de fait ou même le meurtre, est monnaie courante et
largement tolérée partout au Moyen Orient, notamment dans les états pétroliers
où vit une population importante d'expatriés.
L'Esclavage
Les pays arabes
demeurent le plus important refuge de l'esclavage dans le monde, depuis le
trafic des enfants et des femmes en Arabie saoudite et dans les pays du Golfe
jusqu'à l'esclavage endémique au Soudan et en Mauritanie. C'est pourquoi, les
islamistes arrivés au pouvoir aujourd'hui n'ont aucun scrupule à demander la
légalisation de l'esclavage.
L'oppression politique
Nombre de régimes
moyen orientaux ont des systèmes de gouvernance plus que répressifs visant à
perpétuer l'apartheid par une minorité dominante: alawites
en Syrie, Tikritis dans l'Irak de Saddam Hussein, oligarchie
saoudienne, dynastie hashémite en Jordanie, coterie
militaire en Egypte, minorité sunnite à Bahrein…
Probablement
qu'il s'agit de l'anachronisme le plus saisissant de l'histoire, ces abus
endémiques ont échappé jusqu'à ce jour à toute investigation et à toute
condamnation !
Les gouvernements
occidentaux hésitent sans doute à stigmatiser des alliés autoritaires pour ne
pas éveiller leur hostilité et leurs élites les ont absous de leurs
responsabilités, dans la pure tradition de condescendance de l'"homme
blanc" vis-à-vis de ses anciens colonisés, les
considérant comme des créatures abruties, incapables d'assumer leur
destin.
Il est grands temps de
dénoncer ces pratiques de discrimination et d'obliger ces régimes arabes à
accepter de se soumettre aux principes de décence et de responsabilité. Cette
volonté de recherche de la vérité du terrain mettra à nu la vacuité de la
campagne pour délégitimer Israël, et facilitera la paix et la stabilité
régionale.
L'histoire a montré
que la discrimination systématique et conséquente est une menace non seulement
pour les minorités opprimées, mais pour la santé politique des sociétés qui les
opprime. Le jour où ces régimes autoritaires arabes et musulmans commenceront à
considérer tous leurs citoyens comme égaux, alors ils pourront transcender leur
malaise et regarder l'avenir comme un véritable printemps socio-politique.