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Yémen : les 5 Actes d'un Conflit Oublié

 

Par  Le figaro.fr 

le 05/12/2017 publié le 10/03/18 par www.nuitdorient.com

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La guerre, qualifiée de « pire crise humanitaire au monde » par l'ONU, a fait plus de 8750 morts et 50.600 blessés, dont de nombreux civils, depuis l'intervention en mars 2015 d'une coalition arabe.

Le conflit au Yémen, théâtre de «crimes de guerre» dont a été saisie la Cour pénale internationale, constitue actuellement selon l'ONU «la pire crise humanitaire au monde». La guerre a fait plus de 8750 morts et 50.600 blessés, dont de nombreux civils, depuis l'intervention en mars 2015 d'une coalition arabe sous commandement saoudien (sunnite) contre des rebelles chiites houthis. Une épidémie de choléra a fait plus de 2000 morts et sept millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence. Retour sur le conflit au Yémen en cinq actes.

 

 ACTE I - Ali Abdallah Saleh quitte le pouvoir

L'origine du conflit remonte à 2012. Le président Ali Abdallah Saleh depuis plusieurs mois contesté dans la rue, dans la foulée des révoltes tunisienne et égyptienne. Il avait déjà été blessé par un attentat en juin 2011. Ali Abdallah Saleh accepte, sous la pression des monarchies du Golfe, un plan de transition prévoyant son départ en échange d'une immunité pour lui et ses proches. Le 27 février 2012, le vieil autocrate cède officiellement le pouvoir à son successeur, Abd Rabbo Mansour Hadi. C'est la fin de 33 ans de règne. Il avait été désigné président du Yémen du Nord par une Assemblée constituante en 1978.

 

 ACTE II - Les Houthis s'insurgent

Deux ans plus tard, pendant l'été 2014, la rébellion chiite des Houthis lance une offensive depuis son fief de Saada. Elle s'estime marginalisée après l'insurrection anti-Saleh. Originaires du nord du Yémen et alliés avec les militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, les rebelles issus de la minorité zaydite, une branche du chiisme, sont accusés d'être appuyés par l'Iran chiite. En l'espace de quelques mois, ils s'emparent de Sanaa, la capitale, depuis septembre 2014, ainsi que de larges parties du nord, du centre et de l'ouest du pays. Le président Hadi se réfugie à Aden qui tombera à son tour en mars 2015.

 

 ACTE III - La coalition arabe intervient

Le 26 du même mois, neuf pays dirigés par l'Arabie saoudite lancent l'opération aérienne «Tempête décisive» pour contrer l'avancée des Houthis. Le président Hadi se réfugie à Ryad. Le 17 juillet 2015, le gouvernement annonce la «libération» de la province d'Aden, premier succès des forces loyalistes appuyées par la coalition. Jusqu'à la mi-août, les forces loyalistes parachèvent la reprise de cinq provinces du Sud, mais peinent à les sécuriser face à la présence d'al-Qaida et de l'État islamique. En octobre, les forces gouvernementales reprennent le contrôle du détroit de Bab al-Mandeb, par où transite une bonne partie du trafic maritime mondial.

 

 ACTE IV - Des fissures apparaissent dans chaque camp

Fin avril 2017, l'ex-gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, est limogé par le président Hadi. Le 11 mai suivant, celui-ci annonce la mise en place d'un «Conseil de transition du Sud», sous sa présidence, pour diriger cet État indépendant jusqu'en 1990. Côté rebelle, la direction des Houthis qualifie en août de «traître» l'ex-président Saleh pour les avoir présentés comme des «miliciens». Le lendemain, l'ex-président rassemble des centaines de milliers de personnes dans la capitale à l'occasion du 35e anniversaire de son parti, le Congrès populaire général (CPG). Le 26 août, un colonel proche de Saleh et deux Houthis sont tués.

 

 ACTE V - Les rebelles rompent leur alliance

Le 29 novembre, la crise entre l'ex-président Saleh et les Houthis dégénère à Sanaa. De violents combats éclatent entre les deux alliés. Ils ont fait depuis des dizaines de morts. Le 2 décembre, Ali Abdallah Saleh propose à l'Arabie saoudite de «tourner la page», à condition qu'elle lève le blocus renforcé un mois plus tôt après un tir de missile par les Houthis au-dessus de Ryad. Cet appel est fustigé par les Houthis qui dénoncent un «coup de force» de Saleh. Le 4 décembre, le président Hadi ordonne à ses troupes de reprendre Sanaa. Les Houthis annoncent dans la foulée que l'ancien président Saleh, 75 ans, a été tué, ainsi qu'un «certain nombre de ses éléments criminels».

 

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Nota, source Sputnik

Les Houthis ont annoncé avoir tué l'ancien président Ali Abdallah Saleh qui, d'allié des Houthis, était devenu leur adversaire en dénonçant leur volonté de marginaliser le pays. Il a tendu la main à l'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition qui combat les rebelles depuis 2015. Au cours des 33 ans qu'il a passé au pouvoir, Saleh a combattu à plusieurs reprises contre des rebelles houthis Ansar Allah. Pourtant, après son retrait à la suite du «printemps arabe» en 2012, il a pris, en 2014, le parti des houthis dans un soulèvement contre le nouveau gouvernement du Président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale.

 

Le politologue yéménite Abou Bakr Bazib a affirmé qu'après le meurtre de l'ex-Président Ali Abdallah Saleh, les parties en conflit au Yémen étaient très proches d'une solution négociée. Toutefois, vu le manque de pression propre à garantir de tels développements efficaces, la situation est restée inchangée.

Il a indiqué que tout de suite après la mort de l'ancien Président yéménite, Donald Trump avait reconnu Jérusalem en qualité de capitale d'Israël et avait décidé de transférer l'ambassade de son pays dans la ville. Ce qui a provoqué un grand retentissement dans le monde arabe. Pour le Yémen, les résultats risquent d'être très inquiétants. «Le pays pourrait se retrouver entraîné dans une nouvelle guerre dans la région», a poursuivi Abou Bakr Bazib qui estime que dans ce cas-là, les conséquences seraient horribles pour le Yémen, déjà épuisé par la guerre.

 

Un responsable du parti Hizb al-Haqq, Ahmed al-Bahri, a indiqué pour sa part que la coalition arabe n'avait d'autre choix que celui de cesser la guerre au Yémen. «Les agresseurs ont réalisé que ni l'opération militaire, ni le blocus économique n'avaient porté leurs fruits. Tandis que la mort d'Ali Abdallah Saleh, leur dernier atout et projet, prouve que leur campagne au Yémen a échoué. Ils devront accepter la situation actuelle, cesser leur agression et chercher une solution négociée au conflit au Yémen»