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Un Tribunal
Saoudien Libère l'Imam qui a Violé et Tué
Par Ryan Mauro, analyste de la sécurité nationale et membre du Fonds Clarion, fondateur de WorldThreats.com et RadicalIslam.org
http://www.radicalislam.org/analysis/release-child-murderer-sparks-outrage-saudi-arabia/#fm
Traduit par Albert Soued, écrivain, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com
5/2/2013
Lama al-Ghamdi
Les révolutions et les mouvements politiques appelant au changement ne se produisent pas spontanément. Ils sont déclenchés par l'étincelle d'un évènement dramatique. Il est possible qu'en Arabie saoudite, cette étincelle se soit allumée.
Les nouvelles annoncent que le prêcheur Fayhan al-Ghamdi a admis avoir torturé et tué sa fille de 5 ans, Lama. Et le tribunal l'a laissé sortir libre. Il a même obtenu la charge de ses deux autres enfants…
Aujourd'hui les activistes prennent position. Al Ghamdi est un prêcheur extrémiste qui apparaît souvent à la télévision. Il a d'abord été accusé d'avoir abusé de sa fille en Avril 2012. Le viol était si violent que la fille a souffert d'une fracture du crâne et d'une lésion au cerveau. Malgré cela, personne ne l'a empêché d'avoir accès à elle, ce qui a entraîné sa mort en décembre.
Al Ghamdi a été arrêté après le décès de sa fille et a admis sa responsabilité, disant qu'il l'avait assaillie, car il suspectait qu'"elle avait déjà perdu sa virginité"…! (à 5 ans).
Une assistante sociale a précisé que Lama avait été violée "partout", mais sa mère a dit qu'une partie de l'histoire était fausse. Lama a reçu des chocs électriques, a été battue avec un fouet et une barre de fer. Son crâne a été écrasé. Son dos et ses bras étaient brisés. Ses côtes étaient fêlées. A l'hôpital on a même dit qu'al Ghamdi a tenté de brûler son rectum pour le souder…
Un membre de la Commission des Droits de l'Homme du gouvernement saoudien a dit à CNN qu'al Ghamdi a fait 8 mois de prison pour avoir torturé sa fille jusqu'à sa mort, laissant entendre qu'il était encore en prison. CNN n'a pas à réussi à joindre un quelconque activiste, ni aucun officiel, ni même l'hôpital du roi Saoud.
Le juge saoudien a estimé que le court séjour d'al Ghamdi en prison était une punition suffisante, car il a payé 50 000 $ en "argent du sang" à son ex-femme, mère de Lama. Cette somme est inférieure de moitié à celle requise pour un garçon. La loi saoudienne ne prévoit pas l'exécution d'un père ayant tué un enfant ou sa femme, selon al Jazeera.
Trois activistes des Droits de l'Homme saoudiens disent que cet événement avait ému le pays et une campagne Twitter avait commencé avec le slogan "ana Lama", "je suis Lama". On connaît la portée des réseaux sociaux, notamment lors des "Printemps arabes". L'activiste Manal al Sharif a attiré l'attention, lorsqu'en 2011 elle a mis sur le Net une vidéo d'elle en train de conduire, défiant ainsi l'interdiction saoudienne (que les femmes conduisent). Aujourd'hui elle est populaire et elle confirme que le mouvement lancé autour de Lama peut prendre de l'ampleur. Le gouvernement est préoccupé et annonce qu'il va installer une hotline 24h/24 pour les appels concernant l'abus d'enfants. Mesure dérisoire devant la situation pédophile du pays, d'autant plus qu'une autre audience sur le même sujet est prévue très prochainement au tribunal, ce qui entraînera sans doute des réactions.
Les ingrédients d'un soulèvement social existent en Arabie saoudite. En décembre 2010, Stephen Schwartz du Centre du Pluralisme islamique m'a expliqué qu'il existait un "conflit entre la jeune génération demandant des réformes et les religieux wahabites"
Dans une interview de radicalIslam.org, Dr Ali Alyami du Centre pour la Démocratie et les Droits de l'Homme en Arabie semble confirmer ce fossé: "il ya une déconnexion progressive du passé, de la religion et une nouvelle perception du monde" dit-il.
Comparé à des ministres au wahabisme pur et dur, le roi Abdallah a des tendances réformistes et il désire une évolution vers le changement. Il y a un mois il a désigné 30 femmes pour participer à la "Shoura", le Conseil, pour soumettre des lois nouvelles à son approbation. Récemment, le gouvernement a autorisé les femmes à travailler en pharmacie.
Un mouvement puissant pour le changement pourrait l'aider à aller plus loin dans les réformes, malgré l'opposition islamiste. L'Occident devrait aider ces activistes saoudiens à maintenir l'élan. En 2009, le brutal assassinat de Neda Soltan a fait d'elle l'emblème de l'opposition iranienne. En 2011, Mohamed Bouaziz s'est immolé en Tunisie déclenchant le "Printemps arabe". En juin 2011, la torture et le meurtre d'un garçon de 13 ans Hamza al Khatib déclencha la guerre civile en Syrie. En 2013, le nom de Lama pourrait devenir synonyme d'un mouvement irrésistible de changement en Arabie Saoudite.