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QU'EST-CE QUE LE DJIHAD ?
par Daniel Pipes, www.DanielPipes.org ,
Directeur du Forum pour le Moyen Orient, article paru
dans le Jerusalem Post du 1er janvier 2003, traduit par Nicole Benattar,
Info'sion.
Que
signifie le mot arabe de Djihad ? Une réponse nous a été donnée la semaine
dernière lorsque Saddam Hussein a demandé aux chefs islamiques d'appeler
les musulmans du monde entier à se joindre à son Djihad afin de vaincre «
les méchants américains » puis il menaça lui-même les Etats Unis du
Djihad.
Comme ceci
l'indique, le Djihad est « la guerre sainte. » Plus précisément, cela signifie
la tentative légale, obligatoire et commune d'étendre les territoires régis par
les Musulmans au détriment des territoires régis par les non-Musulmans.
Le but du
Djihad n'est donc pas la propagation de la foi islamique mais l'extension du
règne souverain de l'islam (bien sûr, la foi suit souvent de près le drapeau.)
Le Djihad est donc intrinsèquement offensif de par sa nature, son but ultime
étant la domination des Musulmans sur la terre entière.
Au cours
des siècles, le concept du Djihad a oscillé entre deux pôles plus ou moins
radicaux. La première version considère que les Musulmans qui ont une
interprétation différente de leur foi sont des infidèles et deviennent
donc des cibles légitimes du Djihad.
Ceci explique pourquoi les Algériens, les Egyptiens et les Afghans ont
souvent été victimes du Djihad tout comme les Américains et les Israéliens. La
deuxième conception, la plus mystique, réfute la définition militaire du Djihad
et demande aux Musulmans de se retirer du monde pour atteindre une
profonde spiritualité.
Le Djihad,
en tant qu'expansion territoriale, a toujours été au centre de la vie
musulmane. C'est ainsi que les Musulmans en sont venus à régner sur la majeure
partie de la péninsule Arabique dès la mort du prophète Mahomet en 632.
C'est ainsi qu'un siècle plus tard, les Musulmans avaient conquis une
région s'étendant de l'Afghanistan à l'Espagne. Par la suite, le Djihad a
inspiré et justifié la conquête par les Musulmans de l'Inde, du Soudan, de
l'Anatolie et des Balkans.
A l'heure
actuelle, le Djihad est la principale cause du terrorisme, inspirant une
campagne de violence dans le monde entier par des organisations qui se
réclament du Djihad :
- Le front international du Djihad contre les Juifs et les Croisés, le groupe
d'Ossama ben Laden
- Le Djihad Laskar : responsable du meurtre de plus de 10 000 Chrétiens en Indonésie.
- Harakat el Djihad el Islami : une des principales cause de la violence au
Cachemire.
- Le Djihad islamique palestinien : le groupe terroriste anti-israélien le plus
vicieux
- Le Djihad islamique égyptien : qui a tué le président Anouar el Sadate en
1981 et de nombreux autres depuis lors.
- Le Djihad islamique yéménite : qui a tué trois médecins américains lundi
dernier.
Mais à
l'heure actuelle, le visage la plus terrifiant du Djihad se dévoile au Soudan.
Jusqu'à ces dernières années, la devise du parti au pouvoir était « Djihad,
Victoire et Martyr. »
Depuis
vingt ans, et sous les auspices du gouvernement, les tenants du Djihad
attaquent les non-musulmans, pillent leurs biens et tuent les hommes. Ces mêmes
Islamistes, transforment des dizaines de milliers de femmes et d'enfants en
esclaves, les forcent à se convertir à l'islam, leur font faire des marches
forcées, les battent et les condamnent aux travaux forcés. Les femmes et les
jeunes filles subissent des viols collectifs rituels, des mutilations de leurs
organes génitaux et une vie de servitude sexuelle. Le Djihad d'Etat au Soudan a
déjà causé la mort de deux millions de personnes et le déplacement de quatre
millions d'individus. Ceci en fait la plus grande catastrophe humanitaire de
notre époque.
En dépit du
fait que le Djihad est une source de conflit depuis 14 siècles, provoquant des
souffrances incroyables, ses apologues et les universitaires musulmans
prétendent qu'il n'autorise que la lutte défensive ou qu'il est
absolument non-violent.
Trois professeurs américains d'études islamiques n'hésitent pas à
affirmer cette thèse. Ils décrivent le Djihad comme « une tentative d'éradiquer
le mal qui est en soi et ses manifestations dans la société, (Ibrahim Abou
Rabi, Séminaire de Hartford,) ou comme « la résistance à l'apartheid et une
lutte pour les droits des femmes » (Farid Eseck, Séminaire d'Auburn ) voire
comme le fait d'être « un meilleur étudiant, un meilleur collègue, un meilleur
collaborateur. Par-dessus tout, de mieux contrôler sa colère » (Bruce Lawrence,
Duke University. )
Ce serait
merveilleux que le Djihad évolue vers une forme aussi peu agressive que le
contrôle de la colère, mais il y a peu de chances que cela se produise sur un
simple coup de baguette magique. Bien au contraire, prétendre que le Djihad est
inoffensif empêche les efforts sérieux d'autocritique et de révision de son
interprétation.
La route qui éloigne du terrorisme, de la conquête et de l'esclavage
passe par une reconnaissance par les Musulmans du rôle historique du Djihad,
suivie d'excuses aux victimes, du développement d'une base islamique pour un
Djihad non-violent et surtout (et c'est la condition la plus difficile) l'arrêt
effectif et définitif des violences du Djihad.
Malheureusement,
ce processus de rédemption n'est pas en cours actuellement et le Djihad violent
se poursuivra probablement jusqu'à ce qu'il soit écrasé par une force militaire
supérieure, et que Donald Rumsfeld, secrétaire d'état à la défense, veuille
bien en prendre note.
Ce n'est
qu'après avoir été vaincus que les modérés parmi les Musulmans trouveront leur
voie et commenceront vraiment la rude tâche de modernisation de l'Islam.