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APARTHEID DE LA FEMME EN ISLAM

 

Par Phyllis Chesler, écrivain, a écrit 15 livres, est membre du Conseil des érudits pour la paix au Moyen Orient.

Discours prononcé le 14 décembre 2005 devant le Sénat américain – Séance organisée par le Comité Américain pour la Démocratie.

Rapporté par www.FrontPageMagazine.com

Traduit pour l'essentiel par Artus pour www.nuitdorient.com

 

Selon un dissident Iranien, "être née femme est à la fois un crime capital et une sentence de mort"

Aujourd'hui, dans le monde islamique et dans une Europe de plus en plus islamisée, la détresse aussi bien des femmes que des hommes exige de nous une analyse objective et une réponse courageuse, sinon héroïque. Selon les critères de notre époque moderne, démocratique et féministe, les femmes musulmanes ne sont pas traitées comme des êtres humains.

Que ce soit en Iran ou ailleurs dans l'univers musulman, les femmes incarnent le Mal. Chacun de leurs gestes est surveillé avec brutalité et entravé. La plus petite infraction, telle qu'un mèche de cheveux s'échappant du foulard par inadvertance, mérite la punition maximale, la flagellation publique. C'est ce qui se passe en Iran, au moment où je vous parle. En 2005, un hôpital de Téhéran a été accusé de refuser son entrée aux femmes qui ne portaient pas un habit les couvrant de la tête aux pieds. En 2002, en Arabie Saoudite, la police des mœurs a empêché des écolières de 14 ans de s'échapper d'une école en feu parce qu'elles ne portaient pas le foulard et la "a'bayah" et 15 d'entre elles ont été brûlées vives.

Aujourd'hui dans le monde arabe et islamique, la "Police de la Pensée" de Georges Orwell est partout, menaçante. Un exemple manifeste: les Talibans Afghans ou les équipes "de la Vertu et du Vice" d'Iran et d'Arabie qui arrêtent quiconque qui s'écarte de la norme, ou qui montre le plus petit signe de "différence" ou de "féminité"

En Iran, Afghanistan, Arabie Saoudite et de plus en plus en Egypte, les femmes sont voilées de pied en cape. Elles vivent en isolement et ont une vie séparée de celle des hommes. On les oblige à se marier d'une façon arbitraire, souvent très jeunes, à des hommes polygames, beaucoup plus vieux qu'elles ou à des premiers cousins. Les filles et les femmes sont régulièrement battues. Battre la femme est devenue la norme culturelle et celles qui protestent sont sauvagement punies et parfois tuées par leurs familles, pour sauver "leur honneur". Selon le Forum des Femmes contre le Fondamentalisme en Iran, deux femmes sur trois ont subi une violence domestique sérieuse. 80% des femmes mariées ont été brutalisées lors de leur 1ère année de mariage. De plus des millions de femmes musulmanes sont mutilées sur le plan génital, et ce n'est pas seulement en Afrique musulmane. C'est de plus en plus fréquent en Iran et en Europe, en Amérique du Nord, où les opérations sont réalisées en toute tranquillité dans des hôpitaux.

 

Dans de nombreuses contrées musulmanes, les femmes ne sont pas autorisées à voter, à conduire, à quitter la maison, à quitter le pays, sans la permission d'un homme, ou sans son escorte. La plupart des fugueuses en Iran sont violées dans les 24 heures de leur fugue. La majorité d'entre elles sont rejetées par leurs familles, après avoir été violées. Or si elles avaient quitté leur maison c'est qu'elles y étaient maltraitées. Elles finissent généralement très vite prostituées. La prostitution a atteint des niveaux alarmants lors de cette dernière décennie et cela inclue "le mariage temporaire", qui permet aux hommes d'abuser des femmes en toute légalité. Les victimes de viol et les suspectes de  prostitution sont rapidement jetées en prison pour y être violées de manière répétitive et même engrossées par leurs gardiens. En 2004, près de 4000 femmes ont été arrêtées à Téhéran seulement. 649 d'entre elles étaient des fillettes de moins de 14 ans.

Les femmes iraniennes sont bafouées en permanence dans leur vie privée. Ainsi lors de l'été 2005, un tribunal de Téhéran a empêché une jeune femme de travailler, son mari, séparé, s'étant plaint qu'elle n'était autorisée qu'à rester chez lui. Battue, cette femme avait quitté sa maison deux ans plus tôt. Le tribunal a confirmé le droit du mari de l'empêcher de travailler en dehors de chez lui. En novembre de cette année, un mari de 80 ans a battu à mort sa femme de 30 ans sa cadette "parce qu'il ne tolérait pas qu'elle se farde en dehors de chez elle". En octobre, les employées du ministère de la culture ont été obligées de quitter le bureau au crépuscule, pour pouvoir "rejoindre leurs familles". Une femme journaliste qui travaillait la nuit pour son journal dit "ce nouveau décret signifie que je suis au chômage".

 

Et puis il y a les terribles atrocités publiques

 

De plus en plus en Iran, les femmes sont pendues en public ou lentement et douloureusement lapidées sous prétexte d'adultère ou parce qu'on les a violées. Les amputations publiques, les flagellations et les exécutions sont devenues un spectacle presque quotidien. Si les femmes (et les hommes) protestent en public contre ces procédés déchirants et barbares, ils subissent des calomnies les traitant de non-musulmans, ils sont arrêtés et souvent assassinés.

La bravoure des manifestants est incroyable ici, car ils savent très bien ce qu'ils encourent, et pourtant ils prennent le risque de protester. Cet été à Téhéran, les femmes ont manifesté contre les nouveaux gouvernants intégristes, chantant "liberté, liberté, liberté!", demandant un référendum sur l'application de la loi religieuse, avec comme slogans "des lois iniques = justice inhumaine" ou "la misogynie est la racine de la tyrannie". En mars 2005, des manifestants à l'Université de Téhéran ont demandé que les femmes aient le droit de choisir ce qu'elles portent, d'être libres de choisir leur époux, de se marier et de divorcer librement, d'interdire tout trafic du sexe et la polygamie.

Beaucoup de femmes musulmanes sont assassinées par leur famille pour "sauver l'honneur", oui! par la mère ou le père ou le frère aîné, parce qu'elles veulent aller au lycée, se marier par amour, mettre un terme à un mariage abusif, ou aller au cinéma tout simplement …! Ces meurtres pour l'honneur sont horribles et primitifs. Les filles ou les femmes sont décapitées, frappées à mort, ou lentement étouffées. J'ai décrit tout cela dans mon dernier livre "la mort du féminisme: qu'est ce qui va suivre dans la lutte pour la liberté de la femme?"

 

L'apartheid du sexe en Islam, voilà comment j'appelle l'abus organisé des femmes

 

Si nous ne parvenons pas à nous opposer à cet "apartheid du sexe en Islam" pour le défaire, la démocratie et la liberté ne pourront pas fleurir dans le monde arabe et islamique. Si nous ne joignons pas aux forces de ces dissidents Musulmans et de ces groupes féministes et, surtout, si nous n'adoptons pas comme universelles les normes des droits de l'homme, alors nos idéaux occidentaux et judéo-chrétiens failliront et disparaîtront. Et attention, ce cyclone de la barbarie nous atteindra, et il n'est pas loin, croyez-moi!…

Il était éminemment dangereux de dire ce que j'ai dit dans la plupart des campus d'Europe et d'Amérique du Nord. Quand on dénonce les violations barbares des droits de l'homme au nom de l'Islam, on est tout de suite accusée de racisme, de sionisme, d'impérialisme et pire…de "va-t-en-guerre néo-conservateur". Les associations islamiques en Occident, les mollahs radicaux et les dirigeants Musulmans de l'étranger, aidés par les "intellos" et les penseurs de la culture occidentale relativiste vont vous attaquer en justice, vous traîner dans la boue, refuser de vous publier et même de vous écouter.

 

Quelques aveux personnels…

 

D'abord je suis une féministe et une patriote américaine. Oui on peut être les deux! Je suis aussi une "internationaliste". Je crois dans une norme universelle des droits de l'homme, valable pour n'importe qui. Je suis aussi une Juive religieuse et j'ai de la sympathie pour les points de vue, aussi bien laïcs que religieux. Mon "féminisme" ne compromet en aucune manière le fait que je sois une femme religieuse. Bien au contraire, cela me donne la force et l'humilité dans ma perspective de lutte pour la justice.

Ensuite, je suis sensible aux questions Afghanes, car elles concernent ma vie. Il y a longtemps, en 1961, j'ai été prise en captivité et mise en isolement de luxe et certaines femmes ont été exceptionnellement bonnes pour moi. Je ne les oublierai jamais. Mon "féminisme occidental" est né dans ce beau pays si tragique! Je vais vous livrer quelques détails intimes.

J'ai épousé mon petit ami de lycée et nous sommes partis à Kaboul visiter sa famille. Mais je n'avais aucune intention de résider là-bas. En Afghanistan, quelques centaines de famille riches vivaient selon des normes européennes. Les autres vivaient au Moyen Âge. À notre arrivée les autorités aéroportuaires m'ont confisqué mon passeport américain. Je ne l'ai plus revu. Puis j'ai découvert que mon beau-père avait 3 femmes et 21 enfants! Et enfin j'ai été mise en confinement comme toute femme afghane de la haute société.

Pris individuellement, les Afghans sont charmants, drôles, humains, tendres, courtois et d'une honnêteté scrupuleuse. Mais leur pays est un bastion d'illettrisme, de pauvreté et de maladies qu'ailleurs on prévient.

Je n'ai jamais mis de foulard, de longs manteaux des gants. Je faisais une longue inspiration, sortais et marchais à grandes enjambées rapides. Parfois je prenais le bus, voyage haut en couleur, sauf que les femmes complètement voilées étaient recluses au fond du véhicule. La première fois que j'ai vu cela, j'ai ris bruyamment d'incrédulité et de nervosité.

Puis vint le moment où je savais que je devais m'en aller et je me suis présentée à l'ambassade américaine. Ils ne pouvaient pas m'aider, car j'étais la "femme d'un citoyen afghan", et de ce fait, je n'étais plus citoyenne Américaine, ayant droit à protection. Et les Marines m'escortaient à la maison. J'ai compris qu'une fois mariée à un Musulman, et vivant en pays musulman, une Américaine perdait sa nationalité et devenait une citoyenne de nulle part. elle n'avait plus droit à rien. Seuls des mercenaires pouvaient la sauver.

Une femme ne peut oublier ce type de leçons, sauf si elle parvient à survivre et à s'échapper, ce que je fis, malgré mes 40 kg et mon hépatite.

Cette expérience unique de la vie de captive en Islam a forgé mon féminisme, qui n'a rien d'un "relativisme multiculturel". J'ai appris assez tôt, combien les gens opprimés peuvent devenir serviles et acharnés les uns contre les autres. La mère de mon mari était très cruelle avec ses servantes. J'ai compris que les femmes intériorisaient leur sexisme autant que les hommes…

Mon expérience afghane m'a appris la nécessité d'avoir la même norme de droits de l'homme pour tous et non pas une norme par culture.

 

Mais revenons à la République Islamique d'Iran. En 1990, un journaliste Freidoune Sahebjam a publié un compte rendu précis et lancinant sur un événement qui s'était produit le 15/8/1986, à Koupayeh en Iran où Soraya a été lapidée à mort, La "Lapidation de Soraya" (que D. ait son âme): celle-ci a été lynchée par la foule du village où elle avait toujours vécu. Son propre père, ses propres deux fils, et son criminel de mari Ghorban Ali, un fieffé menteur, cupide et sans cœur, tous ont jeté les premières pierres.

Quand elle eut 13 ans, Soraya eut droit à un mariage arrangé avec un jeune homme qui avait 20 ans. Elle était docile, obéissante et fertile. Elle ne se plaignait jamais, malgré que son mari la battait, l'insultait, l'abandonnait, elle et ses enfants. Ghorban Ali sortait avec des prostituées et les amenait dans le lit conjugal. Soraya ne disait mot. On peut se séparer facilement d'une femme qui se plaint. Alors Ghorban a accusé sa femme d'adultère et elle fut condamnée à mort. Les villageois chantaient "Une putain doit mourir! Mort à la femme!", et ils connaissaient Soraya depuis sa naissance, pourtant ils l'ont maudite, lui ont craché au visage, l'ont frappée et fouettée, pendant qu'elle marchait vers son lieu de lapidation. Selon Dahebjam "un frisson de plaisir et de joie parcourait la foule", quand les pierres prenaient la couleur du sang. Soraya eut une mort lente, agonisante. Les villageois ont dansé ensuite sur le lieu même de la lapidation.

 

J'insiste sur le fait qu'on ne peut jeter le blâme de cette horrible lapidation sur le compte du Grand ou du petit Satan, comme c'est devenu l'habitude dans ces pays Musulmans. Comme le Mal, des coutumes barbares existent partout dans le monde, mais l'Occident n'en est pas la cause (1).

 

Que pouvons-nous faire?

 

Si vous osez dire qu'il faut intervenir d'une manière ou d'une autre (militaire, humanitaire, éducative..), vous serez calomnié comme raciste. De toutes manières, c'est le même refrain à chaque fois que vous cherchez à intervenir pour la vie et la dignité de toute personne de couleur. Au nom de l'anti-racisme ou du politiquement correct, l'Occident et ses médias semblent avoir abandonné l'humanité vulnérable entre les mains des forces obscures du radicalisme islamique, que ces hommes soient Musulmans, Chrétiens, Hindous ou Juifs. Ce "relativisme culturel" qui se répand aujourd'hui est sans doute la plus grande faillite de la société occidentale et de ses médias "bien pensants".

 

Si nous Américains nous voulons continuer à lutter pour la liberté des femmes, on ne peut rester muet et inactif, tremblant de peur devant cette gauche surannée, devant cette culpabilité de l'Europe de son époque coloniale et raciste qui nous paralysent et nous réduisent au silence.

Les intellectuels de l'Occident ont été totalement "Palestianisés" et même les féministes en sont arrivées à croire que l'"occupation de la Palestine" était plus importante que l'occupation et la destruction du corps des femmes dans le monde entier.

Il y a un enjeu partout et le temps n'est pas aux scissions idéologiques. Il est à l'action, à la clarté et à l'unité. Nous devons voir nous Américains que l'Apartheid du sexe en Islam est un mal qu'on ne peut justifier. Nous devons soutenir les dissidents Musulmans et Arabes dans leur lutte contre cette ségrégation islamique et sa tyrannie. Si nous échouons, nous trahirons tout ce en quoi nous croyons….

 

Que pouvons-nous faire? Nous devons nous battre contre la haine propagée par les pays arabes et Musulmans aujourd'hui, contre l'Amérique, les Juifs et Israël et les femmes. C'est un long processus éducatif et culturel. Nous devons défaire le jihad et nous devons lier tout traité commercial ou de paix avec ces pays au statut de la femme dans ces pays. Ainsi j'ai une liste de 10 choses qu'on peut faire en Iran. Ma collègue Donna Hughes a commencé à en parler, notamment ce que pourrait être une politique Etrangère féministe à l'égard de l'Iran. Les responsables occidentaux et américains ne peuvent pas tourner le dos à ces dissidents Musulmans, aux peuples des pays arabes et Musulmans, aux Chrétiens, comme minorités en danger dans les pays arabes ou Musulmans, aux Juifs en Israël comme nation menacée. Notre vision de la liberté et de l'égalité des femmes doit faire partie intégrante de notre politique étrangère. C'est notre priorité "féministe" du 21ème siècle (2)

 

Note de la traduction

(1) comme le disent toujours certains intellectuels pervertis.

(2) l'attitude de mépris à l'égard de la femme se répercute tout au long des générations, le fils percevant sa mère comme un être sans droits et reproduisant le schéma paternel. Néanmoins cela lui fait mal quelque part dans son inconscient; alors il cherche à venger la mère à travers un succédané utopique, la mère-patrie musulmane, la oummah. Le jour où la femme musulmane sera émancipée et traitée comme l'égale de l'homme, la notion destructrice de la "oummah" s'estompera d'elle-même.

 

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