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Goldstone:

le Conseil des Droits de l’Homme pris à son Propre Jeu

 

Par Fabio Rafael FIALLO, ancien fonctionnaire à l’ONU

Le Temps – CH- 20/04/11

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Le revirement du juge Goldstone fait beaucoup de bruit. C’est en réalité un autogoal cuisant pour le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, qui avait commandité l’enquête sur l’opération "Plomb durci".

 

Il est des revirements qui ne sauraient rester sans lendemain, tellement ils mettent à mal les habitudes, les inerties, les préjugés. Le travail de l’ONU en matière de droits de l’homme est en train de vivre un de ces moments. La cause: un rapport que le Conseil des Droits de l’Homme de cette institution avait commissionné à un groupe de juristes présidé par le juge sud-africain Richard Goldstone (ancien procureur auprès du Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie et de celui pour le Rwanda) vient d’être désavoué – excusez du peu! – par le juge Goldstone lui-même.

Pour comprendre l’enjeu, il convient de faire un bref historique du cas qui nous occupe.

Suite à l’incursion militaire de trois semaines menée fin 2008 par les troupes israéliennes sur le territoire de Gaza – incursion intervenue en réponse aux milliers de roquettes lancées par le Hamas sur Israël –, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU décide de confier au juge Goldstone la présidence d’une commission qui serait chargée d’enquêter sur les "violations massives des droits humains perpétrées par la puissance occupante, Israël, contre le peuple palestinien".

L’Etat d’Israël était donc déjà coupable, et qui plus est le seul à être pointé du doigt. Ce ne fut qu’à la demande du juge Goldstone que le Conseil autorisa la commission à couvrir aussi les exactions éventuelles perpétrées par le Hamas. On ne peut cependant s’empêcher de voir dans cette permission une tentative de la dernière minute ayant pour but de donner un semblant d’impartialité à une enquête tenue de rendre de toute façon un verdict défavorable à Israël.

La composition de la mission laissait elle aussi présager une condamnation d’Israël: dans une lettre publiée dans le Times de Londres, avant même la création de la commission, l’un des quatre membres de celle-ci, Mme Christine Chinkin, avait déjà accusé Israël d’"agressions et de violations du droit international".

Aussi bien le mandat que la composition de la commission s’inscrivaient dans la droite ligne du parti pris anti-israélien qui prévaut dans un Conseil des Droits de l’Homme où les pires dictatures de ce monde (Iran, Cuba, Libye, Syrie) s’en sortent à merveille, alors que l’Etat hébreu est constamment mis au banc des accusés. Est-il normal que depuis sa création en 2006, le Conseil ait adopté plus de résolutions contre Israël que contre le reste des Etats de la planète réunis? Est-il normal que, chaque année, le Conseil ait un point de son ordre du jour consacré à condamner Israël, et Israël seulement, alors que le reste des pays de la planète ont droit à un point pour eux tous? Est-il normal, enfin, que ni le Hamas ni le Hezbollah n’aient jamais fait l’objet d’une quelconque condamnation du Conseil ?

Comme on pouvait s’y attendre, les conclusions du rapport accablèrent Israël, accusé d’avoir délibérément visé la population civile, et donc d’avoir commis des crimes de guerre, et possiblement des crimes contre l’humanité.

Or, voilà qu’un scoop vient troubler la marche tranquille du rapport en question. Charge de conscience aidant, dans un article retentissant paru dans le Washington Post du 1er avril 2011(1) le juge Goldstone désavoue le document dont lui-même avait dirigé la rédaction et déclare que, sur la base de ce qu’il sait maintenant, il n’aurait jamais affirmé que des civils avaient été ciblés volontairement par les troupes israéliennes. L’accusation de crimes de guerre portée contre Israël s’effondre ainsi comme un château de cartes.

Ce n’est pas la première fois qu’une accusation de ce genre contre l’Etat juif fait un flop. Il suffit de rappeler le prétendu «massacre de Jénine» du printemps 2002, où des milliers de Palestiniens auraient été tués de sang-froid par l’armée israélienne. Il ne prit pas plus de quelques mois aux médias du monde entier pour constater le caractère fallacieux de ces allégations.

Cette fois-ci le fiasco est tout de même plus grave, car les accusations émanent d’une commission nommée par l’ONU.

 

Après la rétractation du juge Goldstone, l’ONU se doit de revoir de fond en comble la manière d’opérer de son Conseil en vue de rendre celui-ci efficace, sobre et impartial.

Le contexte international appelle à une réforme en profondeur de cette enceinte. A l’heure où l’on se bat au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ailleurs aussi, pour la liberté et la démocratie, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU ne peut continuer à servir de caisse de résonance à des régimes répudiés par leurs propres peuples au prix de nombreuses vies. A l’heure où l’ONU autorise à mettre en œuvre la responsabilité de protéger des civils innocents face à leurs propres gouvernants (en Libye, en Côte d’Ivoire), le Conseil des Droits de l’Homme de cette même ONU ne peut permettre à des despotes et autres autocrates de l’utiliser pour faire adopter en permanence des résolutions contre Israël au nom des droits qu’ils s’amusent à bafouer dans leurs pays.

 

 

Note

(1) http://www.washingtonpost.com/opinions/reconsidering-the-goldstone-report-on-israel-and-war-crimes/2011/04/01/AFg111JC_story.html