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BALAFRES EN AUTOMNE

 

Par Albert Soued, écrivain, www.chez.com/soued pour www.nuitdorient.com

Le 29 novembre 2005

 

La tranquillité française a reçu un coup de balafre annoncé, mais qui a surpris. Les services du Renseignement ne cessaient de nous prévenir que la France n'était pas à l'abri d'un attentat terroriste. Or voilà qu'éclatent dans les banlieues une myriade d'incendies provoquées pour la plupart par des cocktails Molotov. Une série de mini-attentats pas très spontanés, plutôt télécommandés. Par qui? Telle est la question qu'on se pose et personne ne donne une réponse sérieuse ni plausible. Une lectrice me pose alors la question suivante: "Comment analysez-vous les violences des banlieues en France, et les conséquences à moyen terme pour notre pays. Merci de me répondre. Michèle"

Je lui répond: "J'étais absent de France lors de ces événements. À première vue, la France est attaquée de cette manière, parce que c'est le pays qui représente le mieux en Europe les droits de l'homme. C'est le pays qui a mené de nombreuses révolutions depuis plus de 2 siècles pour y parvenir. Mettre le feu aux moyens de transport (véhicules), d'éducation (écoles) et d'administration (édifices publics) est le signe d'une volonté d'effacer une forme de civilisation rejetée.

Nous assistons sans aucun doute à une péripétie du jihad islamiste qui a pour but de fragiliser progressivement les démocraties occidentales, par des actions spectaculaires et répétées. Un objectif accessoire est la publicité pour recruter de nouveaux terroristes. Il faut que les nations occidentales puissent tenir encore un demi-siècle, le temps que le pétrole soit épuisé. Mais cela me semble douteux du fait de l'esprit défaitiste qui y règne, prônant l'apaisement à tout prix.

En effet, l'Islam ne trouve sa force que dans le combat. Et il a réellement peur de son avenir: parce qu'après le pétrole, comment financera-t-il le combat? Et sans combat, l'Islam perd de sa vitalité. Et on sait par ailleurs que les pays arabo-islamiques sont sur le déclin, sur les plans culturel et économique. Le prosélytisme mené depuis 1945 a réussi grâce à la manne du pétrole et la distribution de subsides aux populations vulnérables d'Afrique et d'Asie. Il a été suivi par un combat tous azimuts appelé "jihad" que nous subissons maintenant depuis 30/40 ans".

 

Le Président de l'Iran Ahmedinejad a donné un sérieux coup de balafre à la Charte de l'ONU, annonçant qu'il cherche à éliminer de la surface de la terre un autre état membre de l'Organisation (1). En fait il y a récidive. Ce président Iranien était Gardien de la Révolution en 1979, appartenant à un groupe impliqué dans la prise d'otages à l'ambassade américaine à Téhéran, bafouant les règles de la diplomatie internationale.

Qui tire les ficelles? Le Guide Suprême Ali Khamenei qui, dans l'ombre, joue à l'Imam caché, pour être encore plus vénéré par ses sujets de la Shia'h ! Il tire les ficelles à bon escient, parce qu'à travers les menaces d'élimination du minuscule état Israélien, il cherche en fait à impressionner la Mecque et à asseoir une suprématie Shiite, face aux velléités d'hégémonie mondiale de l'Islam Sunnite, revendiquée par une Arabie Saoudite sur le déclin (voir http://symbole.chez.com/messie3.html).

Le moment de cette perfide déclaration du Président Iranien a été bien choisi, car le point de non retour dans la fabrication de l'arme nucléaire est déjà derrière lui (voir www.nuitdorient.com/n2615.htm )

Le prix du pétrole brut a triplé permettant à l'Iran de constituer un matelas financier pour faire face à d'éventuelles sanctions. Le Grand Satan est occupé en Irak. L'Iran y envoie des agents qui entretiennent l'insécurité, préparant la naissance d'une république islamique. Par ailleurs le principal client du pétrole Iranien est la Chine qui protège son fournisseur privilégié au Conseil de Sécurité de l'Onu où elle a un droit de veto. Il en est de même de la Russie, principal fournisseur d'armes et de matériel nucléaire.

Ali Khamenei joue sur du velours en cherchant à imposer l'Iran comme la principale puissance musulmane osant défier l'Occident et ses valeurs. Et c'est une puissance Shiite bientôt nucléaire.

 

Ariel Sharon a l'ambition de tracer les futures frontières de l'état d'Israël. Devant l'ascension imprévue d'un homme charismatique à la tête du principal parti d'opposition, Sharon a pris le risque de quitter son parti, le Likoud, pour en former un autre et d'avancer la date des élections à mars 2006. Double coup de balafre dans l'unité formelle du parti et à la règle qui voudrait qu'un gouvernement aille jusqu'au bout de son mandat, à moins qu'il ne soit mis en minorité. Éclaboussé par des scandales financiers, Ariel Sharon veut laisser une trace indélébile de son action politique. Et il a choisi d'avoir les coudées franches pour un nouveau désengagement de Judée et de Samarie qui lui permettrait de dessiner les contours de l'Etat, estimant qu'il est le mieux placé pour le faire.

Nous avons maintes fois répété dans ces colonnes que la viabilité et la continuité d'un territoire imbriqué dans un autre se faisait au détriment de ce dernier. Il faut donc choisir, ou bien la Palestine sera viable ou bien cela sera Israël. Or le Département d'Etat américain et Condoleeza Rice cherchent à dessiner les contours de la future Palestine et ils revendiquent un état viable et continu.

Sharon et son nouveau parti Kadima ou tout autre parti arrivant au pouvoir aura du mal à résister aux pressions américaines. Les coups de balafre attendus dans la continuité et la viabilité territoriale d'Israël sont la liaison Gaza-Cisjordanie, la bande E1 entre Jérusalem et Maalé Adoumim, la vallée du Jourdain.

 

 

Note

(1) ces menaces constituent un danger mortel non seulement pour Israël mais pour toute la région, car le tir d'un première fusée nucléaire iranienne ne peut être d'une grande précision, avec une grande probabilité de chute sur un territoire non visé, voire sur l'Iran. De même les missiles anti-missiles Arrow dont s'est doté Israël peuvent aisément intercepter ou dévier toute fusée en vol, avec de grands risques pour l'Iran. Un premier tir iranien a d'énormes chances de ne pas atteindre Israël. À partir de là, tout est prévu pour dissuader toute autre velléité iranienne d'attaque nucléaire.

Ceci expliquerait le non empressement des Etats-Unis à résoudre cette question, sans que l'on sache exactement pour qui joue le temps.

 

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