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ABSURDITÉ NUCLÉAIRE: À L'ONU, LA MENACE VIENDRAIT DES ETATS-UNIS ET NON D'IRAN!

 

Éditorial dans Opinion Journal, émanation du Wall Street Journal du 7 mai 2005

Traduit par Albert Soued, www.chez.com/soued/conf.htm

Pour www.nuitdorient.com

 

Les 188 signataires du Traité de Non Prolifération Nucléaire (TPN) se rencontrent ce mois-ci pour revoir cet accord, et ils ont sûrement de quoi faire.

La Corée du Nord, qui a quitté le TPN en 2003, a récemment testé un missile balistique dont la tête peut recevoir une ogive nucléaire. Et l'Iran, signataire du TPN, a repris certains de ses programmes nucléaires suite à l'impasse dans les pourparlers avec le groupe des 3 européens (Grande Bretagne, France, Allemagne) ou E3. Ceux-ci ont essayé sans succès d'amener Téhéran a arrêter définitivement son programme nucléaire, en échange de concessions commerciales et politiques.

Comme s'il n'y avait pas assez d'événements sur notre planète, la conférence sur le TPN se tenant à l'ONU, au lieu d'essayer de brider les ambitions nucléaires de régimes qui soutiennent le terrorisme, on assiste à une frénésie pour éviter de résoudre les problèmes et à un accès de moralité affectée, aux dépens des Etats-Unis.

 

Kofi Annan a donné le ton dans son allocution d'ouverture: "Les pays qui souhaitent exercer leur droit indubitable à développer et à utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques ne doivent pas insister à dire qu'ils ne peuvent le faire qu'à travers des moyens pouvant conduire à l'arme nucléaire". En cela le secrétaire général a raison. Comme l'ont noté les experts en non prolifération Henry Sokolski et George Perkovich dans le Wall Street Journal la semaine dernière, il est certain que le TPN ne permet pas de développer une énergie nucléaire civile qui puisse mener à la bombe en un tour de main.

M. Annan a poursuivi en demandant des coupes drastiques dans l'arsenal nucléaire russe et américain, au delà des 2/3 déjà acquis. On peut se demander quel rapport il y a avec les problèmes urgents auxquels est confronté le TPN. C'est justement la dissuasion nucléaire américaine qui a contribué à la stabilité dans le monde ces 60 dernières années. Ce qui est surprenant dans le propos de M. Annan c'est qu'il semble assimiler les menaces nucléaires actuelles à quelque chose comme "le réchauffement de la planète" où tous les pays ont leur part de responsabilité sur le plan moral, le désarmement dans le cas des Etats-Unis, la non prolifération dans le cas de l'Iran.

Aussitôt parlé d'équivalence morale, le chœur a commencé à se produire. Parlant d'une coalition du désarmement groupant l'Egypte, le Mexique, la Suède et le Brésil, la représentante de la Nouvelle Zélande, Marian Hobbs s'est dite "beaucoup déçue par les progrès peu satisfaisants des pays nucléaires". En écho, Jimmy Carter a traité les Etats-Unis de "principal coupable dans l'érosion du TPN". Il a écrit récemment "prétendant protéger le monde des menaces de prolifération en Irak, en Libye, en Iran et en Corée du Nord, les dirigeants américains ont non seulement abandonné les garde-fous existants du traité, mais ils ont annoncé des plans de développement de nouvelles armes".

On n'aurait pas rapporté ces propos du prix Nobel de la Paix, s'ils n'étaient pas en phase avec l'esprit de cette conférence du TPN. Ils sont même très proches du point de vue iranien. Le ministre des Affaires étrangères iranien Kamal Kharazzi a clamé "les arsenaux des puissances nucléaires existantes sont les principales menaces pour la paix globale et la sécurité…on doit poursuivre avec vigueur les mesures de désarmement nucléaire unilatéral"

Il s'agit d'une déclaration hardie, venant d'un pays qui développe secrètement depuis 18 ans un programme d'armes nucléaires, qui a mis de côté 3 milliards $ pour acheter sur le marché noir des ogives nucléaires, qui a constamment violé ses engagements répétés de cesser d'enrichir de l'uranium et qui a construit des usines en plusieurs exemplaires et une infrastructure souterraine pour son programme nucléaire dit "civil".

Il s'agit encore une fois de l'habileté diplomatique de Téhéran qui utilise le TPN pour éloigner l'attention du monde de ses propres manquements.

Le directeur général de l'IAEA (international atomic energy agency), Mohamed El Baradei avait proposé d'imposer un moratoire global sur toute usine nouvelle nucléaire "à combustible recyclé", jusqu'à ce qu'une nouvelle convention de contrôle puisse être négociée et appliquée. Pour donner le bon exemple, l'administration Carter de l'époque s'est condamnée volontairement il y a bien des années à ne pas développer ces activités.

Personne n'a suivi son exemple et encore moins l'Iran.

Dans une nouvelle stratégie énergétique, le président Bush souhaite reprendre cette activité nucléaire et il ne voit pas pour quelle raison il entraverait son programme, sinon entretenir la fiction que l'Iran et les Etats-Unis ont les mêmes obligations de non prolifération. On parlera certainement à l'ONU d'"obstructionnisme" américain…

 

Tout cela sert les intérêts de l'Iran, car ce pays joue le temps afin de fabriquer en secret des armes nucléaires. Maintenant l'Iran parle ouvertement d'enrichir de l'uranium, clamant que c'est son droit selon le TNP; et cela posera quelques problèmes au E3. Le conseil des gouverneurs de l'IAEA se réunit à nouveau en juin et une décision doit être prise quant aux manquements répétés de l'Iran eu égard au TPN et pour porter la question au niveau du Conseil de Sécurité.

Comme dans le passé, l'Iran s'attend à un sursis du côté européen. Nous aussi. Il est évident que les efforts des E3 avaient plus pour but de faire patienter les Etats-Unis que d'arrêter les activités nucléaires iraniennes. Mais pour l'administration Bush, la réunion de l'IAEA est une opportunité pour montrer au grand jour le bluff européen et de s'échapper du miroir aux alouettes onusien où est tombée la question iranienne. Ce  sera certainement un moment de clarté et nous espérons également un moment de décision résolue. (1)

 

Note de la traduction:

(1) Le bombardement des 350 sites iraniens ne serait plus à l'ordre du jour et il en est de même de la carotte des "concessions économiques", rejetées d'ailleurs par les mollahs. Il semblerait que les Américains s'orientent vers une 3ème voie décrite dans un article parallèle de David Johnson, paru dans FrontPageMagazine du 6 mai 2005, un régime démocratique par les urnes…!

Les Américains étant occupés avec l'Afghansitan et surtout l'Irak, le baril de pétrole avoisinant les 60 $, les mollahs iraniens jouent sur du velours, car ils ne sont plus menacés de l'extérieur. Par ailleurs, la menace intérieure due au mécontentement général de la population peut être contrecarrée par un appareil d'état répressif forgé depuis fort longtemps.

 

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