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Illusions d’Optique Occidentales

 

Par Jean-Pierre Bensimon

19 octobre 2014

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Le diagnostic des dirigeants occidentaux sur le chaos actuel au Moyen-Orient semble gravement faussé par trois illusions d'optique, explicables sans doute autant par la naïveté que le calcul :

- la confusion entre le terroriste et le djihadiste;

- la sous-estimation du risque stratégique global posé par un Hamas militarisé;

- l'idée que l'Iran, reconnu comme puissance régionale, pourrait jouer un rôle stabilisateur.

 

Il y a eu au cours de l'été cette héroïque défense d'Israël arrosé sur tout son territoire par une épouvantable pluie de 4.500 roquettes. Elle suivait les enlèvements de trois de ses adolescents au sortir de leur école, et leur froide exécution, un traumatisme inouï pour la nation. Pendant près de deux mois, dans un concert d'alarmes stridentes, toute une population s'est ruée nuit et jour dans les abris, les entrées d'immeuble et les magasins, quand elle ne se couchait pas à même le sol, à distance des véhicules, comme le prescrivaient les consignes. A peu près au même moment l'État islamique (EI) prenait Mossoul et étalait dans les média, avec toute l'arrogance de sa foi, les destructions massives, la déportation des habitants, les boucheries de masse, les décapitations, l'enlèvement et la vente des femmes. 

 

L'Occident a tressailli devant ces horreurs, y voyant l'œuvre du "terrorisme islamique." Il était d'autant plus inquiet de l'avènement de ce terrorisme qu'après la décomposition de l'État syrien, l'État irakien se disloquait à son tour, annonçant un risque généralisé sur les structures politiques du Moyen-Orient. 

En revanche, dans le cas d'Israël arrosé de roquettes, si le Hamas était désavoué du bout des lèvres, Jérusalem devenait la cible d'une campagne médiatique féroce en Europe. Jacques Attali, l'un des plus vils, accusait "le gouvernement d'Israël... de tirer aveuglément sur les civils palestiniens" - François Hollande parlait de "massacre" et Laurent Fabius de "carnage" pour désigner les tentatives d'Israël de mettre fin au déluge de feu, et de neutraliser les tunnels d'attaque contre son territoire. Le Hamas se transmutait en "résistant" plus qu'en "terroriste" et, à la différence de l'EI, son attaque brutale de la démocratie voisine était ramenée, mezzo voce, à un simple épisode d'un conflit d'importance secondaire, localisé et sous contrôle.

 

Double illusion: l'EI n'est ni "terroriste" ni "résistant," pas plus que le Hamas. Ils sont l'un et l'autre djihadistes. La menace de l'EI est "stratégique" mais celle du Hamas l'est tout autant. L'EI et le Hamas sont deux bras d'une même pieuvre qui s'acharne sans répit à modifier les cartes du pouvoir dans la région, en rêvant de soumettre un jour le monde entier à la "vraie religion

 

Terrorisme ou djihadisme?

Le terrorisme consiste à utiliser une violence parfois sans limites, comme les bombes au milieu de la foule, à des fins politiques, hors de toute légalité, et sans épargner les civils. Il escompte que la terreur provoquée par les destructions, les mutilations, et les morts, désorientent ses adversaires et les fassent céder. 

Le terrorisme se distingue radicalement du djihadisme:

1 - Les objectifs du terrorisme sont particuliers et limités: ce dernier vise un gouvernement, un groupe, une catégorie sociale, et ses motifs sont rarement religieux. Les démarches de l'IRA, de l'ETA, des Brigades rouges italiennes, d'Action directe, sont de bons exemples du terrorisme contemporain. Comparativement, les objectifs du djihadisme sont extraordinairement amples, touchant le monde entier et le destin de l'humanité : répandre la soumission à Allah à toute la planète, implanter la charia (loi islamique), mettre fin partout au pouvoir des Infidèles, telles sont ses perspectives;

2 - Les méthodes et les moyens d'action divergent: le mode d'action principal et souvent unique du terrorisme est la violence. Le djihadiste lui, dispose d'une panoplie infiniment plus variée. Il peut "répandre la Parole de Dieu", par la prédication. A l'autre bout, "il combat sur le chemin de Dieu", c'est à dire qu'il mène la guerre sainte contre les pouvoirs Infidèles ou Hypocrites (les faux-musulmans). Le djihadiste ne commet jamais d'acte terroriste puisqu'il ne reconnait pas les lois des hommes et leurs interdits concernant la violence: il se contente d'agir au service d'Allah selon les prescriptions de la charia. Et à la différence du terroriste qui réaliste des "coups ponctuels successifs", son utilisation de la violence s'inscrit dans une vaste guerre sainte, avec une stratégie et des tactiques. Cela durera éventuellement pendant des générations, comme l'enseignait Yasser Arafat à ses ouailles. Au-delà de la guerre et de la prédication, le champ d'action du djihadisme s'étend naturellement aux modalités annexes de la conquête du pouvoir : aux sphères diplomatique, juridique, médiatique, technologique, artistique, etc. Le djihadiste mène alors le djihad diplomatique (Mahmoud Abbas, Hassan Rouhani), le djihad judiciaire, le djihad technologique... qui sont autant d'efforts sur le chemin d'Allah;

3 - Les acteurs du terrorisme ont peu de choses en commun avec ceux du djihad: les terroristes ont en commun l'ethnie, la nation, l'appartenance à un groupe social, un adversaire donné. Les acteurs du djihadisme sont innombrables puisqu'il suffit d'appartenir à l'espèce humaine pour rejoindre ses rangs. Tout être humain ayant récité la profession de foi est susceptible de devenir un djihadiste, de petit ou de haut grade. Il n'y a aucune barrière induite par la nationalité (une notion humaine et non divine), la race, les frontières, la tribu, l'appartenance sociale, la langue... C'est ainsi que de jeunes français ne parlant pas l'arabe sont intégrés aux forces du djihad en Syrie ou en Irak, de plein droit en vertu de leur foi, et non en tant que Brigade internationale. Tous sont frères en religion, du combattant du Hamas, de Boko Aram, ou du Mujao, aux hommes de Jabbat al Nosra, ou du calife Abou Bakr al Baghdadi. Les terroristes ont peu d'amis, ceux du djihadiste ne se comptent pas;

4 - L'inscription dans la durée différencie aussi terrorisme et djihadisme: l'agenda du terrorisme découle de ses objectifs, qui sont limités. Relativement au djihadisme, son horizon est proche. Celui du djihadisme, planétaire, est au-delà de la vie humaine. Il est recommandé au moudjahid d'aimer la mort; il ne verra jamais le fruit de son sacrifice, du moins sur terre. Avec l'évolution du rapport de forces, la stratégie et les objectifs du djihad changent, la conquête progresse par étapes. L'OLP offre l'exemple particulièrement significatif d'un djihad par étapes, formalisé dans la Résolution du Caire du 9 juin 1974. Dans la phase actuelle, en vertu de son évaluation du rapport des forces, Mahmoud Abbas met provisoirement l'accent sur le djihad diplomatique plutôt que militaire. Il se tourne vers l'ONU, tente d'élargir une coalition mondiale contre Israël, avec des revendications limitées : le retrait d'Israël sur les lignes de 1967 et la re-division de Jérusalem. Mais ce n'est pas de la diplomatie, c'est le djihad. A l'étape suivante, le territoire concédé par Israël devient une nouvelle base avancée du combat sacré, avec des volets politiques, diplomatiques, médiatiques, et militaires adaptés. Les deux grandes erreurs stratégiques d'Israël (l'évacuation du Liban sud en mai 2000 et de Gaza en août 2005, sous les insistants auspices des Etats-Unis) ont montré cruellement que le djihad est un virus mutant qui ne perd jamais de vue ses objectifs stratégiques. Le terrorisme est un virus infiniment plus modeste ;

5 - La dernière différence entre le terrorisme et le djihadisme réside dans le corpus doctrinal. Le fond doctrinal du terrorisme est extrêmement sommaire ; l'anarchisme, le nihilisme, le totalitarisme pour le terrorisme d'État. Le djihadisme, au contraire, repose sur un socle idéologique et théorique considérable. On peut le rattacher au Coran des début de l'Islam (le mot djihad y figure 41 fois) et à l'école de Ibn Hanbal du début du 9ème siècle. De nombreux stratèges/théologiens l'ont enrichi dans des œuvres imposantes : les plus connus sont Ibn Taymiyya au 14ème siècle, Abd al Wahhab au 18ème siècle, Maulana Maududi et Sayyid al Qotb au 20ème siècle.

 

En cataloguant comme "terroristes" des actes commis dans le cadre du djihad, l'Occident masque la réalité et l'ampleur de la menace. Cette requalification du djihad en terrorisme est inconnue dans le monde islamique où les horreurs de la guerre sainte déclenchent parfois l'enthousiasme, comme à l'annonce des exploits du 11 septembre. Elle innocente aux yeux des Occidentaux la religion de paix et de tolérance de la violence et de la barbarie de certains de ses adeptes engagés "sur le chemin de Dieu" C'est une tartufferie. Ce sont des musulmans et non des anarchistes ou des nationalistes qui mettent aujourd'hui le Moyen-Orient en feu, et qui sacrifient leur vie pour le triomphe de leur foi, de l'islam. Les mêmes, enhardis par leurs victoires, louchent vers l'Europe, une autre terre à purifier. Tant que l'Occident inventera des "terroristes" ou des "résistants" pour masquer les djihadistes, il ne pourra pas élaborer une réponse adéquate et cohérente. En attestent ses difficultés à comprendre l'affection et le respect sonnants et trébuchants que réservent à ces soi-disant "terroristes," ses alliés de la coalition contre EI, les Saoudiens, les Qataris, les Turcs, etc.

 

Tout cela ne signifie pas que tous les Musulmans adeptes du jihad pratiquent leur foi à l'unisson ou selon les mêmes méthodes. Ils divergent, polémiquent, se font la guerre, se réconcilient parfois. Le djihad de Mahmoud Abbas et celui de Khaled Meschaal, leurs méthodes, leurs objectifs opérationnels, leurs priorités, sont différents. Mais leur but stratégique est identique, Mahmoud Abbas l'a dit et répété, et il faut avoir une âme européenne ou washingtonienne pour ne pas l'entendre.

L'assimilation du djihadiste à un terroriste (ou un "résistant" dans la sémantique de légitimation en Occident) a l'avantage, on l'a vu, d'épargner à l'islam et aux musulmans le fardeau des actes de barbarie médiatisée des "soldats de Dieu" bien qu'ils lèvent haut le Coran. Elle a le grave inconvénient d'amener les autorités occidentales à traiter le djihadisme comme un phénomène terroriste et de lui apporter de simples réponses policières et militaires. Or le djihad est une idéologie toxique et funeste qui doit être traitée en tant que telle. Par exemple en s'en prenant à ses foyers de diffusion, à son financement, aux filières qui l'acheminent au plus près de ses premières victimes: les populations musulmanes et les convertis. Cela renvoie à la question essentielle des alliances entretenues par l'Occident, les Etats-Unis en tête, avec les pétro-théocraties, architectes de cette peste contemporaine. Et, second exemple, il est possible d'agir en accordant des soutiens massifs aux vraie élites arabo-musulmanes, remarquables et nombreuses, qui tentent de moderniser l'Islam et d'abroger ses archaïsmes.

 

Le risque stratégique posé par l'EI et le Hamas

Un sentiment d'impuissance et d'inquiétude a saisi l'Occident au spectacle de l'offensive d'al Baghdadi et des monstruosités qui l'ont accompagnée. Benjamin Netanyahou a souligné l'unité profonde des mouvements djihadistes, du Hamas à Boko Aram en passant par l'EI, "fruits du même arbre empoisonné." La Maison Blanche a radicalement rejeté cette analyse. Elle a identifié le risque stratégique de l'EI et de son califat sur les États éclatés (Syrie, Irak) ou fragilisés du Moyen Orient, l'Arabie saoudite, la Jordanie et les Émirats du Golfe. Mais elle tient à respecter la susceptibilité de ses alliés arabes et à préserver l'unité de l'étrange coalition imaginée pour "dégrader" et "détruire" l'EI. Elle refuse donc de reconnaitre la profonde unité doctrinale du Hamas, de Boko Haram, de l'EI et de beaucoup d'autres. 

Ce qui est plus grave à moyen terme, c'est que la Maison Blanche ne voit pas que le Hamas est une force au moins aussi toxique que l'EI pour d'autres États-clé du monde arabe. En effet, le Hamas, aux avant postes de la propagation de l'idéologie des Frères musulmans, est inlassablement impliqué dans des menées djihadistes, contre Israël, mais aussi contre les "modérés" de Ramallah, et surtout l'Égypte, qui combat les clones de l'EI et du Hamas au Sinaï et sur sa frontière libyenne. Les liens du Hamas avec le Hezbollah ne font pas non plus l'affaire des Saoudiens ni des Jordaniens. Combattre l'EI et épargner le Hamas, ne pas faire de sa démilitarisation une priorité occidentale, c'est l'assurance de l'échec de la coalition et d'une la fragilisation supplémentaire au cœur du monde arabe. C'est la seconde illusion d'optique grave dont il faut prendre conscience.

 

L'Iran comme futur stabilisateur du Moyen-Orient

La troisième illusion d'optique est de loin la plus grave. Dans le désir ardent d'éviter à tout prix l'affrontement direct avec les moudjahids fanatiques de l'EI, nombre d'Occidentaux se sont inventé le conte apaisant d'un Iran fréquentable, prêt à d'endiguer le chaos qui ronge le Moyen-Orient, une fois adoubé comme puissance régionale. François Hollande et d'autres voulait l'inviter aux conférences de la coalition. Le sénateur américain Lindsay Graham avait ouvert la voie avant de se rétracter, et John Kerry a lancé des ballons d'essai, au point qu'il est difficile de se faire aujourd'hui une idée précise de la position américaine, laquelle intègre dans ses calculs l'éventualité d'un accord avec Téhéran sur le dossier nucléaire. 

Au niveau zéro de l'analyse, l'Iran semble légitime. Il parait être un État relativement solide, dont les institutions fonctionnent, et qui affiche un esprit de conciliation et de modération depuis le remplacement d'Ahmadinejad par Hassan Rouhani. Mais quand on remise les fantasmes et les mirages, l'étiquette de modération de l'Iran se dissipe vite.

 

Non seulement l'Iran a armé le Hamas et le Hezbollah, et entrainé leurs moudjahids, mais les généraux des Gardes de la Révolution ont inventé le binôme tactique missiles/guerre des souterrains qui pose un défi si complexe à Israël. Rouhani s'est engagé en  septembre à réarmer le Hamas et à libérer al Qods (Jérusalem). Lors de sa dernière attaque à la bombe dans le nord d'Israël, le Hezbollah qui agit sur instructions iraniennes, dit avoir envoyé "un message" à l'État juif, c'est-à-dire proféré une lourde menace. L'Iran continue de tenir à bout de bras le régime massacreur de Assad. Téhéran agit aussi puissamment au Yémen. Ce pays, de 24 millions d'habitants et porte de la Mer Rouge, vient de basculer entre les mains des rebelles Houthis. Ce sont des chiites appartenant à l'obédience zaïdite alors que les Iraniens sont duodécimains. Cela n'a pas empêché Téhéran de les armer et de les entrainer des années durant, avec le concours du Hezbollah, pour aboutir au renversement stratégique d'aujourd'hui. Des Houthis auraient même été envoyés sur le front syrien. 

 

En un mot l'Iran est le premier foyer du djihad mondial. Il est à l'offensive sur tous les fronts qu'il a ouverts depuis des décennies et il demeure le premier sponsor du djihadisme mondial. Le régime des mollahs reste le régime expansionniste de la "vraie foi" qu'il a toujours été. Quand en 1991, au sortir de la guerre avec l'Irak, on demandait à Ali Khamenei: "Cherchez-vous à préserver l'intégrité de notre terre ou son extension?", il répondait, "Nous voulons son extension". En 2008, l'actuel chef des Gardiens de la révolution, Mohammad Ali Jafari,  confirmait: "Notre imam n'a pas limité le mouvement de la Révolution islamique à ce pays, il a tracé de plus vastes horizons." Aujourd'hui, l'Iran poursuit son programme d'armement nucléaire dans les filières uranium et plutonium, et de développement de missiles balistiques. Les négociations avec le groupe P 5 + 1 piétinent depuis plus de six mois car l'Iran veut accroitre et non pas réduire le nombre de ses centrifugeuses, conserver la filière plutonium, et refuser de mettre sur la table ses missiles intercontinentaux, conformément aux vastes horizons djihadistes souhaités plus haut.

Ce régime "modéré" s'illustre aussi en politique intérieure. Depuis l'élection de Rouhani, il y a quinze mois, le régime a exécuté officiellement 1.000 peines de mort, ce qui en fait le numéro 1 mondial du nombre d'exécutions par habitant. Aujourd'hui, un ayatollah, Hossein Kazamani Boroujerdi, le "Mandela" iranien, partisan de la séparation entre la religion et l'État, attend la mort dans sa cellule de Evin. Reyhaneh Jabbari, condamnée à 19 ans à la même peine pour avoir poignardé un homme qui voulait la violer, pourrait avoir été sauvée après un simulacre d'exécution. Son cas avait pu être évoqué à l'ONU. Ghoncheh Ghavami, une juriste formée à Londres attend son jugement en prison, depuis plusieurs mois, pour avoir assisté à un match de volley-ball masculin. Les peines d'amputation et de flagellation, la lapidation, et l'exécution capitale bien sûr, font toujours partie de l'arsenal pénal iranien, celui de la charia.

 

On a beaucoup parlé de l'élection démocratique de Hassan Rouhani, à la différence de son prédécesseur Ahmadinejad dont la reconduction truquée avait provoqué une phase d'émeutes, la Révolution verte de 2009. Mais il est aujourd'hui certain que l'élection de Rouhani a été tout aussi frauduleuse, et le peuple iranien encore une fois berné (voir l'étude de Marie Ladier-Foulani in Confluence Méditerranée Hiver 2013/2014).

Et pour résoudre l'équation de l'EI, pour stabiliser la région en ébullition, c'est au premier régime djihadiste au monde que l'Occident remettrait les clés du Moyen-Orient ! Quelle illusion ! D'autant que pour isoler l'EI et le priver de sa principale ressource en hommes, la seule option est de convaincre les tribus sunnites de lui retirer leur soutien. Or la seule évocation d'une interférence chiite dans la coalition d'Obama suffirait à les river un peu plus à Abou Bakr al-Baghdadi. Le chiisme est un souvenir cauchemardesque pour ces tribus; par le truchement de Nouri al Maliki, l'ancien chef de l'Irak, l'Iran leur avait porté des coups terribles.

 

Faute d'une analyse réaliste de la décomposition des États dans le monde arabe et du rôle clé de l'Iran dans ce processus, faute de leadership avec une Europe sans colonne vertébrale et un président américain prisonnier de ses étroites certitudes, l'Occident est toujours dépourvu de stratégie, comme l'a concédé un temps Obama. La coalition qu'il a bâtie a la prestance d'un polichinelle militaire. Le djihad est plus que jamais à l'offensive. Son chef d'orchestre est l'Iran. Il est temps d'ouvrir les yeux.