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Israël Devrait Adopter le Plan de Paix du Monde Arabe

qui est une Zone de Guerre ?

 

Par Emmanuel Navon, dirige le département de Science politique et de Communication au Collège universitaire orthodoxe de Jérusalem et enseigne les relations internationales à l'Université de Tel Aviv et au Centre interdisciplinaire d’Herzliya. Il est membre du Forum Kohelet de politique publique.

I24News – 22/10/14

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Les récentes discussions sur "l'Initiative de paix arabe" laissent pantois.

Le monde arabe est une véritable zone de guerre. La Syrie est ravagée par une guerre civile qui dure depuis trois ans. L’Irak et la Libye ont implosé et sont fragmentés en fiefs belligérants. La souveraineté du Liban est entre les mains de l'Iran et du Hezbollah. Le groupe État islamique (EI) se propage en dépit des frappes aériennes occidentales et pourrait s’emparer du faible royaume hachémite. L’Iran contrôle à présent quatre capitales arabes : Bagdad, Damas, Beyrouth, et Sanaa.

 

Et Israël devrait saisir des deux mains cette offre de paix promise par la région la plus violente, la plus dysfonctionnelle et la plus belliqueuse du monde ?

L '"Initiative de paix arabe" est un oxymore. Elle appelle à un retrait israélien du plateau du Golan afin de parvenir à la paix avec la Syrie. L’ennui est que la Syrie n'existe plus. Israël serait censé signer un accord de paix avec Bachar al-Assad, qui contrôle à peine un quart de son pays virtuel, ou avec l’EI?

 

Au sujet de la question palestinienne, le texte de l'initiative appelle à "parvenir à une juste solution au problème des réfugiés palestiniens conformément à la Résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations Unies". Le sens de cet article est qu’Israël doit accepter le soi-disant droit au retour. En d’autres termes, une fois qu’Israël sera devenu un Etat binational avec une majorité arabe et qu’il aura donc cessé d'être l'État-nation du peuple juif, il pourra être reconnu par ses voisins.

En 2008, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert proposa au président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas un retrait complet d'Israël, mais sans la pleine acceptation du "droit au retour" palestinien. Abbas n’accepta pas l'offre, affirmant qu'il ne pouvait pas abandonner le "droit au retour".

La Ligue arabe ne peut pas "offrir" la paix à Israël au nom d'un leadership palestinien qui refuse de transiger sur le "droit au retour". C’est précisément la raison pour laquelle l '"Initiative de paix arabe" défend le "droit au retour" en se référant à la résolution 194 de l'ONU.

 

Si Israël avait des doutes sur la sincérité de ses voisins et sur ​​leur capacité à livrer la marchandise, alors, nous dit-on, il peut certainement compter sur les garanties européennes. Aucun diplomate européen, bien entendu, ne tombera dans un piège à touristes ou acceptera de faire des compromis sur la sécurité d'Israël. La récente conférence des donateurs pour Gaza en est la preuve.

La conférence a promis 5,4 milliards de dollars. Le ministre norvégien des Affaires étrangères Borge Brende a déclaré que la moitié de ce montant sera consacré à la reconstruction de Gaza. Il n'a pas expliqué à quoi servira l'autre moitié. La reconstruction de la bande de Gaza et "l'autre moitié" vont coûter 568 millions de dollars au contribuable européen. Heureusement que les gouvernements européens se sont engagés à ce que l’argent soit versé "uniquement" à l'AP. Il n'y a aucun risque à ce que cet argent se retrouve entre les mains du Hamas, même s’il fait partie du gouvernement d’union qui dirige l'AP depuis juin 2014, et même s’il contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007.

Aucun des pays donateurs n’a exigé du Hamas de désarmer, de s'engager à ne pas attaquer Israël à nouveau ou de ne pas reconstruire de tunnels vers Israël. Le Hamas peut raisonnablement en conclure que sa décision d'attaquer Israël s'est avérée un investissement rentable.

Mais si Israël a des doutes quant à la fermeté de l'Europe, sans doute peut-il compter sur la fiabilité de l'Amérique, n’est-ce pas? Après tout, l'administration Obama sait être dure envers l'Iran. Elle vient de donner un préavis à Téhéran sur les frappes aériennes qu’elle compte mener contre l’EI en Syrie. Le guide suprême iranien Ali Khamenei a récemment révélé que le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait contacté son homologue iranien pour coordonner la lutte contre l’EI. L'ancien secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a admis dans son livre récemment publié (Worthy Fights) que le départ précipité des forces américaines d'Irak a coûté aux Etats-Unis son rôle de rempart contre le sectarisme chiite et contre l'influence iranienne.

L'administration Obama a perdu la partie d’échecs avec l'Iran. Le président turc Recep Erdogan a conditionné sa participation à la coalition anti-EI par un engagement des Etats-Unis de renverser Bachar al-Assad. Un tel engagement, cependant, porterait atteinte à la coopération entre l'administration Obama et Téhéran contre l’EI. D’ailleurs, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères a récemment averti que toute tentative américaine de renverser Assad mettra Israël en danger. L'attaque du Hezbollah contre Israël le 7 octobre dernier était sans soute une mise en garde sur le sérieux de l'Iran.

 

Les "processeurs de paix" qui affirment que les Israéliens devraient prendre leur destin en mains en acceptant "l’initiative de paix arabe". Ils voudraient que nous comptâmes sur les intentions pacifiques des djihadistes, sur la sincérité des Européens et sur compétence des Américains.

 

Avec un pareil sort entre ses mains, il faut de bonnes jambes pour courir.