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Du Crépuscule à la Nuit Profonde au Moyen Orient

 

Par Albert Soued, écrivain http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com  

Conférence à Paris le 20 février 2012 – Loge Tsedek du Bnai Brith

Voir aussi les 50 derniers articles et toutes les informations de politique générale au Moyen Orient 

 

Sortis de leur péninsule il y a 14 siècles, les Arabes ont découvert d’autres cultures et d’autres civilisations. En réussissant à conquérir une grande partie du monde connu de l'époque, ils se sont nourris de connaissance, et c’est ainsi qu’ils ont progressé pendant l'âge d'or d'al Andalous qui a duré un siècle, grâce à des dirigeants éclairés.

Depuis cette époque, les Musulmans ont vécu un déclin continu, déclin dû pour l'essentiel à des chefs médiocres et corrompus; jusqu'à la disparition du califat en 1923 et la transformation de leur centre spirituel, la Turquie, en un pays laïc.

Pendant près d'un siècle, le Proche Orient a été colonisé par la France, l'Angleterre et l'Italie. Pendant une trentaine d'années, le Moyen Orient a été mis sous tutelle ou sous mandat français ou anglais par la Société des Nations. Mais tous ces pays sont libres et devenus indépendants depuis plus d'un demi-siècle. Qu'ont-ils fait de leur liberté et de leurs richesses naturelles pour ceux qui en avaient ? Un rapport de l'Onu est accablant sur le plan socio-économique. Cette région arabo-musulmane est une des plus arriérées de la planète. L'Islam ne cesse de décliner.

Un spécialiste israélien de l'utopie politique, devenu depuis président, avait écrit, il y a une trentaine d'années, un livre intitulé "le Nouveau Moyen Orient". Je l'avais offert à une amie et j'ai été surpris de voir qu'il lui avait servi comme support d'équilibrage d'un gros meuble. Peut-être de la clairvoyance. Parce qu'en 30 ans, le Moyen Orient, sauf exceptions, est resté figé, sinon a régressé, sur le plan socio-économique.

Un écrivain indien Naipaul avait déjà écrit en 1981 un livre précurseur intitulé "le Crépuscule sur l'Islam" et il n'avait analysé que l'Islam non arabe d'Asie centrale, Iran, Pakistan, Malaisie, Indonésie. Il avait conclu que les orientations prises ne pouvaient que mener à la violence et à l'obscurantisme.

Un recueil de 70 articles écrits par votre serviteur entre 2000 et 2007 "Quand le Moyen Orient verra-t-il la lumière ?" (éd. Publibook) n'a fait qu'annoncer la nuit obscure vécue aujourd'hui et qui risque de déboucher pour l'Occident sur des lendemains qui déchantent. Depuis 2007, 50 autres articles ont été écrits, dont j'essaie de résumer la substance ici.

 

Bref historique sur un siècle

 

Entre les 2 guerres mondiales, un mouvement, celui des Frères Musulmans, et un pays, l'Arabie Saoudite, ont pris le flambeau de la renaissance islamique, chacun à sa manière.

- Créé en Egypte en 1928 par Hassan el Banna, le groupe "Al Ikhwan al Mouslemin", dont le sigle est "le Coran et le Sabre", a une vocation sociale, éducative, et philanthropique. L'idéologie des Frères Musulmans est basée sur la conception selon laquelle "l'Islam est la solution" à tout problème individuel, social et politique. Le califat ne peut renaître qu'au terme d'un long processus, pas à pas, après de multiples étapes, même en marge du pouvoir, et profitant progressivement des circonstances pour y parvenir. Le processus commence par l'éducation du Frère Musulman, puis sa famille, son groupe, enfin toute la société, en les aidant matériellement, en les soignant, puis en s'engouffrant dans les opportunités offertes, comme des élections libres, pour s'insinuer dans le gouvernement et former un Etat dirigé par la loi islamique (sharia'h), libérer les terres d'Islam de l'occupation étrangère, et les unir sous la bannière de l'Islam et diffuser ses valeurs (1-voir FM).

- L'Arabie Saoudite a été unifiée en 1932 par la tribu pauvre des al Saoud, venant de la région centrale et désertique du Najd, et qui avait adopté 2 siècles plus tôt, l'islam pur et dur d'un illuminé Mohamed abdel Wahab. Cette unification s'est faite par les armes, au détriment du détenteur légitime, le roi hashémite Fayçal du Hedjaz, et avec l'aide de l'Angleterre, dans le but notamment d'exploiter les ressources en pétrole.

L'issue de la 2ème Guerre Mondiale a donné naissance à l'état d'Israël et a vu les besoins en pétrole augmenter. Grâce au développement accéléré de l'Occident, un des plus grands détenteurs de réserves pétrolières, l'Arabie, s'est enrichi démesurément. Avec l'argent du pétrole, ce pays a financé l'association des Frères Musulmans et les institutions wahabites qui ont fait tache d'huile au Moyen Orient et dans le monde. Déjà, il y a une dizaine d'années, on comptait dans le monde, financés par les al Saoud, un millier d'émissaires diffusant la doctrine wahabite, 2000 écoles religieuses, 1500 mosquées, 210 centres culturels, 500 collèges construits par l'Arabie. En 25 ans, l'Arabie a dépensé plus de 70 milliards $ pour répandre la foi wahabite dans le monde.

L'Islam avait ainsi d'une part son "bouc émissaire", Israël, pour canaliser la haine des peuples arabes et musulmans opprimés par leurs dirigeants, et d'autre part l'argent, pour diffuser son idéologie, notamment "wahabi alias salafi".

L'Arabie contrôle le lobby le puissant aux Etats-Unis (2-voir lobby arabe) – L'Arabie a été le berceau d'al Qaeda qu'elle cherche aujourd'hui à mettre sous le boisseau, considérant que le jihad pacifique est plus payant.

 

En 1979, une république islamique shiite est née en Iran des errements d'un empereur perse et des faiblesses de son protecteur américain. Les religieux se sont appropriés les richesses du pays, ont asservi son peuple et développé une arme nucléaire d'hégémonie et de conquête, profitant d'une nouvelle faiblesse du "gendarme" mondial. L'islam shiite porte en lui les germes d'une doctrine apocalyptique dangereuse. Bien que ne représentant que 10% de l'Islam, il a semé des pions dans l'ex-fief baathiste, l'Irak et la Syrie, au Liban par le biais du Hezbollah, dans le Golfe à Bahrein, en Arabie orientale et au Yémen, et dans le monde entier via les communautés libanaises shiites, surtout en Amérique Latine et en Afrique de l'Ouest.

Pendant deux décennies, les sbires de l'Iran ont opéré en Europe pour la déstabiliser et obtenir en même temps des avantages stratégiques. Ils poursuivent leur lutte incessante contre les Juifs et Israël, directement ou à travers leurs satellites.

L'Iran diffuse une plaquette détaillée de 17 pages "Au nom d'Allah, l'Iran doit attaquer Israël en 2014", un véritable plan génocidaire précis d'élimination du peuple juif.

 

En 2002, le parti islamique de la Justice et du Développement AKP a pris le pouvoir en Turquie. Depuis cette date, progressivement, il a accaparé tous les pouvoirs du pays, laissant le fondateur laïc de la Turquie moderne, Kemal Ataturk, comme un vague et lointain souvenir, une parenthèse de l'histoire.

 

 

Situation présente dans les principaux pays

 

La crise économique, le développement de Facebook et d'Internet, le discours du Caire d'Obama ont créé le terreau d'un soulèvement des classes moyennes qui sentaient perdre les maigres gains de bien-être et de liberté obtenus, malgré la chape de plomb de régimes autocratiques, malgré les polices, milices, moukhabarat et mouchards, … Habilement les Frères Musulmans sont restés dans l'ombre, apportant aide et secours, dans l'attente d'élections libres qui les mèneraient au pouvoir. Voici les résultats:

- Les autocraties arabes d'Asie ont mieux résisté que celles d'Afrique.

- La démocratie n'est utile que pour promouvoir des élections libres qui, exécutées une seule et unique fois, amènent au pouvoir, l'Islam de la rue, les Frères Musulmans et la sharia'h. Avec la sharia'h, il n'y a plus besoin d'élections, puisque c'est Allah qui décide de tout. Et la boucle est bouclée. Comment voulez-vous qu'un tribalisme oligarchique musulman donne naissance à des démocraties ?

 

Tunisie

La 1ère élection libre a donné comme 1er parti du pays un parti islamiste (al Nahdda) dont le chef Ghanoutchi annonce: "le Français a assez pollué notre langue qui sera dorénavant l'arabe". En douceur, la Tunisie s'oriente vers la Sharia'h.

 

Lybie

Obama a consacré 2 milliards $ pour se débarrasser du laïc Mouamar Gadhaffi, au profit d'un gouvernement de transition qui vient d'adopter la Sharia'h. Toutes les parties eu conflit sont encore armées et on ne sait plus qui gouverne quoi.

 

Egypte

Moubarak renversé et en jugement, les élections ont porté au pouvoir une équipe armée/Frères Musulmans qui finira de saigner le pays, tout en se débarrassant progressivement des infidèles coptes, témoins embarrassants, dont 200 000 ont déjà quitté l'Egypte en quelques mois (3-voir Egypte).

 

Syrie

Dès que les Assad auront quitté le pouvoir, sans doute après quelques 20 000 morts (et nous n'en sommes qu'à 7 000), ce pouvoir sera aussitôt pris par les Frères Musulmans.

 

Bahrein

Le prince dirigeant est toujours là, car l'Arabie veille au grain, contre une majorité shiite appuyée par l'Iran.

 

Yémen

Le président qui a trop duré a été finalement remplacé par le vice-président. Dans ce pays, tout le monde est armé, al Qaeda, les tribus houthis du nord, les partis/tribus socialistes du sud et aussi étonnant que cela puisse paraître, ce pays pauvre semble s'en sortir sans trop de dégâts… grâce aux femmes plus évoluées qu'ailleurs, peut-être aussi grâce au qat.

 

Irak

Ce pays est déjà une satrapie des ayatollahs d'Iran, les brigades de Moqtada Sadr et celles d'al Qods sont déjà là pour nous le rappeler.

 

Maroc-Jordanie

Ces 2 monarchies qui ont une constitution et un parlement ont aussi subi les effets de la révolution, les élections ayant renforcé les élus islamistes qui n'ont demandé, pour le moment, que la tête du 1er ministre qui a changé, respectant encore le monarque, selon la sharia'h.

 

Israël -AP-Hamas

En mai dernier, un éminent journaliste de Haarets (Alouf Benn) prédisait la fin de Bibi, avec une 3ème intifada et des troubles en Israël provoqués par les Arabes. Il y a eu des rassemblements d'Israéliens protestant contre la vie chère et une villégiature bon enfant en été bd Rothshild, mais à ma connaissance Bibi gouverne toujours et aucun Arabe ne s'est manifesté.

L'AP (Autorité Palestinienne) est toujours aussi intransigeante (4- voir octuple Non!), mais ceci n'a rien d'étonnant, quel intérêt a-t-elle à faire la paix, l'argent coulant à flot, venant de partout, sans effort. Le Fatah' peut même se payer le luxe de s'allier avec le Hamas, affaibli, chassé de Syrie et dépourvu des moyens que lui prodiguaient son protecteur iranien.

L'AP est passée maîtresse dans l'art du double langage. En anglais, elle parle de paix et d'amitié. En Arabe c'est la le langage de la haine et de la guerre qui prévaut.

 

Stratégies des Etats-Unis et d'Israël

 

Les Etats-Unis cherchent à contrôler l'approvisionnement en pétrole, protéger leurs intérêts dans le Golfe Persique, et jusqu'à la présidence de GW Bush, faire la police dans la région pour éviter l'émergence d'un pouvoir hégémonique régional. Si cela est nécessaire et si cela sert ses intérêts l'Amérique est prête à protéger ses alliés.

Depuis l'arrivée au pouvoir de l'administration Obama mue par de "bons sentiments" des droits de l'homme, de démocratie et d'élections libres, les données stratégiques ont changé. Obama a lâché ses anciens alliés arabes et malgré tous ses efforts l'image des Etats-Unis chez le Musulman de la rue reste déplorable, et lui-même est déconsidéré, un traitre, un apostat (voir Moubarak).

Et ce n'est pas l'appui apporté à l'Otan contre la Libye de Gaddhafi ou l'élimination de ben Laden ou de quelques sbires d'al Qaeda qui peuvent redorer le blason américain.

Deux courants ont toujours existé aux Etats-Unis, aussi bien dans la société que dans l'armée, le courant "isolationniste" et le courant "interventionniste". Après les résultats mitigés et non concluants des interventions d'Afghanistan (10 ans déjà) et d'Irak (qui aura duré 9 ans), le courant isolationniste s'exprime plus aujourd'hui. Le coût de la guerre a également une influence par temps de crise.

A Washington, il y aurait une sourde querelle entre la clique d'Obama et les tenants d'une Amérique forte et présente dans le monde. Contrairement au Président, des officiels dans des secteurs clés de l'administration Obama sont convaincus que les sanctions n'arrêteront pas le programme d'armes nucléaires de Téhéran et pensent que très rapidement les Etats-Unis n'auront d'autre option que d'attaquer l'Iran ou de laisser faire Israël.

 

Israël, pays minuscule de 21 000 km2, est entouré d'états et mouvements qui s'opposent à son existence et qui briguent sa place au Moyen Orient. Il ne peut survivre qu'en les dissuadant de ne pas l'attaquer. D'où un budget de défense exorbitant et un mode de vie très particulier, adapté pour se prémunir en permanence contre un éventuel envahisseur.

Israël était parvenu à un modus vivendi avec les autocraties arabes, mais pas avec l'Iran des ayatollahs et ses satellites, ni avec l'Autorité Palestinienne qu'il a aidé à installer en 1993, il y a bientôt 20 ans. Les autocraties sont progressivement remplacées par des "islamocraties" encore plus dangereuses, car ayant pour arme non seulement le Sabre, mais aussi le Coran (5- voir conversation Moubarak-Ben Eliezer).

Vu l'exiguïté de son territoire, et la modestie de ses moyens humains, Israël n'a pas d'autre choix que de prendre l'initiative des événements. Par conséquent, il ne peut dépendre de quiconque pour sa défense.

Mais, étant donné leurs interrelations militaires, Israël est obligé de se concerter avec les Etats-Unis, malgré que les intérêts ne convergent pas forcément.

 

Pour qui le temps joue

 

Le pétrole s'épuise dans le temps. Le 21ème s est celui des énergies alternatives, celui de l'inventivité et de l'esprit.

Il n'y aura pas de crise de l'eau, ni guerre de l'eau. Israël sera autosuffisant l'an prochain et pourra vendre des excédents dans une dizaine d'années. Avec son savoir et son expérience il pourra aider toute la région à ne pas manquer d'eau.

De même, avec son expérience en agriculture, Israël a des pays amis partout en Afrique.

Avec les nouvelles réserves de gaz naturel, Israël est moins dépendant de l'étranger et grâce à M Fisher l'économie reste florissante malgré la crise mondiale.

 

Israël a aidé les élites de Ramallah à évoluer et à aimer la paix. Ces élites s'opposeront à la guerre prônée par les islamistes du Hamas ou d'ailleurs.

Les hashémites sont des alliés objectifs d'Israël (6-voir Hashémites)

Oman est une expérience intéressante qu'il faut encourager au détriment du Qatar qui finance les Frères Musulmans en Europe et dont la chaîne al Jazira fait un travail de sape complémentaire à celui des wahabis (7-voir Qatar - Oman)

 

Après les échecs américains en politique étrangère, sur le plan international et surtout au Moyen Orient, un 2ème mandat d'Obama serait néfaste au monde et pourrait provoquer une guerre régionale ou plus. Les Etats-Unis doivent redevenir les gendarmes du monde.

 

L'Europe est incorrigible. Pour l'homme de la rue "le Moyen Orient ? On s'en fout!", et si on lui parle de jihad ? "Laissez moi tranquille, je m'en contre fiche !" – Et là je suis assez pessimiste, car les élites athées et/ou laïques trouvent dans l'Islam apparemment pacifique et convivial une planche de salut (8)

 

Reste l'Iran. Avec l'Arabie, voilà les 2 problèmes majeurs d'aujourd'hui et de demain. Soit on provoque des soulèvements internes dans ces 2 pays, soit on provoque l'étincelle qui les montera l'un contre l'autre, la shia'h contre la sunna. L'Islam intégriste a besoin d'une bonne leçon, et très rapidement, car il donne un faux espoir aux masses musulmanes endormies. Et si on laisse faire, plus dure sera la tâche demain pour l'Occident.

Et je conclus avec le prophète Zacharie 4/6: " Il reprit et me parla en ces termes: "Ceci est la parole de l'Eternel à Zorobabel: Ni par la puissance, ni par la force, mais bien par mon esprit! dit l'Eternel-Cebaot."

 

Notes

(1) L'obscur et diligent président de l'association des Frères Musulmans d'Egypte, Dr Mohamed Badi a déclaré dans le journal "Al Masr al Yom" des 29 & 30/12/11: "Notre Fraternité est sur le point d'atteindre son plus grand objectif, prévu par le fondateur l'imam Hassan el Banna. Ce but sera accompli par l'établissement d'un pouvoir juste et droit, basé sur la sharia'h, avec toutes les institutions et associations, y compris un gouvernement évoluant vers un califat bien dirigé et maître du monde". Il poursuit le lendemain: "Quand la Fraternité a commencé sa mission (daa'wa), elle a cherché à réveiller la nation de sa torpeur et de sa stagnation pour la diriger vers sa vocation véritable. Lors de sa 6ème Assemblée, l'imam el Banna a défini 2 objectifs pour la Fraternité. Le 1er objectif est à court terme et concerne le Musulman qui devient Frère du mouvement et qui en recueille les fruits rapidement. Le 2ème objectif à long terme tient compte des circonstances et des évènements politiques. Il exige d'attendre, de se préparer et de faire des plans, en vue d'une totale réforme du mode de vie… El Banna a défini des buts intermédiaires et des méthodes détaillées pour atteindre l'objectif suprême, allant de l'individu, passant par la famille, la société, le gouvernement, pour aboutir à un califat bien dirigé et maître du monde"

(2) Contrairement au lobby Juif -- populaire auprès de la population et du Congrès – le lobby arabe ne bénéficie d'aucune sympathie de la part du peuple américain. Il est formé d'individus, de sociétés ou de groupes cherchant surtout à défendre le pouvoir d'une oligarchie arabe et à corriger l'image "totalitaire et non démocratique" de l'Arabie, utilisant de temps à autre des arguments pro-Palestiniens pour s'opposer à Israël.

Ce lobby utilise deux méthodes pour arriver à ses fins, la corruption de fonctionnaires et le chantage. Ainsi, l'argent du pétrole contribue à assurer de bonnes retraites à des fonctionnaires, à condition que ceux-ci agissent en faveur des Arabes, dans l'exercice de leurs fonctions. De nombreux Centres culturels (Centre Carter…), Centres d'Etudes Islamiques, Universités … sont financés par des Princes saoudiens. Malgré que le World Trade Center et le Pentagone aient été détruits le 11/09/00 par des terroristes saoudiens financés par l'Arabie, bien qu'une partie de l'oligarchie royale saoudienne n'ait cessé de financer al Qaeda et d'autres groupes terroristes jusqu'à ce jour, les ventes d'armes à l'Arabie n'ont pas cessé non plus depuis 1945. En cas de réticence du Congrès américain, l'Arabie s'empresse de faire quelques achats ailleurs, menaçant de freiner le débit pétrolier.

(3) La junte militaire qui a pris le pouvoir au nom du peuple a devant elle d'énormes défis.

Défi politique: comment arriver à reconstituer un état avec un minimum de démocratie, une "démocratie" adaptée à la société et aux moeurs égyptiennes.

Défi socio-économique, alors que le revenu moyen n'est pas très supérieur à 1300 $/hab/an, que les ressources sont limitées et que près d'un tiers de la population est sans emploi et conditionnée par des sheikhs salafistes rétrogrades.

Défi sécuritaire: comment assurer la sécurité du pays, alors que des bandes de bédouins occupent le Sinaï et rançonnent les pouvoirs publics, à coup d'attentats et de sabotages,

alors que 10% des citoyens, les coptes, vivent dans la peur d'êtres persécutés, harcelés ou tués, alors que le pays a une police puissante et un Service de Renseignement pléthorique (2 millions de personnes), l'armée la plus nombreuse du Moyen Orient (un million de soldats), la plus équipée, avec des officiers de plus en en plus ouverts à l'islamisme.

Défi relationnel avec son voisin, Israël: un traité de paix a été signé en 1979 par Anwar al Sadat et il a été respecté pendant la présidence de Moubarak. Il n'est pas sûr que ce traité soit respecté par les autorités qui émergeront du chaos actuel, surtout si la composante religieuse est forte.

(4) Un "octuple non" a été proféré par le groupe du Fatah' réuni en une 5ème Convention, appelée "Conseil Révolutionnaire", réunissant à Ramallah en novembre 2010 une centaine de dirigeants palestiniens:

NON à la reconnaissance d'Israël comme un état Juif.

NON à une solution qui installerait un état Palestinien avec des frontières provisoires

NON à un échange de territoires entre Israël et les Palestiniens

NON à la reprise des négociations, sans qu'Israël ne gèle la construction dans les implantations et à Jérusalem est

NON à une entente entre Israël et les Etats-Unis sur l'avenir du processus de paix

NON à la livraison d'armes américaines à Israël

NON à la reconnaissance de l'importance de sens pour les Juifs du Mur Occidental

NON à la nouvelle loi israélienne demandant un référendum avant tout retrait de Jérusalem ou du Golan.

(5) Le ministre israélien Binyamin Ben Eliezer (Fouad) a eu un entretien téléphonique avec Hosni Moubarak qui lui aurait dit, la veille de sa démission: "On voit ce qu'est devenue la démocratie que les Etats-Unis ont voulu installer en Iran, à Gaza… C'est cela le destin du Moyen Orient. Les Américains ne savent pas de quoi ils parlent, quant ils parlent de démocratie ici; comme résultat ils auront l'extrémisme et l'Islam radical. L'avalanche  ne s'arrêtera pas à l'Egypte, elle emportera tous les pays du Moyen Orient et du Golfe…. Aucun ne sera épargné. L'Amérique a encouragé une ère de troubles, de changements dramatiques et de soulèvements"

(6) Dans ce concert de "non", sur un siècle, j'ai repéré une seule voix dissonante d'un dirigeant arabe, mais elle date de 1917/20, celle du roi hashémite Hussein, roi de la province du Hedjaz, qui englobait la Mecque et Médine.

L'historien britannique Martin Gilbert a consulté les archives récemment ouvertes et a été surpris de découvrir que le colonel Lawrence, surnommé Lawrence d'Arabie,  cherchait à favoriser la création d'un état totalement juif qui devait servir de guide et de stimulant à la modernisation des états arabes voisins, comme le souhaitait à l'époque le roi Hussein du Hedjaz, arrière grand père du roi Abdallah II de Jordanie. Le roi Hussein voulait en effet sincèrement un état juif au Moyen Orient pour aider les Arabes à s'émanciper et à se moderniser.

Avec la déclaration Balfour de 1917, les Juifs avaient en principe et en document écrit un état sioniste sans aucune restriction en Palestine, comprenant la Jordanie. Les Britanniques avaient l'Irak et les potentialités fabuleuses du pétrole, non encore exploité. Représentant les Arabes, le roi Hussein ne voulait que la Syrie et les villes saintes de la Mecque et de Médine.

A l'issue du 1er conflit mondial qui a vu l'empire ottoman démantelé et lors des premiers jours de la Conférence de la Paix à Paris, l'émir Faiçal, accompagné de T.E Lawrence, ont rencontré Haïm Weizman, président de l'Organisation Sioniste Mondiale -- Cette rencontre faisait suite à d'autres qui ont eu lieu en juin 1918 à Aqaba, sur la mer Rouge --. A Paris, l'émir Faiçal signa un Accord en 9 points, un accord lumineux et d'une grande tolérance, approuvant la déclaration Balfour de 1917, et invitant à la coexistence entre les deux peuples. Le texte insistait sur la reconnaissance des aspirations nationales des uns et des autres. Mais le principal objectif de Hussein était d'obtenir la Syrie, et non pas la Palestine. Cet accord a été saboté par la France qui voulait garder un pied en Syrie. On connaît la suite. La Jordanie a été accordée aux descendants de Hussein, de même que l'Irak, pour compenser cette dynastie de la perte du Hedjaz, conquis par la famille des al Saoud. Régnant depuis cette époque sur l'Arabie, cette famille wahabite est à la source des sérieux problèmes qui minent le monde et le Moyen Orient.

(7) Qatar - Aujourd'hui, un homme comme Ahmed Sheikh, rédacteur en chef de la télévision par satellite Al Jazeera se permet de déclarer en public: "L'existence d'un état juif prospère et fort heurte l'ego arabe et le paralyse dans son élan vers le développement".

Mais Israël est toujours là, malgré une douzaine de guerres imposées qui ont pris toutes les formes imaginables. Guerres ouvertes, terroristes, d'usure, médiatiques et tutti quanti, qui ont entraîné des dizaines de milliers de morts, de blessés et de gens traumatisés, de part et d'autre.

Oman- Le seul pays où "le printemps arabe" s'est terminé d'une manière heureuse et bénéfique pour le peuple, c'est Oman, et personne n'en parle. Or c'est l'exemple-type qui réunissait les conditions minimales pour une réussite.

- Oman est une monarchie parlementaire dirigée par un roi éclairé

- Oman a séparé la religion de l'état.

- Oman n'est pas une "oligarchie". Oman a une classe moyenne relativement importante et aisée.

- Oman s'est plus préoccupé à résoudre efficacement ses problèmes intérieurs et régionaux qu'à se focaliser sur la question palestinienne ou Israël. Oman a toujours maintenu des relations amicales avec Israël.

Ainsi les problèmes de dirigeants corrompus ou  de pouvoir arbitraire qu'on retrouve partout au Moyen Orient ont été vite résolus dans ce sultanat du Golfe. Mais le Sultan Qabous bin Said Al Said a mis plus de 40 ans à transformer un état tribal en un état moderne.

(8) Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire » (Albert Einstein)

 

 

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