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POLARISATION
conflit israélo-palestinien, Fédération protestante, paix au Moyen Orient

par Jean-Luc Mouton et Antoine Nouis, pasteurs de l'Eglise Réformée de France
Article paru dans Primo-Europe le 16 octobre 2004, www.primo-europe.org 

 

Le conflit israélo-palestinien tournerait-il à l'obsession jusque dans les Eglises ? C'est ce qu'un moderne Candide serait en droit d'observer à l'usage de quelques institutions chrétiennes, tel le Conseil oecuménique des Eglises (COE) qui a engagé son plus important programme en Palestine. Ou la Fédération protestante de France, qui décide de consacrer l'offrande du culte à ce même programme lors de ses assises. Pourquoi ne pas s'alarmer, en ces instants, de la situation dramatique et oubliée de Haïti, par exemple ?


Certes, le témoignage bouleversant du pasteur Gilbert Charbonnier, qui revient d'un séjour de trois mois en Palestine, a pu déterminer ce choix. Impossible, en effet, de rester insensible aux situations d'injustices décrites par ce rapport. Reste que si les Eglises envoyaient des volontaires pour visiter les victimes d'attentats dans les hôpitaux israéliens, ils reviendraient avec des témoignages tout aussi bouleversants.
Mais la question est plutôt celle de l'engagement "prioritaire" de ces institutions chrétiennes sur le problème israélo-palestinien.


Polarisation qui interroge sur deux points.
Pourquoi cette priorité sur la Palestine ? Il s'y trouve des chrétiens en difficulté. C'est vrai. Mais il existe malheureusement d'autres pays dans lesquels l'Eglise est persécutée, en Chine, Iran, Indonésie, Viêt-nam. Pourquoi les Eglises n'envoient-elles pas des observateurs dans ces pays ? Ne soyons pas dupes, c'est qu'en face il y a Israël.
Il faut alors poser la question de la raison de l'obsession à dénoncer le péché d'Israël et ses manquements - inacceptables, certes ! Voilà un bon sujet de réflexion. Et de débat.


La seconde question est plus pragmatique. La priorité est la recherche de la paix. Les médiateurs qui ont l'habitude de travailler à la résolution des conflits insistent sur la nécessaire discrétion quant à leur démarche. Loin, en tout cas, de tout soutien inconditionnel à l'une des deux parties.


Il n'y a pas de paix sans compromis et les compromis sont toujours douloureux et impopulaires. Or, face à un combat sacré, on ne fait pas de compromis. Le meilleur service à rendre à la paix dans cette partie du monde ne serait-il pas de cesser de faire de ce conflit une cause quasi religieuse ? Et cesser de s'en mêler continûment.


Pour le traiter comme un conflit ordinaire qui ne trouvera pas de solution en dehors d'un compromis ordinaire.