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LES BONS POINTS DE GEORGE W. BUSH

 

Par Alexandre Adler

Le Figaro du 01/08/2008

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À l'heure où «l'Obamania» bat son plein, pourquoi ne pas dire tout le bien que l'on pense de George W. Bush, sinon des huit années où il eut à batailler contre le terrorisme ? Un certain nombre de fausses évidences courent, en effet, sur le compte de l'actuel président.

La première de toutes est en train de se dissiper sous nos yeux : non seulement la destruction du régime baasiste irakien n'a pas été un échec pour les États-Unis, mais c'est même en train de devenir un franc succès. Tout d'abord, parce que Saddam Hussein avait bel et bien organisé, à partir de ce qui lui restait d'appareil d'État irakien, un soutien sans faille à des opérations terroristes que l'Amérique ne devait pas tolérer davantage. Ensuite, parce que la transformation actuelle de l'Irak a une portée considérable à moyen terme : les Irakiens ont voté librement à trois reprises depuis 2003. Ces élections libres ne sont pas encore pleinement pluralistes, certes. Elles auraient plutôt joué le rôle de recensement en grandeur réelle des trois grandes communautés du pays, mais elles ont ainsi permis qu'émerge la véritable majorité politique qui existe en Irak.

Le précédent aura servi au Liban et en Palestine, avec des résultats certes dangereux, mais assumer ce danger ne vaut-il pas mieux que de continuer indéfiniment la comédie amère des régimes minoritaires au Moyen-Orient ? Eh bien, à Bagdad, ce sont des ayatollahs - bien plus dévoués à l'Iran voisin qu'aux baïonnettes américaines qui leur permettent de régner sans trop de problème - qui dominent la vie politique. Ce résultat, d'apparence peu engageante, est en réalité capital en ce qu'il contraint en permanence les ayatollahs moins éclairés, au pouvoir à Téhéran et à Qom, d'arbitrer entre leur désir de développer rapidement une arme nucléaire et leurs obligations envers l'ensemble de la communauté chiite, c'est-à-dire à choisir une voie moyenne entre l'alliance franche avec les États-Unis et l'antiaméricanisme militant.

 

Si George Bush a tardé à comprendre véritablement la portée du bouleversement qu'il créait ainsi dans la région, on doit lui reconnaître aussi, ces deux dernières années, un engagement de plus en plus clair envers Téhéran. La publication, en 2007, d'une évaluation de l'ensemble des services de renseignements américains, laquelle minimisait les réussites techniques de l'Iran en matière de confection d'un engin nucléaire, contestables qu'en soient les données, signifiait au moins que l'Amérique écartait toute solution militaire hâtive au problème, ce qui a tout de suite eu pour effet une neutralisation des énergumènes de Moqtada Sadr en Irak et l'obtention d'un compromis raisonnable au Liban, lequel a ensuite permis à Bachar al-Assad de se débarrasser des aventuristes qui polluaient son gouvernement (1).

Si l'on considère plusieurs autres terrains de la politique internationale, on s'apercevra que George Bush y a mené constamment une politique modérée et efficace : loin de chercher noise à la Chine, Washington a tout fait pour résoudre le problème de la bombe nord-coréenne sur une base régionale consensuelle, et il y est largement parvenu, d'autant que l'indépendantisme taïwanais a pu être réduit par une solution démocratique. Enfin, en combinant une approche non violente de la confrontation avec Chavez au Venezuela et un appui financier et militaire sans faille à la Colombie du président Uribe, George Bush laisse à son successeur une situation considérablement améliorée en Amérique latine, surtout si l'on y ajoute la victoire des démocrates-chrétiens de Calderon au Mexique, ainsi que l'excellence des relations, notamment économiques et technologiques (la question de l'éthanol) avec le Brésil de Lula.

Pour le reste, c'est-à-dire l'essentiel, on constatera qu'en maintenant une croissance forte, et, en ce moment même, en évitant à l'Amérique la récession que l'explosion de la bulle du "subprime" aurait évidemment provoqué, George Bush, puissamment aidé par Bernanke et Paulson, son remarquable ministre des Finances, a rendu un service inégalé à l'Europe tout entière.

 

Colin Powell, Condoleezza Rice, le déjà évoqué Hank Paulson, et le général Petraeus, en poste à Bagdad, ainsi que Zalmay Khalilzad, ambassadeur, véritable patron de l'Afghanistan, apparaîtront avec le temps comme de véritables hommes d'État dont les résultats obtenus sont tout simplement impressionnants (2).

Bien sûr, ce bilan en forme de plaidoyer n'évoque pas les nombreux échecs de politique intérieure et, malheureusement, de politique internationale - notamment une politique antirusse à tous égards absurde -, mais nous voulions ici, dans ce premier volet du bilan de l'Amérique, à la veille de la présidentielle, rappeler le vieux principe du droit romain, audiatur et altera pars, en d'autres termes : laissez à l'accusé le droit de présenter sa cause.

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Notes de www.nuitdorient.com

(1) l'aide de camp de Bashar al Assad, le général Souleiman, qui servait de liaison avec le Hezbollah vient d'être assassiné par un "sniper" dans le port de Tartous, rejoignant Imad Moughnyeh et d'autres disparitions non moins mystérieuses.

(2) surtout les résultats du général Petraeus