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NE CROYEZ PAS LES ISLAMISTES

dirige le "the Global Research in International Affairs Center" (Centre de Recherche mondial sur les Affaires internationales)  et il est rédacteur en chef des journaux  Middle East Review of International Affairs and  Turkish Studies (Revue du Moyen-Orient des Affaires Internationales et Etudes Turques).

Article paru dans le Jerusalem Post du

Adaptation française de Simon Pilczer, volontaire de l’IHC

 

Ce qui suit pourrait s’avérer bientôt : la bonne nouvelle est que les islamistes ne commettent pas d’actes terroristes ; la mauvaise nouvelle, c’est qu’ils dirigent les gouvernements.

Bienvenue dans les derniers débats occidentaux : les islamistes doivent-ils être aidés pour se présenter aux élections de façon à les modérer ? Aussi bien à Washington et en Europe, cette idée s’empare de l’esprit des gens. L’Union Européenne défend les échanges avec le Hezbollah et pourrait décider que la meilleure façon de promouvoir la paix israélo-palestinienne est de renforcer le Hamas. A Washington, le principal exemple de cette manière de penser est d’aider les « Frères Musulmans » à participer à des élections équitables en Egypte.

La réponse rapide est que les islamistes radicaux ne seront pas modérés en participant aux élections, ou en gagnant le pouvoir. Le parti communiste de Russie, et le parti nazi en Allemagne ont présenté des candidats au parlement. Pourtant la riposte à la critique de cette dernière mauvaise idée semble être : « ils semblent certainement être nombreux, n’est-ce pas » ? Par exemple :

Le processus de paix d’Oslo était fondé largement sur l’idée que quand Yasser Arafat et ses collègues gouverneraient les Palestiniens et s’occuperaient de problèmes du quotidien, ils seraient plus modérés, responsables, et abandonneraient le terrorisme.

En Algérie, une victoire électorale imminente des islamistes déclencha un coup d’état militaire et une guerre sanglante. Bloquer les islamistes quand ils jouent franc jeu, est-il proclamé, signifiera seulement davantage de guerres civiles et d’instabilité.

Beaucoup d’experts américains ont prédit en 1978 que lorsque les islamistes gagneraient le pouvoir en Iran, ils seraient faciles à vivre.

Cet antécédent décourageant ne signifie pas que les Musulmans croyants ne peuvent pas être de vrais démocrates. Un équivalent au Moyen-Orient des partis chrétiens démocrates européens pourrait éventuellement émerger. Bien que la Turquie soit souvent citée comme exemple d’une telle future modération islamique, le dossier turc, avec sa marque de l’Islam plus modérée, et sa démocratie bien établie, est très différent des pays arabes. Le parti islamique au gouvernement en Turquie sait qu’il doit agir assez modérément pour éviter de s’opposer à la majorité et à l’armée de tendance laïque.

De plus, la Turquie avait trois préconditions vitales pour créer des islamistes démocrates qui n’existent pas dans le monde arabe : une séparation claire entre les islamistes radicaux et les modérés, un chef charismatique ayant le courage de réformer l’Islam, et un changement d’idéologie explicite et réel.

Un point évident mais vital est que les groupes islamistes radicaux ne commettent pas d’actes terroristes pour le plaisir. Leur objectif est de s’emparer du pouvoir dans des objectifs précis. Arrivés au pouvoir, les partis islamistes changeraient les lois et la société pour produire davantage d’islamistes. De tels régimes utiliseront l’aventurisme en politique étrangère – y compris en s’attaquant à l’Occident et à Israël – pour mobiliser le soutien et distraire l’attention des échecs domestiques.

Le résultat sera de remplacer un régime répressif autoritaire par un autre, ajoutant deux nouvelles générations au processus de réelle modération et de démocratisation du monde arabe. Qu’est-ce qui pourra empêcher cela d’advenir, si on fait l’hypothèse que les partis islamistes ont assez de suffrages ?

Là le débat devient idiot. Pour citer un réformateur libéral arabe que je respecte : « Cela soulève des questions sur qui garantirait que tous les partis se plient aux règles du jeu ». Il suggère que les cours [de justice, ndt] font ainsi, en concluant « Il doit y avoir de la confiance dans le système ».

Etant donnés les risques impliqués – une dictature sanglante et répressive, des guerres étrangères et l’islamisation de la société – fonder son avenir sur la confiance en un système qui n’existe pas encore, et sur des décisions de cours notoirement impuissantes, tout cela n’est pas sensé.

Bien sûr, chaque exemple spécifique est important, aussi prenons en trois. Le Hamas veut diriger un pays s’étendant du fleuve Jourdain à la mer Méditerranée, s’appuyant sur ce qui s’apparente à une attitude ouvertement génocidaire envers les Juifs. Il utilisera tout pouvoir accessible, y compris une large part du Parlement palestinien, créera une base pour davantage de terrorisme, y compris des modifications sociales et éducatives pour s’assurer une guerre de cent ans avec Israël.

Le Hezbollah veut prendre le pouvoir au Liban mais ne le peut puisque les Musulmans shiites représentent seulement 40 % de l’électorat. Il exige une représentation proportionnelle pour lui donner la plus grande influence possible. Les Chrétiens, les Druzes, et les Sunnites résistent. Ce que le Hezbollah gagnera sera le droit de rester la seule milice armée du pays, et le contrôle du sud. Il attendra le bon moment en surveillant de futures opportunités.

Dernièrement, les “Frères Musulmans” en Egypte ont déjà participé à des élections en utilisant des groupes de façade. Ils sont empêchés de participer eux-mêmes parce que le gouvernement insiste, non sans raison, sur le fait qu’aucun parti ne peut revendiquer un monopole sur l’Islam ‘convenable’. S’ils sont légalisés, leurs ambitions croîtront.

Deux points clés doivent être gardés à l’esprit. D’abord, le facteur le mieux en mesure de modérer de plus grands groupes d’islamistes est qu’ils sachent que le pouvoir est hors de leur portée. Le Hamas n’a jamais défié la direction palestinienne parce qu’il savait qu’il serait écrasé dans une guerre civile. En Jordanie et en Egypte, des partis islamistes prennent part au quota de sièges parlementaires qui leur sont alloués, et ne provoquent pas de troubles parce qu’ils savent qu’il est impossible de battre le régime.

S’ils concluent qu’ils peuvent vaincre, cependant, le résultat serait l’instabilité et plus de militance.

Finalement, le résultat le plus probable de toute croyance occidentale de ce que le pouvoir pourrait modérer les islamistes radicaux sera les concessions occidentales unilatérales à de tels groupes. Ils se verront conférer l’immunité pour les actes terroristes passés, un soutien diplomatique contre les régimes locaux, de l’argent et d’autres bénéfices en échange de promesses d’être  bons. Ils briseront alors leurs promesses, certainement sans que ça leur coûte.

Ne soyons pas naïfs au sujet de l’islamisme radical, en provoquant davantage de problèmes au Moyen-Orient.