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DISCOURS DU 1ER MINISTRE D'ISRAËL, ARIEL SHARON À
LA LA TRIBUNE DES NATIONS UNIES, À L'OCCASION DU 60ÈME ANNIVERSAIRE
Nations Unies le 15/9/05
Adaptation française de Simon Pilczer
Mes amis et collègues, dirigeants et représentants des Etats membres de l'ONU,
je suis arrivé ici de Jérusalem, la capitale du Peuple juif depuis plus de 3000
ans, et la capitale éternelle et indivisible de l'Etat d'Israël.
Dès le départ, je voudrais exprimer mes sentiments profonds d'empathie du
Peuple d'Israël pour la nation américaine, et nos sincères condoléances aux
familles qui ont perdu leurs chers disparus. Je souhaite encourager mon ami, le
Président George W. Bush, et le Peuple américain, dans leurs efforts déterminés
d'assistance aux victimes du cyclone, et de reconstruction des ruines après les
destructions. L'Etat d'Israël, auprès
duquel les Etats Unis se sont tenus dans les temps d'épreuve, est prêt à
apporter toute l'assistance dont il dispose dans cette immense mission
humanitaire.
Mesdames et Messieurs,
Je me tiens devant vous à la porte des nations comme un Juif et comme un
citoyen de l'Etat d'Israël démocratique, libre et souverain, un fier
représentant d'un Peuple antique, dont le nombre est peu élevé, mais dont la
contribution à la civilisation et aux valeurs de l'éthique, de justice et de
foi, emplit le monde, et recouvre l'histoire.
Le Peuple juif possède une longue mémoire, la mémoire qui a réuni les exilés
d'Israël pendant des milliers d'années : une mémoire qui prend son origine dans
le commandement de D.ieu à notre patriarche Abraham : "Va vers toi !"
et s'est poursuivie avec la réception de la Torah au pied du Mont Sinaï et dans
les errances des enfants d'Israël dans le désert, conduits par Moïse dans leur
voyage vers la terre promise, la terre d'Israël.
Je suis né sur la terre d'Israël, fils de pionniers - des gens qui labouraient
la terre et ne recherchaient pas les combats - qui ne sont pas venus en Israël
pour déposséder ses résidents. Si les circonstances ne l'avaient pas exigé, je
ne serais pas devenu un soldat, mais plutôt un fermier et un agriculteur. Mon
premier amour a été et demeure le travail manuel, semer et récolter, les
pâtures, le troupeau et le bétail.
Je tends la main aujourd'hui, comme celui dont la
vie l'a conduit à être un combattant et un commandant dans les guerres
d'Israël, à nos voisins Palestiniens, dans un appel à la réconciliation et au
compromis pour mettre fin à un conflit sanglant, et nous engager dans le chemin
qui conduit à la paix et à la compréhension entre nos deux Peuples. Je
considère cela comme ma vocation et ma principale mission pour les années à
venir.
La terre d'Israël m'est précieuse, précieuse pour nous, le Peuple juif, plus
que tout. Renoncer à une part de l'héritage de nos ancêtres brise le coeur, et
c'est aussi difficile que diviser la Mer rouge. Chaque pouce de la terre,
chaque colline et chaque vallée, chaque torrent et chaque rocher, est saturé
d'histoire juive, empli de nos souvenirs. La continuité de la présence du
Peuple juif sur la terre d'Israël n'a jamais cessé. Même ceux
d'entre nous qui étaient exilés de notre pays, contre leur volonté, aux
extrémités de la terre - leurs âmes, dans toutes les générations, sont restées
attachées à leur patrie, par des milliers de fils cachés de désir ardent et d'amour,
exprimés trois fois par jour dans la prière et les chants de nostalgie.
La terre d'Israël est la Bible ouverte, le testament écrit, l'identité et le
droit du Peuple juif. Sous ses cieux, les prophètes d'Israël ont exprimé leurs
revendications de justice sociale, et leur vision éternelle d'alliances entre
les Peuples, dans un monde qui ne connaîtrait plus de guerre. Ses villes,
villages, ses panoramas, ses crêtes, ses déserts et ses
plaines conservent comme de loyaux témoins leurs noms hébreux antiques. Page
après page, notre pays unique se déploie, et dans son coeur se trouve la
Jérusalem unifiée, la cité du Temple sur le Mont Moriah, l'axe de la vie du
Peuple juif à travers toutes les générations, et le siège de ses désirs ardents
et de ses prières depuis 3000 ans. La ville à laquelle nous avons promis une
éternelle fidélité, qui bat pour toujours dans chaque coeur juif. "Si je
t'oublie, O Jérusalem, que ma main droite perde son habileté !"
Je rappelle ces choses parce qu'elles sont l'essence de ma conscience juive, et
ma croyance et dans le droit éternel et inaliénable du Peuple d'Israël à la
terre d'Israël. Cependant, je dis cela ici également pour souligner l'immensité
de la douleur que je ressens au fond de mon coeur en reconnaissant que nous devons
faire des concessions au nom de la paix entre nous et nos voisins Palestiniens.
Le droit du Peuple juif sur la terre d'Israël ne signifie pas ne pas prendre en
compte les droits des autres sur la terre. Les
Palestiniens seront toujours nos voisins. Nous les respectons, et nous
n'aspirons pas à les gouverner. Ils ont aussi le droit à la liberté et à une
existence nationale, souveraine dans leur propre Etat.
Cette semaine, le dernier soldat israélien a quitté la bande de Gaza, et la loi
militaire a pris fin. L'Etat d'Israël a prouvé qu'il est prêt à faire des
concessions douloureuses de façon à résoudre le conflit avec les Palestiniens.
La décision de désengagement a été très difficile pour moi, et implique un prix
personnel très lourd. Cependant, c'est la reconnaissance absolue que c'est la
bonne voie pour le futur d'Israël qui m'a guidé. La société israélienne subit
une crise difficile comme conséquence du désengagement, et elle doit
aujourd'hui guérir ses désaccords.
Maintenant c'est au tour des Palestiniens de prouver leur désir de paix. La fin
du contrôle israélien et de leur responsabilité sur la bande de Gaza permet aux
Palestiniens, s'ils le souhaitent, de développer leur économie et de construire
une société à la recherche de la paix, qui soit développée, libre, respectant
la loi, transparente, et qui adhère aux principes démocratiques. Le test le
plus important auquel la direction
palestinienne sera confrontée sera de remplir leurs engagements à mettre fin au
terrorisme et à ses infrastructures, à éliminer le régime anarchique des gangs
armés, et à faire cesser l'incitation et l'endoctrinement à la haine envers
Israël et les Juifs.
Jusqu'à ce qu'ils fassent cela - Israël saura comment se défendre lui-même
contre les horreurs du terrorisme. C'est pourquoi nous avons construit une
barrière de sécurité, et nous continuerons sa construction jusqu'à ce qu'elle
soit achevée, comme le ferait tout autre pays défendant ses citoyens. La
barrière de sécurité empêche des terroristes et des assassins d'arriver dans
des centres de villes chaque jour, et de viser des citoyens
allant à leur travail, des enfants allant à l'école, et des familles assises
ensemble dans des restaurants. Cette barrière est indispensable, vitale. Cette
barrière sauve des vies !
L'exécution réussie du Plan de Désengagement ouvre une fenêtre d'opportunité
pour avancer vers la paix, en accord avec les séquences de la feuille de route.
L'Etat d'Israël est engagé dans la feuille de route et dans l'exécution des
accords de Sharm el Sheikh. Et j'espère qu'il sera possible, à travers eux, de
renouer le processus politique.
Je suis parmi ceux qui croient qu'il est possible d'obtenir un compromis
équitable et une coexistence en relations de bon voisinage entre les Juifs et
les Arabes. Cependant, je dois souligner un fait : il n'y aura pas de compromis
sur le droit d'Israël à l'existence en tant qu'Etat juif, avec des frontières
défendables, en toute sécurité, et sans menaces ni terrorisme.
J'appelle la direction palestinienne à montrer sa détermination et sa capacité
à diriger, et à éliminer le terrorisme, la violence et la culture de haine dans
nos relations. Je suis certain qu'il est en notre pouvoir de présenter à nos
peuples un horizon nouveau et prometteur, un horizon d'espoir.
Distingués représentants,
Comme je l'ai mentionné, le Peuple juif possède une longue mémoire. Nous nous
rappelons des évènements qui ont eu lieu il y a des milliers d'années, et nous
souvenons certainement d'évènements qui ont eu lieu dans cette salle il y a 60
ans. Le Peuple juif se souvient du vote historique de l'Assemblée de l'ONU le
29 novembre 1947, quand des représentants des nations ont reconnu notre droit à
un renouveau national dans notre patrie historique.
Cependant, nous nous souvenons aussi les douzaines de décisions sévères et
injustes rendues par les Nations Unies au cours de années. Et nous savons que,
même aujourd'hui, il y en a qui sont assis ici comme représentants d'un pays
dont la direction appelle à effacer Israël de la surface de la terre, et personne
n'en parle.
Les tentatives de ce pays de se doter lui-même d'armes nucléaires doivent
troubler le sommeil de chacun de ceux qui désirent la paix et la stabilité au
Moyen-Orient et dans le monde entier. L'association d'un fondamentalisme opaque
et le soutien aux organisations terroristes crée une sérieuse menace contre
laquelle chaque nation membre de l'ONU doit se dresser.
J'espère que les réformes d'ensemble que les Nations Unies
entreprennent pour leur 60ème anniversaire incluront un changement fondamental
et une amélioration dans l'approche des Nations Unies, ses organisations et ses
institutions, envers l'Etat d'Israël.
Mes chers collègues et représentants,
La paix est une valeur suprême dans la tradition juive, et c'est l'objectif
désiré de notre politique. Après un long trajet d'errances et de duretés pour
le Peuple juif ; après l'holocauste qui a fait disparaître un tiers de notre
Peuple ; après la longue lutte ardue pour le renouveau ; après plus de 57
années ininterrompues de guerres et de terrorisme qui n'ont pas arrêté le
développement de l'Etat d'Israël ; après tout cela - le désir de
notre coeur était et demeure d'obtenir la paix avec nos voisins. Notre désir de
paix est assez puissant pour assurer que nous l'atteindrons, seulement si nos
voisins sont de réels partenaires dans cet objectif tant attendu. Si nous
réussissons à travailler ensemble, nous pouvons transformer notre parcelle de
terre, qui est chère aux deux Peuples, d'une
terre de dispute en une terre de paix - pour nos enfants et nos petits enfants.
Dans quelques jours dans le calendrier hébraïque, la nouvelle Année commencera,
l'année 5766 depuis la création. Selon la croyance juive, les destins des gens
et des nations sont déterminés au nouvel An par le Créateur - pour être épargné
ou pour être condamné. Puisse le D.. Un, le Saint, béni soit-il, faire en sorte
que cette année, notre destin et le destin de nos voisins soit la paix, le
respect mutuel, et de bonnes relations de voisinage.
De cette estrade distinguée, au nom du Peuple d'Israël, je souhaite à tous les
Peuples du monde une heureuse nouvelle année.
ShanaTova !