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Le Terrorisme Incendiaire dans le Conflit Israélo-Arabe
Ceux qui cultivent la terre et ceux qui la brûlent : le terrorisme
incendiaire des origines du conflit israélo-arabe jusqu’à nos jours
Par Pierre Lurçat
9 Juin 2018
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“Atarot brûle. Motsa brûle encore. Des brigands arabes ont incendié la banlieue
de Jérusalem, Talpiot, et ont dévasté la maison
de l’écrivain Agnon. La célèbre yeshiva de Hébron
a été prise d’assaut. De jeunes disciples désarmés cherchèrent refuge dans
la salle de prière où ils furent mis à mort… Et tout cela sous l’oeil de la puissance mandataire. Mais qu’attend donc le monde
de nous autres Juifs?”
C’est en ces termes que le philosophe juif allemand Theodor Lessing a décrit dans son livre fameux, La haine
de soi juive, les terribles “événements de 1929”, c’est-à-dire la vague de
pogromes et de violences anti-juives déclenchées par des bandes arabes
organisées, qui culminèrent avec le tristement célèbre massacre de Hébron le 24
août 1929, au cours duquel 67 Juifs furent massacrés dans la Cité des Patriarches,
souvent par leurs propres voisins.
Cette description nous rappelle que les incendies de
champs autour de Gaza par les cerfs-volants ne sont pas une nouveauté : l’arme
utilisée est peut-être nouvelle, mais la volonté de détruire et de semer la destruction,
elle, ne l’est pas.
Elle est en réalité aussi ancienne que le conflit
israélo-arabe, qui n’a pas commencé en 1948 ou en 1967. On pourrait dire, de
manière succincte, que ce conflit oppose une entreprise de construction (le
sionisme juif) et une entreprise de destruction (l’antisionisme arabe).
Lors des pogromes arabes de 1929, l’écrivain Immanuel Haroussi (“Emmanuel le
Russe”, de son vrai nom Emmanuel Novogarbelski) avait
écrit une berceuse en l’honneur de la naissance de son fils, dont les paroles
décrivaient ainsi la vie en Eretz-Israël à l’époque: “Demain
ton père sortira labourer, il tracera des sillons. Quand tu grandiras, la tête
droite, vous sortirez dans les champs. Tu grandis en Eretz
Israel, dans la joie et dans l’effort, tu travailleras comme ton père. Tu
planteras dans les larmes et récolteras dans la joie. Alors, pour le moment,
écoute ta mère et endors-toi. La nuit est froide, les renards aiguisent leurs
dents mais ton père monte la garde, il ne dort pas. Le jour il travaille, la nuit
il garde la grange, tu grandiras et seras fort et tu garderas avec lui.
Couche-toi mon fils, n’aie pas peur, tout le moshav
est en alerte. Ta mère aussi monte la garde, elle te protège, Avner. La
grange brûle à Tel Yossef et de Beit
Alfa monte une fumée, ne pleure pas, endors-toi. Cette nuit, le feu dévore la
ferme et la paille. Il est interdit de désespérer, demain nous
recommencerons à nouveau. Demain, il faudra poser les fondations, ton
père construira une maison pour son fils. Tu grandiras, tu l’aideras et
vous la construirez ensemble”. (La traduction est de Hannah, Boker Tov Yeroushalayim)
Ce poème d’Immanuel Haroussi montre combien l’ethos sioniste est, depuis 1929
et jusqu’à nos jours, demeuré identique. Face aux émeutiers, aux pogromistes et
aux incendiaires arabes, il faut continuer de construire, de planter, de semer
et de récolter…
Cette volonté inébranlable de reconstruire et de
“recommencer” après chaque attentat, chaque incendie et chaque guerre est sans
doute ce qui fait la force du peuple d’Israël revenu sur sa terre. Mais cette
force incroyable de résistance de “l’arrière” israélien – femmes, enfants,
hommes – face à ses ennemis ne doit pas non plus masquer la faiblesse d’Israël,
en tant qu’armée et en tant qu’Etat, face à des ennemis voués à sa destruction
comme le Hamas.
Israël face au Hamas : Samson enchaîné
Comme je l’écrivais en 2012, lors d’un précédent round d’affrontements avec le
Hamas, comme Samson dans la Bible, Israël est un géant théoriquement capable
d’anéantir ses ennemis, mais dont la force est neutralisée, pour des raisons
essentiellement politiques et psychologiques. Notre peuple est incroyablement
fort, et il a fait montre pendant la semaine de guerre de l’opération Colonne
de nuée d’une admirable capacité de résistance sous les missiles, dont aucun
autre peuple n’a donné d’exemple depuis le Blitz sur Londres…
Mais notre État et ses dirigeants, eux, font souvent
preuve d’une grande faiblesse et d’une impuissance tragique, et la réussite
relative du système Dôme d’acier parvient difficilement à masquer l’incapacité
de Tsahal à empêcher que l’arrière devienne le front et que les civils se
trouvent aujourd’hui en première ligne, d’Ashqélon à Rishon-le-Tsion.
Les événements des dernières semaines m’incitent à
tempérer ce diagnostic. La réaction de Tsahal face à la récente offensive
militaire du Hamas (abusivement présentée comme une “marche pacifique” dans les
médias occidentaux) a été exemplaire.
Mais face aux cerfs-volants incendiaires, Israël se
retrouve à nouveau (et provisoirement) désarmé, face à un ennemi inhumain qui
ne tue pas seulement des enfants, mais qui tue l’enfance. La solution, face au
Hamas, n’est pas seulement technologique et militaire. Elle est aussi et avant
tout psychologique et stratégique.
Pour vaincre le Hamas, Israël doit retrouver
la conviction que la victoire est possible et qu’elle est nécessaire.