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LES GUERRES ANTI-INSURRECTIONNELLES
SONT-ELLES CONDAMNEES A ECHOUER ?
Par
Daniel Pipes
Washington Times - 14/09/08
Version
originale anglaise: Must Counterinsurgency Wars Fail?
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Il
s'agit ici du résumé d'une étude menée par Yaakov Amidror, général israélien en retraite
En
1968, Robert F. Kennedy concluait que la victoire au Vietnam était probablement
« hors de notre portée » et en appelait à un règlement pacifique de la
situation. En
Davantage
que toute autre guerre récente, l'action des forces alliées en Irak a été
considérée comme condamnée à un échec certain, tout spécialement au cours de la
période 2004-
La
liste des guerres réputées non susceptibles d'être gagnées ne cesse de
s'allonger et inclut, par exemple, les actions anti-insurrectionnelles au Népal
et au Sri Lanka. « Ce qui sous tend toutes ces analyses », note Yaakov Amidror, un général
israélien à la retraite, « est l'idée que les actions anti-insurrectionnelles
se transforment en conflits sans fin qui ne peuvent que conduire ceux qui les
mènent à perdre tout soutien politique ».
Amidror affirme être en désaccord avec cette idée. Dans une étude
récemment publiée par le Jerusalem Center for Public Affairs, « Gagner la guerre anti-insurrectionnelle :
l'expérience israélienne », il explique de manière convaincante que les Etats
peuvent vaincre les acteurs non étatiques.
Le
débat a la plus grande signification. Car si les pessimistes ont raison, les
puissances occidentales sont condamnées à perdre tous les confits présents et
futurs impliquant des forces non conventionnelles (autres que chars, avions et
vaisseaux de guerre). Le futur semblerait alors très sombre, puisqu'il
impliquerait la perspective d'insurrections victorieuses partout sur la
planète, et jusque dans le monde occidental lui-même. On ne peut que frémir
face à la perspective d'une intifada à l'israélienne, disons, aux Etats-Unis.
Par incidence, on vient d'apprendre qu'en Australie, la semaine dernière, un
groupe islamiste a appelé à un « djihad des forêts » impliquant d'allumer des incendies massifs dans ce pays.
La
victoire contre les insurrections est possible, affirme Amidror,
mais elle n'est pas facile à obtenir. Alors que dans les guerres
traditionnelles, le facteur le plus important est l'ampleur des forces et des
arsenaux en présence, il faut, pour vaincre les insurrections, dit-il, réunir
quatre conditions, de nature essentiellement politique. Deux d'entre elles
concernent les Etats où les détenteurs du pouvoir doivent :
- Comprendre
et relever les défis en matière de politique et de relations publiques
inhérents au combat contre les insurgés
- Prendre
en compte le rôle vital du renseignement, investir en celui-ci, et exiger de
l'armée qu'elle l'utilise efficacement.
Deux
autres conditions concernent les opérations anti-terroristes qui doivent :
. isoler les terroristes de la population civile non
terroriste
. contrôler et isoler les territoires ou les terroristes
vivent et se battent
Si ces
lignes de conduite sont efficacement mises en oeuvre,
les résultats ne seront pas des cérémonies de signature de traités et des
parades de triomphe, mais quelque chose de plus subtil, qu'Amidror
appelle une « victoire acceptable », et que j'appellerai, moi, « contrôle
acceptable ». Par ces mots, il entend un résultat qui ne produit pas de
nombreuses années de tranquillité, mais seulement un calme relatif supposant
des efforts continus pour durer. Au titre d'exemples, Amidror
cite les résultats obtenus par les Britanniques en Irlande du Nord et ceux
obtenus par les Espagnols au pays basque.
Après
que ces conditions aient été réunies, affirme Amidror,
vient « la guerre difficile, complexe morne, incessante, sans drapeaux ni
trompettes », Cette guerre implique d'assembler des éléments d'information
obtenus par le renseignement, d'en tirer des conclusions, de mettre en place
des opérations de commando dans des conditions difficiles, au sein d'une
population où terroristes et civils innocents sont mêlés, dans des centres
urbains densément peuplés ou des villages isolés, et de petites victoires
tactiques ».
Suivre
ces préceptes ne conduit pas à des victoires claires et nettes, mais n'en
produit pas moins des résultats, et les Etats occidentaux, au cours du siècle
passé, ont, en fait, obtenu une série impressionnante de résultats de ce genre
face à des insurgés. Les forces américaines ont vaincu deux fois les insurgés
aux Philippines (1899-1902 et 1946-1954), tout comme les Britanniques en Palestine
(1936-39), en Malaisie (1952-57), et à Oman (1964-75) les Israéliens en
Cisjordanie (opération Bouclier défensif, 2002), et, plus récemment, les forces
américaines ont gagné encore en Irak, lors du « surge
».
Les
guerres anti-insurrectionnelles peuvent être gagnées, mais elles ont leurs
propres impératifs très distincts de ceux des guerres conventionnelles.