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De l'Art de Légitimer le Terrorisme

Par Huguette Chomski Magnis , Secrétaire générale du Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme

Huffington Post 11/02/2016

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Qu'importent les bombes russes sur Alep ou saoudiennes sur le Yemen, qu'importent les attaques turques contre les Kurdes, un "collectif d'ambassadeurs" emmené par Yves Aubin de la Messuzière a défini l'urgence du moment: sauver l'état palestinien.

Pourquoi pas? Mais comment sauver ce qui n'existe pas encore ? A moins qu'il ne s'agisse d'Israël, état juif de Palestine, créé conformément au plan de partage de la Palestine en un état juif et un état arabe, adopté par l'ONU en 1947? A la lecture de la tribune des dits ambassadeurs publiée dans Le Monde le 3 février, on voit bien que tel n'est pas leur objet.

Leur premier souci est de dissiper tout doute quant aux Israéliens et Israéliennes victimes du terrorisme: ce ne sont justement PAS des victimes du terrorisme. Attaques de civils à l'arme blanche et à la voiture bélier, assassinats par armes à feu, tout ceci ressemble au terrorisme, mais ça n'en est pas. Pas d'amalgame ! (Tiens on ne connaissait pas encore cette version du refrain bien connu.)

Cette violence-là est spontanée selon nos ambassadeurs qui se bouchent littéralement les yeux et les oreilles pour ignorer les incitations quotidiennes au terrorisme, non seulement par le Hamas, mais aussi par l'Autorité Palestinienne elle-même. Manuels scolaires, émissions enfantines, centres de vacances, tournois de football, manifestations officielles, tout est prétexte à l'enseignement de la haine du Juif, au culte du "martyre pour Allah" (shahada), à l'héroïsation des terroristes et à l'incitation au crime.

Le postulat est donc le suivant: un Israélien ne peut  être victime du terrorisme et un Palestinien ne peut être terroriste.

Pourquoi ?

Parce que la violence exprime "la frustration et l'humiliation ressenties après près de 50 ans d'occupation militaire et policières par Israël". Les auteurs de cette tribune s'alignent sans honte sur la position des pays de l'Organisation de la Coopération Islamique, qui bloquent depuis des années l'acceptation d'une définition universelle du terrorisme selon des critères objectifs (ie attaques visant des civils) et non subjectifs, paralysant l'ONU, aussi impuissante face au terrorisme que face au génocide.

Par cette brèche terrible faite dans la conscience universelle, le terrorisme, autorisé aux uns, ne pouvait que se développer.

C'est tout simplement tragique mais, en dépit des communiqués publiés presque quotidiennement pour condamner les attentats perpétrés dans le monde, il n'y a pas de condamnation universelle du terrorisme!

Yves Aubin de la Messuzière, qui fut ambassadeur, est un partisan de longue date du dialogue avec le Hamas. On comprend les références implicites plus ou moins glauques au lobby juif et à l'ombre de la Shoah chez un diplomate que la Charte du Hamas, référence au " Protocole des Sages de Sion" incluse, ne dérange pas trop.

La tribune suggère que "la coalition internationale contre Daech" (parler d'"Etat Islamique" leur déplairait sans doute) se mobilise contre Israël. Au nom de la paix bien sûr, mais si Israël ne cédait pas, qui sait...

Le dossier du Proche-Orient n'est simple que pour les adeptes du rejet des Juifs comme peuple souverain. Pour celles et ceux qui sont mus par la recherche de l'équité, il est complexe. Mais il est une chose qui doit transcender tous les positionnements: le refus du terrorisme. L'attitude des auteurs d'une tribune qui consiste à dire en quelque sorte aux terroristes islamistes qui nous ont tant meurtris, ceux-là on vous les laisse -hommes, femmes enfants, Juifs d'Israël ou de Cisjordanie, sont des cibles légitimes- est laide. Elle marque une terrible régression éthique et politique.

Dans trois rapports successifs publiés entre juillet 2002 et juillet 2003, les ONG Amnesty International, Human Rights Watch et Médecins du Monde avaient établi que les attentats qui visent des civils, où qu'ils résident, sont des crimes contre l'humanité.

Ceux qui persisteraient à les légitimer ne se rendraient-il pas complices de crimes contre l'humanité?