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POURTANT LA FRANCE
M'A APPRIS À METTRE LES POINTS SUR LES "i" !
Par Albert Soued, écrivain, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com
le 23 juillet 2004.
Je suis de plus en plus surpris devant le manque de culture des médias et de la classe politique française lorsqu'il s'agit du Moyen Orient. Les feuilletons palestiniens et leur corollaire l'antisémitisme, nourrissent les médias cet été. Aussi est-il utile de mettre les points sur les "i" sur un petit nombre d'anomalies que j'ai attribuées au manque d'information ou de culture.
Quand les médias et les hommes politiques parlent du sort des Palestiniens "occupés", je me creuse la tête pour comprendre de quoi il s'agit. Car depuis 10 ans, 95% de la population palestinienne est sous le contrôle de l'Autorité Palestinienne et on nous rabâche les oreilles pour quelques 100 000 personnes dans des villages qui n'ont peut-être jamais vu un seul soldat israélien!
Maintenant, s'il s'agit de "territoire occupé", sur le plan légal international, les zones sous contrôle israélien en Judée-Samarie et à Gaza, sont des territoires contestés par les parties et sujets à des négociations qui ont commencé avec le processus d'Oslo. Ces négociations ont été interrompues par la guerre d'usure lancée par Arafat contre Israël en septembre 2000, guerre qui a provoqué plus de 1000 morts israéliens et des milliers de handicapés (multipliez par 10 pour comparer à l'échelle française).
Moins de 15% des territoires contestés sont des implantations juives qui existaient déjà pour une partie avant la guerre d'indépendance de 1948. Le reste est en grande partie désert ou désertique et son avenir doit être négocié entre les parties.
Suite à des attentats ou pour prévenir ceux-ci, l'armée israélienne fait des incursions sporadiques dans les territoires contrôlés par l'Autorité Palestinienne. Il s'agit soit d'opérations de police qui auraient dû être faites par les Palestiniens eux-mêmes, soit d'une réponse ferme à la guerre d'usure qui se poursuit. L'ampleur de ces opérations est en proportion de la menace, l'armée d'Israël n'ayant pas les moyens humains pour des opérations de longue durée ou à grande échelle.
Alors "population ou territoire occupé" est un faux problème créé par des hommes mal informés pour le moins, et dont l'expression répétée à longueur de journée crée une "fausse réalité", brouillant la réflexion de l'homme de la rue.
Le président américain G W Bush est le premier à avoir reconnu la nécessité de créer un état Palestinien, vivant pacifiquement à côté d'un état juif. Il est encore trop tôt pour imaginer les contours d'une telle entité, mais le dessin de la barrière de sécurité en donne une image. Il est évident qu'un tel territoire est peu viable sur le plan géographique. Il en est de même du territoire à l'intérieur de la ligne dite "verte". Pour rendre viable ce territoire, il faudra amputer celui de l'état d'Israël, rendant alors ce dernier non viable, à l'image de celui dessiné par les experts de l'Onu lors du partage de la Palestine de 1947.
Pour parler de viabilité au niveau d'un territoire palestinien, il faudra sans doute songer à d'autres formules, le rattachement de Gaza à l'Egypte et de la Cisjordanie à la Jordanie, ou la création de cantons juifs et arabes vivant côte à côte et administrés chacun soit par Israël, soit par la Palestine. Cette dernière formule a l'avantage de ne pas déraciner les populations locales, mais nécessite une vraie volonté de coexistence de part et d'autre.
Ainsi quand on parle de "territoire palestinien viable", on est soit ignorant, soit pervers sur le plan politique.
Le gouvernement israélien n'a envisagé une barrière de
protection que contraint et forcé, en dernier recours, pour sauver des vies
humaines. La barrière coûte très cher et peu d'Israéliens la souhaitaient. Sa
construction est très lente car elle est difficile à réaliser dans certains
endroits sensibles, ce qui fait qu'on a construit moins de
Les résolutions de la Cour internationale de Justice et de l'Assemblée générale de l'Onu me rappellent un adage qui dit que "quand on veut noyer son chien, on l'accuse de la rage". La France a été la cheville ouvrière contre cette barrière, sous prétexte qu'elle empiète de quelques km sur la ligne verte. Elle a obtenu sa condamnation, avec en contrepartie, une vague déclaration contre la terreur.
Le feuilleton de l'été créé par Marie Leblanc est très révélateur des états d'âme de la société française en cette année 2004; la France qui a peur commence à réagir ! (1)
C'est parce que chaque Français s'est senti tout d'un coup concerné que nous avons eu droit à cette profusion d'indignations et de levée de boucliers, avec un grand renfort des médias, pour un incident imaginaire. C'est que Marie Leblanc n'était pas juive…. Si elle l'était, l'incident aurait suivi son cours normal, c'est à dire celui des centaines de cas recensés depuis 4 ans! Dans les archives de la police et de la Justice…
Sans parler de l'émotion suscitée par les propos de Mr Sharon à propos de la montée ou émigration de Juifs Français vers Israël, propos qu'il prononce régulièrement devant maint public et qui correspondent à ses convictions profondes, que personne n'est obligé de partager. Jamais ses propos n'ont suscité un tel émoi en France dans le passé, pourtant ils ont été souvent répétés. Alors pourquoi les médias montent-ils au créneau et les pouvoirs publics parlent d'incident diplomatique, juste en ce moment? C'est d'un lyrisme politique pervers. Comme si la France cherchait à retenir vraiment ces 1000/2500 Juifs de France qui bon an mal an émigrent vers Israël et dont la moitié en reviennent. Fait-on autant de brouhaha autour des Français qui émigrent en grand nombre aux Etats-Unis, trouvant là-bas des possibilités de travail et une vie meilleure?
Non vraiment en France, il faut toujours mettre les points sur les "i". C'est ce qu'on m'a appris d'ailleurs à l'école de la République !
Note
(1) Marie Leblanc a simulé dans un train une attaque antisémite et elle est allée se plaindre à la police
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