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LE PARTI PRIS PRO-PALESTINIEN N’EST PLUS DU JOURNALISME
Texte en anglais "Where the
reporting stops" paru le 18/01/05 dans le Jerusalem Post
Traduction française par Menahem Macina pour upjf.org.
Préambule de la traduction: Déjà, en mai 2005, la
journaliste italienne, Fiamma Nirenstein, avait décrit avec humour, mais d'une
plume acérée, la manière dont s'élabore l'information pro-palestinienne à
destination de l'étranger. Il faut relire ce morceau d'anthologie, qui n'a pas
pris une ride "Les journalistes et les
Palestiniens". A cette occasion, j'ai remis en tête de
liste quelques articles qui, eux non plus, ne sont pas récents, mais qui
montrent que le phénomène stigmatisé par le présent article ne date pas d'hier
et qu'il a causé un tort considérable à l'image d'Israël. Il est temps de
réagir. On aura avantage à se reporter à la rubrique "Propagande palestinienne,
manipulation des médias".
La journaliste palestinienne Majida Al-Batsh a étonné la
plupart de ses collègues, à la fin de l'année dernière, en annonçant qu'elle se
présentait à l'élection pour la présidence de l'Autorité palestinienne.
Majida Al-Batsh, qui habite la vieille ville de Jérusalem, a travaillé, durant
de nombreuses années, comme correspondante aux affaires palestiniennes pour
l'agence de presse française AFP.
Avant de présenter sa candidature au vote du 9 janvier, Majida Al-Batsh faisait
fréquemment partie du panel des débats de l'émission Politica sur la Première
Chaîne de télévision israélienne, où elle s'exprimait davantage comme
représentante des Palestiniens que comme journaliste impartiale d'une
organisation de presse internationale.
Ses collègues affirment que, peu avant de s'engager dans la compétition
électorale, Majida Al-Batsh a démissionné de l'agence de presse, expliquant
qu'elle voulait consacrer son temps à la campagne électorale. Cependant,
ajoutent-ils, cela ne l'a pas empêchée de chercher à obtenir l'aide de l'agence
dans sa campagne.
« Un jour, elle s'est présentée et a demandé à utiliser le télécopieur
pour envoyer quelques documents, rapporte un collègue. L'agence n'y a
pas vu d'inconvénient »
Le cas de la candidate Batsh, qui a fini par retirer sa candidature, des
semaines avant le vote, illustre les nombreuses inquiétudes suscitées par
l'identification et l'affiliation politiques de plusieurs journalistes
palestiniens employés par des organes de presse et des chaînes de télévision
internationaux pour traiter de la question palestinienne. Il souligne également
les inquiétudes à propos de la crédibilité de la manière dont beaucoup de
médias internationaux, en général, traitent du conflit israélo-palestinien.
En plus de son travail à l'agence de presse française, Majida Al-Batsh était
aussi journaliste à Al-Ayyam, l'organe officiel de l'Autorité palestinienne,
En d'autres termes, elle était également salariée par l'Autorité palestinienne,
puisque ce journal, dont le siège est à Ramallah, a été créé et est financé par
l'Autorité palestinienne. L'éditeur de Al-Ayyam, Akram Haniyeh, figurait
parmi les conseillers de Yasser Arafat.
Mais Majida Al-Batsh n'était pas la seule journaliste de l'AFP à travailler
simultanément pour l'Autorité palestinienne. Il s'avère que l'un des
correspondants de l'agence dans la Bande de Gaza, Adel Zanoun, est également journaliste
en chef de la région pour la station de radio de l'Autorité palestinienne, La
Voix de la Palestine.
Le chef du bureau de l'AFP à Jérusalem, Patrick Anidjar, refuse de discuter de
cette question, en disant : « Je ne comprends pas pourquoi vous devez
avoir le nom de nos correspondants. Pressé de donner une réponse précise,
il répond Je ne veux pas que les noms de nos correspondants soient publiés.
Je ne veux pas répondre à cette question. Qu'est-ce que c'est ? Une
enquête policière ? »
Concernant la proportion de correspondants palestiniens par rapport aux
correspondants israéliens employés par l'AFP, il affirme qu'elle est d'environ
moitié-moitié.
« Nous avons 20 journalistes palestiniens et 20 journalistes
israéliens, y compris des photographes. La plupart de ceux qui travaillent en
Cisjordanie et dans la Bande de Gaza sont des Palestiniens, et la plupart de
ceux qui travaillent en Israël sont des Israéliens, comme c'est logique,
non ? »
C'est peut-être moins logique quand la couverture des questions palestiniennes
est confiée uniquement à des journalistes palestiniens, dont une partie sont
ouvertement affiliés à différents groupes politiques.
« Je ne traiterai jamais d'un sujet qui diffame mon peuple ou ses
dirigeants, affirme fièrement un "certificateur"
(médiateur/guide/traducteur) palestinien qui travaille de façon régulière avec
beaucoup de journalistes étrangers. Il est de mon devoir de protéger mon
peuple de la propagande israélienne. »
L'AFP n'est pas la seule agence de presse internationale à employer des
'journalistes' qui se considèrent comme des "fantassins" au service
de la cause palestinienne. D'autres médias étrangers permettent fréquemment que
leurs reportages passent au filtre de ces consultants-certificateurs.
En attendant, Associated Press et Reuters, qui ont leurs propres services de
production de télévision, se fient presque entièrement aux séquences que leur
fournissent les équipes palestiniennes qui couvrent les événements en
Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Ce matériau, diffusé aux milliers
d'abonnés dans le monde entier, se concentre la plupart du temps sur les
Palestiniens victimes des opérations de Tsahal ; ce sont les cameramen qui
décident sous quel angle filmer et quel matériau envoyer, en fin de journée, à leurs
employeurs de Jérusalem.
L'agence Associated Press emploie aussi un journaliste - Muhammad Daraghmeh -
qui travaille pour le quotidien de l'Autorité palestinienne Al-Ayyam. « C'est
comme si l'on prenait quelqu'un du Service de Presse du gouvernement [israélien],
ou de l'un des partis politiques israéliens, pour travailler comme
journaliste », commente un ancien journaliste étranger résidant en
Israël.
La signature de Daraghmeh continue à figurer dans Al-Ayyam. Le chef du
bureau de l'Autorité palestinienne à Jérusalem dément qu'il travaille pour ce
journal.
Et l'ancien journaliste étranger d'ajouter : « Je connais
également des cas où d'anciens prisonniers pour atteinte à la sécurité sont
entrés au service d'importants organes de presse, y compris de chaînes
américaines, comme journalistes et certificateurs. Essayez de vous imaginer ce
que seraient les réactions s'ils employaient un Israélien qui avait fait de la
prison pour une raison ou pour une autre. »
À ce propos, il vaut la peine de noter que, durant de nombreuses années, CNN a
utilisé des politiciens palestiniens de premier plan - Ziad Abou Zayyad (Fatah)
et Ghassan Khatib (du parti communiste palestinien) - comme analystes en
interne pour les questions palestiniennes. Et ce en contraste flagrant avec son
utilisation d'un journaliste et commentateur israélien, Hemi Shalev, et
d'autres experts non affiliés comme lui, pour traiter des questions
israéliennes.
Les conflits d'intérêt au sein des bureaux locaux de médias étrangers semblent
s'étendre à leur choix de commentateurs palestiniens. Par exemple, beaucoup a
été dit et écrit au sujet de la manière dont CNN et la BBC traitent d'Israël,
mais personne n'a jamais demandé pourquoi la porte-parole palestinienne, Hanane
Ashraoui, a tellement de temps d'antenne, comparé à d'autres Palestiniens.
« Je ne puis comprendre pourquoi Hanane Ashraoui, dont l'absence de
qualification est notoire dans la société palestinienne, et qui échoua
lamentablement en tant que ministre, continue à susciter une aussi grande
attention de la part des médias internationaux, alors que des critiques de la
corruption palestinienne, dont les principes sont connus depuis longtemps, tel
Abd el-Jawad Saleh (membre de l'assemblée législative), sont pratiquement
ignorés, bien qu'ils parlent un bon anglais et que ce qu'ils ont à dire est
cent fois plus important » affirme un éditorialiste palestinien.
« En ce qui concerne CNN, le fait que l'un de ses principaux
producteurs palestiniens, Sawsan Ghosheh, ait été étroitement associé à Hanane
Ashraoui, explique peut-être pourquoi elle apparaît dans presque chaque
émission consacrée au conflit israélo-palestinien»
La porte-parole de CNN, Abigail Levy, soutient que Ghosheh « n'a jamais
travaillé avec Hanane Ashraoui, ni avec aucune autre personnalité
politique. »
Sur l'expérience de Ghosheh au plan journalistique, elle ajoute : « Nous
choisissons notre personnel en fonction de sa crédibilité journalistique.
Ghosheh a fait partie de CNN durant neuf ans. »
CNN a refusé de rendre public le curriculum vitae de ce producteur.
A la fin de l'année dernière, CNN a été le théâtre d'une des histoires les plus
bizarres de son histoire, quand l'un de ses producteurs pour les questions
palestiniennes, Riad Ali, a été "enlevé", dans la ville de Gaza, par
des hommes armés non identifiés.*
Cette affaire reste enveloppée de mystère, mais la manière dont CNN l'a traitée
est encore plus particulière. En revanche, elle est peut-être révélatrice des
difficultés que rencontrent - et des compromis auxquels consentent - les médias
étrangers dans la couverture de la situation palestinienne.
Riad Ali, un Druze de Galilée, a finalement été libéré indemne, et tous les
groupes palestiniens insistent encore sur le fait qu'ils n'ont rien à voir avec
son prétendu enlèvement ; ce qui a amené beaucoup de journalistes palestiniens
à conclure que toute l'affaire a été mise en scène, ou est le résultat d'une
"lutte de pouvoir" au sein de CNN.
Depuis, Riad Ali a refusé de parler de l'événement, et CNN ne dit mot des
résultats d'une enquête interne au sujet de l'enlèvement.
« Nous ne faisons aucun commentaire sur les problèmes de sécurité,
explique la porte-parole de CNN. Nous voulons le protéger. »
Elle affirme ne pas savoir non plus quand les résultats de l'enquête de CNN
seront rendus publics. « Personnellement, je suppose qu'ils ne le
seront pas », dit-elle.
CNN aurait-il observé le même mutisme si l'un de ses représentants avait été
enlevé par des Israéliens ?
« Bien sûr que non, répond un ancien employé de CNN. Toute cette
histoire sent mauvais, et elle n'est pas de celles que CNN veut diffuser. Quand
une de ses équipes est retardée à un point de contrôle, ils se mettent à
appeler n'importe quel responsable gouvernemental pour se plaindre et hurler.
Mais quand il s'agit des Palestiniens, ils ne se plaignent jamais. »
Il se peut que la répugnance de CNN à traiter des sujets qui mettent en cause
l'Autorité palestinienne soit dans la ligne de la manière dont la presse
internationale choisit de couvrir les questions palestiniennes. Par exemple,
durant des années, la plupart des médias étrangers ont choisi d'ignorer les
sujets consacrés à la corruption et à l'anarchie effrénées de l'Autorité
palestinienne, et préfèrent, par contre, s'attarder sur les
"violations" et les "atrocités" israéliennes.
Tout récemment, la BBC a mis en ligne sur son site Web un récit de sa
correspondante, Barbara Plett, concernant la campagne de l'Autorité
palestinienne pour l'inscription des votants en vue de l'élection, à
Jérusalem-est. Israël avait fermé les six centres d'inscription de la ville
parce que, aux termes des accords signés avec l'OLP, les Palestiniens ne sont
pas autorisés à avoir des activités politiques à l'intérieur d'Israël.
« Quand il s'agit de la démocratie palestinienne dans Jérusalem
occupée, Israël y met obstacle, et les Américains ont peu de choses à
dire » conclut Barbara Plett dans son reportage.
Barbara Plett omet de mentionner dans son sujet que la majorité des Arabes de
Jérusalem ont refusé de s'inscrire.
Barbara Plett, qui, l'année dernière, avait admis avoir pleuré au spectacle du
transfert aérien d'Arafat, de la Mouqata`a de Ramallah, pour être soigné à
Paris, a également passé sous silence, dans son reportage, les plaintes de
Palestiniens, selon lesquelles les forces de sécurité de l'Autorité
palestinienne harcelaient et intimidaient de prétendus électeurs et
contrôleurs, dans les centres d'inscription - plainte exprimée par le Comité
central palestinien pour les élections, dans une lettre envoyée au ministre de
l'intérieur de l'Autorité palestinienne, et publiée dans quelques journaux
palestiniens.
Deux jours seulement avant que le sujet de l'élection soit diffusé par la BBC,
le 21 septembre 2004, le Jerusalem Post publiait l'information
suivante :
« Le Comité central pour les élections dans l'Autorité palestinienne a
exhorté les forces palestiniennes de sécurité à cesser d'interférer dans le
processus d'inscription des électeurs en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
« Dans les derniers jours, le Comité a été saisi de plaintes de beaucoup
de Palestiniens, selon lesquelles les agents de sécurité de l'Autorité
palestinienne harcelaient des électeurs et des contrôleurs affectés aux centres
d'enregistrement. Les membres des services généraux de renseignements et de la
sécurité préventive de l'Autorité palestinienne avaient téléphoné à des
contrôleurs pour leur demander des détails sur les gens qui s'inscrivaient
comme électeurs.
« Les agents de sécurité de l'Autorité palestinienne ont également fait
des incursions dans les maisons de plusieurs contrôleurs de l'élection,
exigeant qu'ils remettent les listes d'électeurs enregistrés. Le Comité a
invité le ministre de l'Intérieur de l'Autorité palestinienne, Hakam Balawi, à
mettre un terme à l'immixtion des forces de sécurité dans la campagne
d'inscription. »
Il y a deux ans, le bureau de la BBC à Jérusalem a boycotté le bureau du
Premier ministre en raison d'un conflit à propos d'attribution de cartes de
presse aux employés palestiniens. La BBC, affirme un ancien journaliste de la
chaîne, n'a jamais boycotté aucune autorité gouvernementale où que ce soit dans
le monde.
* Voir Un journaliste de CNN enlevé à Gaza
(Haaretz)