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LA VOIX DES ARABES
Par Léon
Poliakov
Extraits
choisis pour Info’SION du
livre "De Moscou à Beyrouth"
Essai sur la
désinformation » - Ed. Calmann Levy - octobre 1983
Un trait
généralisé de la propagande arabe ou pro arabe
est de faire appel à des préjugés surannés et à des arguments qu’on croyait
hors d’usage. Ce fut le cas d’une thèse simple et forte, naguère soutenue à
l’intention de l’étranger, par des intellectuels arabes : "Etant nous mêmes des sémites nous ne pouvons pas être
antisémites". C’est ce que disait Nasser aux journalistes
occidentaux...
Mais les
polémistes arabes en sont eux-mêmes venus à opter pour une autre forme
d’argument racial, en s’attachant à plaider que les Juifs ne sauraient prétendre
à aucun lien particulier avec le sol d’Israël, tandis que les Palestiniens y
seraient authentiquement enracinés (p. 79 - 80) …
Le 15 mai 1948,
lorsque la coalition des armées arabes se lança à la conquête d’Israël, les
radios arabes annonçaient "Ce sera une guerre d’extermination mémorable,
que l’Histoire relatera au même titre que les massacres des Mongols ou des
Croisés" (cité par la BBC). Mais les Juifs étaient des ennemis d’un
autre genre que les Mongols ou les Croisés, puisque ennemis méprisables au premier
chef.
La relation judéo-arabe à travers les siècles était
moins inextricable – et moins paradoxale- que la relation judéo-chrétienne,
puisque l’Islam ne se réclamait nullement de l’Ancien Testament des Juifs. Le
principe général se trouve posé dans le Coran: les païens doivent être passés
au fil de l’épée, mais les "peuples du livre", c’est à dire les
chrétiens et les Juifs, doivent être épargnés, tolérés à titre de protégés (ou "dhimmi") , astreints à payer tribut (jizya)
aux vrais croyants, et à témoigner de diverses manières de leur soumission et
de leur infériorité. Dans ces conditions, les Juifs, moins nombreux que les
chrétiens, n’eurent pas le désastreux privilège d’être les seuls infidèles, les
seuls boucs émissaires. Ils n’en furent pas moins souvent persécutés, et en
règle générale méprisés: "yahoudi" avait en
arabe à peu près la même tonalité que "youtre" ou "yid" dans les idiomes européens.
D’autant que le
Coran n’est pas tendre pour ces infidèles-là, qui ont récusé l’enseignement du
Prophète: "Nous les avons maudits, et nous avons endurci leurs cœurs. Ils
ont détourné de leur sens les paroles de leurs Ecritures, et ils ont oublié une
partie de ce dont ils devaient se souvenir. Ne cherche pas à connaître leur
perfidie, il en est peu qui fasse exception" ...
Il y avait de quoi,
pour les théologiens musulmans, justifier la destruction de l’Etat Juif, et ils
s‘y emploieront en temps utile.
En attendant,
cela suffisait pour que les chefs des
Etats arabes veuillent se venger d’une défaite militaire infligée par des êtres
aussi méprisables. D’ailleurs, seul un complot mondial pouvait raisonnablement
expliquer un pareil renversement des rôles.
… C’est en 1955,
l’année de Bandoeng, que la propagande anti israélienne s’exaspéra au
Caire : "Notre guerre contre les Juifs est une vieille lutte, qui
débuta avec Mahomet ...Notre devoir est de nous battre contre les Juifs, pour
l’amour de Dieu et de la religion, et il est de notre devoir d’achever la lutte
que Mahomet a entreprise…" (Al Ahram
26-11-1955) "Dieu a rassemblé les sionistes des quatre coins du monde,
de sorte que les Arabes puissent les anéantir d’un seul coup" (6-9-1956)
( p. 83-86)
Note
d’info’SION
Il est intéressant
aujourd’hui, fin mars 2009 de lire aussi ceci, page 86: A la veille de
la guerre de Suez, les Turcs étaient eux aussi mis en cause: "La raison
de la haine des leaders turcs envers les Arabes est à chercher dans leurs
origines juives..." (Al-Ahram, 19-9-1956) , voulant peut-être parler des "doenmah"
qui ne sont ni Juifs ni Musulmans.