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Après la Visite à SodaStream
en Judée Samarie,
l’Eglise
Presbytérienne suspend ses Appels au Boycott
Par Jean-Patrick Grumberg, journaliste et photographe de rue. Ancien lobbyiste, il a vécu à Paris, puis à Los Angeles et Tel Aviv, et vit en Californie. Il est contributeur au site Dreuz et d'autres médias francophones et anglophones.
Pour Dreuz.info - 22/2/14
Une délégation de 14 responsables de l’Eglise presbytérienne, qui soutenait le boycott des produits israéliens fabriqués en Judée Samarie, a été invitée à visiter Israël, à l’initiative de la Ligue d’amitié Amérique-Israël (AIFL). L’objectif clairement défini était que la délégation découvre personnellement Israël, et non au travers des médias, afin de mieux comprendre le conflit entre les Arabes palestiniens et les Israéliens.
Aux Etats Unis, l’Eglise presbytérienne représente environ 6 millions de personnes, et tandis que des groupes religieux américains comme les Evangélistes et les Mormons sont connus pour leur soutien à Israël, les Presbytériens ont historiquement toujours été très critiques, et ont souvent encouragé au boycott des produits israéliens.
Ainsi donc, des représentants de l’Eglise presbytérienne ont visité l’usine SodaStream installée à Maale Adumim à l’est de Jérusalem, et qui s’est récemment retrouvée au milieu de plusieurs polémiques (SodaStream a gagné un important procès en France contre les boycotteurs, et Scarlett Johansson, leur nouvelle égérie, s’est fermement engagée à leur coté et a rompu ses relations avec l’organisation humanitaire Oxfam qui la critiquait). Là, ils ont pu engager une discussion directe avec des employés et la direction de l’usine.
SodaStream, un oasis de paix
L’usine SodaStream emploie 1300 personnes. 500 sont des arabes palestiniens de Judée Samarie, et environ 450 sont arabes israéliens et juifs. La société voit dans cette usine un « oasis de paix ».
Et en effet, la délégation presbytérienne est arrivée à la conclusion que « le lieu d’implantation de l’usine renforce le sentiment qu’il améliore les relations inter-personnelles entre les israéliens et les palestiniens », et « ils vont informer l’administration et les fidèles de l’Eglise de leur soutien à Israël. »
Ruby Shamir, le directeur exécutif de l’AIFL, a déclaré à l’issue de leur visite: « alors qu’il y a tant d’appels à boycotter Israël, tant dans le monde académique que commercial, il est crucial de faire venir sur place des leaders d’opinion et des personnalités afin de changer ces impressions, et les aider à se faire une idée positive sur Israël », et il n’existe rien de mieux que la connaissance, la connaissance directe et réelle sans intermédiaire médiatique, pour faire reculer la propagande et la désinformation.
Après le déclenchement de la polémique sur SodaStream, deux journalistes du quotidien britannique The Telegraph se sont eux aussi rendus sur place enquêter, afin de savoir qui, des boycotteurs d’Israël qui soutiennent que SodaStream est un symbole de la répression, ou de Scarlett Johansson qui affirme que SodaStream est un pont pour la paix, est du coté de la vérité.
“Nous n’avons aucun problème à travailler ici”, a déclaré un employé palestinien aux journalistes, tandis que d’autres approuvaient de la tête. “Les relations avec les autres sont bonnes, le salaire est bon. Mais le trajet jusqu’à chez nous est quelques fois très long”. Pour beaucoup de palestiniens, précise The Telegraph, travailler chez SodaStream impose une série de contrôles de sécurité complexes et longs entre l’usine et leurs domiciles situés tout près à Nablus et Hebron. Mais le taux de chômage élevé en Judée Samarie fait que ça vaut le coup, disent les ouvriers.
« Si vous voulez mon avis,
il faudrait un millier de SodaStreams dans cette région »
The Telegraph: notre contact, qui a souvent visité l’usine, nous explique : “il est rare de voir une société comme ça. Tout le monde s’assied ensemble, travaille ensemble. Si vous voulez mon avis, il faudrait un millier de SodaStreams dans cette région.”
The Telegraph: le salaire moyen que gagnent les Palestiniens en Israël et dans les implantations est plus de deux fois supérieur à celui du secteur privé de la rive Ouest (Judée Samarie), selon le rapport de l’Organisation international du travail (OIT). Le taux de chômage des jeunes de 20 à 24 ans est de 40%.
The Telegraph: La semaine passée, le PDG de SodaStream, Daniel Birnbaum, a déclaré “nous n’allons certainement pas virer nos ouvriers comme des malpropres pour assurer la promotion des objectifs politiques des uns ou des autres”.
Et Yonah Lloyd, le directeur de SodaStream, décrit l’atmosphère de l’usine comme « très harmonieuse » : “Nous pensons qu’avoir réussi à réunir toutes sortes de gens pour travailler ensemble, casser la croûte ensemble pendant le repas, et même durant les évènements de l’usine organisés à la plage, c’est un rêve” a-t-il déclaré au Telegraph.
« Les gens ici, les
Palestiniens et les Israéliens, ils travaillent ensemble »
The Telegraph: Plusieurs ouvriers que nous avons interrogés ont mis l’accent sur le fossé qui existe entre la politique et leur vie de tous les jours en terme de rapports entre les Israéliens et les Palestiniens : “La ségrégation existe seulement au plus haut niveau, entre le gouvernement israélien et palestinien”, nous a explique le cuisinier arabe de Jérusalem Est qui travaille à la cantine de SodaStream. “Les politiciens, ils créent tout un tas de problèmes entre les Juifs et les Arabes. Mais les gens ici, les Palestiniens et les Israéliens, ils travaillent ensemble, ils se parlent, il n’y a pas de problème. Par contre, au niveau politique, il y a beaucoup de difficultés.”
The Telegraph: Le cuisinier, qui a demandé à ne pas être nommé (JPG: car il risque d’être emprisonné par l’AP pour ne pas avoir décrit les Israéliens comme des criminels) a donné en exemple le cas de Yotam Ottolenghi et de Sami Tamimi : “Vous connaissez l’histoire de cet israélien et de ce palestinien, tous les deux de Jérusalem et tous les deux cuisiniers ? » nous a-t-il demandé. « Ils ne se sont jamais rencontrés à Jérusalem, mais ils sont tous les deux allés à Londres. Ils ont commencé à faire des falafel et du houmous, ils se sont rencontrés, et ils sont devenus associés. C’est possible à Londres, mais c’est difficile ici, à cause des politiciens”, conclut le cuisinier.
J’aime travailler ici, les rapports entre les gens sont bons, qu’est ce que je peux dire ?
The Telegraph: Un ouvrier palestinien de Jérusalem Est attend son bus, et il parle au téléphone. “J’aime travailler ici. Les rapports entre les gens sont bons, qu’est ce que je peux dire ?”
L’histoire des deux cuisiniers est probablement vraie. Mais je connais une autre histoire de cuisiniers, qui s’est produite il y a quelques mois, et qui sera ma conclusion, afin de nuancer les propos angéliques des Palestiniens qui mettent un peu vite tous les problèmes sur le dos des politiques.
Tomer Hazan, 20 ans, était sergent dans l’aviation israélienne. L’armée l’autorisait à travailler en dehors de la base pour se faire un peu d’argent, et il était employé dans un restaurant de Bat-Yam, la ville côtière au sud de Tel Aviv. Là, il est devenu ami avec un autre employé du restaurant, Nidal Amar, un arabe de 42 ans de Judée Samarie qui travaillait là depuis des années.
Un jour, l’arabe a invité Tomer chez lui pour le week end, en territoire palestinien interdit aux israéliens pour des raisons de sécurité, près de la ville de Qalqiliya. Une fois sur place, dans la maison de famille, Amar a étranglé le jeune Tomer et l’a jeté dans un puits. Aucun politique n’a été responsable de cet horrible assassinat.
Leçon de vie - Tout homme est libre de choisir entre deux risques :
se faire traiter de raciste
parce qu’il hésite ou refuse de faire confiance aux arabes,
ou se retrouver égorgé au fond
d’un puits.