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Les Militants BDS Haïssent
Israël plus qu'ils n’Aiment
les Droits de l'Homme
Par Emmanuel Navon qui dirige le département de Science politique et de Communication au Collège universitaire orthodoxe de Jérusalem et enseigne les relations internationales à l'Université de Tel Aviv et au Centre interdisciplinaire d’Herzliya. Il est membre du Forum Kohelet de politique publique
15/6/15
Une vidéo récemment uploadée sur YouTube par le producteur américain Ami Horowitz révèle la vérité sur le mouvement BDS (Boycott, désinvestissements, sanctions). Avec une caméra cachée, et se faisant passer pour un représentant commercial, Horowitz visite trois magasins en Irlande qui boycottent ouvertement les produits israéliens.
Horowitz dit au premier magasin qu'il représente une société soudanaise; au second, qu'il travaille pour une ferme iranienne ; et au troisième, qu'il vend les produits d'une usine nord-coréenne. Les trois commerçants répondent négativement lorsqu'on qu’Horowitz leur demande s’ils sont réticents à vendre les produits du pays qu’il représente -- Horowitz précise que les produits de la société soudanaise sont "sans herbicides, sans pesticides, et sans Juifs"--. Horowitz explique également que son entreprise préfère ne pas travailler avec un magasin qui vend des produits israéliens. "Oh, nous ne le faisons pas, nous avons une politique très pro-palestinienne», répond le premier commerçant. Le second lui montre fièrement une pancarte "Boycott Israël» affichée sur sa porte. Le troisième explique que «nous avons un embargo, nous ne faisons affaire avec aucune entreprise israélienne"
De toute évidence, ces trois
commerçants ne se soucient guère des droits de l’homme ou du droit
international. Il en va de même pour les militants du BDS.
L'une des forces motrices du mouvement BDS est Omar Barghouti, qui a co-fondé le mouvement en 2005. Né au Qatar et élevé en Egypte, Barghouti a émigré vers l’Autorité palestinienne il y a quelques années. Il s’est inscrit à l'Université de Tel-Aviv, où il a obtenu une maîtrise en philosophie et où il poursuit un doctorat. Barghouti boycotte et diffame le pays et l'université qui lui ont octroyé son diplôme et qui lui garantissent sa liberté d’expression. Israël est le seul pays au Proche-Orient où vous avez la liberté de boycotter et de diffamer votre propre université. Et pourtant, Barghouti parcourt le monde pour en appeler au boycott d'Israël.
Le but de ce boycott n’est pas d’en arriver à une solution à deux États. Comme Barghouti l’a expliqué cette semaine dans une interview accordée à +972 Magazine, son but est de réaliser le soi-disant "droit au retour" pour accorder la citoyenneté israélienne aux descendants réels et présumés des réfugiés arabes de la guerre arabo-israélienne de 1948 (selon l'UNRWA, les descendants des réfugiés arabes de 1948 représentent maintenant 5 millions de personnes).
Le "droit au retour" transformerait donc Israël en un État binational avec une majorité arabe (la Judée-Samarie/Cisjordanie, en revanche, sera vidée de tout Juif). Ce que Barghouti présente comme une «obligation morale» est, en fait, la fin de l’État d'Israël.
Comme Mudar Zahran, un militant politique jordano-palestinien, l’a écrit dans le journal Israel Hayom cette semaine: "J’ai personnellement approché plusieurs figures connues du mouvement BDS pour leur demander de boycotter les pays arabes pour la façon dont ils traitent mon peuple, mais aucun de mes interlocuteurs n’a montré le moindre intérêt pour mon initiative"- Comme l'explique Zahran, il est interdit aux Palestiniens du Liban de pratiquer pas moins de 72 professions. En Syrie, ils sont affamés par le régime d’Assad et par les rebelles islamistes; en Jordanie, la plupart des emplois publics leurs sont interdits. Des millions de Palestiniens en Syrie et au Liban n’ont pas un seul représentant au parlement. En Jordanie, les Palestiniens représentent 80% de la population, mais seulement 10% du parlement.
Barghouti dépeint Israël comme l'oppresseur sadique et malveillant de victimes sans défense et innocentes. Si Barghouti avait raison, on ne pourrait pas blâmer les commerçants irlandais de ne pas vendre les produits de ce pays monstrueux. Mais à l'âge de l'Internet et des billets d'avion bon marché, ces gens n’ont aucune excuse pour ne pas vérifier les faits et pour ne pas se faire leur propre opinion. Et s’ils sont vraiment motivés par la défense des droits de l’homme et du droit international, c’est à eux d’expliquer pourquoi ils n’envisagent même pas le boycott des pays qui, eux, sont véritablement coupables de violations des droits de l’homme.
La liste est malheureusement longue, mais deux pays ont récemment fait parler d’eux: le Soudan et la Birmanie. Cette semaine, le président soudanais Omar Bachir a failli être arrêté en Afrique du Sud en raison d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI). Bachir est accusé de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre au Darfour. Pourtant, il n'y a aucun mouvement BDS contre Bachir ou contre le Soudan.
Un autre exemple est la Birmanie, qui pratique l'une des pires formes d'apartheid au monde contre sa minorité Rohingya. Les Rohingyas -- une minorité musulmane d'un million d’âmes -- sont privés de citoyenneté, le droit de vote, et d'accès aux écoles publiques. En 2012, ils ont été victimes de nettoyage ethnique. Fuyant la ségrégation, l'abus et la violence, ils essaient d'atteindre la Malaisie et l'Indonésie sur des embarcations de fortune, et périssent souvent en mer. Pourtant, le monde est indifférent. The Economist a consacré un article spécial cette semaine aux Rohingyas, mais l’article en question affirme qu’imposer des sanctions économiques contre la Birmanie serait "trop agressif" - Donc pas de BDS là-bas non plus.
Pour paraphraser Golda Méïr, les militants BDS haïssent Israël plus qu'ils
n’aiment les droits de l'homme.