www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
LE DERNIER CRI EN MATIÈRE D'ANTISÉMITISME
nettoyage ethnique, soudan, nazi,
mode, guerre israélo-arabe
Par Walter Reich, psychiatre et professeur de relations
internationales, éthique et comportement humain à George Washington University.
Article paru dans le Los Angeles Times du 8 Juin 2004 et traduit
par Arouts 7.
Des génocides abjects continuent à se produire sur la
planète. Tout comme des massacres de civils à grande échelle et autres
exécutions brutales.
Pourtant l'épithète le plus abjecte dans toutes les langues du
monde—"nazi"—n'est pas attribué aux auteurs de ces crimes mais,
uniquement et systématiquement, crié à la figure d'Israël.
Ce n'est pas comme si les vrais horreurs étaient difficiles à trouver. Pour
trouver une campagne "génocidaire" organisée par un état, allez au
Soudan, où les troupes du gouvernement arabe musulman de Khartoum, et les
milices arabes armées par ce dernier, attaquent systématiquement des tribus
noires. Des milliers de personnes ont été assassinées et un million chassés de
leurs foyers par des agressions méthodiques: bombardement de villages,
exécutions d'hommes, de femmes et d'enfants, viols à grande échelle et
privation forcée de nourriture et d'eau. Pourtant le mot "nazi" n'est
pas utilisé contre les autorités soudanaises que ce soit par les pays arabes ou
tout autres pays, tout comme ce mot ne fut pas utilisé contre les autorités
Hutus rwandaises qui ont organisé le génocide d'environ 800.000 Tutsis.
Les massacres délibérés de civils sont encore plus faciles à trouver. Ces trois
dernières années dans les rues d'Israël, de nombreux autobus, cafés et
restaurants ont été transformés en chambres à explosion par les organisations
palestiniennes dont le but déclaré est d'éradiquer Israel et de vider la région
des juifs. C'est ainsi qu'ils ont systématiquement tué une douzaine d'israéliens
par-ci, deux douzaines par-là, disloquant et projetant bras, jambes, poumons,
foies, cervelles et lambeaux de peau et de muscles sur tous les trottoirs
d'Israël. Et au World Trade Center à New York le 11 septembre 2001, autant
d'innocents ont été assassins en quelques minutes qu'en un jour de chambre à
gaz à Auschwitz. Toutes ces actions, bien qu'elles ne justifient pas le terme
"Nazi," sont des actes délibérés de massacres de civils par des
organisations ayant un programme ouvertement déclaré de meurtre de masse… Pourtant l'épithète "Nazi" n'a été
à aucun moment utilisé contre les organisateurs de ces massacres ou de quel
qu'autre atrocité dans le monde.
Le mot "Nazi" est cependant régulièrement crié à la figure d'Israël,
bien que la politique de ce pays est d'éviter de tuer des civils palestiniens.
Il est crié, d'abord et avant tout, par les Palestiniens et leurs alliés arabes
et musulmans. Il est crié ensuite par les détracteurs européen d'Israël. "Ce
qui arrive à Ramallah," disait en 2002 Jose Saramago, lauréat
portugais du prix Nobel de littérature, "est un crime qui peut être
comparé à Auschwitz"
Les habitants juifs de la rive occidentale, disait l'année suivante Tom Paulin
poète d'Oxford, "devraient être fusillés. Je pense que ce sont des Nazis, des
racistes. Je n'éprouve que de la haine pour eux." La même année,
l'écrivain irlandais Tom McGurk approuvait la comparaison entre l'offensive
israélienne contre Jénine et la destruction par les "nazis" du ghetto
de Varsovie. "Comme il est extraordinaire," écrivait-il," que
tant de gens dans les démocraties libérales occidentales se sentent si
étrangement le soufflé coupé, si émotionnellement pris à la gorge en face de la
barbarie de type nazi de l'état d'Israël contre les Palestiniens."
La raison pour laquelle les Palestiniens appellent les israéliens
"nazis" n'est pas difficile à comprendre. C'est une accusation
féconde à employer en toutes occasions contre un pays qui a lui-même émergé des
cendres de l'Holocauste et qui reçu sa légitimité de la communauté
internationale en 1948 en partie à cause de cette catastrophe. Si le mot
"nazi" peut être attaché à ce pays avec succès, alors sont droit à
l'existence peut être mis en question.
Quant à savoir pourquoi des non-Palestiniens dirigent cette accusation contre
Israël plutôt que contre d'autres cibles est plus complexe. Certains essaient
simplement d'utiliser l'arme verbale la plus dévastatrice possible dans leur
guerre contre l'état juif. Mais d'autres sont des antisémites qui ont enfin
trouvé le stratagème qui les libère des restrictions en place depuis 60 ans.
Pendant les six décennies qui ont suivi l'Holocauste, l'antisémitisme était vu
comme la cause ayant mené au pire génocide dans l'histoire humaine. Il n'était
pas possible d'être antisémite en bonne compagnie. Les années passant, certains
antisémites essayèrent de rompre l'interdit en déclarant que l'Holocauste
n'avait jamais eu lieu - car enfin s'il n'a jamais eu lieu ou a été exagéré
alors l'antisémitisme est faussement accusé d'avoir été une idéologie
"génocidaire" et peut à nouveau être réintégré dans l'espace des
discours acceptables. Pourtant le négationnisme n'a jamais réussi à atteindre
une large crédibilité en occident, étant donné la montagne de preuves.
Mais si le public pouvait être convaincu qu'Israël ne vaut pas mieux que
l'Allemagne nazie, alors les antisémites blanchis pourraient enfin revenir aux
affaires. Voire même, si le public en venait à voir Israël comme s'étant engagé
dans une attitude de type nazi, il pourrait en conclure que l'état juif est en
fait pire que l'Allemagne nazie. Quand nous entendons l'épithète
"nazi" réservé aux israéliens seuls, sachons en décrypter les tenants
et aboutissants. C'est tantôt une arme de guerre tantôt une tentative de
réhabiliter l'antisémitisme; voilà pourquoi ce mot est utilisé uniquement
contre Israël et non contre des pays et des groupes réellement coupables de
génocides et de meurtres de masse.