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Les Sources Bibliques de l’Antisémitisme
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
6/3/2019
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Le mois de février 2019 a été (en France)
l’occasion d’un nouveau déferlement de haine antisémite, comme cela ne s’était
pas produit depuis bien longtemps. Les antisémites, décomplexés, ne craignent
plus d’inscrire sur les murs « morts aux juifs », « sales juifs » ou de
dessiner des croix gammées (Paris 4°, 13°, 14°, 16° 18°, Artigues,
Versailles, Sarlat, 21 février 2019 ; Blois, 14 février 2019), voire « juden » (Paris 18°), d’insulter de « sales juives » des
personnes de confession juive (Garges les Gonesse,
Prés Saint Gervais, 19 février 2019, Strasbourg 2 février 2019, ou Finkelkraut le 16 février 2019), de les menacer de morts,
ou encore de profaner leurs tombes (Quatzenheim, 18
février 2019),
L’antisémitisme (quasi institutionnel pendant
deux millénaires) a justifié l’éviction des Juifs de leur pays de résidence,
leur conversion de force, la spoliation de leur biens, voire leur massacre.
On pensait cette ère révolue. Il n’en est rien. Pour autant, la
résurgence des actes antisémites en 2019, est d’autant plus difficile à
comprendre qu’il sont pénalement sanctionnés : La loi
du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, réprime les propos racistes ou
antisémites, l’injure raciste, la diffamation raciste, la provocation à la
discrimination, à la haine ou à la violence raciste, l’apologie des crimes, et
la contestation des crimes contre l’humanité… De même, l’antisémitisme est-il
une circonstance aggravante ou justifie une aggravation de la peine (132-76
Code pénal). Ces sanctions devraient (prochainement) être étendues aux actes «
antisionistes », forme déguisée de l’antisionisme.
Historiquement, l’antisémitisme était le monopole
de personnes de confession chrétienne ou proche de l’extrême droite. Il était
dit des Juifs qu’ils étaient « impérialistes », « assoiffés de sang », ou «
complotant pour conquérir le monde ». Désormais, il est également l’œuvre de
personnes de confession musulmane ou des mouvements politiques proches de
l’extrême gauche. Il prend alors la forme d’une diabolisation de l’Etat d’Israël
et de son peuple, assimilé « aux Nazis » : les Juifs imposeraient aux
palestiniens, ce qu’ils ont eux-mêmes subi au cours de la seconde guerre
mondiale…(sic). Notons que pour l’extrême gauche,
athée, la destruction d’Israël et des Juifs serait un moyen de prouver que D.
n’existe pas.
Il convient néanmoins de s’interroger sur le
point de savoir si la Bible ne fournit pas, aux antisémites, les fondements de
leur haine contre les Juifs. Si l’envie et la Jalousie sont des travers de la
nature humaine, la Bible décrit ce mode comportemental, s’agissant de la
relation avec le Ciel. A peine chassés du paradis, Adam et Eve ont assisté au
premier meurtre de l’humanité, celui d’Abel tué par son frère Caïn : ce dernier
n’avait pas supporté la préférence que D. avait accordé à son offrande. (La
préférence divine est donc un mobile pour tuer son frère). A côté de cette
jalousie, la ruse apparaît comme un moyen d’accaparer les droits de son frère :
Jacob en a usé pour subtiliser le droit d’aînesse d’Esaü. Ainsi, pour les
religions monothéistes (postérieures au judaïsme), est illustré le penchant
consistant à tuer son frère, (préféré par D.), et la faculté de prendre sa
place. C’est effectivement ce mode opératoire qui a inspiré les religions
chrétienne et islamique.
Dans le Christianisme, Jésus de Nazareth est
considéré comme étant le Messie, envoyé par le Ciel, que les juifs n’ont pas
voulu reconnaître. L’Eglise s’est alors considérée comme le « vrai Israël »
(pour prendre sa place) pendant que les juifs, étaient accusés du crime de «
déicide» (avant d’être placé au ban de l’humanité).
De même, dans le Coran, s’il est admis que les
juifs ont été préférés aux autres peuples (sourate 45, verset 16) et choisis
parmi tous les peuples de l’univers (s 44, v 32-33), le message indique qu’ils
ont « falsifié les écritures » (s 2, v 75), et « supprimé de la Thora l’annonce
future de la venue de Muhammad » (s 48, v 29). Dès lors, les juifs sont,
depuis, tenus de payer un impôt faute de professer la religion de la vérité (s
9, v 29). Le mécanisme est donc, une fois encore, identique : le but est de
prendre la place de celui qui a été préféré par D. (notons que dans le Coran la
substitution s’opère également lors du sacrifice d’Abraham : il concerne
Ismaël, non Isaac). Des versets préconisent alors d’éliminer physiquement les
juifs : (s 9, v 29) «Combattez ceux qui ne croient point en Allah ; (s 3, v 29)
« les infidèles, on les tuera partout où on les trouvera » ; (S 4, v 56),
« Ceux qui ne croient pas à Nos Versets, Nous les brûlerons bientôt dans
le Feu ; (s 4 v91), « les infidèles, tuez les ou que vous les trouviez »… ».
(Les islamistes appliquent, en fait, les textes à la lettre).
Rappelons que la Bible contient des textes très
durs à l’endroit des juifs laissant entendre que D. les aurait abandonné. Les
39 premiers chapitres du livre d’Isaïe condamnent les défaillances du peuple
juif (1,4 ;10,1-3), et appellent à la repentance et à
une correction du comportement (1,18-20) : «Mes enfants se sont insurgés contre
moi 1.2 », « Mon peuple n’a pas de discernement 1.3 », « c’est une nation
pécheresse chargée d’iniquité 1.4 », « une Race de malfaiteurs et d’enfants
dégénérés 1.4 ». « Faudra t il vous frapper encore ? 1.5 », pourtant, « son
peuple reste sourd à ses prières » (1.14). D. est alors déterminé : « les
traîtres à l’éternel périront 1.28 », «Oui je me lèverai contre eux, je
détruirai le nom et la trace tout descendant toute postérité 14.22 »… Dans le
Lévitique (26, 14-46), il annonce (à défaut de correction) : « la défaite face
à l’ennemi », « la domination des Juifs par ceux qui les haïssent », « la
soumission à l’ennemi », « la destruction des hauts lieux », « la destruction
du pays au point de stupéfier les ennemis ».
Dans le Deutéronome (28, 15-69), il est ajouté
que le peuple israélite sera maudit et qu’il périra pour avoir abandonné le
Seigneur. Il sera livré vaincu aux ennemis et deviendra un objet de terreur
pour toutes les nations de la terre. Il est également prévu qu’il devienne la
stupeur, la fable, la risée de toutes les nations et que ses enfants iront en
captivité. Toutes les malédictions le frapperont jusqu’à ce qu’il périsse et le
Seigneur « se réjouira de vous faire périr et de vous exterminer et vous serez
déracinés de cette terre dont tu vas prendre possession. » (Deutéronome 28,
63). (Ces textes laissent entendre que les Juifs ne sont pas dignes du choix
divin).
Il est également annoncé « l’envoi d’une nation
lointaine et hostile qui « s’abat comme l’aigle » (Dt
28,49) et n’a point d’égard pour le vieillard ni de pitié pour l’adolescent (Dt 28,50), l’obligation de servir ses ennemis jusqu’à
l’extermination (Dt 28,48), des survivants qui se
consument (par leur faute) (Lv 26,39) et se voient
réserver un traitement hostile au pays de leurs ennemis (Lv
26,25)…(tel le nazisme).
En réalité, les sanctions divines annoncées
n’ont aucun caractère définitif : dans le Lévitique (26, 42-46), il est rappelé
qu’en cas de repentance du peuple d’Israël, le Seigneur se souviendra de son
alliance avec Abraham, de ses engagements à l’égard de la terre promise et
qu’il n’anéantira pas le peuple d’Israël ni ne dissoudra le pacte passé avec
les aïeux.
Ainsi, après le matérialisme historique, voici le
spiritualisme historique. Le peuple juif a reçu la Loi du Ciel. Chrétiens et
musulmans doivent accepter leur place respective. Alors, les peuples ne
tireront plus l’épée contre un autre peuple, ni n’enseigneront l’art des
combats (Isaïe 2,3-4). Alors, un avenir glorieux englobera l’ensemble des
nations où Juifs et non Juifs honoreront et serviront D-ieu
(Isaïe 56,3-8 ;66,18-23)… En somme l’antisémitisme
n’est qu’un instrument du projet Divin pour l’Humanité.