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Mutations et Recrudescence de l’Antisémitisme

Par Albert Soued, écrivain http://symbole.chez.com pour www.nuitdorient.com

15/02/2022

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Depuis quelque années le phénomène « antisémite » recommence à prendre de l’ampleur en Occident notamment, dans les pays de l’Est et en pays islamique (1).

La pandémie mondiale en a été l’accélérateur et le révélateur.

Quels sont les facteurs qui contribuent à l’émergence et à la diffusion de cette haine ancestrale camouflée dans l’inconscient collectif, et qui soudain s’exprime souvent violemment ? (2)

 

Le « Wokisme »

Le nouvel antisémitisme en Occident est lié au phénomène « woke », une a-culture qui renverse les valeurs ou les annule, d’où la désignation « cancel culture ».

Le « wokisme » est une idéologie et un mouvement qui sont apparus au sein de la communauté afro-américaine aux États-Unis, et qui sèment la discorde sur de nombreux campus.

« Etre woke» est le contraire d’«être endormi» ; c’est être conscient des injustices sociales, politiques, et lutter contre le racisme et l’oppression vécue par certaines minorités. Lutte radicale portée par les militants antiracistes, féministes et LGBT, elle a été adoptée dans certaines entreprises, pour satisfaire le personnel et faire des économies de salaires en même temps.

Une personne jugée raciste, homophobe ou sexiste est exclue de l’espace public et rendue inaudible. Seul le politiquement correct est admis. Le « boycott » est l’arme privilégiée pour faire disparaître l’opposant. Le « wokisme » est en fait une dictature d’apparence douce.

Pour les « woke », les personnes blanches sont privilégiées, bien que n’en ayant pas conscience. Là encore, ces personnes sont «endormies». Ce qui est une ineptie, car la majorité des blancs sont aussi démunis que la majorité des noirs. Il en est de même des préjugés et calomnies concernant les juifs considérés comme riches et l’apartheid des Israéliens. Ce qui suppose que la réussite et la richesse sont des valeurs négatives à rejeter. Ce qui suppose que les citoyens israéliens doivent subir les attaques et attentats continus sans riposter, les dits « palestiniens », arabes comme les autres arabes étant les « faibles » qu’on doit défendre. Le « renversement » systématique réfléchi ou non des situations est à l’origine de cette haine du juif et d’Israël.

La majorité des actes et propos antisémites dans les campus résulte de cette nouvelle a-culture.

 

L’Islam

Dans le Coran, le Juif est considéré comme un être inférieur et même assimilé à un animal, du fait qu’il a refusé d’adopter la foi nouvelle. Née dans les tribus païennes d’Arabie et s’inspirant des deux autres monothéismes pratiqués dans la région, cette nouvelle religion devait s’affirmer. Elle l’a fait par la force et l’élimination de l’Autre, en se « substituant » à lui. On ne tolère l’Autre que comme un être inférieur payant une taxe (jizzya) pour sa protection.

Depuis 14 siècles, la haine du juif se poursuit aujourd’hui dans l’éducation, la « madrassa » (école religieuse) et la mosquée. Elle s’est transmise graduellement et furtivement dans tous les pays musulmans, à travers les générations, et parmi les immigrants en Occident.

La cause palestinienne est née il y a une soixantaine d’années grâce au KGB. D’abord islamisée, la dite cause a été érigée en cause universelle, avec les méthodes suivantes : la critique systématique d’Israël par une propagande effrénée, la pratique du « un poids, deux mesures » face à Israël, la diabolisation de l’État juif, traité comme l’incarnation du mal, la délégitimation de l’État juif, la négation de son droit à l’existence – donc la négation du droit du peuple juif à vivre comme tout peuple dans un État-nation souverain –, l’appel répété à la destruction de l’État juif, où l’Iran nucléarisé jouerait le rôle principal.

Cette haine est aujourd’hui transmise grâce à l’argent donné aux universités américaines et aux hautes administrations occidentales par des états comme le Qatar qui investit des sommes considérables afin de faire évoluer « les points de vue », et islamiser la terre (3). Voir « Le Qatar ou les Vapeurs Nauséabondes » à www.nuitdorient.com/n22112.htm

 

Les ONG

Les ONG, souvent liées au domaine des "Droits de l'Homme", émettent de manière continue des condamnations virulentes et souvent exagérées envers Israël, sans commune mesure avec d'autres pays bien plus condamnables. Mais du fait de la nature et des objectifs de ces organisations, elles échappent à la critique et à la vérification du bien-fondé de leurs assertions. Statistiquement, Israël capte l'attention des défenseurs des Droits de l'Homme.

"La critique de l'Etat d'Israël ou du sionisme, entraîne volontairement ou non un parallèle avec les réflexes et préjugés de l'antisémitisme traditionnel, qui prête aux Juifs des traits sataniques, des défauts innés et originels et des visées hégémoniques sur le monde entier" (4).

Les Autres

A côté du "nouvel antisémitisme", l'antisémitisme classique n'a pas disparu, et il serait même en hausse, avec les poncifs tels que le "meurtre rituel", la "déloyauté" ou "l’influence juive sur la presse et les gouvernements ". Ces poncifs sont encore vivaces dans des milieux nationalistes ou néo-nazis…

Depuis plus de deux millénaires, l’antisémitisme classique provient du rejet de la foi hébraïque, aussi bien par les païens que par ceux qui sont convertis au christianisme. On ne tolère qu’un petit nombre de juifs comme « témoignage » des origines, appelé « peuple témoin » ; avec comme conséquence les ghettos, les pogroms, les expulsions.

Après l’« holocauste », la chrétienté a adopté des propos bienveillants à l’égard des juifs, au Concile Vatican II, "Nostra Aetate" ayant prôné le respect du judaïsme et ne parlant plus de déicide. Malgré cela des réminiscences antisémites demeurent dans certains milieux. On peut noter par exemple les presbytériens, les catholiques d’Irlande, d’Ecosse ou de Pologne, les orthodoxes russes ou grecs. On peut ajouter les relents d’antisémitisme païen dans les pays nordiques d’Europe.

A cela, il faut ajouter tous les extrémistes de la majorité qui renie toute foi, reportant leurs insuffisances, leurs frustrations et leurs échecs sur une cible facile, le « bouc émissaire » (5). Les juifs honteux ou renégats font partie de ce lot (6)

Ajoutons à cela, l’alliance contre nature de la gauche et de l’islam qui génère un islamo-gauchisme aussi virulent que dangereux pour tout juif.

 

Que peut-on faire ?

Pour freiner cette rapide évolution du « wokisme » et de l’islamisme, il faut informer et expliquer en permanence ; et c’est le but de www.nuitdorient.com

Il faut aussi favoriser les dirigeants capables d’en venir à bout en votant pour eux.

 

Notes

(1) Statistiques

- L'organisation « Jewish On Campus » (JOC) a publié son rapport annuel 2021 sur l'antisémitisme sur les campus s’appuyant sur 544 rapports provenant de 228 universités du monde entier, dans 11 pays et 41 États américains. Près des trois quarts des incidents antisémites se produisent encore en personne. Plus de la moitié (55,2%) des incidents n'impliquent qu'un seul assaillant, tandis qu'un quart (25,6%) implique de 2 à 5 assaillants et 18,7% plus de cinq assaillants.

Près de 50 % d’entre eux ont été commis sur le sol européen, et près de 30 % aux États-Unis. Les principaux actes recensés sont le vandalisme, la destruction, les tags et la profanation de pierres tombales, suivis d'actes de propagande. Les agressions physiques et verbales représentent moins du tiers des incidents enregistrés.

On note également une augmentation spectaculaire du nombre de faux complots antisémites publiés sur les réseaux sociaux et que la montée des actes antisémites en 2021 est en partie liée à la pandémie du coronavirus.

L'utilisation de symboles liés à la Shoah lors de manifestations contre les mesures sanitaires liées à la pandémie ont permis la banalisation de la Shoah.

- D’après une étude de la Fondation pour l’innovation politique, publiée en septembre 2017, sur les violences antisémites en Europe, la France, qui compte la plus importante communauté juive d’Europe, connaît aussi le plus d’incidents violents, estimés à 4092 sur la période 2005-2015. Les juifs qui représentent moins de 1% de la population totale française focalisent à eux seuls la moitié des actes racistes.

- Les incidents antisémites au Royaume-Uni ont atteint des niveaux historiques en 2021. L'étude du Community Security Trust (CST) a enregistré 2 255 incidents haineux antisémites, soit une  augmentation de 34 % par rapport à 2020.

"Un seul type d'incident est devenu emblématique de la façon dont cette haine a été communiquée : il s'agit de personnes traversant des quartiers juifs des villes du Royaume-Uni, dans des véhicules drapés de drapeaux palestiniens ou les agitant par les fenêtres, tout en criant "Palestine libre" et les insultes anti-juives à des piétons juifs pris au hasard parce qu'ils étaient juifs ".

 

(2) L’antisémitisme est une idéologie fondée sur l’hostilité, consciente ou inconsciente, vis-à-vis des Juifs pour des raisons religieuses, sociales, nationales, raciales et/ou économiques. P.A. Taguieff a identifié sept mythes antijuifs :

1. la haine du genre humain, le refus de se mélanger avec les autres, la volonté de vouloir construire une communauté à part

2. le meurtre et le cannibalisme rituels, impliquant une cruauté de groupe ou une disposition au meurtre des non-Juifs

3. le déicide 

4. la condamnation à une errance perpétuelle, d’où le mythe du «juif errant», les accusations de nomadisme et de cosmopolitisme

5. la perfidie, l’usure et la spéculation financières,  d’où découlent des notions comme celles de parasitisme ou de propension à exploiter autrui

6. la tendance à conspirer, à fomenter des complots motivés par la volonté de dominer le monde 

7. l’idée d’une supériorité raciale.

 

(3) Pierre-André Taguieff : « La judéophobie du XXIe siècle - Le propalestinisme est assurément le principal vecteur de la nouvelle haine des Juifs à laquelle on donne souvent le nom d’« antisionisme ». Mais il est plus qu’un vecteur. Il marque l’entrée dans un nouveau régime de judéophobie, fondé sur l’attribution exclusive aux Palestiniens des traits d’un peuple messianique dont le salut dépend de la négation d’Israël. Le propalestinisme est ainsi devenu l’un des noms possibles de la nouvelle judéophobie. Peut-être le nom qui lui convient le mieux. Aujourd’hui, on ne peut plus être antijuif sans être propalestinien. Mais c’est la réciproque de cette proposition qui fait frémir : car il faut envisager qu’on ne puisse plus être propalestinien sans être antijuif. Loin de provoquer dégoût et répulsion, la radicalité exerce une séduction sur de nombreux esprits. Et la radicalité se porte vers le propalestinisme. Pour les propalestiniens inconditionnels de toutes origines, « le Juif » est devenu l’ennemi. Grâce au propalestinisme, la judéophobie est à la portée de tous, « sans distinction d’origine, de race ou de religion », comme disait l’article 2 de la Constitution de la Ve République (avant la suppression du mot « race »). Le XXIe siècle commençant a inventé la judéophobie universellement partageable ».

 

(4) Pilar Rahola, écrivain catalane, dans un discours à l’Unesco : « … La judéophobie serait-elle le lieu symbolique commun où Arabes et Européens se rencontrent, se reconnaissent et s'aiment ? Et, est-ce cette même judéophobie, celle qui convertit un despote corrompu et violent comme Arafat en un résistant romantique ? Serait-ce toujours elle qui transforme le nihilisme terroriste palestinien en une sorte de poésie épique libératrice ? »


(5) Le bouc émissaire : ce concept désigne la victime expiatoire dans un rite de purification utilisé dans les sociétés primitives. Afin de combattre une calamité ou de chasser une menace, une victime sacrificielle – généralement un animal --  innocente en elle-même, était censée, se charger de tous les maux de la cité. Le bouc était jeté dans un ravin.

Dans son ouvrage « Le Bouc émissaire »  (1982), René Girard analyse « le triangle mimétique », formé d’un bien matériel ou non, appartenant à une personne et convoité par une autre. La tension dans le désir d’avoir ce bien, entraîne une rivalité mimétique créatrice de conflit et de violence.

Pour René Girard, le bouc émissaire est le mécanisme collectif permettant à une communauté archaïque de survivre à la violence générée par le désir mimétique individuel de ses membres. Le bouc émissaire désigne également l’individu, nécessairement coupable pour ses accusateurs, mais innocent du point de vue de la « vérité », par lequel le groupe, en s’unissant uniformément contre lui, va retrouver une paix éphémère.

 

(6) Jean-François Revel : « … Marx, prototype des Juifs de gauche antisémites, et qui dissimulait son origine, non seulement sa correspondance regorge de traits antisémites et racistes de la plus royale vulgarité, mais surtout son pamphlet "La Question juive" contient déjà l'essentiel de Drumont, puisqu'il y dénonce la société de son temps comme entièrement juive parce qu'entièrement dominée par l'argent »

 

 

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