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POLITICIDE OU
PARTITION ?
MALENTENDUS DE LA SOLUTION FONDEE SUR DEUX ÉTATS
Joel Fishman
pour Makor Rishon 17 Novembre 2006
Dr. Joel Fishman est membre du
Jerusalem Center for Public Affairs
http://www.objectif-info.com/Processus/politicide.htm
A l'image des zigzags d'un ourlet, voila que le thème de la
"solution fondée sur deux-États" est à nouveau à la mode. Au début
novembre, le Président Bush a déclaré qu'il était " personnellement
engagé " dans une démarche visant à la création d'un État palestinien
en Judée, en Samarie, et à Gaza, parce que la survie d'Israël en dépend. Par
conséquent, il s'est défini comme "l'artisan de la solution fondée sur
deux-États ". Après sa rencontre avec le premier ministre Olmert à la
Maison Blanche lundi 13 novembre, le président a déclaré : " Nous avons
discuté de notre engagement en faveur d'une 'solution fondée sur deux États'..
.". Une semaine avant, lundi 6 novembre, l'ambassadeur britannique en
Israël, Tom Phillips, a pris la parole au dîner annuel à la mémoire de Balfour
à Tel Aviv : " si Lord Balfour était là aujourd'hui, il jugerait que
cette solution serait la meilleure façon, dans le monde actuel, de réaliser
l'équilibre auquel il avait songé lors de sa déclaration ". Le 8
novembre, à Los Angeles, la ministre israélienne des affaires étrangères Livni
a assuré à des journalistes : "Il y a de l'espoir pour les modérés,
pour ceux qui croient en 'une solution fondée sur deux État' ". Et le
9 novembre, le journal Hindustan Times affirmait que l'Inde "soutient
la solution fondée sur deux État en Palestine". Ces manifestations de
soutien font penser qu'une initiative diplomatique importante est en cours.
Nous pouvons nous interroger pour savoir si cette conception qui recueille tant
de suffrages officiels est bonne pour les Juifs. Le problème, c'est que les
différents protagonistes interprètent cette conception de façon complètement
différente.
Pour bien saisir le sens de cette conception, il est
nécessaire de comprendre d'abord son origine. En bref, ce sont les
nord-vietnamiens qui ont inventé cette expression de "solution fondée sur
deux États", dans le contexte de leur combat. Au départ, il y avait deux
États, le Nord-Vietnam et le Sud-Vietnam. Le Nord communiste a conquis le Sud,
et le dualisme a pris fin. Par conséquent, la formule fait partie de l'arsenal
de la guerre politique dont la finalité est de tromper les gens. Abu Iyad
(Salah Khalaf), qui était un des chefs de l'Organisation de Libération de la
Palestine, écrivit que l'OLP adopta ce type de terminologie au début des années
70 afin de déguiser son véritable objectif, la destruction d'Israël, qu'elle
espérait réaliser selon un plan par étapes qu'elle avait officiellement adopté
en 1974 (1). Les Palestiniens empruntaient ainsi la stratégie et la
terminologie des nord-vietnamiens. Dans un contexte de guerre de propagande
ininterrompue, c'est ce qui explique pourquoi les Palestiniens ont cessé de
parler "de jeter les Juifs à la mer ." Ce stratagème avait
pour objectif annexe de maquiller la réputation de terroristes des
Palestiniens. Promouvoir une "solution fondée sur deux État" leur
permettrait d'améliorer leur image et de gagner ainsi la respectabilité
indispensable pour accéder au statut de partenaire d'une possible négociation.
Une question demeure posée : qu'est-ce que comprennent les
gens ordinaires quand ils utilisent cette expression ? La réponse est
"Partition". Cette idée remonte aux recommandations de la Commission
Peel en 1937: partition de la terre en deux États de taille inégale et
transferts de population. Les dirigeants sionistes de l'époque, à savoir Haïm
Weizmann et David Ben Gourion, acceptèrent ce principe. Ils avaient conscience
des limites de leurs forces et ils préférèrent avoir quelque chose plutôt que
rien. En revanche, les dirigeants arabes palestiniens, sous la férule du mufti
Haj Amin Al-Husseini rejetèrent d'emblée cette proposition. Ils refusaient
ainsi au judaïsme européen un endroit où trouver refuge dans son moment de
grande urgence. C'est ainsi qu'en 1939, la Grande-Bretagne fléchit et publia le
Livre Blanc, qui violait la déclaration de Balfour et les termes du Mandat. (Il
était bienvenu que l'ambassadeur Tom Philips mentionne des intentions
humanitaires de Lord Balfour, mais il aurait été plus honorable encore qu'il
reconnaisse la responsabilité historique de l'attitude d'apaisement de la
Grande-Bretagne et de sa mauvaise foi au moment où elle sacrifiait les
conceptions de Lord Balfour.) C'était une période de l'Histoire où une solution
sur le modèle des deux États aurait eu une valeur considérable pour notre
peuple. En rejetant le compromis de la Commission Peel et en fermant les portes
de la Palestine comme refuge pour les Juifs, les Arabes de Palestine ont commis
un crime contre l'humanité. C'est par choix que le Mufti a collaboré "à la
solution finale".
Les Juifs refusèrent quand même de quitter la scène de
l'histoire. L'idée de partition trouva une seconde vie dans la résolution de
partition des Nations Unies en 1947. Mais quand sept pays arabes envahirent le
nouvel État d'Israël, l'ONU ne fit rien. Selon l'historien Bernard Lewis,
"les Nations Unies ne réagirent pas à l'invasion de la Palestine par
les États arabes et appliquèrent un traitement différent aux réfugiés juifs et
arabes, créant des problèmes qui demeurent aujourd'hui sans solution ".
Ce fiasco a contribué à rendre insoluble le conflit entre Israël et le monde
arabe. Les puissances qui ne sont pas intervenues face à cette agression
portent une bonne part de la responsabilité morale de la situation actuelle.
Même après la guerre en 1967, nos adversaires "n'ont pas pris le téléphone".
De même, les Palestiniens ont saboté ce qui aurait pu être une base de
règlement à travers le processus d'Oslo et de Camp David; le compromis ne fait
tout simplement pas partie de leur conception du monde. A une date aussi
récente que le 20 octobre, Mahmoud Al-Zahar, le ministre des affaires
étrangères du Hamas, a déclaré: "nous voulons toute la Palestine de
Naqoura à Rafah, et de la mer [Méditerranée] jusqu'au fleuve [le Jourdain]." (source
MEMRI). A la différence des dirigeants de l'Autorité palestinienne, le Hamas ne
ressasse pas les mensonges rassurants que les dirigeants de la planète ont soif
d'entendre. C'est à leur crédit.
Si nos dirigeants veulent vraiment rapprocher le moment de
la paix, ils doivent d'abord voir la réalité honnêtement. Ils ne doivent pas se
tromper eux-mêmes en donnant du crédit à la "solution fondée sur deux
États" ; que ce soit dans sa version originale, une forme de
"politicide" sur le modèle du Nord Vietnam, ou bien une disposition
basée sur le principe de la partition, elle ne rapprochera pas la paix, si peu
que ce soit. Cela ne marchera pas, parce que du côté palestinien on n'acceptera
pas un compromis. En effet, l'échec d'un nouveau cycle de négociations de paix
stériles conduira très probablement à davantage de violences, et causera des
dommages à toutes les parties en présence dans le conflit actuel.
(1) Abou-Iyad expliquait que le Groupe
Vietnamien [experts de la politique de guerre] insistait pour que l'OLP s'en
tienne à son objectif final, à savoir, "l'établissement d'un État
démocratique unifié dans toute la Palestine ", (ce qui veut dire la
destruction d'Israël). Cependant, à court terme il serait efficace, et
avantageux d'un point de vue politique, d'accepter des étapes transitoires et
même des solutions d'intérim. Les Vietnamiens suggéraient de n'accepter qu'en
apparence "la division de la terre entre deux États indépendants",
sans donner trop d'importance à ce qui ne serait qu'une étape intérimaire pour
neutraliser les adversaires de l'OLP en Occident".
Yossef
Bodansky, La Paix D'Arafat, ACPR Policy Paper, Numéro 8 (Ariel, 1997) :
p. 3.