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Implantations et Constructions :
le Washington Post
remet les Pendules à l’Heure
Par Hélène Keller-Lind
2 janvier 2013
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Le mot "constructions", constructions réelles ou simples projets, aura fait couler beaucoup d’encre et suscité bien des désapprobations, voire des condamnations dès lors qu’il s’agit des Territoires palestiniens disputés -- et non pas occupés comme ils sont souvent décrits à tort. Mahmoud Abbas se cabre même à ce sujet, les prenant xomme prétexte pour refuser obstinément de négocier avec Israël.
Récemment le New York Times devait revenir sur ce qui avait été écrit à tort dans ses colonnes à ce sujet et le 1er janvier le Washington Post affirme haut et fort que ces constructions ne remettent nullement en cause la possibilité d’un État palestinien.
Appelant le Conseil de Sécurité à cesser de mettre de l’huile sur le feu.
"Constructions", aussitôt le mot prononcé et les condamnations fusent... "Constructions"... Prononcé dans le contexte du Moyen-Orient et lorsqu'on parle des Territoires palestiniens disputés – et non pas occupés -- comme l’explique, notamment le Professeur Ruzié, spécialiste de droit international, n’en déplaise à ceux qui utilisent l’expression à tort, à l’instar de l’UE ou de l’ONU – le terme a l’effet d’un chiffon rouge agité devant les naseaux d’un taureau mal luné... Et au diable la raison !
Dès que le gouvernement israélien autorise quelques constructions supplémentaires dans une implantation existante ou un simple projet de constructions ne pouvant se concrétiser dans un avenir proche, les condamnations affluent donc de toutes parts. Ban Ki-Moon, le Quai d’Orsay, le Foreign Office, et même parfois le Département d’État, etc. Elles affluent du côté palestinien aussi, bien entendu, de la part de Mahmoud Abbas ou des négociateurs à vie comme Saeb Erekat.
D’ailleurs, ce serait ces constructions qui bloqueraient toute possibilité de négociation entre l’Autorité palestinienne et Israël, clament les Palestiniens qui brandissent la menace de la fin d’une solution à deux États... Ce qui est repris en cœur, par ailleurs. Évidemment tout le monde oublie ou feint d’oublier que Benyamin Netanyahou avait gelé ces constructions pendant dix mois pour tenter de redémarrer les négociations au point mort sans que cela ait le moindre effet. Ce qui suffit à prouver qu’il ne s’agit-là que d’un prétexte.
La zone E 1, mythes et vérités : CAMERA
intervient, le New York Times corrige un article, une première
Pourtant, lorsqu’on annonçait que le gouvernement israélien avait autorisé la construction de logements dans une zone appelée E1, - Est 1, une zone vide d’une dizaine de kilomètres carrés - qui relie Jérusalem et Maale Adumim, la levée de boucliers a été immédiate. Sauf que le Premier ministre israélien devait intervenir pour souligner qu’il ne s’agissait-là que de projets. Et sauf qu’y construire ne remettrait guère en jeu la possibilité d’un État palestinien, contrairement à ce qui avait pourtant été crié partout...
Le New York Times avait, lui aussi, dénoncé rapportant les condamnations de personnalités connues pour critiquer systématiquement Israël, affirmant que ces constructions auraient pour effet de couper des villes palestiniennes de Jérusalem et remettrait en cause la continuité d’un État palestinien.
Ce qui était faux, des passages ou routes de contournement étant tout à fait envisageables. Or, des associations qui luttent contre la désinformation veillent. L’une d’elles, CAMERA, avait réalisé un dossier complet sur le sujet et obtenu que le New York Times publie des corrections. Ce que reprirent d’ailleurs à la fois le Jerusalem Post et Haaretz Il s’agissait-là, en effet, d’une première.
Le lendemain de la publication de ces corrections, le New
York Times publiait le 17 décembre un nouvel article sur le sujet, débutant par
une séquence émotion : "un enterrement d’un Bédouin dans cette
zone, le corps devant être ensuite déplacé ". L’article continuait en
faisant état des condamnations diverses. Toutefois, le quotidien rapportait
également les précisions données par Benyamin Netanyahou, à savoir qu’il ne
s’agissait-là que de projets de constructions, ajoutant même que Yitzhak Rabin,
- toujours donné en modèle de colombe -, lui aussi avait envisagé des constructions dans cette zone...
Le comité de rédaction du Washington Post remet les pendules à l’heure de la
raison
Le 1er janvier, le comité de rédaction du Washington Times publie un éditorial mesuré dans lequel il reconnaît que toute action unilatérale complique les négociations, que ce soit la demande de reconnaissance d’un État non membre par l’Assemblée générale de l’ONU, présentée par Mahmoud Abbas ou l’annonce par Israël de constructions ou de projets de constructions. Négociations qui sont la seule voie réaliste pour la paix au Moyen-Orient. Mais si ces actions unilatérales compliquent en effet les choses, les réactions sont également contreproductives parce qu’elles renforcent deux notions fausses, mais courantes, à savoir que les implantations sont l’obstacle principal à un accord et que d’autres constructions rendront impossible un État palestinien.
Le Washington Post rappelle que si les constructions dans
ces territoires situés au-delà des lignes de 1967 avaient pour objet d’empêcher
la création d’un tel État, c’était il y a vingt-cinq ans et cela n’est plus
d’actualité depuis les accords d’Oslo. Depuis lors, en effet, les gouvernements
israéliens ont limité les constructions presque entièrement à des zones qui, en
ce qui concerne les deux parties, seront annexées par Israël dans le cadre
d’échanges de territoires et d’un éventuel accord. Les constructions annoncées le mois dernier à Jérusalem se feront dans
des quartiers concédés par les négociateurs palestiniens en 2008.
Citant les travaux du S. Daniel Abraham Center for Middle East Peace , le quotidien précise par ailleurs que "la vaste majorité des quelque cinq cent mille habitants des implantations à Jérusalem et en Cisjordanie vivent dans des zones proches des frontières d’Israël de 1967....plus de 80 % d’entre eux pourraient se trouver en Israël si le pays annexait un peu plus de 4% de la Cisjordanie, soit moins des 5 % proposés par Bill Clinton il y a douze an".
Quant à la fameuse zone E 1, selon le Washington Post, problème il y a certes, mais pas de nature à empêcher l’établissement d’un État palestinien. Les deux parties en voulant la propriété, et la construction de corridors routiers pour y assurer la circulation de l’autre partie. Si Israël y construisait, cela ne couperait donc pas cet éventuel État comme on l’entend partout aujourd’hui.
Décider de l’avenir de la zone E1 est parfaitement faisable et doit se régler par des négociations, affirme le comité de rédaction du quotidien qui souligne, par ailleurs que quarante mille personnes habitent à Maale Adumim.
Enfin, le Washington Post qualifie "d’exagérés et choquants les beaux discours entendus alors que le Conseil de Sécurité refuse d’agir pour mettre un terme au massacre de milliers de civils, dont de nombreux Palestiniens, par le régime syrien. Mais ils sont également dommageables parce qu’ils mettent la pression sur le Président palestinien, Mahmoud Abbas pour qu’il exige un gel des constructions comme condition préalable à des négociations de paix". Alors que, dit le Washington Post, M. Abbas avait laissé penser qu’il abandonnerait finalement cette exigence, qui a bloqué les négociations depuis presque quatre ans, après le vote de l’Assemblée générale et sa reconnaissance d’un État palestinien.
Et le Washington Post de conclure : "Si les membres du Conseil de Sécurité veulent vraiment voir progresser la mise en place d’un État palestinien, ils feront pression sur M. Abbas pour qu’il cesse d’utiliser les implantations pour excuser son intransigeance et ils mettront un bémol à leurs propres discours enflammés".