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COMMENT L'ONU PERPETUE
LE PROBLEME DES REFUGIES
Nulle part au monde les terroristes
ne reçoivent autant d'aide du monde libre
Par Natan
Sharanski, ancien premier ministre adjoint d'Israël, il préside l'Institut
Adelson pour les études stratégiques au Centre Shalem. Auteur de nombreux
livres dont le plus récent est "Défendre son identité" publié chez
Public Affaires-2008
Paru au
Wall Street Journal du 6 janvier 2009.
Traduit par
Albert Soued pour www.nuitdorient.com
L'assaut
d'Israël contre le Hamas est juste le dernier d'une longue chaîne
d'affrontements militaires dont le scénario est toujours le même. D'un côté,
l'armée israélienne, technologiquement et militairement supérieure, avec des
soldats motivés par leur engagement à défendre la sécurité de leur pays. De
l'autre côté, des terroristes Palestiniens dont le but est de tuer le maximum
d'Israéliens innocents en lançant des missiles et des bombes humaines sur des
centres civils. Alors, quand Israël réplique, ceux-ci attirent le monde entier
autour d'horribles images du Palestinien souffrant, images faisant partie d'une
campagne médiatique globale pour empêcher Israël de se défendre.
Tôt ou
tard, cette tactique des terroristes palestiniens est payante. Les protestations
augmentent et parviennent à entraîner des pressions internationales contre
Israël. Et inévitablement, des Israéliens protestent aussi.
La semaine
dernière, avant que les chars n'entrent à Gaza, le journaliste Tom Segev
écrivait un article dans Haaretz où il disait "un enfant à Sdérot est
le même enfant qu'à Gaza, et quiconque touche l'un ou l'autre fait le mal"
– Mr Ségev a raison de dire que la souffrance d'enfants est intolérable, où
qu'elle soit – et c'est pourquoi les images diffusées à Gaza nous secouent. Mais
il se trompe dans l'équivalence morale, car alors il légitime la tactique
militaire la plus honteuse des Palestiniens, brandir la souffrance de leur
peuple comme arme de guerre !
Les
enfants Palestiniens ne meurent pas aujourd'hui du fait de la brutalité
israélienne, mais parce que leurs dirigeants ont choisi de les utiliser comme
boucliers humains (1), et font usage de leur supplice comme d'un poignard pour
remuer les sensibilités occidentales.
Bien sûr,
il est aisé de blâmer le Hamas. Pourtant ils ont délibérément caché leurs armes
dans les mosquées, leurs missiles dans les cours d'écoles et leurs centres de
commandements dans les hôpitaux… -- le tout avec l'objectif avoué d'amplifier
la tragédie de toute réplique israélienne.
Pourtant
le Hamas n'est pas le seul groupe palestinien à agir de cette manière. En 2005,
peu après le retrait d'Israël de la bande de Gaza, j'ai rencontré le chef
d'état major de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité Palestinienne. Je lui ai
posé la question "Maintenant que nous avons déraciné des milliers de
Juifs et que nous avons permis aux habitants de Gaza d'être maîtres de leur
destin, peut-on espérer que dans un délai d'un an, il y aura moins de réfugiés
dans les camps de Gaza ?" Il me répondit: "Absolument pas! Les
réfugiés seront réinstallés uniquement dans le cadre d'un accord final. Où les
réinstaller si on ne sait pas encore où ils vont vivre ? Peut-être qu'ils iront
vivre en Israël !"
En
quittant Gaza, Israël a fait des concessions pénibles pour avoir la paix, en
déracinant de force des Juifs installés là depuis deux ou trois générations. Et
pourtant, considérée comme modérée, l'Autorité Palestinienne ne souhaitait
nullement atténuer les souffrances de son propre peuple, attendant un lointain
compromis. En fait ces souffrances des réfugiés constituent une arme
essentielle dans la lutte politique des chefs palestiniens.
Comment
l'Occident réagit devant cette exploitation évidente des réfugiés Palestiniens
? Aussitôt après mon entretien avec le chef d'état major de Mr Abbas, j'ai
rencontré l'ambassadeur d'un des pays occidentaux les plus éclairés. A ma
question "Pourquoi les Palestiniens ne veulent-ils pas aider eux-mêmes
leurs propres frères réfugiés ?", il me répondit "Je peux les
comprendre, ils ne souhaitent pas que le problème des réfugiés soit ôté de
leurs listes de revendications"
Le réflexe
de comprendre les dirigeants Palestiniens qui abusent de leur propre population
est le fond du problème. Pendant des décennies, la communauté internationale a
contribué activement à construire et à perpétuer le seul système de contrôle de
la population palestinienne par les terroristes, les camps de réfugiés. Ceux-ci
sont devenus les centres de la machine de guerre des Palestiniens, car c'est là
où les terroristes contrôlent où chacun habite, dans quelles conditions et
surtout ce qu'il pense.
Au lieu de
travailler pour soulager la misère des réfugiés, l'Onu a dédié la totalité d'une
énorme organisation, l'UNRWA, à perpétuer cette misère. Pour le reste des réfugiés
du monde, l'Onu n'arrête pas de travailler pour améliorer leurs conditions,
pour les réinstaller et les aider à refaire leur vie ailleurs, aussi vite que
possible. Avec les Palestiniens, c'est tout le contraire, jusqu'à donner le
statut de réfugié aux arrières, arrières, arrières petits enfants de ceux qui
avaient quitté leur foyer, 60 ans avant. L'Onu n'a rien fait pour démanteler
les camps et a facilité le travail des terroristes qui ont écrasé une
population entière sous leurs bottes. Nulle part ailleurs au monde des
terroristes n'obtiennent autant d'aide du Monde Libre.
L'Occident
n'a pas seulement aidé à perpétuer les camps de réfugiés. Pendant des années,
le Hamas à Gaza – comme le Hezbollah au Liban, et comme l'Autorité
Palestinienne sous Yasser Arafat – ont amassé d'énormes quantités d'armes, sous
la barbe des observateurs de l'Onu ou de l'Occident, supposés empêcher leur
introduction. C'est comme si on disait aux terroristes: "Allez-y construisez vos armées,
préparez-vous à la guerre. Nous comprenons"
On peut
dire la même chose des enfants utilisés comme boucliers humains. Où l'Occident
se cachait-il, quand les dirigeants palestiniens transformaient fébrilement
leurs écoles en centres d'endoctrinement de martyrs ?
Et le
scénario se déroule toujours de la même manière: le Hamas tire ses missiles,
Israël réplique par des attaques aériennes ciblées, des enfants sont tués,
(collatéralement), les images sont aussitôt diffusées mondialement par les
médias, des articles sont publiés dénonçant les deux parties et on fait
pression sur Israël pour qu'il arrête … de se défendre.
Je ne sais
si la guerre actuelle mettra un terme à ce scénario, ou ne fera que le répéter,
dans l'attente d'une autre confrontation…Tout cela dépendra du Monde Libre. Une
riposte israélienne victorieuse – lors de laquelle le Hamas serait éliminé
comme force terroriste de contrôle de Gaza – sera une rare occasion pour les
dirigeants occidentaux, pour qu'ils changent les règles du jeu concernant les
civils palestiniens.
Il est
grand temps que l'Occident reconnaisse aux Palestiniens, notamment ceux parqués
depuis 60 ans dans les camps, des droits humains, non seulement lorsqu'ils
souffrent lors des confrontations.
Note de
la traduction
(1) on
vient d'apprendre par Mena que "les dirigeants du Hamas se terrent dans un bunker situé sous l’Hôpital
Shifa à Gaza City. Plus précisément encore, sous le département de la médecine
pour enfants".