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Danny Ayalon: “Je
Suis un Réfugié”
Rédigé par JSS le 7/9/2010 sous Israël, Israël-Territoires Disputés.
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problèmes des réfugiés
Le 1er septembre 2010, le Vice-Ministre
israélien des affaires Etrangères, Anny Ayalon, publiait une tribune libre dans le Jerusalem
Post (en anglais). Son père, dont le nom de
famille était Sellam, avait changé de nom après
le départ d’Algérie. Un moyen comme un autre de changer de vie et de se créer
un nouveau futur en Israël. Dans cet article, il revient sur son passé et
explique notre futur. Merci au blog de l’ambassade d’Israël
en France de s’être chargé de
la traduction en français.
En tant que descendant d’une famille forcée de quitter l’Algérie, mon père et moi – et les millions d’autres Juifs issus de familles qui ont été expulsés des pays arabes après 1948 – ont droit à réparation.
Avec la reprise des négociations directes entre Israël et les palestiniens, les projecteurs vont être braqués de nouveau sur cette question. Le soi-disant droit au retour palestinien est une fiction juridique. La résolution 194 de l’Assemblée Générale des nations unies, source supposée de ce droit, ne mentionne pas ce terme, n’est pas juridiquement contraignante et comme toutes les autres résolutions pertinentes des Nations Unies utilise le terme volontairement ambiguë de réfugiés sans appellation.
La résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations unies, toujours considérée comme le principal cadre juridique pour résoudre le conflit israélo-arabe affirme qu’un règlement de paix global au Moyen-Orient doit nécessairement inclure "un règlement juste du problème des réfugiés"
Aucune distinction n’est faite entre les réfugiés arabes et
les réfugiés Juifs
En fait, l’un des principaux rédacteurs de la résolution, le juge Arthur
Goldberg, délégué en chef des États-Unis aux Nations Unies, a déclaré: "La
résolution aborde l’objectif de« réaliser un juste règlement du problème des
réfugiés". Ce langage se réfère vraisemblablement à la fois aux
réfugiés arabes et aux réfugiés juifs. « En outre, chaque conférence de la
paix et accord assisté ou signé entre Israël et ses voisins arabes utilise le
terme de «réfugiés» sans qualification ou sans réserve.
Au cours des célèbres discussions de Camp David en 2000, le Président Clinton, le facilitateur et animateur des négociations, a déclaré: "Il devra y avoir une sorte de fonds international mis en place pour les réfugiés. Il ya, je crois, un certain intérêt, il est intéressant de le noter, des deux côtés, d’avoir un fonds qui indemnise les Israéliens qui sont devenus des réfugiés du fait de la guerre, qui a eu lieu après la naissance de l’État d’Israël. Israël est rempli de gens, Juifs, qui vivaient principalement dans des pays arabes et qui sont venus en Israël parce qu’ils étaient devenus des réfugiés dans leur propre pays".
En 2008, le Congrès américain a adopté la Résolution 185 octroyant pour la première fois, une reconnaissance égale aux réfugiés juifs, tout en affirmant que le gouvernement américain reconnaissait maintenant que toutes les victimes du conflit israélo-arabe devaient être traitées équitablement.
Je suis fier du fait que la Knesset aie adopté une résolution en Février dernier qui fera de l’indemnisation des réfugiés juifs expulsés des pays arabes après 1948, une partie intégrante de toute négociation de paix future. Le projet de loi israélienne mentionne que "L’Etat d’Israël ne signera ni directement ni par procuration, tout accord ou traité avec un pays ou une autorité au sujet d’un règlement politique au Moyen-Orient, sans garantir les droits des réfugiés juifs des pays arabes selon le Traité de réfugiés des Nations unies"
Avant 1948, on comptait près de 900.000 Juifs dans les pays arabes alors qu’il n’en reste que quelques milliers aujourd’hui. Où est l’indignation internationale ; où sont les conférences, les proclamations pour la réparation et l’indemnisation ? Alors que la question des réfugiés palestiniens est devenue une arme politique pour abattre Israël, la Ligue arabe a ordonné à ses États membres de ne pas octroyer leur citoyenneté à leurs populations palestiniennes. Israël a absorbé la totalité de ses réfugiés, certains fuyant l’Holocauste, d’autres la persécution et l’expulsion des pays arabes.
Des gens comme mon père, les centaines de milliers de personnes venues en Israël et les millions d’Israéliens descendant de ces réfugiés ont droit à réparation. Il est vital que cette question revienne à l’ordre du jour international, afin de ne pas voir une fois de plus un traitement asymétrique et déformé des Arabes et des Juifs dans le conflit israélo-arabe.
En tant que membre d’un gouvernement démocratique, il pourrait sembler étrange de constater que je suis un réfugié. Cependant, mon père, ses parents et sa famille ont été quelques-uns des millions de juifs qui ont été expulsés ou chassés des terres arabes. Mon père et sa famille étaient algériens, d’une communauté juive qui existait depuis des milliers d années avant la conquête arabe de l’Afrique du Nord et même de l’islam. Lors de l’indépendance, l’Algérie a permis que les musulmans deviennent des citoyens et chassa les Juifs des communautés autochtones dont les membres de ma famille.
Bien que beaucoup de gens fasse constamment référence aux réfugiés arabes palestiniens, peu sont au courant de la situation des réfugiés juifs des pays arabes.
Bien que les Arabes qui ont fui ou ont quitté la Palestine
mandataire et Israël sont estimés environ a 750.000 personnes, il y avait
environ 900.000 réfugiés juifs ayant été chassés des pays arabes. Avant
la naissance de l’État d’Israël en 1948, il y avait près d’un million de Juifs
dans les pays arabes, il n’en reste plus aujourd’hui que 5000 environ.
Une distinction importante entre les deux groupes est le
fait que de nombreux Arabes palestiniens ont été activement impliqués dans le
conflit initié par les pays arabes environnants, tandis que les Juifs des pays
arabes vivaient en paix, même dans un état de "dhimmi",
dans leur pays d’origine durant de nombreux siècles voire des millénaires.
En outre, les réfugiés juifs, étaient plus urbains, par opposition aux
Palestiniens, plus ruraux et donc avaient amassé plus de richesses qu’ils ont
dû abandonner quand ils ont quitté leurs pays.
Les économistes ont estimé que le montant total des
biens perdus par les réfugiés juifs des pays arabes, y compris les biens
communaux comme les écoles, les synagogues et les hôpitaux, est quasiment le
double de celui des actifs perdus par les réfugiés palestiniens.
En outre, il faut se rappeler qu’Israël a rendu le contenu de plus de 90 pour
cent des comptes bancaires bloqués, des coffres-forts et d’autres éléments
appartenant à des réfugiés palestiniens dans les années 1950.
Si le nombre de réfugiés juifs
et leurs biens sont plus importants que celui des Palestiniens, la communauté
internationale ne semble être au courant de l'exode des Juifs des pays arabes.
Il existe de nombreuses grandes organisations
internationales consacrées aux réfugiés palestiniens. Une conférence annuelle
est même tenue par l’Organisation des Nations Unies et une agence pour
les réfugiés a été créée pour les seuls réfugiés palestiniens.
Alors que les réfugiés du monde ont tous un seul organisme, le Haut
Commissariat pour les réfugiés (HCR), Les Palestiniens tombent sous les
auspices d’un autre organisme, Office de secours et de travaux des Nations
Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Le budget de l’UNRWA pour 2010 s’élève à près de la moitié du budget du HCR.
Tout aussi impressionnant est le fait que le HCR se targue d’avoir trouvé des solutions durables pour des dizaines de millions de réfugiés depuis 1951, année de sa création. Toutefois, l’UNRWA ne prétend même pas avoir trouvé des solutions durables pour personne.
Et si cela ne suffisait pas, penchons-nous sur les définitions et la façon dont elles sont appliquées: normalement la définition d’un réfugié s’applique uniquement aux personne qui ont fui et ont cherché refuge, tandis que les réfugiés palestiniens sont des personnes qui ont fui ainsi que leurs descendances pour tout le temps. Ainsi, selon cette définition de l’UNRWA de conférer le statut de réfugié aux descendants, je suis moi aussi un réfugié.
Cependant, je ne me considère pas ainsi, je suis un citoyen fier de l’État d’Israël. Les réfugiés juifs ont trouvé leur expression nationale en Israël, ainsi, les réfugiés arabes devraient trouver leurs aspirations nationales respectées par un Etat palestinien.