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Personne ne Parle des
Réfugiés Juifs des Pays arabes
Par Ben Dror Yemini, journaliste, écrivain
Ynetnews -
30/11/14
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4597344,00.html
Adapté par Albert Soued, http://soued.chez.com/ pour www.nuitdorient.com
Voilà ce
que disait le fondateur de la Confrérie des Frères Musulmans (1), Hassan el
Banna, un mois et demi après la déclaration d'indépendance de l'Etat juif,
l'armée égyptienne avec 5 autres armées arabes ayant déjà envahi le
territoire retrouvé par l'Etat juif: "Si l'Etat juif est devenu un fait et si les
peuples arabes en prennent conscience, ils jetteront à la mer les Juifs qui
vivent parmi eux"
De son
côté, Haj Amin al Husseini (2) expliquait dans ses
mémoires: "Une
des conditions fondamentales pour que nous coopérions avec l'Allemagne, c'est
de nous donner carte blanche pour éliminer chaque dernier Juif, de Palestine et
du monde arabe"
(3)
De même la
Ligue arabe avait adopté à l'époque deux décisions qui se sont matérialisées
par un décret saisissant les comptes bancaires de tous les Juifs et les
dépouillant de tous leurs avoirs, décret qui a été appliqué dans tous les pays
arabes, Egypte, Libye, Syrie, Irak, pays où toutes les communautés juives ont
été ainsi détruites (4).
Pendant
des décennies, les "nouveaux Palestiniens" ont nourri la saga de la
"naqba" ou la "catastrophe", qui
est devenue le leitmotiv de rassemblement de cette nouvelle identité arabe (5).
De son côté, Israël a choisi de minimiser les persécutions, les expulsions
et les dépouillements d'avoirs des Juifs des pays arabes. (6)
C'est
seulement cette année que la Knesset a décidé de consacrer une journée à la
mémoire de cette "catastrophe juive", autrement plus violente et plus
coûteuse.
Ainsi le 30 novembre 2014 est le 1er jour où on
commémore pour la 1ère fois la "naqba"
juive. On explique aujourd'hui aux écoliers ce qui est arrivé aussi bien aux
Juifs de Tripoli, de Bagdad qu'aux Juifs de Deir Yassine ou de Hébron. Car personne
encore n'est au courant des pogroms subis par les Juifs du Maroc à Settat (50
morts) ou de Casablanca (30 morts), par exemple. Qui est au courant du pogrom d'Aden
en 1948 (82 assassinats) et des centaines de morts et de blessés et de milliers
de traumatisés en Egypte, en Syrie, en Irak, en Libye
, parce qu'ils étaient
simplement Juifs ?
Ce qu'on
raconte dans les universités et les journaux, c'est toujours la même histoire,
celle des "réfugiés Palestiniens", narration qui s'est enflée au
cours du temps de mensonges, calomnies et démagogie. Il ne faut certes pas
minimiser la souffrance de ces réfugiés arabes. Mais il y a l'autre souffrance,
autrement plus sérieuse, celle dont personne ne parle, parce qu'elle n'a jamais
été étalée au grand jour, ni utilisée à des fins partisanes. La souffrance de
900 000 Juifs paisibles qui n'ont jamais menacé d'exterminer les Arabes parmi
lesquels ils vivaient, comme l'a fait à leur encontre, Haj
Amin al Husseini, en Palestine.
Il ne faut
pas perdre de vue que depuis la 1ère Guerre mondiale 1914/18 et
l'effondrement de l'empire ottoman, plusieurs centaines de millions de
personnes ont été déplacées, Allemands, Hongrois, Polonais, Ukrainiens, Turcs,
Grecs, Bulgares, Roumains, Indiens, Pakistanais
. On ne peut citer un seul
conflit parmi des dizaines -- depuis ces dates, où il n'y a pas eu un échange
de populations, forcé ou non
.
Le conflit
Arabo-Israélien n'est pas en reste, et ce n'est pas
Israël qui a déclenché la guerre en 1948. Si les armées arabes n'avaient pas
envahi le nouvel état renaissant, si elles n'avaient pas enjoint aux Arabes de
Palestine de quitter les lieux, le temps "d'exterminer les Juifs",
ces Arabes ne seraient pas devenus des réfugiés. Rappelons la déclaration du
chef de la Ligue arabe : " Ce sera une guerre d'extermination et un massacre d'une grande ampleur
dont on parlera comme on parle du massacre des Tatars ou celui des Croisés !"
Mais le
résultat a été la défaite des armées arabes, et, de ce fait, ceux qui ont payé
le prix de cette défaite ce sont les Juifs des pays arabes. Expulsés ou pas,
ils ont dû quitter les lieux, laissant tous leurs avoirs. On a essayé d'estimer
seulement les pertes matérielles. Selon l'économiste Sidney Zabludoff,
les biens abandonnés par les Arabes de Palestine sont estimés à 3,9 milliards
$, comparés aux 6 milliards $ des biens des Juifs des pays arabes (estimations
minimales de 2007).
Ce qui est
sûr, c'est que la plupart des millions de réfugiés du monde cités ci-dessus qui
ont subi cette sinistre expérience "d'échange de population" n'ont
pas été indemnisés d'un seul centime, ni bénéficié d'un quelconque "droit
de retour ". Récemment encore, la Cour européenne des Droits de
l'Homme a rejeté une demande de restitution de propriété réclamée par un
réfugié grec de Chypre
.
Ce
dimanche, une cérémonie marquera la "Catastrophe juive" d'une pierre,
à la résidence du président de l'Etat à Jérusalem.
Simplement
pour ne pas oublier que 900 000 Juifs ont été obligés de quitter leur pays
arabe de naissance, la plupart expulsés et sans le sou.
Notes de
la Traduction
(1) La
Confrérie est responsable en Egypte de divers pogroms dans les quartiers juifs
du Caire en 1946/47. La peur s'est tellement installée dans le cur du Juif
égyptien, -- vivant depuis des siècles dans ce pays pour un grand nombre au
point qu'on ne pouvait circuler dans la rue sans constamment s'assurer qu'il
n'y avait personne derrière soi, prêt à vous agresser et vous tuer.
(2) Promoteur
avec Hitler d'une solution finale pour les Juifs d'Orient, solution qui a
avorté grâce à l'intervention anglaise battant les forces de Rommel à El Alamein en 1942 et mettant fin à un gouvernement
pro-allemand à Bagdad.
(3) Le
fait de distinguer la Palestine du monde arabe, pour Al Husseini, la Palestine
n'était pas arabe. En fait à l'époque, avant 1948 et la naissance de l'état
d'Israël, tout ce qui était palestinien (drapeau, armée, police, journal,
cinéma, document
) était équivalent à juif.
(4) On
compte 900 000 Juifs qui ont quitté les pays arabes, pour la plupart dépouillés
et chassés. 650 000 d'entre eux se sont réfugiés en Israël entre 1948 et 1967.
Les 250 000 autres réfugiés ont été recueillis par divers pays dans le monde.
(5) Identité
formée à partir de camps de réfugiés ouverts par l'Onu et, fait unique dans
l'univers des réfugiés, camps qui durent encore depuis plus de 4 générations
sans qu'aucun pays arabe ne fasse l'effort de les intégrer, bien que ces
réfugiés soient souvent des Arabes originaires des mêmes pays où se trouvent
les camps qui ont été construits. Arafat, réfugié dit "palestinien",
était un Egyptien, né en Egypte
(6) A
tort, ce qui explique la méconnaissance par le grand public des souffrances et
des préjudices autrement supérieurs à
ceux des réfugiés arabes subis par les 900 000 réfugiés juifs des pays
arabes.