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"LE DROIT AU RETOUR", ET ÇÀ RECOMMENCE!

 

Par Zalman Shoval, ancien ambassadeur aux Etats-Unis

Paru dans le Jerusalem Post du 7 décembre 2004

Traduit par Albert Soued, www.chez.com/soued

 

Passer sous silence les demandes répétées faites par les Palestiniens du "droit au retour" des réfugiés d'avant 1948, ne va certainement pas nous rapprocher de la paix.

Dans des discours successifs la semaine dernière au Centre Saban d'étude politique pour le Moyen Orient, à Washington, j'ai écouté le président Bill Clinton et l'ex-secrétaire d'état Henry Kissinger insister sur la nécessité absolue d'évacuer ce sujet.

Clinton est allé très loin dans son argumentation jusqu'à dire que "si cette idée n'était pas abandonnée sans ambiguïté, je conseillerais aux Israéliens de refuser tout accord avec les Palestiniens!". Cette attitude contraste avec celle de Jack Straw, secrétaire au Foreign Office anglais qui a suggéré que les propos des nouveaux dirigeants palestiniens n'acceptant aucun compromis sur le "droit au retour", n'étaient destinés qu'à la consommation intérieure. "Ces dirigeants, Abou Mazen, Abou Ala, Rouhi Fattouh, prétend Jack Straw, présentent le point de départ habituel de toute négociation sur des territoires"

Pourtant interviewé par Lally Weymouth de Newsweek le 6 décembre, à la question "pourquoi avoir commencé par parler du sujet sur lequel vous ne ferez aucune concession, le droit au retour?", Mahmoud Abbas répondit "je n'ai pas dit cela. Je n'ai rien dit de plus que ce qui est contenu dans la feuille de route, et selon celle-ci, il est dit qu'il faut une solution juste et acceptée de la question des réfugiés, selon la résolution de l'Onu 194 de décembre 1948!"

Vraiment? Voilà ce que dit cette résolution 194 de l'Assemblée générale dans son 3ème paragraphe "les réfugiés qui souhaitent rentrer chez eux et vivre en paix avec leurs voisins pourraient le faire aussitôt que cela est pratiquement possible…".

Jack Straw, comme de nombreux diplomates occidentaux, n'a pas tiré la leçon-clé de l'échec d'Oslo. Ce que les dirigeants Palestiniens disent à leur peuple correspond exactement à ce qu'ils envisagent de faire; à l'inverse, ils peuvent dire n'importe quoi aux étrangers, comme aux Israéliens naïfs, cela importe peu!

Ainsi il n'y rien à "négocier" à propos du projet d'inonder l'état d'Israël de 4 millions de soit-disant "réfugiés", dans le but de détruire de l'intérieur cet état. Cette question ne peut être inscrite dans aucun agenda de négociation en vue d'une paix réelle.

 

Dans sa lettre du 14 avril 2004 à Ariel Sharon, le président GW Bush a confirmé son engagement à assurer "la sécurité et le bien être d'Israël comme état juif, ajoutant qu'une solution de la question des réfugiés palestiniens…ne peut être trouvée qu'à travers la création d'un état palestinien, et l'installation de ces réfugiés dans cet état plutôt qu'en Israël" . Pourtant le Quartet (Usa, EU, ONU, Russie) a publié presque en même temps une déclaration en contradiction avec la lettre de GW Bush précisant  "tout règlement final sur les questions des frontières et des réfugiés doit être basé sur les déclarations du prince saoudien Abdallah, entre autres choses…."(!) . Or ces propositions appellent implicitement au "droit au retour".

Il faut se rendre à l'évidence que la lettre de GW Bush sur les réfugiés laisse à désirer.

La formule "plutôt qu'en Israël" laisse la porte ouverte à une possibilité de choix, quand dans la réalité il n'y en a pas. L'installation de toute la population des réfugiés, ou d'une grande partie, en Palestine, est encore plus problématique. Selon nos estimations, pas plus de 10% d'entre eux peuvent trouver leur place et vivre dans le mini-état proposé !

Le problème des réfugiés arabes, entretenu volontairement depuis 56 ans aussi bien par les pays arabes que par l'Onu et les dirigeants palestiniens est une plaie vive. Sans solution, cette question hantera toute chance de paix et de stabilité au Moyen Orient.

 

En ce qui concerne Israël, la solution ne se trouve que dans l'intégration de ces réfugiés de la 3ème génération dans les pays où ils vivent actuellement (Syrie, Liban, Jordanie, Palestine). Ils y vivent certes dans des conditions inhumaines d'exploitation, malgré les subsides reçus de l'Onu et des instances internationales. Une solution concrète et réaliste serait de leur accorder un statut de citoyen à part entière, avec une compensation financière (sans oublier le million de réfugiés juifs des pays arabes qui y ont perdu tous leurs biens).

Mais les remarques de Jack Straw soulèvent une autre question encore plus fondamentale. En adhérant à la feuille de route, Israël a accepté le principe d'un état palestinien. Inversement en adhérant au "droit au retour", les palestiniens de ce fait renient le droit à Israël d'être un état juif!

Loin de couper les cheveux en quatre, ce manque de symétrie et d'équilibre (1) va certainement faire capoter tout règlement de paix au Moyen Orient (2)

 

 

Notes du traducteur

(1) qui devient de plus en plus une habitude dans le monde diplomatique.

(2) à la grande joie de l'Europe, qui a déjà nui à toutes les tentatives de paix depuis Madrid, en renforçant d'une manière inconsidérée la main des pays arabes et des Palestiniens.

 

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