www.nuitdorient.com

accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site

Jérusalem reste le Centre de Gravité Stratégique et Symbolique du Conflit

 

Par Efraim Inbar, professeur émérite de sciences polkitiques à l’université Bar-Ilan, est directeur du Centre Begin-Sadat des Etudes Stratégiques et détenteur de la Chaire Shillman-Ginsburg au Middle East Forum.
BESA Center Perspectives - January 19, 2017

Adaptation : Marc Brzustowski

http://www.meforum.org/6492/jerusalem-is-the-center-of-gravity

Voir aussi les 50 derniers articles et les archives gratuites  ou les infos sur Jérusalem    

 

 

Jérusalem a souvent été décrit comme le centre du monde, sur les cartes des temps médiévaux.

Le contrôle d’Israël sur une Jérusalem unifiée est maintenant et plus que jamais mis au défi. La résolution 2334 du Conseil de Sécurité de l’ONU, adoptée le 23 décembre 2016 a déclaré le Quartier Juif, le Mur Occidental ou Kotel et le Mont du Temple comme étant des "territoires occupés", et toute présence juive comme illégale, sans le consentement des Palestiniens rejectionnistes. Cela faisait suite à la résolution de l’UNESCO d’octobre 2016, ignorant tout lien historique et spirituel entre le peuple Juif et le Mont du Temple. En outre, l’ex-Secrétaire d’Etat américain John Kerry a annoncé, le 28 décembre 2016 que, pour la première fois, les Etats-Unis soutiennent l’idée que Jérusalem devrait être la capitale de deux peuples.

 

De nombreux Israéliens se consolent en se disant que le Président Donald Trump va déplacer l’Ambassade américaine à Jérusalem, donnant ainsi le coup d’envoi à une nouvelle ère. Mais, même si ce geste devient effectif et même si les choses se passent en douceur, avec de faibles répercussions, il n’est pas clair du tout que le reste du monde lui emboîtera le pas.

Selon toute probabilité, la majorité du monde refusera d’accompagner ce geste, en dépit du fait que Jérusalem-Ouest n’est absolument pas un territoire disputé. Cela n’aide en rien de savoir qu’il ne devrait y avoir aucun problème à transférer une ambassade dans la partie ouest de la ville. Il y a eu d’énormes réticences à bouger les ambassades dans la Jérusalem d’avant 1967, longtemps avant que les Palestiniens ne fassent valoir la moindre revendication sur certaines parties de la ville. Il n’y a pourtant eu aucune sensibilité particulière envers la question palestinienne au cours de toute la période située entre 1948 et 1967.

 

De nombreux Ministères des Affaires étrangères ne veulent tout simplement pas que les Juifs puissent avoir le contrôle total de leur Cité éternelle.

La vérité est que la plupart des Ministères des affaires étrangères n’ont pas encore enterré la résolution de l’ONU de novembre 1947 d’une partition de la Palestine, qui comporte un article sur l’internationalisation de la Ville Sainte sous les auspices de l’ONU.

Ils ne veulent tout simplement pas que les Juifs puissent avoir le contrôle total sur la ville éternelle et ils sont avides d’aider les Palestiniens à empêcher une telle prise de contrôle. Dans les mondes chrétiens et musulmans, Jérusalem conserve une énorme résonance et nous connaissons l’attitude de ces cultures envers les Juifs. Ces facteurs, ajoutés à l’inertie diplomatique -- qui joue certainement un rôle --, expliquent le refus international persistant de reconnaître que Jérusalem est le siège du gouvernement et la capitale de l’Etat Juif.

 

Jérusalem se voit attribuer une énorme valeur symbolique. Il ne saurait y avoir de Sionisme sans Jérusalem et David Ben Gourion, conformément à cela, a donné à la ville la priorité au cours de la Guerre d’Indépendance de 1948. Les Palestiniens comprennent très bien cela, ce qui est une des raisons centrales pour lesquelles ils insistent tant sur la revendication de Jérusalem : ils espèrent édulcorer tout attachement juif à la terre d’Israël.

Leurs efforts sont loin d’avoir été complètement vains et infructueux en ce domaine. Aujourd’hui, les éléments les plus assimilés de la société israélienne défendent l’idée de se séparer du Mont du Temple pour le salut de la Paix. La plupart des Israéliens, cependant, continuent de penser que Jérusalem et le Mont du Temple sont en soi, plus importants que la Paix. En effet, ils sont prêts à se battre pour eux (pour le moment, le cercle dirigeant palestinien ressent la même chose).

 

Jérusalem est également dotée d’une énorme valeur stratégique. Le contrôle de Jérusalem sécurise la domination sur la seule autoroute allant de la côte de la Méditerranée vers la Vallée du Jourdain, une route le long de laquelle les forces militaires peuvent se déplacer avec peu d’interférence avec les communautés arabes.

Si Israël veut maintenir des frontières défendables à l’Est, il doit sécuriser l’axe Est-Ouest de la côte à la Vallée du Jourdain et le seul moyen de le faire, c’est grâce à une Jérusalem indivisible. L’importance militaire de Jérusalem et le rôle central de Jérusalem pour la ligne de défense Est d’Israël, ne peut être sous-estimée – étant donné, en particulier l’immense potentiel des bouleversements politiques à l’Est du fleuve du Jourdain. La tourmente de ces toutes dernières années suggère ce besoin de faire preuve des précautions les plus grandes.

 

La question de Jérusalem est un problème qui requiert le consensus en Israël. Maintenir la cohésion sociale dans ce conflit prolongé avec les Palestiniens est plus facile et non plus dur, si cette lutte est menée pour une Jérusalem unifiée. Par conséquent, des efforts éducatifs doivent être orientés vers un renforcement de l’amour national pour Jérusalem, en tandem avec un traitement budgétaire préférentiel pour le développement d’une ville encore plus attirante et prospère.

 

Le gouvernement d’Israël devrait rendre claire cette priorité dans ses discussions avec la nouvelle Administration américaine. Avec ceci à l’esprit, cela devrait encourager les Américains à surmonter les plaintes et les menaces de la communauté internationale et à déménager leur Ambassade à Jérusalem. Ce serait une mesure importante pour sécuriser la place de Jérusalem pour le peuple juif.

Bien sûr, l’essentiel du travail demeure à faire par les Israéliens eux-mêmes. Heureusement, Jérusalem est entre nos mains et nous disposons d’un avantage très net pour décider de son avenir.

Les batailles sont souvent gagnées en s’emparant du centre de gravité. Jérusalem est le centre de gravité du conflit israélo-palestinien, à la fois au sens symbolique et stratégique. Cette vision doit être intériorisée par tous au sein de la société israélienne.