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UNE NOUVELLE GUERRE
EN AFRIQUE, DU DEJA VU !
Celle du Darfour n'est pas la pire en
Afrique, ni même au Soudan…
Par Jason MacLure
Newsweek
du 08/10/09
Traduction
Artus pour www.nuitdorient.com
Des
cavaliers arabes trimballant des Kalashnikovs fournis
par le gouvernement soudanais font irruption dans un village. Les femmes sont
violées dans leurs cases. Les hommes fuyant vers la brousse sont abattus. Et
les enfants sont emmenés sur la croupe des chevaux des pillards, alors que le
bétail volé est rassemblé pour être vendu.
Cette
scène est devenue trop familière pour ceux qui ont suivi le drame qui a envahi
le Soudan occidental, au Darfour, pendant ces 6 dernières années. Mais là on
n'est pas au Darfour vers les 2005, mais dans n'importe lequel des centaines de
villages du Soudan méridional dans les années 80, ou en 1992, ou en 1997, ou en
2003, et selon toute vraisemblance en 2010 aussi!
Avant
qu'on n'ait vu des culottes portant le slogan "Sauvez le Darfour, avant que
George Clooney n'entreprenne ses missions de paix au
Darfour, le Soudan était plongé dans une guerre encore plus longue et plus
meurtrière entre le gouvernement islamiste de Khartoum et le Sud du pays
animiste ou chrétien. La phase la plus récente de cette guerre, allant de 1983
à
Cette
guerre qui menace d'éclater entre le gouvernement central et le sud, où se
trouvent les réserves pétrolières, risque de s'étendre au-delà du Soudan,
impliquant plusieurs pays et apportant encore plus de misère à des millions de
gens, dans la partie la plus pauvre de la planète. Selon l'Onu, cette année
déjà, plus de 2000 personnes ont trouvé la mort dans des combats interethniques
au Soudan méridional, à un rythme dépassant celui du Darfour.
L'accord
de paix de 2005 qui a mis fin à la dernière guerre est sur le point de sombrer,
et les deux parties se réarment en vue du référendum, prévu en janvier 2011,
qui décidera du sort de cette partie du Soudan. Mais le Nord a utilisé une
série de tactiques dilatoires dans le but d'empêcher la consultation –
situation qui mènera le Sud à déclarer son indépendance d'une façon
unilatérale. Et si cela se produit, la guerre éclatera certainement.
Le
responsable du groupe "anti-génocide", appelé "Le projet cela
suffit!", auprès du Conseil national de Sécurité de l'administration
américaine, John Prendergast dit: "Tous les
signes pointent vers l'annulation du référendum et le retour à la guerre, et
celle du Darfour paraîtra comme un pique nique à côté de celle-ci"
La paix
entre le Soudan du Nord et celui du Sud a été fragile. En dehors d'une accalmie
de 11 ans entre 1972 et 1983, les deux parties étaient en guerre quasi
permanente depuis 1955 et 2005. Le conflit trouve sa racine dans la volonté du
Sud de se séparer politiquement et économiquement de la domination de Khartoum,
pour se débarrasser des raids esclavagistes et meurtriers des groupes Arabes du
Nord qui ont pour but de contrôler les vastes ressources pétrolières du Sud.
En janvier
2005, les parties ont signé un pacte connu sous le nom de APG ou Accord de Paix
Global (en anglais, Comprehensive Peace
Agreement), après des années de pourparlers sous l'égide des Etats-Unis et de
pays est-africains. L'accord avait deux objectifs:
- donner à
Omar el Beshir et son Parti National du Congrès une
façade de respectabilité pour convaincre la SPLA (armée de libération du peuple
du Soudan) de l'intérêt de l'unité du pays. L'accord prévoyait des réformes et
la création d'un gouvernement d'unité nationale pendant une durée de 6 ans,
pendant laquelle les revenus pétroliers seraient équitablement partagés.
- à la fin
de cette période probatoire, les citoyens du sud étaient autorisés à voter pour
dire s'ils souhaitaient ou l'indépendance officielle ou l'unité du pays.
La 1ère
partie de ce pacte s'est volatilisée tranquillement. Malgré que Khartoum ait
interrompu les attaques contre le SPLM (bras politique de l'armée SPLA) et mis
son chef Salva Klir comme
vice-président du gouvernement d'unité nationale, rien n'a changé. Le parti d'Al
Beshir mène la danse. Il suffit de rappeler la guerre
sanglante menée au Darfour et la résistance du pouvoir au mandat d'arrêt
international contre le président Al Beshir, pour
crimes de guerre. Entre temps les détails du pacte de paix se sont progressivement
estompés du fait de Khartoum. Les élections nationales prévues au début de
cette année ont été différées, du fait de différents concernant le mode de recensement
et d'inscription sur les listes électorales. De ce fait l'organisation du
référendum de 2011 est compromise. Par ailleurs, le gouvernement central a
refusé de changer une loi de sécurité nationale qui lui permet de détenir
indéfiniment des opposants. De même, il refuse de libérer une presse enchaînée,
menant le SPLM et les autres partis à menacer de boycotter les élections. Il
est de plus en plus évident que Khartoum trompe le sud en détournant les
revenus pétroliers, arme des milices ethniques rivales, fomente le chaos dans
les zones méridionales…
Pour la 2ème
partie du pacte, le référendum est menacé, Khartoum cherchant à le saboter
ouvertement, en permettant aux méridionaux vivant dans le Nord de voter (ils
voteraient pour l'unité), en imposant une majorité minimale de 75%, voire 90%,
pour une sécession régionale. Khartoum demande aussi un partage à 50%/50% du
pétrole du Sud, pendant 50 ans…, ce qui n'a aucun rapport avec la consultation.
Selon John
Danforth, le sénateur américain qui a aidé à la
conclusion du pacte de paix de 2005, Al Beshir a pu
faire capoter la paix du fait que l'attention des Etats-Unis et de ses alliés
africains était accaparée par le Darfour et un paquet d'autres conflits
africains. Par ailleurs, le Soudan a coopéré avec les Etats-Unis contre le
terrorisme, a fait des remises sur le prix du pétrole vendu à l'Ethiopie, pour
paraître plus respectable vis-à-vis de ses partisans dans le Soudan méridional.
Puis le SPLM n'a pas facilité les choses. Depuis que son chef, John Garang, est mort dans un accident d'hélicoptère, juste
après la signature du pacte de 2005, le parti n'a jamais réussi à améliorer la
situation sur le plan de l'éducation et de la santé, et même sur le plan de la
sécurité, dans la région qu'il contrôle. L'armée de libération nationale
transformée en organe de gouvernement a failli à sa mission, du fait de la corruption
et de l'inefficacité, amenant Khartoum à
annoncer
que le Sud deviendrait une nouvelle Somalie, si jamais il faisait sécession.
Mais pour
être crédible, ce message aurait dû venir d'un état exemplaire, or on est loin
de là. Vu l'échec des 2 pactes signés en 2006 avec l'Armée de Libération du
Darfour (à l'ouest) et avec les rebelles de l'Est, "Tout le pays a
cessé d'exister et est devenu un ramassis de pactes de paix" dit Mehane Tadesse, un analyste de
l'Afrique Orientale, basé à Addis Abeba
(Centre de Recherche politique et de Dialogue). "Les dirigeants de
Khartoum savent parfaitement que les pactes signés ne pourront jamais être
appliqués et ils savent comment geler et paralyser les processus, comme ils
l'ont fait au Darfour et au Soudan oriental".
Cette
stratégie est dangereuse pour les citoyens du Soudan, maintenant pris entre un
gouvernement du Nord lourdement armé et cherchant à maintenir son contrôle et
une armée rebelle en colère au Sud. Le prix du pétrole ces dernières années a
gonflé les dépenses de défense des deux côtés. Khartoum a acheté des avions de
combat, des engins blindés et au moins 28 hélicoptères d'attaque de Russie et
de Biélorussie. Le Soudan du Sud n'a pas réussi à cacher que le bateau
transportant des chars achetés en Ukraine avait été capturé par des pirates
somaliens…
Amener
Khartoum à accomplir ses obligations dans l'accord de 2005 est le seul moyen
d'interrompre le processus de la guerre. Le président américain et son
vice-président avaient adopté une attitude très stricte vis-à-vis du Soudan
pendant leur campagne électorale. Aujourd'hui l'administration américaine mène
"une offensive de charme" vis-à-vis de Khartoum, stratégie qui a
provoqué des critiques cinglantes de la part de groupes défendant les droits de
l'homme. Son envoyé, le Maj. Gen. J. Scott Gration retraité de l'Armée de l'Air pourrait peut-être
réussir dans sa tentative de séduction, mais le temps presse et l'histoire nous
a montré que Khartoum réagit plus aux bâtons qu'aux carottes. Dans le passé, la pression
internationale avait réussi à lui faire changer de politique dans le commerce
des esclaves, le bombardement de civils et la protection d'al Qaeda.
Aujourd'hui
les analystes pensent que sans l'intervention de l'administration américaine et
les pressions de pays riverains, la violence croîtra des deux côtés, alors que
leurs milices sont abondamment armées. Cette spirale familière mènera à
l'attaque de civils et sans doute à la propagation de la guerre au-delà du
Soudan. "C'est la répétition en plus grave de Darfour 2002",
selon Prenderga.
Africa’s Last, Next War
Darfur isn't the worst
crisis in Africa. In fact, it's not even the worst crisis in
Peter
Martell / AFP-Getty Images
Southern
Sudanese soldiers may be going back to war.
By Jason McLure |
Newsweek Web Exclusive
Oct 8, 2009
Arab horsemen
toting Kalashnikovs provided by the Sudanese government thunder into a town.
Women are raped in their huts. Men are gunned down as they flee for the bush,
and children are packed off on the back of the raiders' horses while stolen
cattle are herded away to be sold.
It's a scene
that's become all too familiar for those who've followed the crisis in the
western Sudanese region of
Before there were
Save Darfur panties or George
Clooney-led Darfur peace missions, Sudan was engulfed in a
much longer and more destructive civil war between Khartoum's Islamist
government and the country's animist and Christian south. The most recent phase
of that war, from 1983 until 2005, killed an estimated 2 million civilians—more
than six times the number thought to have been killed in
The north-south
war is threatening to reignite in a conflict that could spill over into a
half-dozen countries in eastern and central
"All the
signs now are pointing towards a cancellation of the referendum and a return to
war," says John Prendergast, a National Security Council official in the
Peace between
northern and southern
In January 2005,
the two sides signed a pact known as the Comprehensive Peace Agreement after
years of talks brokered by the
But the first part
of that pact has quietly withered. Though
Meanwhile, key
details of the peace plan have been killed incrementally by
Now the second
part of the pact is under threat, with Khartoum openly seeking to undermine the
referendum itself—by demanding that ethnic southerners living in the north be
allowed to vote (most would choose unity), and that a supermajority of 75
percent, or even 90 percent, be required for southern secession. It's also
demanding a 50 percent share of the south's oil for 50 years, an issue that is
supposed to be separate from the plebiscite.
Al-Bashir has been able to derail the peace deal partly
because the attention of the
The SPLM hasn't
helped matters. Since its longtime leader John Garang
died in a helicopter crash just after the 2005
peace agreement, the group has been unable to deliver schools, clinics, or even
stability to many parts of the region under its control. Widespread corruption
and the failure of the former rebel army to govern effectively has helped
But that argument
assumes
That's a
dangerous strategy for
Getting
It's not impossible
that Gration's efforts to woo al-Bashir
will work, but time is running out. History has shown that
"This is
like Darfur 2002," says Prenderga