www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
La Détresse Masquée des Chrétiens Palestiniens
par Raymond Ibrahim, auteur du livre Sword and Scimitar, Fourteen Centuries of War between Islam and the West, (Le sabre et le cimeterre, quatorze siècles de guerre entre l'islam et l'Occident), est Distinguished Senior Fellow du Gatestone Institute et Fellow du Judith Rosen Friedman du Middle East Forum.
Gatestone Institute - 16 juin 2019
Traduction du texte original ci-dessous: The Suppressed Plight of Palestinian Christians
Voir aussi la rubrique Chrétiens d'Orient et les 50 derniers articles
« Le Fatah oblige les chrétiens à ne jamais signaler les violences et le vandalisme dont ils sont victimes. Sinon, l'Autorité palestinienne apparaîtrait incapable de protéger la vie et les biens des citoyens de la minorité chrétienne... Cette mauvaise image pourrait aussi avoir des répercussions négatives sur le plan financier. N'oublions pas que l'Autorité Palestinienne est puissamment aidée, notamment par l'Europe. » - Dr. Edy Cohen, Centre d'études stratégiques Begin-Sadat.
Le labeur quotidien de l'Autorité palestinienne, de ses partisans, des médias et autres, est d'ériger les Palestiniens en victimes permanentes des agressions et discriminations israéliennes. Ce narratif victimaire serait compromis si la communauté internationale prenait soudain conscience que les Palestiniens persécutent certains de leurs compatriotes - uniquement pour des motifs religieux.
« Plutôt que d'arrêter les auteurs de violences contre des édifices chrétiens, l'Autorité palestinienne préfère bloquer l'information. Ce qu'elle réussit parfaitement. A part quelques petits journaux locaux, les grands médias internationaux ont complètement ignoré les faits. » - Dr. Edy Cohen, Israël Today .
En cette période de persécution des chrétiens au sein du monde musulman, la détresse des chrétiens palestiniens fait l'objet d'une omerta particulière.
Open Doors, une association humanitaire spécialisée dans la défense des droits des chrétiens, positionne les persécutions que les chrétiens palestiniens subissent à un niveau « élevé ». L'origine de cette oppression tient, selon Open Doors, en deux mots, « oppression islamique » : « Les musulmans convertis au christianisme subissent les pires exactions anti-chrétiennes et la simple adhésion à l'une ou l'autre des églises de la région les met en danger. En Cisjordanie, ils vivent sous la menace et sont soumis à de fortes pressions ; à Gaza, le danger est si grand que la plupart vivent leur foi chrétienne dans le plus grand secret ... L'islamisme radical a une telle influence aujourd'hui que les églises historiques doivent adopter une approche quasi diplomatique lorsqu'elles s'adressent à des musulmans. »
Si la persécution des chrétiens qui vivent dans des pays musulmans - Pakistan, Égypte, Nigéria pour ne citer qu'eux...- commence à être sérieusement documentée, les souffrances des chrétiens sous tutelle de l'Autorité palestinienne demeurent masquées.
Ce silence tient-il à un niveau de persécution moindre que dans d'autres pays musulmans ? Ou est-ce l'extrême conflictualité de l'arène politique et médiatique israélo-palestinienne qui place les chrétiens palestiniens dans une situation unique ?
« The Persecution of Christians in the Palestinian Authority » (La persécution des chrétiens sous l'Autorité palestinienne), un récent article du Dr. Edy Cohen, publié le 27 mai, par le Centre d'études stratégiques Begin-Sadate, répond longuement à ces questions.
L'étude du Dr Cohen fait état de trois cas de persécutions récentes de chrétiens, que les soi-disant « grands médias » ont parfaitement ignoré :
- Le 25 avril, les habitants terrifiés du village chrétien de Jifna près de Ramallah ... ont été attaqués par des musulmans en armes... L'attaque a eu lieu peu après qu'une femme du village ait porté plainte contre le fils d'un éminent dirigeant du Fatah qui avait agressé sa famille. En représailles, des dizaines d'hommes du Fatah ont fait irruption dans le village, tirant des centaines de balles en l'air, lançant des bidons d'essence enflammés et hurlant des injures. Des équipements publics ont été gravement endommagés. C'est un miracle que personne n'ait été tué ou blessé...
- Le 2ème incident a eu lieu dans la nuit du 13 mai. Des vandales ont brisé la clôture d'une église de la communauté maronite du centre de Bethléem, ont pénétré le bâtiment par effraction, puis l'ont profané avant de se retirer emportant un coûteux matériel, notamment des caméras de sécurité.
- Trois jours plus tard, ce fut le tour de l'église anglicane du village d'Aboud, à l'ouest de Ramallah. Des vandales ont percé la clôture, brisé les fenêtres de l'église et y ont pénétré par effraction. Ils l'ont profanée, ont recherché des objets de valeur et volé beaucoup d'équipement.
- Selon sa page Facebook, l'église maronite de Bethléem a signalé qu'elle était victime pour la sixième fois d'actes de vandalisme et de cambriolages ; en 2015, un incendie criminel a provoqué des dégâts considérables et contraint l'église à fermer pendant une longue période. »
Ces trois attaques qui ont eu lieu en l'espace de trois semaines sont conformes au type de sévices que les chrétiens subissent dans d'autres régions à majorité musulmane. La profanation et le pillage d'églises sont les brutalités les plus répandues, mais il n'est pas rare que la populace musulmanes attaque les minorités chrétiennes chaque fois que celles-ci - perçues comme des « dhimmis » ou des « citoyens » de troisième classe, qui devraient s'estimer heureux d'être tolérés - osent évoquer leurs droits, comme ce fut le cas au village chrétien de Jifna le 25 avril : "[L] es émeutiers ont réclamé [aux chrétiens] le paiement de la jizya- une taxe par tête qui a été imposée tout au long de de l'histoire aux minorités non musulmanes vivant sous domination islamique. Les victimes les plus récentes de la jizya sont les communautés chrétiennes d'Irak et de Syrie mises en coupe réglée par l'Etat islamique. »
En outre, comme chaque fois quand des musulmans attaquent des chrétiens, la police de l'Autorité palestinienne est restée sourde aux appels à l'aide des habitants [chrétiens] de Jifna. Aucun suspect n'a été arrêté non plus. Il en a été de même pour les deux autres églises attaquées, aucun suspect n'a été arrêté.
En résumé, les chrétiens palestiniens subissent le même schéma de persécution - attaques d'église, enlèvements et conversions forcées - que leurs coreligionnaires de dizaines d'autres pays musulmans. La différence cependant, est que la persécution des chrétiens palestiniens n'est jamais couverte par les médias palestiniens . En fait, explique Cohen, un bâillon complet a été imposé le plus souvent : « La seule chose qui intéresse l'Autorité palestinienne est que ces exactions ne soient jamais divulguées. Le Fatah exerce ainsi de fortes pressions sur les chrétiens pour qu'ils ne dénoncent pas les actes de violence ni le vandalisme dont ils sont fréquemment victimes. Une mauvaise publicité risquerait de porter atteinte à l'image de l'Autorité Palestinienne, celle d'un acteur incapable de protéger la vie et les biens de la minorité chrétienne placée sous son autorité. L'Autorité palestinienne ne souhaite évidemment pas apparaître comme une entité radicalisée qui persécute les minorités religieuses. Une telle image aurait forcément des répercussions négatives sur l'aide internationale massive, d'origine européenne notamment, que l'AP reçoit. »
Il faut aussi garder en mémoire que le gagne-pain quotidien de l'Autorité palestinienne, de ses partisans, des médias et d'autres acteurs de la scène moyen orientale, repose sur la victimisation des Palestiniens. Le narratif du souffre-douleur permanent des agressions et discriminations commises par Israël serait compromis si la communauté internationale apprenait que les Palestiniens eux-mêmes persécutent leurs compatriotes - pour des raisons religieuses essentiellement. Un peuple soi-disant opprimé aurait du mal à susciter la sympathie s'il apparaissait qu'il opprime lui aussi, sans vergogne d'autres minorités.
Les responsables de l'AP sont si sensibles à cette difficulté « qu'ils font pression localement sur les chrétiens pour que jamais, ils ne dénoncent de tels incidents, lesquels aboutiraient à lever le masque. L'Autorité Palestinienne apparaitrait alors comme un régime islamiste de plus au Moyen-Orient », écrit Cohen dans un autre article.« Plutôt que d'arrêter les agresseurs des lieux de culte chrétiens, l'Autorité palestinienne préfère empêcher les grands médias de rapporter de tels incidents. Et elle y réussit très bien. A part une poignée de journaux locaux qui se donnent la peine d'informer réellement, les grands médias internationaux observent un silence total ».
Une dynamique similaire est à l'œuvre concernant les réfugiés musulmans. Les politiciens et les médias d'Europe occidentale les présentent comme des personnes persécutées et des opprimés en quête d'une main secourable, alors que ces migrants musulmans persécutent et oppriment eux-mêmes souvent les réfugiés chrétiens qui sont parmi eux. Ils les terrorisent dans les centres d'accueil de réfugiés ou bien les noient en Méditerranée.
Dans tous les cas de figure, la triste et simple évidence est que le christianisme est sur le point de disparaître sur les lieux mêmes où il est né, y compris Bethléem. Justus Reid Weiner, avocat et universitaire, expert de la région, explique : « La communauté internationale, les défenseurs des droits de l'homme, les médias et les ONG observent un silence presque total sur les persécutions systématiques dont sont victimes les Arabes chrétiens vivant dans les zones palestiniennes ... Dans une société où les chrétiens arabes n'ont ni porte-parole, ni protection, il n'est pas surprenant qu'ils s'en aillent. »
--
The Suppressed Plight of Palestinian Christians –
By Raymond Ibrahim
Gatestone Institute - 16/06/19
At a time when Christians throughout the Muslim world are suffering from a variety of persecution, the plight of Palestinian Christians is seldom heard.
It exists. Open Doors, a human rights group that follows the persecution of Christians, notes that Palestinian Christians suffer from a "high" level of persecution, the source of which is, in its words, "Islamic Oppression":
"Those who convert to Christianity from Islam, however, face the worst Christian persecution and it is difficult for them to safely participate in existing churches. In the West Bank they are threatened and put under great pressure, in Gaza their situation is so dangerous that they live their Christian faith in utmost secrecy....The influence of radical Islamic ideology is rising, and historical churches have to be diplomatic in their approach towards Muslims."
That said, while reports of the persecution of Christians emanate regularly from other Muslim majority regions around the world — Pakistan, Egypt, and Nigeria as three examples — little is mentioned of those Christians living under the Palestinian Authority.
Why is that? Is it because they experience significantly less persecution than their coreligionists around the Muslim world? Or is it because of their unique situation — living in a hotly contested arena with much political and media wrangling in the balance?
"The Persecution of Christians in the Palestinian Authority," a new report by Dr. Edy Cohen, published by the Begin-Sadat Center for Strategic Studies on May 27, goes a long way in answering these questions.
First, it documents three recent anecdotes of persecution of Christians, none of which was reported by the so-called "mainstream media":
"On April 25, the terrified residents of the Christian village of Jifna near Ramallah ... were attacked by Muslim gunmen ... after a woman from the village submitted a complaint to the police that the son of a prominent, Fatah-affiliated leader had attacked her family. In response, dozens of Fatah gunmen came to the village, fired hundreds of bullets in the air, threw petrol bombs while shouting curses, and caused severe damage to public property. It was a miracle that there were no dead or wounded...
"The second incident occurred during the night of May 13. Vandals broke into a church of the Maronite community in the center of Bethlehem, desecrated it, and stole expensive equipment belonging to the church, including the security cameras.
"Three days later it was the turn of the Anglican church in the village of Aboud, west of Ramallah. Vandals cut through the fence, broke the windows of the church, and broke in. They desecrated it, looked for valuable items, and stole a great deal of equipment.
"According to its Facebook page, this is the sixth time the Maronite church in Bethlehem has been subjected to acts of vandalism and theft, including an arson attack in 2015 that caused considerable damage and forced the church to close for a lengthy period."
These three attacks, which occurred in the span of three weeks, fit the same pattern of abuse that Christians in other Muslim majority regions habitually experience. While the desecration and plundering of churches is prevalent, so too are Muslim mobs rising against Christian minorities, whenever the latter — perceived as dhimmis, or third-class, tolerated "citizens" who are often expected to be grateful they are tolerated at all — dare speak up for their rights, as occurred the Christian village of Jifna on April 25:
"[T]he rioters called on the [Christian] residents to pay jizya—a head tax that was levied throughout history on non-Muslim minorities under Islamic rule. The most recent victims of the jizya were the Christian communities of Iraq and Syria under ISIS rule."
Moreover, as often happens when Muslims attack Christians in Islamic nations, "Despite the [Christian] residents' cries for help" in Jifna, "the PA police did not intervene during the hours of mayhem. They have not arrested any suspects." Similarly, "no suspects were arrested" in the two church attacks.
Palestinian Christians, in short, are suffering from the same patterns of persecution — including church attacks, kidnappings and forced conversion — as their co-religionists in dozens of Muslim nations. The difference, however, is that the persecution of Palestinian Christians has "received no coverage in the Palestinian media." In fact, Cohen explains, "a full gag order was imposed in many cases":
"The only thing that interests the PA is that events of this kind not be leaked to the media. Fatah regularly exerts heavy pressure on Christians not to report the acts of violence and vandalism from which they frequently suffer, as such publicity could damage the PA's image as an actor capable of protecting the lives and property of the Christian minority under its rule. Even less does the PA want to be depicted as a radical entity that persecutes religious minorities. That image could have negative repercussions for the massive international, and particularly European, aid the PA receives."
Considered another way, the bread and butter of the PA and its supporters, media and others, seems to be to portray the Palestinians as victims of unjust aggression and discrimination from Israel. This narrative could be jeopardized if the international community learned that Palestinians themselves were persecuting fellow Palestinians — solely on account of religion. It might be hard to muster sympathy for a supposedly oppressed people when one realizes that they themselves are doing the oppressing of the minorities in their midst.
So sensitive to this potential difficulty, "PA officials exert pressure on local Christian to not report such incidents, which threaten to unmask the Palestinian Authority as yet another Middle East regime beholden to a radical Islamic ideology," Cohen writes in another report.
"Far more important to the Palestinian Authority than arresting those who assault Christian sites is keeping such incidents out of the mainstream media. And they are very successful in this regard. Indeed, only a handful of smaller local outlets bothered to report on these latest break-ins. The mainstream international media ignored them altogether."
Notably, a similar dynamic sometimes exists concerning Muslim refugees. Although West European politicians and media present them as persecuted and oppressed, in need of a welcoming hand, Muslim migrants themselves sometimes persecute and oppress Christian minorities among them — whether by terrorizing them in refugee camps, or drowning them in the Mediterranean.
The sad and simple fact, by all counts, is that Christianity is on the verge of disappearing in the place of its birth, including Bethlehem. As Justus Reid Weiner, a lawyer and scholar well-acquainted with the region, explains:
"The systematic persecution of Christian Arabs living in Palestinian areas is being met with nearly total silence by the international community, human rights activists, the media and NGOs... In a society where Arab Christians have no voice and no protection it is no surprise that they are leaving."