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La Persécution Silencieuse des Chrétiens de la Palestine

Par Gertrude Lamy, journaliste 

le 26 juillet 2022

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Les médias et la communauté internationale se soucient peu de la persécution des chrétiens sous l’Autorité palestinienne.

Ils représentaient 15 % de la population des territoires palestiniens en 1950, mais seulement 1,5 % aujourd’hui. Dans la bande de Gaza, ils ne sont plus que 3 000 parmi les 1,5 million de musulmans. Les chrétiens de la Palestine diminuent en nombre et en importance pour une raison évidente, pourtant ignorée par les médias : de plus en plus de musulmans ne veulent plus d’eux, et ceux-là le font savoir.

L’islam d’abord

Depuis la prise du pouvoir par l’Autorité palestinienne (AP) au milieu des années 90 et du groupe terroriste Hamas en 2007, la violence et la persécution contre les chrétiens de la Palestine n’ont cessé d’augmenter. En conséquence, des milliers d’entre eux ont fui les lieux saints et leurs propriétés ancestrales pour vivre ailleurs, de sorte que l’existence de la communauté chrétienne de Cisjordanie et de la bande de Gaza est carrément menacée.

La constitution adoptée en 2003 par l’AP est explicite : l’islam est la religion officielle de la Palestine et la charia sa principale source de législation. Cette prédominance islamique se répercute dans le système juridique qui n’offre que très peu de protection aux chrétiens de la Palestine et légitime la discrimination dans les politiques éducatives, culturelles et fiscales.

Une discrimination qui se fait sentir au jour le jour. Par exemple, en février 2015, les chrétiens de Nazareth avaient été alarmés par la présence d’un panneau d’affichage leur ordonnant de ne pas répandre leur foi ou même de parler de Jésus d’une manière contredisant la version islamique de sa vie. Le panneau avait été placé juste à l’extérieur de l’église orthodoxe grecque de l’Annonciation. Compte tenu de la nature violente des Palestiniens islamistes, personne n’a osé se plaindre.

Mais dans le quotidien des chrétiens de la Palestine, il y a malheureusement pire que la discrimination.

Des bâtiments religieux vandalisés et incendiés. Les écoles ne sont pas épargnées. Un peuple menacé et extorqué : à Ramallah il a  été demandé à un pasteur évangélique américain d’origine arabe de donner 30 000 $ pour sa protection.

Le 26 septembre 2015, le monastère Saint-Charbel à Bethléem avait été en grande partie détruit, victime d’un incendie criminel. Les représentants de l’église maronite avaient pointé du doigt les extrémistes islamiques, bien que les motifs derrière le crime demeurent flous. Il reste que deux jours avant cet incendie, le bâtiment avait été cambriolé par des musulmans palestiniens qui étaient repartis avec des objets précieux. Ce monastère n’a toutefois pas été le seul lieu de culte chrétien à être la cible de la haine musulmane.

L’église orthodoxe grecque Saint George de Tulkaram avait aussi été incendiée lors des émeutes de septembre 2006 à la suite de la publication dans un journal danois de caricatures représentant le prophète musulman Mohammed. À la même époque, une autre église orthodoxe grecque, celle de Taubus, près de Jénine, avait également été incendiée. En tout, sept églises de Cisjordanie et de Gaza avaient été saccagées pendant trois jours durant cette période.

Mais ce qui a certainement le plus frappé l’imaginaire collectif, c’est le siège de l’église de la Nativité, bâtie à l’endroit même où Jésus serait né, par 100 miliciens fidèles au président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, en 2002. Les miliciens avaient tenu en otage des dizaines de prêtres et de religieuses, de même qu’ils avaient vidé les coffres de l’église et incendié des sections entières du bâtiment. Par respect pour le lieu saint, les troupes israéliennes avaient préféré ne pas tirer sur les assaillants.

Même les écoles n’ont pas été épargnées : en mai 2008, des voyous avaient fait exploser une bombe devant l’école chrétienne Zahwa Rosary, de Gaza, elle qui, déjà, avait été saccagée en juin 2007 pendant une intense semaine de combats à la suite de la prise du pouvoir par le Hamas. Les agresseurs avaient notamment brûlé des bibles. Une autre école de Gaza, la Sagrada Familia, avait aussi été incendiée à cette époque.

Plus récemment, soit dans la nuit du 13 mai 2019, des vandales ont profané une église de la communauté maronite du centre de Bethléem et volé du matériel coûteux, entre autres des caméras de sécurité. Trois jours plus tard, c’était au tour de l’église anglicane du village d’Aboud d’être la cible de vandales qui ont aussi dérobé des objets précieux. Aucun suspect n’a été arrêté.

Menaces et extorsions

Un peuple persécuté est un peuple menacé et extorqué. Même à Ramallah, considérée comme la ville la plus libérale de la Palestine, les menaces contre les chrétiens sont monnaie courante. Parlez-en à Isa Bajalia, un pasteur évangélique américain d’origine arabe qui a vécu dans cette ville pendant longtemps. Bajalia a été menacé à plusieurs reprises par un responsable de la milice Tanzim. Le responsable en question lui exigeait l’équivalent de 30 000 $ pour sa protection. Le pasteur a préféré déménager à Jérusalem.

Ce genre d’histoires n’est pas exceptionnel. Le Jerusalem Center for Public Affairs, en collaboration avec Justus Reid Weiner, a rapporté qu’un chrétien d’origine arménienne qui vendait de l’or avait été extorqué par la police palestinienne lors d’un voyage d’affaires à Gaza. D’abord arrêté par la police et placé en détention, il avait ensuite été battu pendant plusieurs heures, après quoi on lui avait exigé la remise de la moitié de son or en contrepartie de sa libération, ce qu’il avait refusé de faire. La police palestinienne avait fini par confisquer sa montre, ses bagues, la moitié de son or et les 6 000 dollars américains en espèces qu’il avait emportés, avant de le libérer.

Pendant l’intifada de 2000 à 2005, un propriétaire chrétien d’un café de Bethléem qui avait refusé de verser le montant que lui réclamait un membre de la Brigade des martyrs d’Al-Aqsa avait reçu une balle dans l’œil. Résidant depuis trois décennies de Bethléem, il avait néanmoins fui la Palestine, jugée trop risquée à son goût.

Le 1er mai 2015, le cheikh Issam Ameera, un imam de la mosquée Al-Aqsa, avait mis en ligne une vidéo d’un sermon intitulé « L’État islamique est le gardien de la religion et de l’État », dans lequel il ordonnait aux musulmans de se tenir dans un état constant de guerre et de conquête contre « les ennemis polythéistes », c’est-à-dire les chrétiens et les Juifs. Trois jours plus tard, de 60 à 80 musulmans dans la vingtaine s’étaient déchaînés dans le quartier chrétien, lançant  des pierres sur les maisons et les commerces, tandis que d’autres avaient jeté leur dévolu sur un monastère orthodoxe éthiopien.

Le 25 avril 2019, les habitants terrifiés de Jifna, près de Ramallah, ont demandé à l’Autorité palestinienne de les protéger après avoir été attaqués par des hommes armés d’origine musulmane. La violence a éclaté après qu’une femme du village eut porté plainte à la police contre le fils d’un dirigeant affilié au parti politique Fatah. En réponse, des dizaines d’hommes armés du Fatah se sont précipités dans le village pour tirer en l’air et lancer des cocktails Molotov, causant de graves dommages aux biens publics.

Des femmes battues et violées

Les femmes, bien évidemment, font les frais de la violence musulmane en Palestine. Les exemples abondent; nous en citerons quatre.

En 2001, un ancien commandant de la milice Tanzim de Yasser Arafat avait tenté de violer deux adolescentes chrétiennes du village de Beit Jallah, en Cisjordanie. Voyant que les deux femmes résistaient à ses attaques, l’agresseur les avait assassinées. L’année suivante, un autre des commandants d’Arafat, cette fois des Brigade des martyrs d’Al-Aqsa, avait violé une femme chrétienne à Beit Shahur.

Toujours en 2001, des hommes musulmans d’un camp de réfugiés avaient tenté d’entraîner une fille chrétienne dans une voiture afin de la violer. Un groupe de chrétiens était rapidement intervenu pour sauver la fille, mais puisque l’un des assaillants musulmans avait été blessé dans la bagarre, les chrétiens avaient été arrêtés. Les prédateurs sexuels, eux, n’ont jamais été inquiétés par la justice.

Un dernier exemple, celui-là survenu en septembre 2005, alors que la relation amoureuse entre un chrétien de Tayibe et une femme musulmane d’un village voisin avait conduit à un soulèvement d’hommes musulmans. Ces hommes, qui étaient armés, avaient incendié des commerces et détruit une statue de la Vierge Marie. La femme avait fini par être empoisonnée par sa propre famille dans ce que l’on appelle un « crime d’honneur ».

La communauté internationale reste silencieuse sur la persécution des chrétiens dans le monde, préférant plutôt condamner l’islamophobie. Pourtant, un rapport d’Open Doors USA montre que pas moins de 245 millions de chrétiens dans le monde souffrent de persécution. En outre, 38 des 50 nations persécutrices sont à majorité musulmane.