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Sombres
Perspectives Pour les Chrétiens Palestiniens dans le Futur Etat
Par Raphaël Delpard
Metula News Agency – 8/9/11
Si, comme cela semble vraisemblable, le vote à l’Onu
déclarant la création de l’Etat palestinien passe la rampe, nous savons dans quelle
situation va se trouver Israël. Des meutes d’abrutis bavant du Juif se
jetteront sur les frontières et tenteront de pénétrer sur le territoire
souverain de l’Etat hébreu. Tous les observateurs éclairés savent de quelle
manière la presse occidentale présentera les assauts. Avec des larmes et des
trémolos dans la gorge : « Israël n’a jamais voulu faire la paix et laisser
revenir chez eux ceux que les Juifs ont chassés de leurs maisons et de leur
terre. Israël est totalement responsable de la situation ».
Si la situation est en effet telle que je viens de la décrire en quelques mots,
ce sera le triomphe de la manipulation, du mensonge et de la haine. Le Quai d’Orsay pourra savourer sa victoire sur l’Etat
hébreu et les Juifs en général, et avec lui, la gauche française et européenne.
Les Juifs dans le monde, et plus particulièrement en Europe,
ne seront plus en sécurité, les islamo-nazis, confortés par le vote leur tenant
licence de tuer, pourront éliminer autant de Juifs qu’ils en auront envie. Et
nous assisterons à des incendies de synagogues à répétition, des violences
faites aux femmes et aux enfants, des mises à sac de magasins juifs,
restaurants, etc.
Aucune autorité n’arrêtera leur bras meurtrier. Un nouvel holocauste sera en
marche, dont la forme et le fonctionnement nous sont encore inconnus. La Nuit
de Cristal, au mois de novembre 1938 en Allemagne nazie, comparée à ce qui
risque de se produire, aura été une promenade de santé.
A ce noir tableau, il en est un autre qu’il est important
d’évoquer : celui de la situation des chrétiens
palestiniens dans le futur l’Etat.
L’apparition des Territoires palestiniens parmi les pays où les chrétiens sont
les plus persécutés pourrait constituer une surprise ; voilà pourtant vingt ans
que les observateurs voient leur situation s’y dégrader d’une manière
constante. Tous les témoins qu’il m’a été donné de rencontrer pour les besoins
de mon enquête sur la persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde [1],
s’accordent pour distinguer deux périodes : avant
et après les accords d’Oslo.
- Avant les accords, les chrétiens palestiniens étaient placés sous la
juridiction des tribunaux israéliens. L’Etat hébreu veillait, dans les
Territoires, à un juste équilibre entre toutes les communautés religieuses
relevant de son administration ; les heurts étaient quasi inexistants.
- Au moment de la création de l’Autorité palestinienne, en 1994, Yasser Arafat
n’a pas su mettre en place un statut clair concernant les minorités, ce qui
fait que la charia règle toujours la vie des Palestiniens, quelle que soit leur
identité religieuse. Il en résulte que les chrétiens n’ont pas de statut légal
et vivent sous une citoyenneté imparfaite ; seules comptent les décisions
prises par les Palestiniens musulmans. L’ex-Raïs palestinien porte une
écrasante responsabilité dans le rejet des chrétiens de la société
palestinienne, comme le montrent les faits suivants.
a) Lors de sa prise de pouvoir, Yasser Arafat trace les frontières municipales
de Bethléem et de sa banlieue, en y incluant les camps de réfugiés de Delaisheh, El-Ayada et El-Azehs. Ce sont, au total, trente mille nouveaux citoyens
qui sont brusquement rattachés à la ville. Il leur ajoute encore des milliers
de personnes, membres de la tribu bédouine Ta’amarah.
L’équilibre démographique s’en trouve forcément perturbé. Les chrétiens, qui
étaient majoritaires, se retrouvent minoritaires du jour au lendemain. De
facto, les décisions municipales sont également biaisées, au détriment des
chrétiens, réduits à leur plus simple expression ; c’est-à-dire à pas
grand-chose : ils ne peuvent pas s’opposer aux propositions des musulmans.
Neuf membres du Conseil municipal démissionnent en signe de protestation contre
les pressions qu’ils subissent : on leur demandait notamment d’approuver des
projets de construction d’immeubles exclusivement destinés aux musulmans.
Les nouveaux arrivants dans la ville jettent leur dévolu sur les commerces
ceinturant la basilique de la Nativité, où se pressent, tout au long de
l’année, des milliers de touristes. Aussi loin qu’il est possible de remonter
dans le passé, que ce soit sous la tutelle ottomane, anglaise, égyptienne,
française ou israélienne, on note que les commerces autour des lieux célébrant
la naissance du Christ ont toujours été chrétiens, ce qui semble à priori
logique. Pas une action visant à déloger les commerçants chrétiens n’aura été
oubliée. Tout y est passé : intimidation verbale, puis physique, enlèvement du
propriétaire, séances de torture, viol de leur fille ou de leur femme, incendie
du local. Mis au courant, Yasser Arafat n’interviendra jamais pour mettre un
terme aux exactions.
b) Les chrétiens sont également victimes du boycott
systématique et de l’extorsion de fonds. Le propriétaire de l’hôtel Paradis,
proche de la place de la Nativité, et partiellement détruit lors des
affrontements entre Palestiniens et Israéliens, demande un prêt à la banque.
L’établissement financier qui est dirigé par des musulmans refuse de lui venir
en aide, justifiant son refus par un motif clairement énoncé : « Il est
chrétien ».
Justus Reid Weiner, Docteur en droit de l’université
de Berkeley (Californie), dans la monographie qu’il a écrite relatant la
situation des chrétiens dans les Territoires, évoque le rapport de William
Murray, membre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qu’il a interviewé le
11 février 2003 : « Je connais beaucoup d’hommes d’affaires victimes de
l’extorsion de fonds. Nombre d’entre eux - près de 90% - ont cessé toute
activité. Des vendeurs chrétiens près de la basilique de la Nativité ont été
contraints de verser de l’argent pour être protégés, s’ils voulaient continuer
d’exercer Les chantages et les extorsions sont bien entendu payés
en espèces. ». Gare à ceux qui font de la résistance en refusant de s’acquitter
de la somme qui leur est réclamée, car après les menaces, survient généralement
leur exécution. Dans le Jerusalem Post
du 7 octobre 2002, le journaliste palestinien Khaled Abu Toameh
raconte l’histoire du propriétaire d’un café situé place de la Nativité, qui
refusa, pendant des mois, de verser les fonds que cherchait à lui extorquer un
des membres de la Brigade des martyrs d’al-Aqsa. Le
cafetier fut d’abord accusé publiquement d’être un collaborateur de l’ennemi
sioniste – ce qui est l’injure suprême – et, comme il ne réagissait pas, un
terroriste lui tira une balle dans un il. Par bonheur il fut défiguré mais ne
perdit pas la vie. Il dut cependant quitter la ville où il vivait depuis plus
de trente ans.
c) En 1990, les chrétiens composaient 60% de la population de Bethléem ; en
2001, la proportion descendit à 20%, et de nos jours, elle n’atteint pas 1% !
On peut dire que l’Autorité palestinienne a vidé Bethléem des chrétiens
palestiniens ; nous sommes en présence d’un authentique nettoyage ethnique, qui
plus est, dans la ville-berceau du christianisme. Les chrétiennes également
subissent de plein fouet les transformations ayant suivi les accords d’Oslo.
Avant 1994, une femme pouvait aller dans la rue et porter un chemisier à
manches courtes, raisonnablement décolleté, sans être agressée, insultée ni
battue.
Dans sa monographie, Justus Reid Weiner raconte une
anecdote qui mérite d’être rapportée. En 1997, dans un village nommé Beit Sahour, un militant
islamiste tenta d’imposer un code de l’habillement à l’usage des femmes
palestiniennes chrétiennes. Deux cents chrétiennes allèrent manifester leur
mécontentement au poste de police, accompagnées de leur mari ou d’un membre de
leur famille. Une bagarre éclata entre les musulmans et les manifestants hommes
et femmes. Les chrétiens furent condamnés par un tribunal et durent payer des
amendes.
En dehors de cette histoire, l’imposition des codes d’habillement s’est accrue
depuis 1994, tant en Judée–Samarie que dans la Bande
de Gaza, si bien que les familles chrétiennes palestiniennes ont fini par
demander aux jeunes filles et aux mères de se vêtir comme les musulmanes ;
beaucoup d’entre elles y ont consenti, ne serait-ce que pour ne plus être
harcelées dans la rue.
d) De nos jours, dans les Territoires palestiniens, le seul
fait de porter une croix en pendentif attire des regards de haine. « Je ne peux
pas aller seule dans la rue, mais avant – l’arrivée de l’Autorité palestinienne
-, je pouvais aller travailler la nuit sans problème », déclare une jeune
Palestinienne, dont je ne peux révéler le nom pas mesure de sécurité.
e) De la même manière, le harcèlement sexuel s’est
considérablement développé depuis que l’Autorité contrôle les Territoires.
Auparavant, jamais les hommes – du moins dans les lieux publics – ne se
seraient permis des gestes déplacés ou agressifs. Maintenant, les musulmans
agissent en toute liberté, sachant qu’ils ne seront pas poursuivis, les
tribunaux absolvant les violeurs, même si contre eux les preuves sont
accablantes. Les chrétiennes n’osent plus s’éloigner de leur domicile, elles
finissent par se sentir prisonnières dans leur maison.
Le viol, dans les pays où l’islam est la religion d’Etat, n’est pas forcément
considéré comme un délit. Nous pouvons constater qu’au Moyen-Orient et dans
certaines régions d’Asie, il est sujet, dans les tribunaux, à une procédure
extraordinaire :
Les victimes doivent apporter la preuve qu’elles n’étaient pas consentantes.
Dans un rapport initié par Amnesty International en 1995, nous trouvons cette
remarque qui en dit long sur l’attitude des tribunaux musulmans : « Si la femme
ne parvient pas à prouver qu’elle n’était pas consentante, le tribunal peut la
déclarer coupable de Zina (relations sexuelles hors mariage). Elle est
alors passible d’une peine de prison, d’une séance de flagellation, et peut
aussi être exécutée (par décapitation en place publique, en Arabie Saoudite,
par exemple).
f) Sous l’Autorité palestinienne, les chrétiens n’ont pas
les mêmes recours que les musulmans devant les tribunaux, ni devant la police.
Il est courant d’entendre dire de la bouche des chrétiens palestiniens, que : «
L’on peut faire du tort à un membre d’une famille chrétienne sans risque de se
faire attaquer par trois cents personnes ».
Un groupe non officiel agissant dans les Territoires s’est donné pour mission
de protéger les filles musulmanes dans la rue. La réciproque n’existe pas pour
les chrétiennes, et, de toute façon, si elle existait, un tel groupe ne serait
pas autorisé à agir.
Un jour de juin 2001, des musulmans entraînent de force une chrétienne et
l’emmènent en voiture dans un camp de réfugiés pour la violer. Des chrétiens
assistent à l’enlèvement, s’interposent et luttent contre les agresseurs. L’un
d’entre eux est blessé, les chrétiens sont arrêtés, le tribunal les condamne à
une semaine de prison, assortie d’une amende qui servira à payer les soins du
blessé. Les kidnappeurs de la chrétienne ne se voient infliger aucune
condamnation.
Depuis des années, des Palestiniens se distinguent pas une dérive surprenante ;
on m’a dit qu’en France des cas similaires auraient été repérés. On pourrait
qualifier cette spécialité de viol idéologique. Les bandes écument les
rues à la recherche de chrétiennes, avec l’intention clairement revendiquée de
les violer.
Leur entreprise vise à réduire la natalité de la population chrétienne
palestinienne en salissant les femmes : quel homme, se disent-ils, chrétien y
compris, accepterait de se marier avec une femme qui a été violée ? Le mari
serait assurément la risée du voisinage.
Cette pratique est aussi une façon d’amener de plus en plus de femmes vers
l’islam : une femme violée par des musulmans se voit contrainte, par la suite,
d’épouser un musulman. Ce dernier ne manquera jamais de lui rappeler, tout au
long de sa vie, qu’elle fut une femme « sale ». Les victimes qui désirent
échapper à ces traitements n’ont d’autres choix que de garder le silence. Elles
se comptent en milliers.
g) Les chrétiens palestiniens sont pris entre le marteau et
l’enclume : ils font l’objet d’un double ostracisme. Les musulmans les
considèrent comme des athées, car un Arabe ne peut être que musulman, et les
Israéliens, comme des Arabes, autrement dit, comme des terroristes potentiels.
Rappelons que les chrétiens d’Orient, et avec eux, bien entendu, les chrétiens
palestiniens, ont été les fervents supporters de la cause palestinienne,
investissant force et argent dans son combat. Ils sont aussi à l’initiative,
par exemple, de la création du parti Baas.
A compter du 11 septembre 2001, avec l’attentat des tours jumelles à Manhattan,
l’existence des chrétiens est devenue invivable dans les Territoires
palestiniens. Considérés comme des alliés des Américains, des Juifs et des
Occidentaux, ils sont devenus des croisés aux yeux des musulmans.
Pour atténuer les répercussions négatives de l’attentat dans le monde
arabo-musulman, et retrouver une place dans la hiérarchie de la société
palestinienne, les chrétiens ont défendu avec conviction le bien-fondé du
principe de l’Intifada. L’adoption d’une telle position les contraignit, cependant,
à se taire sur des sujets tels que le viol, ou à minimiser les agressions
perpétrées contre les chrétiennes. Pourtant, leur attitude, que l’on peut
éventuellement comprendre, ne les aida en rien ; au contraire, elle ne fit
qu’accentuer leur dhimmitude par rapport au pouvoir
musulman.
h) Le problème devient quasiment insoluble lorsqu’il s’agit de chrétiens
protestants ou appartenant à une Eglise évangélique. Dans les Territoires, ces
gens n’ont aucun statut au regard de la loi musulmane ; ils n’existent pas, ils
sont transparents. Quant aux Arabes qui quittent l’Eglise catholique pour
rejoindre les évangéliques, ils se mettent en danger de mort, mais ils
l’étaient déjà en se séparant de l’islam (apostasie).
Le changement de statut les condamne à devenir des proscrits, des gens qui
n’ont plus de place dans la société palestinienne. Or, sans attache physique à
une Eglise reconnue, vous ne pouvez ni vous marier, ni être enterré, ni même
manger. Les magasins d’alimentation tenus par des musulmans leur sont
interdits. Lors de la distribution de nourriture par les ONG, les musulmans
organisent un barrage de manière à empêcher les chrétiens d’approcher du
camion.
i) Depuis la prise de contrôle de la Bande de Gaza en 2007
par le Hamas, la situation des chrétiens gazaouis
palestiniens s’est détériorée à tel point qu’il est actuellement impossible de
récupérer des informations sans que celles-ci soient filtrées. Les ONG sur
place, ainsi que les associations caritatives chrétiennes ne communiquent plus,
par crainte de mettre en danger les chrétiens. Rappelons que peu de temps après
la prise de pouvoir du Hamas, le directeur de l’école chrétienne et le
responsable de la librairie chrétienne de Gaza ont été assassinés.
Depuis notre rencontre, survenue alors que je m’étais rendu par deux fois à
Gaza avec une mission humanitaire suédoise et italienne, j’avais l’habitude de
m’entretenir avec un prêtre palestinien de l’Eglise latine, représentant
pourtant les chrétiens palestiniens au sein de l’OLP ; il ne m’envoie plus de
messages, et sa ligne de téléphone ne répond plus.
Les femmes chrétiennes palestiniennes gazaouies sont
contraintes de porter le voile et les écolières également. Combien restent-ils
de chrétiens à Gaza ? Compte tenu de la dégradation de la situation, il est
impossible d’apporter une réponse fiable à cette interrogation. Les derniers
chiffres qui étaient en ma possession indiquaient trois cents. En réalité, le
comptage avait été réalisé à partir des élèves des deux écoles autorisées par
le Hamas, donc, par extension, on avait supposé qu’il y avait encore trois
cents familles chrétiennes à Gaza. Une des écoles a fermé depuis, ce qui réduit
encore le chiffre annoncé plus haut. La question reste donc entière.
Les églises de Gaza se vident à cause des violences endurées par les fidèles
lorsqu’ils se rendent à l’office, par la peur qu’ils éprouvent lors des raids
des Israéliens en réponse aux tirs de roquettes.
Les exactions infligées aux Coptes en Egypte les inquiètent également et donc
ils préfèrent se terrer chez eux. Ils sont nombreux cependant à quitter la
Bande, mais les problèmes économiques, liés en particulier aux difficultés pour
un non-musulman à trouver du travail, sont autant de facteurs qui retiennent
les derniers chrétiens du Califat islamique hamasien.
Ils n’ont pas les moyens de payer un passeur, et ceux qui y parviennent, sont
contraints de mentir sur leur identité religieuse, espérant ne pas être
découverts en cours de route.
Quel sera l’avenir des
chrétiens palestiniens dans le futur Etat à Gaza et en Cisjordanie ?
Madame Catherine Ashton, Haute quelque chose à l’Union Européenne, et les
dirigeants des pays qui voteront à l’ONU dans moins de deux semaines, ont-ils
réfléchi au problème ?
Note :
[1] « La persécution des chrétiens dans le monde », de Raphaël Delpard, éditions Michel Lafon (2009).