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Par Houda
Al-Husseini, dans sa chronique du quotidien Al-Sharq
Al-Awsat, édité en arabe à Londres, le 19 septembre 2003,
Traduit et publié par Memri n° 577.
La journaliste exhorte les Etats arabes et le peuple
palestinien à faire clairement comprendre au président de l’Autorité
palestinienne Yasser Arafat qu’en s’accrochant au pouvoir, ce dernier
empêche le règlement du problème palestinien.
« Oui, (Arafat devrait partir), mais non en se faisant
expulser, assassiner ou en subissant une autre forme d’intervention
israélienne.
Pourquoi Yasser Arafat doit-il laisser la place sur
l’arène politique palestinienne ? Parce que la cause palestinienne
n’avancera pas tant qu’il en aura le contrôle.
La solution au problème dépend de facteurs internationaux,
dont les principaux sont les Etats-Unis et Israël. Arafat n’est pas désiré, ni
par les Etats-Unis, ni, bien évidemment, par Israël. Il a en outre perdu sa
légitimité auprès des Européens, et est également critiqué dans le monde arabe.
Il est vrai qu’Arafat est un symbole, mais un symbole usé qui a perdu sa
gloire.
Dans l’histoire moderne, deux grands meneurs sont devenus
des symboles aux yeux de leurs peuples. Le premier fut Nelson Mandela,
emprisonné par le régime alors raciste d’Afrique du Sud. Mais aucun politicien
n’a jamais osé menacer de l’expulser ou de le tuer. Le deuxième grand leader
fut Xanana Gusmao, qui menait la rébellion de l’Est de Timor, et
qui fut capturé par les Indonésiens. Là non plus, aucune autorité indonésienne
n’a osé menacer de l’expulser ou de l’assassiner.
Mais avec Arafat, la situation est différente, car la
politique israélienne qui consiste à menacer de l’expulser ou d’attenter à ses
jours l’a une fois de plus placé au premier plan. Cette politique n’est pas une
preuve de réflexion stratégique poussée ; elle représente un faux pas
[pour Israël], mais Arafat n’a pas su comment en faire profiter la cause
palestinienne ou le peuple palestinien ; il est le seul à en avoir
profité. En effet, il se prend pour la cause palestinienne, pense que celle-ci
et lui-même ne font qu’un. »
« Expulser Arafat serait une erreur, et l’assassiner
serait considéré comme un crime. Mais les baisers qu’il envoie et ses doigts en
V ne valent pas mieux. Ces signes dépourvus de sens obstruent la lumière au
bout du tunnel. Arafat a manqué plusieurs occasions (…), la plus récente et la
plus évidente étant le plan proposé par l’ancien président des Etats-Unis
Bill Clinton, en 2000. Au lieu de saisir l’occasion de mettre fin à
l’occupation israélienne, il a tourné le dos à un Etat palestinien ayant
Jérusalem Est pour capitale (…) »
« Le problème d’Arafat est qu’il veut prouver que rien
ne pourra être accompli sans lui, alors qu’il est évident que rien ne pourra
être accompli avec lui. Il veut sauvegarder les principes [nationaux], alors
qu’un tel concept n’existe [même] plus : les principes nationaux sont
représentés par les forces internationales et le capital. Aujourd’hui, aucune
force internationale ne soutient plus Arafat ; il a perdu tout son crédit
– sauf peut-être sur ses comptes en banque secrets.
Il existe un autre problème, dont les Etats arabes sont
responsables. Ces pays ne disent pas franchement la vérité à Arafat, qui est
que son entêtement à se maintenir sur l’avant de la scène ne permettra jamais
la réalisation des aspirations palestiniennes.
Ce dont Arafat a besoin, c’est que les Etats arabes et le
peuple palestinien lui parlent franchement. Tant qu’Arafat demeurera le seul
élément [déterminant] de l’Autorité palestinienne, Israël continuera à profiter
de ce point faible, au moyen de Sharon ou de quelqu’un d’autre. Ceux qui
s’enthousiasment face aux doigts en V d’Arafat ne remarqueront jamais que
l’attention s’éloigne de la cause palestinienne, que les portes se ferment
devant eux, que les colonies s’étendent et se multiplient et que la clôture
continue de se construire et d’absorber des terres.
Un grand chef sait quand et comment quitter la scène –
parfois au moyen de son peuple, comme dans le cas de Winston Churchill,
et parfois grâce à sa propre sagesse, comme dans le cas de Nelson
Mandela. »