www.nuitdorient.com

accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site

LA NOTION DE PALESTINE : RÉALITÉ OU MIRAGE ?

                                                        

par Martin Sherman, chercheur au Centre Interdisciplinaire d'Herzliya.

paru dans le The Jerusalem Post du 13 décembre 2002

traduit par Monique SIAC

 

Article 16:"…le peuple de Palestine désire créer des liens d'amitié avec toutes les nations éprises d'amour, de justice , de paix, et espère qu'elles lui accorderont leur soutien pour rétablir la légitimité de la Palestine … et pour permettre à son peuple de jouir de sa souveraineté nationale et de la liberté".

Article 22:"… Cette Organisation n'exerce aucune souveraineté territoriale sur la rive Ouest (du Jourdain) située dans le royaume hachémite de Jordanie, (ou) dans la bande de Gaza".

Article 26:"L'Organisation de Libération …n'intervient pas dans les affaires internes de quelque Etat arabe que ce soit".

 

Ces extraits de la Charte Nationale Palestinienne telle qu'elle fut formulée en 1964 lors du Congrès inaugural du Conseil National Palestinien au Caire (où l'OLP vit le jour) ont une portée considérable en ce qu'ils dévoilent le caractère totalement fallacieux de l'authenticité des revendications palestiniennes quant à une auto-détermination nationale. On voit clairement qu'ils s'abstiennent explicitement de revendiquer une quelconque souveraineté sur les territoires de Judée-Samarie (la "Rive Ouest") et de la bande de Gaza, qu'ils concèdent ouvertement aux juridictions respectives de la Jordanie et de l'Egypte.

Ceci bat sérieusement en brèche les déclarations selon lesquelles la "Rive Ouest" et Gaza constituent l'antique patrie depuis si longtemps pleurée par les Palestiniens, et sur laquelle ils possèdent des droits incontestables et inaliénables.

 

D'une part, le fait d'accepter humblement que ces territoires puissent être placés sous une souveraineté non-palestinienne dénote une versatilité dans les aspirations nationales des Palestiniens qui est un véritable défi à la logique la plus élémentaire.           

D'autre part, ceci est parfaitement en accord avec la position prise par feu Zuheir Muhsin, l'ancien chef du Département Militaire de l'OLP et membre de son Conseil Exécutif.

       

Le 31 Mars 1977, soit 13 ans après l'adoption publique de la première Charte de l'OLP, Muhsin déclarait ouvertement au cours d'une interview dans le quotidien hollandais "Trouw" : "Il n'y a pas de différence entre les Jordaniens, les Palestiniens, les Syriens et les Libanais. Nous faisons partie d'une même nation. Ce n'est que pour des raisons politiques que nous revendiquons notre identité palestinienne, parce qu'il est de l'intérêt des Arabes d'encourager une identité palestinienne distincte. C'est vrai, l'existence d'une identité palestinienne séparée ne sert que des objectifs tactiques. La création d'un Etat palestinien est un nouvel instrument dans la guerre permanente contre Israël."

 

 

Il semble donc légitime d'émettre le postulat "hérétique" selon lequel le désir profond des Palestiniens n'est pas vraiment la création d'un Etat. Peut-être le moment est-il venu de suggérer que tout ce qu'il convenait, au nom de la simple logique, de penser au sujet du conflit israélo-palestinien est non seulement dépourvu de fondement, mais également trompeur. En effet, selon cette même logique, la cause du conflit, c'est l'absence d'auto-détermination palestinienne, et le but de la lutte palestinienne, c'est la création de leur propre Etat.

 

La thèse opposée, qui se dégage du discours et des actions des Palestiniens eux-mêmes, est totalement divergente. Selon cette thèse, la cause du conflit n'est pas l'absence d'auto-détermination pour les Palestiniens, mais l'existence d'une auto-détermination juive dont la persistence alimente le conflit.

De plus, selon cette dernière thèse, le but des Palestiniens n'est pas la création de leur propre Etat, mais le démantèlement d'un Etat créé pour d'autres qu'eux-mêmes, c'est-à-dire pour les Juifs.

 

La question qui se pose maintenant est: laquelle de ces deux thèses rend le mieux compte de la situation? La réponse semble être sans aucun doute la deuxième, car elle donne les explications les plus plausibles à une série d'évènements que la première est incapable de justifier. Par exemple:

Elle explique pourquoi toutes les propositions territoriales qui auraient permis aux Palestiniens de créer leur propre Etat (depuis le plan de partage de 1947 jusqu'à l'offre de Barak à Camp David en 2000) ne les ont jamais satisfaits.

Elle explique pourquoi seule la négation totale de l'indépendance juive pourraît être acceptable pour les Palestiniens , comme le prouve leur rejet de toute offre valable de créer leur Etat , ainsi que toute leur rhétorique et leur symbolisme qui leur fait se représenter la terre d'Israël, de la Méditerranée au Jourdain , comme faisant partie intégrante de la Palestine arabe.

Elle explique pourquoi les Palestiniens se sont abstenus de toute tentative d' exercer leur souveraineté sur la "Rive Ouest" d'avant 1967 (ainsi que le prouve leur première Charte nationale) et aussi pourquoi les Palestiniens, qui sont largement majoritaires en Jordanie, acceptent la domination d'un despote Bédouin Hachémite qui ne représente que la minorité de la population.

Elle explique non seulement pourquoi ils ont rejeté l'offre généreuse de Barak, mais aussi la violence avec laquelle ils l'ont fait.

Elle explique pourquoi les Palestiniens s'obstinent à insister sur le "droit au retour" qui placerait des centaines de milliers de Palestiniens vivant actuellement dans les pays arabes sous juridiction israélienne , ce qui est peu compatible avec leur désir clairement exprimé de se libérer de l'oppression israélienne…ou avec une solution juste consistant en la création de deux Etats.

 

En revanche, aucun des faits que nous venons d'exposer ne concorde avec les explications avancées par les avocats de la thèse de la "simple logique". Car en réalité, les Palestiniens montrent peu de détermination à exercer leur souveraineté nationale sur les territoires se trouvant sous domination arabe non-palestinienne.

Curieusement, ce désir ne se manifeste que lorsque ces territoires passent sous domination juive. Ce qui explique qu'on comprenne beaucoup mieux pourquoi les efforts des Palestiniens s'attachent davantage à éliminer ou à saper la souveraineté juive (en exigeant soit le retrait israélien, soit le retour des réfugiés) plutôt qu'à réaliser leur propre indépendance.

Il faut bien admettre qu'il est totalement vain, et même contre-productif, de faire des propositions de plus en plus généreuses en vue de l'établissement d'un Etat palestinien, car elles ne seront suivies d'aucune réponse pacifique. Muhsin n'a-t-il pas déclaré que "la création d'un Etat palestinien est un nouvel instrument dans la guerre permanente contre Israël"?

 

Reste à savoir maintenant laquelle de ces deux thèses sera adoptée par le gouvernement israélien comme base de sa politique envers les Palestiniens ?

 

© www.nuitdorient.com par le groupe boaz,copyright autorisé sous réserve de mention du site