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C'EST MAL PARTI

 

Par Albert Soued, écrivain, www.chez.com/soued - 18 septembre 2005.

 

Israël a définitivement quitté Gaza comme annoncé par Ariel Sharon il y a deux ans. Malgré les énormes difficultés, le regrettable précédent créé, les coûts financiers et humains, Israël a tenu sa promesse et a réussi techniquement un désengagement qu'aucune autre nation n'aurait osé ou voulu faire.

 

Que va rapporter ce désengagement unilatéral à la paix au Moyen Orient? Il est encore trop tôt pour le savoir aujourd'hui. Il faudra attendre quelques mois pour porter un jugement objectif. Mais d'ores et déjà, nous assistons à des actions et des propos révélateurs de la suite des événements.

On aurait pu penser que récupérant la totalité du territoire de Gaza, dans un sursaut de bon sens, les Palestiniens allaient montrer au monde entier leur désir de paix, leur esprit de conciliation et leur volonté de construire leur état, enfin admis à vivre à côté de l'état juif d'Israël.

 

En quelques jours, nous avons assisté à une "chienlit" résultant d'une volonté de pouvoir de toute une série de groupuscules armés, de milices, de brigades, de clans qui cherchent à tirer le meilleur parti ou profit d'une situation chaotique.

Les synagogues laissées par les Israéliens ont été saccagées ou incendiées, au mépris de tout respect pour la foi d'autrui (1). Imaginez les conséquences dramatiques qu'aurait provoqué l'incendie criminel d'une des mosquées du mont du Temple. Là, cela paraît tout à fait "normal" qu'on détruise impunément 26 synagogues… Les serres agricoles laissées par les Israéliens, qui ont été rachetées par des philanthropes Juifs et Américains (2) pour les offrir aux Palestiniens, ont déjà été au tiers pillées et rendues inutilisables, privant 1500 Palestiniens d'un futur emploi (3). La zone industrielle d'Erez qui employait 12 000 Palestiniens avait été en partie dévastée lors de l'intifada. Le départ des Israéliens a été l'occasion d'achever de la piller, de nombreux voyous privant leurs honnêtes congénères du droit de travailler. La police Palestinienne n'a bronché dans aucune des situations.

Le Hamas a fait exploser en différents endroits la clôture de béton qui sépare la zone de Gaza de l'Egypte et des dizaines de milliers de Palestiniens se sont déversés du côté égyptien de Rafiah pour y trouver des produits à meilleur compte ou des parents. Des groupes terroristes s'y sont infiltrés pour rapatrier leurs stocks d'armes et d'explosifs qui y étaient enterrés, ainsi que la drogue qui leur sert de monnaie d'échange (4).

Les Egyptiens ont découvert un tunnel à 4 km au Sud du terminal de Rafiah et 3 lance-roquettes antichars, 38 fusils automatiques et 2800 roquettes (5).

 

Le président de l'Autorité Palestinienne a précisé en maintes occasions qu'il n'avait pas l'intention de désarmer le Hamas. Il a récemment déclaré au Corriere della Sera "Le Hamas représente une force politique importante. Le désarmer serait inutile et pourrait nous conduire à une guerre civile". On pourrait se demander comment un groupe armé

pourrait-il se transformer en un parti politique, tout en gardant son arsenal… Mais on ne peut chercher la logique là où elle ne se trouve pas.

 

Qu'ils soient Européens ou Américains, les Occidentaux passent leur temps à trouver des excuses rationnelles au comportement hors normes et très souvent criminel des factions à Gaza. Il ne faut pas oublier qu'une situation anormale dure depuis 1947. L'Onu a créé à cette époque un organisme provisoire qui devait durer un an pour caser les réfugiés Palestiniens dans différents pays (6). Or l'UNRWA avec ses 20 000 fonctionnaires a réussi à se maintenir et à maintenir 3,5 millions personnes dans le statut de réfugié pendant 60 ans: un quasi état palestinien logé, nourri, éduqué et soigné aux frais de la communauté internationale! Une toute petite minorité de ces gens se sent suffisamment responsable pour travailler et essayer de se sortir de cette situation facile d'assisté et de victime. Après 60 ans d'assistance et d'irresponsabilité, imaginez le niveau moral et éthique de la population de Gaza qui compte 1,2 millions d'âmes, errant sans autre but que de supprimer l'état d'Israël et de tuer tous ses habitants.

 

Il suffit d'écouter les propos des dirigeants Palestiniens, qu'ils soient à Gaza ou ailleurs. Malgré le cadeau reçu "unilatéralement", mais aussi gratuitement, ils continuent à se poser en victime, situation qui leur rapporte beaucoup plus de sympathie et d'argent que celle d'être responsables d'un état. S'adressant à l'Assemblée Générale des Nations Unies, le ministre des Affaires Etrangères de l'Autorité Palestinienne, al Kidwa, explique le chaos à Gaza en disant que c'était "la faute aux Israéliens qui ont quitté unilatéralement Gaza" et que l'avenir de Gaza dépendait du comportement d'Israël à l'égard de la Cisjordanie … une manière de dire que si c'était mal parti pour Gaza, c'est la faute à l'Autre.

Un des prétextes trouvés pour ne pas se retrousser les manches et commencer à bâtir un Etat Palestinien à partir de Gaza, ce sont les points de passage vers l'extérieur, port et aéroport, et une liaison avec la Cisjordanie. Les Palestiniens ont trouvé leur excuse: Gaza est une prison. Comment voulez-vous qu'on crée un Etat dans une prison? disent-ils. Comment les Suisses ont-ils fait, eux qui n'ont même pas de façade maritime, eux qui sont enclavés dans la montagne, avec quelques points de passage? Et les Israéliens comment ont-ils faits depuis 1948, eux qui sont encerclés par des pays arabes ennemis ou fermés à des relations normales. Chacun est dans sa prison, mais cela n'empêche pas de créer et de se développer.

Mais ces arguments fallacieux sont repris par un diplomate français, porte-parole des Affaires Etrangères s'adressant à des journalistes "Notre position sur la situation juridique de la bande de Gaza n'a pas changé. De notre point de vue, c'est toujours un territoire occupé et il le restera tant qu'il n'y aura pas de solutions aux points de passage frontaliers. Il s'agit d'une position internationale soutenue par la France" (7).

 

Comme si les fiascos d'Oslo et de Camp David, et l'intifada n'ont jamais eu lieu, les Occidentaux s'empressent de déverser des dizaines de millions $ à l'Autorité Palestinienne. L'ex-président Bill Clinton réunit un aréopage international et 200 millions $ pour les pauvres Palestiniens qui ont perdu leur emploi, du fait du départ des Israéliens de Gaza. Leur mémoire est courte quant aux détournements de fonds au profit de Yasser Arafat et de sa clique corrompue. Nous revenons ainsi à la case départ du "jeu de la victime face à l'oppresseur israélien" et les fonds affluent.

 

On ne voit pas un début de réalisation des préalables nécessaires à la poursuite du processus de paix, pouvant rassurer le citoyen Israélien, afin qu'il puisse se sentir en sécurité avec un voisin aussi délinquant. Si le partenaire palestinien est réellement sérieux dans ses intentions de paix, ces préalables tombent sous le sens:

 

Cesser les invectives et les incitations haineuses contre les Juifs et les Israéliens dans les écoles, les sermons, les médias.

Désarmer toutes les milices armées et dissoudre les "unités de martyrs" (candidats à l'attentat-suicide)

Commencer à caser les réfugiés, notamment ceux qui avaient quitté Gaza et qui se trouvent au Liban ou en Jordanie.

 

L'Autorité Palestinienne semble évoluer dans les errements de Yasser Arafat et l'attitude des Puissances Occidentales l'encourage dans cette voie.

Mohamed Sayed Tantawi, le sheikh à la tête de l'Université al Azhar du Caire, a émis une fatwa de conciliation  "L’Islam ne doit pas interdire la normalisation des relations avec d’autres pays, particulièrement avec Israël, aussi longtemps que la normalisation n’affecte pas la religion". Aussitôt, la Société des Érudits Religieux Palestiniens a publié une contre-fatwa interdisant la normalisation des relations avec Israël et le sheikh Hamed Bitawi, chef de la cour d'Appel religieuse de l'Autorité Palestinienne s'est empressé d'"appeler à la mobilisation des armées musulmanes pour expulser tous les Juifs du reste de la Palestine, au lieu de déployer son armée pour défendre les frontières de l'ennemi" (parlant des soldats égyptiens dans le corridor Philadelphi)(8)

 

On peut toujours espérer un processus vers la paix.

 

 

Notes

(1)   Bruno Frappat écrit dans la Croix: "Avec ce retour à l'instinctive habitude du feu purificateur, il y eut une fumée noire de haine s'élevant dans le ciel d'Orient"

(2)   Sous l'impulsion du coordinateur international James Wolfensohn qui a mis de sa poche 500 000$ et a réussi à réunir 14 millions $

(3)   Selon Basil Jaber, président de la société Palestinian Economic Development

(4)   Selon Debka.com et Tsahal, des tonnes d'explosifs, des roquettes, des RPG et des missiles en quantités telles qu'elles auraient pu occuper pendant un an le transit de 3 tunnels.

(5)   Selon une source sécuritaire égyptienne.

(6)   900 000 réfugiés Juifs des pays arabes ont réussi à s'installer dans divers pays occidentaux grâce à leur volonté et leur travail, aussitôt après leur départ ou leur expulsion. Grâce à l'UNRWA, organisme provisoire de l'Onu, aux pays arabes et à la Communauté Internationale, 650 000 réfugiés palestiniens (devenus 5 à 6 fois plus nombreux), ayant quitté leur foyer sous l'instigation des armées arabes dans la plupart des cas, n'ont pas trouvé un havre au bout de 60 ans !

(7)   source: Guysen.Israel.News

(8)   source: Jerusalem Post

 

 

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