QUI EST
COUPABLE DE LA DOULEUR QUI S’ETALE SUR UNE PLAGE ?
Par Charles Krauthammer
Paru le 16
njuin 2006 dans l "The Washington Post"
Texte original anglais : "Who Is
to Blame for Grief on a Beach ?".
Traduction
française : Menahem Macina
Mis en ligne le 19 juin 2006, par M. Macina, sur le site upjf.org
C’était
une autre de ces images qui font instantanément le tour du monde. On y voyait
une jeune Palestinienne gémissant d’un chagrin déchirant, pleurant la mort de
son père, de la seconde épouse de celui-ci, et de cinq enfants du couple, tués
par une explosion sur une plage de Gaza. Puis vint la condamnation. Le
Président Mahmoud Abbas (un modéré !) appela immédiatement ce massacre un
"génocide" israélien et, pour dramatiser le crime, adopta légalement
la petite affligée.
La
couverture de presse sensationnaliste et les accusations spectaculaires font
surgir la question toute simple : Pourquoi Israël bombarderait-il une
famille pacifique sur une plage ?
Maladroit,
comme toujours, le gouvernement israélien a semblé s’excuser à mi-mot, en
exprimant ses regrets à propos de ces morts, ce qui laissait entendre que,
peut-être, elles avaient été causées par un obus israélien perdu, visant une
position de lancement de roquettes. Mais ensuite, quelques jours plus tard, une
enquête militaire concluait qu’Israël n’était pas en cause dans cette affaire.
Premièrement,
parce que les fragments d’engin explosif, qui avaient été extraits des victimes
(soignées dans des hôpitaux israéliens – une forme de
"génocide"), n’étaient pas du type de matériau utilisé par
l’artillerie israélienne.
Deuxièmement,
parce qu’une photographie aérienne n’a pas permis de repérer [en cet endroit]
un cratère comme celui qu’aurait dû causer un tir de l’artillerie israélienne.
Troisièmement,
parce qu’Israël pouvait rendre compte de cinq des six obus tirés en direction
d’une position de lancement de roquettes, située dans les parages, et que celui
qui manquait avait été tiré au moins cinq minutes avant celui qui est censé
avoir tué la famille palestinienne.
L’expert
d’une branche locale d’un groupe de défense des droits de l’homme conteste les
affirmations israéliennes. Soit. Concédons, pour les besoins du débat, que la
question de savoir s’il s’agissait d’un obus perdu, reste sans solution. Mais
la question qui va de soi, et qui n’est pas posée, est celle-ci : Qui
encourt le blâme quand des Palestiniens installent des lanceurs de roquettes
pour atteindre Israël – et les placent à moins de
Réponse :
C’est un exemple supplémentaire de la tactique palestinienne, classique et
lâche, du bouclier humain, qui consiste à attaquer d’innocents civils
israéliens en s’abritant derrière d’innocents civils palestiniens. A ce
"jeu"-là, les terroristes palestiniens – et les gouvernements
palestiniens (Fatah comme Hamas) qui leur permettent d’opérer sans encombres –
sont toujours gagnants. En effet, si leurs roquettes lancées contre
des objectifs israéliens tuent des Juifs innocents, personne au monde n’y prête
attention, et c’est un succès de plus pour la guerre terroriste contre Israël.
Et si des attaques israéliennes préventives contre ces bases de lancement de
roquettes tuent malencontreusement des civils palestiniens, l’image
emblématique d’un "massacre israélien" fait la Une du New York
Times, et les Palestiniens gagnent la guerre de la propagande.
Mais
une autre question, encore plus importante, n’est pas posée. Que les bases de
lancement de roquettes soient situées tout près des plages civiles, ou dans des
zones éloignées, pour quelle raison, somme toute, les Gazans lancent-ils des
roquettes contre Israël ? - Ils en ont tiré environ un millier, l’an
dernier.
Pour
amener Israël à évacuer ses colons, à mettre fin à l’occupation et à permettre
aux Palestiniens de parvenir à la dignité et à l’indépendance ?
Mais
c’est exactement ce qu’a fait Israël, l’année dernière.
Il
a totalement évacué Gaza, démantelé toutes ses installations militaires, retiré
ses soldats, détruit toutes les implantations israéliennes et expulsé la
totalité des 7000 colons israéliens.
Puis,
Israël a défini la ligne qui sépare Israël de Gaza comme étant une frontière
internationale.
Gaza
est devenu le premier territoire palestinien indépendant qui ait jamais existé.
Et
qu’ont fait les Palestiniens de cette indépendance, de ce territoire judenrein
sous contrôle palestinien ? Ils ont utilisé leur indépendance pour lancer
des roquettes sur des civils dans les villes israéliennes des environs.
Pourquoi ?
Parce que les Palestiniens préfèrent le statut de victimes au statut d’Etat
[1]. Ils l’ont démontré depuis 60 ans, à commencer par leur rejet de la décision
des Nations Unies de créer un Etat Palestinien, en 1947, parce qu’elles
auraient aussi créé un petit Etat juif mitoyen. Plutôt que d’y consentir, ils
entrèrent en guerre.
Un
demi-siècle plus tard, au sommet de Camp David avec le Président Bill Clinton,
Israël renouvela l’offre d’un Etat palestinien – avec Jérusalem pour capitale,
sans le moindre colon juif en Palestine, et sur un territoire continu
représentant 95% de la Cisjordanie (Israël devant se contenter des 5% restant
et des morceaux de territoires lui appartenant en propre).
Réponse
palestinienne ? Une guerre, à nouveau – la guerre terroriste d’Arafat,
autrement dit : la seconde Intifada, qui a tué des milliers de Juifs.
Cette
adoption de l’état de victime et de martyr, du sang et de la souffrance,
est la maladie palestinienne.
On
leur a offert un Etat indépendant.
On
leur a donné la totalité de la bande de Gaza.
Et
ils répondent par des attaques de roquettes contre des villes israéliennes
pacifiques, situées – il faut le rappeler – dans
l’Israël d’avant 1967 !
Que
peut faire Israël, si ce n’est tenter d’extirper ces bases de lancement de
roquettes et leurs équipes ? Que feraient les Etats-Unis si des roquettes,
tirées par-dessus la frontière avec Mexico, pleuvaient sur San Diego ? [2]
A
présent, regardez à nouveau le terrible cliché [3] et posez-vous la
question : Qui est responsable du chagrin déchirant de cette pauvre gamine
palestinienne ?
Notes du traducteur
[1] L’expression anglaise sonne avec beaucoup plus
de force : " Because the Palestinians prefer victimhood to statehood
".
[2] Cet exemple américain peut ne pas être
très signifiant pour des Français, par exemple. On peut en fournir plusieurs
parallèles frappants. Je n’en évoquerai qu’un seul – hypothétique, pour
l'instant. Supposons que les Basques français, après avoir en vain réclamé leur
indépendance - assortie de la rétrocession d’une large portion de territoire
français limitrophe, qu’ils prétendraient leur avoir appartenu dans le
passé -, se mettent à bombarder des villes comme Narbonne ou Biarritz, que
croyez-vous que feraient l’Etat français et son armée ? Pour montrer que
ce n’est pas là pure fiction, lire une dépêche récente de l’AFP, intitulée
"L'ETA appelle la France à s'impliquer".
[3]
Il s’agit, bien sûr, de la photo – qui a fait le tour du monde - de la fillette
se roulant, de désespoir, sur le sable de la plage, près du cadavre de son
père.